La musique que nous jouons doit être celle de demain,
les choses doivent être dites
aujourd'hui
et la raison pour laquelle nous le faisons est hier.
Pete Townshend
Who I am,
l'autobiographie de Pete Townshend vient de paraître en traduction
française, je n'irai pas par quatre chemins, ce livre est un bijou.
Après la lecture du ridicule ouvrage signé par Keith Richards, je
craignais que la tentation d'une autobiographie vantarde d'un
similaire acabit n'emporte la finesse du guitariste des Who vers une
somme d'anecdotes farouchement attachées à véhiculer et entretenir
coûte que coûte les plaisirs surannés du rock'n'roll art of life
tel que trop souvent dépeint par une presse trop friande de légende
pour se donner la peine d'effectuer un réel travail journalistique.
Il n'en n'est rien, Pete Townshend a peut être perdu l'ouïe, sans
doute souvent égaré son calme et plus que fréquemment remisé la
raison au profit de la folie furieuse mais il y a une chose
essentielle qu'il ne dilua jamais dans son cognac, sa farouche
lucidité.
Pete Townshend en
véritable artiste ne se contente pas comme nombre d'imposteurs, de
pondre une bouse sous une forme ou une autre avant de déclarer
devant un ramassis de béotiens médusés « c'est de l'art ! »
Il conceptualise une vision, la définie avec minutie dans son esprit
et tache ensuite de la transcrire via une musique, une peinture, un film ou un livre. Cette transcription est de toute évidence la partie
la plus ardue de son travail, la plus risquée. Mais le risque
n'est-il pas le moteur de l'Art véritable ? Comment transposer
fidèlement une vision de l'esprit ? Comment faire comprendre
une sensation aux autres membres d'un groupe de manière à ce qu'ils
concrétisent en y délivrant la meilleure part d'eux même, une
œuvre qui vous reste personnelle ? Quels sont les mécanismes
qui peuvent impliquer le public dans cette œuvre ? Et comment traduire l'originelle émotion intime, base de toute création,
de façon à la rendre universelle ? Où trouver le canal de
communication lorsque le héros d'une œuvre est sourd, muet, aveugle
et autiste ? Ou suicidaire, dépressif et déjà blasé à tout
juste 20 piges ? Pire que tout, comment réussir à faire tenir
debout un grandiloquent château de cartes en étant entouré d'un
fou destructeur, d'un acharné de la simplicité rustique et d'un
bassiste doté d'une âme aussi sombrement silencieuse
qu'intimidante de puissance ?
C'est dans la confusion
qu'inflige à un simple humain la somme de ces questions que se
trouve la personnalité même de Pete Townshend. Qu'il arrive à nous
raconter tout cela de manière cohérente tient déjà du miracle,
qu'il ait assez de recul pour en rire et admettre les
implacables moqueries des autres membres des Who, accompagnant inexorablement ses
explications confuses destinées à servir de trame à la
concrétisation d'un projet, est un défi à toute notion de
prétention. Pete Townshend se dévoile comme peu ose le faire. Son
mysticisme septique, sa sexualité confuse, mélange d'audace et de
timidité, sa mauvaise conscience paralysante aussitôt contrariée
par de fulgurant excès de confiance en soi. Ses ambitions
démesurées, sa quête incessante de nouveaux sons, son manque de
sérénité face à un futur toujours inquiétant, s'il n'est pas
contrôlé de bout en bout.
Je pourrais, sans doute même le devrais-je, vous citer de longs paragraphes du livre, ce serait la plus fiable solution pour vous en faire partager le sens et vous pousser à trouver la volonté de foncer à la librairie la plus proche, avant de vous octroyer le temps nécessaire à dévorer les 500 pages de Who I am. Je n'en ferais rien. Démerdez-vous.
L'autobiographie de Pete Townshend est disponible partout, dans nos provinces comme sur les sites web que chacun utilise pour dépenser ses deniers. Sachez simplement que quelque soit l'achat que vous réaliserez après lecture de ce papier, il ne sera jamais aussi essentiel que l'acquisition de cette confession du plus malin d'entre nous.
Hugo Spanky
Tu donnes envie d'acheter le bouquin ;D
RépondreSupprimerIl a l'air très cool et de ne pas se la "jouer", tranquillou sur sa vespa, pieds nus dans ses Sebago ;D
Sérieusement, si j'adore Prince et toute sa cour Fuky, j'aime beaucoup 3 groupes de Rock: Cream, The Who et Deep Purple...C'est de l'or!
Bises et bonne journée!
Figure toi qu'il parle même de Prince dans le livre puisque c'est après avoir vu Purple rain au cinéma qu'il a eu envie de réaliser son film White City. Comme quoi, tout se tient.
SupprimerHugo
;D excellent, je vais acheter ce bouquin !
RépondreSupprimerTu ne seras pas déçu.
SupprimerPour le reste, je ne suis pas trop porté sur Cream en particulier, ni Clapton en général mais Deep Purple, là oui, ça me cause. Ils avaient d'ailleurs un côté très funky, notamment dans leurs derniers album des 70's (Stormbringer, Come taste the band) et leur tout récent Now what a un bon groove aussi.
Quant aux Who, je suis tombé dans la marmite tout petit et ils ne m'ont jamais lâché depuis. Eux et Elvis Presley, c'est les bases pour moi en matière de Rock.
Hugo
après JOE strummer,PETE TOWNSHEND,bravo les gars malgré tout ça reste dans le coup environs 100000 lectures sur notre blog pas mal pour des has been comme nous!!!!DEEP PURPLE ça me parle plus mais voilà ,FRED ,HUGO et le grunge ce sont les autres qui les intéressent alors!!!!bises DJA
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