jeudi 28 novembre 2013

SaTuRDaY NiGHT SPeCiaL


L'intelligence dans un bar passé une heure du matin est plus rare qu'un ticket gagnant à l'euro-millions, on le sait tous. Wayne Mills se l'est vu rappeler de la plus définitive des manières, samedi dernier à Nashville, par un taulier de bistrot mêlant la stupidité à la violence.
Wayne Mills était un chanteur Country, pas le plus doué, mais pas le plus antipathique non plus. Il se réclamait du mouvement Outlaw (Hors-la-loi pour les nostalgiques de Jacques Toubon) et vu le niveau de répression actuel, il suffit d'allumer une clope dans un lieu non-fumeur pour y être assimiler. Même plus besoin de conduire un truck gros comme un pâté de maisons, défoncé au bourbon, gavé d'amphétamines pour tenir les yeux ouverts, juste un coup de flamme de zippo et vous y êtes. A ces heures là du petit matin, le temps de la réflexion cède sa place à celui des réflexes, c'est à celui qui dégaine le premier, son poing, sa bite ou son flingue, selon les situations, et tant pis s'il eût mieux valu rester chez sa mère comme un bon fils.


Dans le cas qui nous intéresse, le ton est monté si haut que Wayne Mills s'est retrouvé raide mort contre le bitume du parking, un trou à la place de ce qui lui servait de visage. Ça fait des dégâts une balle dans le crane, même quand on lui tourne le dos.

Le contexte, les responsabilités des uns et des autres, la justice ricaine les dira peut être un jour. C'est pas mon propos. Ce fait divers m'a remué les méninges dans le contresens du poil, et c'est en vrac que les idées se sont mises à s'entrechoquer dans mon ciboulot, plus sous garantie depuis un bail. J'ai pensé à cette chanson de Lynyrd Skynyrd, Saturday night special, et de là, à toutes une séries de conneries que je vais tacher de dépatouiller le temps de ces quelques lignes, avant qu'elles ne s'éparpillent à nouveau dans le joyeux foutoir qui me sert de boite à pensées.


Lynyrd Skynyrd ? Autant que j'y ailles franco, ce groupe est une des définitions les plus probantes de l'ignorance du pseudo rocker lambda, qui se veut à la page de la grande légende du wock'n'woll. Les railleries de cet abruti de Neil Young (qui se mangera dans les gencives, en guise de réponse à ses atermoiements sur les mœurs du Sud, le texte aux petits oignons de Sweet home Alabama) auront bêtement suffit à une génération de crétins pour les classer au rayon des bœufs avinés. Les mêmes blaireaux qui continuent à voir en Neil Young un apôtre de la paix et de l'espérance. Ils ont dû rater l'épisode post 11 septembre, lorsque le canadien à la voix en souffrance se fera supporter de George Bush et de sa guerre sainte.
Pas grave, Ronnie Van Zandt n'était plus là pour voir ça.


Quoiqu'il en soit, Lynyrd Skynyrd a régulièrement pondu des textes plein de bon sens et souvent à contre-courant de leur image, tantôt condamnant la poudre (That smell), tantôt déclinant les conseils d'une mère à son fils (Simple man) et dans le cas de Saturday night special, une mise en garde contre l'utilisation des flingues, et la facilité avec laquelle ce par ailleurs bien bel objet peut vous expédier six pieds sous terre pour l'un, et en enfer pour l'autre. Venant d'une clique que l'on ne peut assurément pas qualifier de pacifistes convaincus, ni de mous du genoux, de tels propos, portés par l'une des plus chaudes musiques des 70's, ne peuvent que confirmer qu'être Rocker ne s'accompagne pas inévitablement d'une lobotomie.




Et de là cette remarque, le Rock ne pourrait-il pas grandir un peu dans les sujets qu'il aborde ? Je veux bien qu'il en faille pour les boutonneux et les attardés du bulbe qui se trimballent en T.shirt Ramones à 50 balais, mais ne pourrait-il pas y en avoir un peu plus pour les autres, ceux qui ont non seulement grandi, mais également vieilli au son des sillons ? Pour un Bruce Springsteen (de retour avec un nouvel album le 14 janvier) combien de couillons de la lune ? Ne serait-il pas judicieux d'attendre de la part de chanteurs ayant, pour la plupart, allégrement dépassé l'âge de la retraite, un peu plus de consistance dans les propos, que le simple rapport annuel du nombre de pipes auquel ils ont eu droit dans les coulisses de leurs shows d’apoplectiques botoxés ?
Est-ce si glorieux que ça, d'aborder chaque jour comme si la vie ne nous apprenait rien ? Combien de vie l'alcool et la dope tant vantées ont-elles rendues meilleures ?


Et encore, je chambre les américains mais chez nous c'est largement pire, pas l'ombre d'un Chuck D à se mettre sous la dent, pourtant ça serait bien qu'il nous sorte de quelque part un chroniqueur des temps troubles, ça nous changerait de l'autre tête à beignes de belge qui cherche son papa partout, et de zaz, la rebelle des enfoirés, qui nous recycle les Poppys et le Big bazar à elle seule. Manque plus que Jean-Louis Aubert sorte un nouvel album pour qu'on ait l'air malin. Le pays part en sucette, et on n'a que des chanteurs à la mords moi le nœud. Du divertissement à tout va pour la populace, bordel, on va se divertir combien de temps encore avant de dégoupiller un bon coup ?


La musique est-elle définitivement devenue un bruit de fond pour accompagner les courses à Carrefour ? Est-ce trop attendre des artistes qu'ils soient en phase avec notre quotidien ? Y a du sang plein les rues de Marseille à Nashville, et sur les ondes, ça chante Tirelipinpon sur le chihuahua. C'est comment qu'on freine ? Elle est où la marche avant ?

Autant de questions auxquelles Wayne Mills n'apportera pas de réponse.

dimanche 24 novembre 2013

J'ai DéCiDé De m'AiGRiR


C'est pas parce que ma mère est décédée en février et que ma femme m'a quitté en juin que je vais me laisser abattre. Voyons les choses du bon côté, plus personne m'empêche de me défoncer à foison puis j'suis plus obligé de me coltiner ma laide famille et de me fader des dimanche à l'église.



Plus obligé de supporter qui du David Guetta, qui du Amalia Rodriguez, fini Desperate housewives, Bones, Pretty woman, le rosé moelleux d'Anjou de chez Aldi, le bacalao, les salades de riz infectées d’œufs trop bouillis et de patates semi-crues. Plus de vide-greniers à la recherche de hauts à 50 cts, fini les parties de cul minables à la peine à jouir, oublié le temps à faire bonne figure devant une attablée de faux amis.


Donc, j'ai décidé de m'aigrir, si j'ai perdu 10 bons kilos de mauvaise graisse, j'ai dû gagner au 2 tonnes de mauvais esprit, 5 quintaux de rancune, 800 kilos d'amertume et quelques grammes de libre pensée. Alors voilà, si t'es au fond du trou voici 10 commandements pour ne pas te laisser aller à la complaisance.

1/ Si tu te réveilles un matin et que tu te sens bien, mets sur ta platine Sauvagerie d'OTH et tu verras comme le monde est laid.

2/ Si tu bois pas devient alcoolo, si tu bois fais toi péter les veines et si t'es déjà addict arrête tout d'un coup même le café.


3/ Si c'est pas déjà fait, vide ton compte en banque.

4/ Si t'as un taf, fais toi virer, si t'as pas de boulot va chier devant les portes de pôle emploi.

5/ Si t'as un appart' fous-y le feu et va vivre chez ton ami le plus faible. Si t'as pas d'appart' va directement vivre chez ton ami le plus faible.

6/ Si t'es pas déjà mort, essaye de te suicider, devant ton ex de préférence, ça lui filera mauvaise conscience pour le restant de ses jours.

7/ Si t'as des gosses revends les à des Roms, si t'en as pas, achètes-en puis revends les, y a pas de mauvais profits.


8/ Si tu ne baises pas, fais toi un chien, les putes c'est pour les faibles.

9/ Si t'as encore des amis, invites-les tous à un super apéro et au dernier moment barre toi chez ton père. Si tu n'as pas ou plus d'amis, revenir au commandement 6.

10/ Si tu arrives à faire ça en une journée, tu pourras te remettre Sauvagerie d'OTH sur la platine et tu verras que tout ira moins bien.

No future.


Juju Allin

samedi 16 novembre 2013

La BeLLe eT La BêTe

                           CHeLLe RoSe                                                HaNK 3 



De Chelle Rose, sa vie, son parcours, je ne vais pas vous dire grand chose vu que je ne sais quasiment rien si ce n'est ce que dévoile la bio de son site officiel que vous pouvez aller lire aussi bien que moi.
Par contre, je peux vous causer quelque peu de son album de 2012, Ghost of Browder Holler dans la mesure où il tourne en boucle dans mon conduit auditif et qu'il répond en outre à quelques unes des interrogations que je m'étais moi-même posé dans mon récent papier consacré à Rachel Brooke.
A savoir jusqu'à quel point il est pertinent pour un artiste d'enregistrer ses disques livré à lui-même dans son home studio, sur son canapé ou dans son garage. Chelle Rose démontre avec son album enregistré à Nashville qu'un producteur ne sera jamais de trop si tant est qu'il maîtrise son sujet -ce vieux bourlingueur de Ray Wylie Hubbard le maîtrise on ne peut mieux- et que l'apport de musiciens du calibre de Ian Mc Lagan (Faces) ne peut nuire à l'ensemble.





Ghost of Browder Holler est massif mais sale, précieux mais chahuteur, c'est du Country-Rock à situer quelque part vers les aspects les plus Stoniens de John Mellencamp pour ses moments les plus rageurs même si tout ça sonne terriblement personnel (I need you, Rufus Morgan, Almony). Les temps plus apaisés sont eux inclassables, chargés de menaces comme se charge de nuages noirs un ciel d'été. Banjo lugubre, slide insidieuse, orgue larvée qui vous attaque direct au niveau du bassin, harmonica gras en second couteau, le décor se met en place dès Browder Holler boy et niveau baisse de régime c'est pas par ici qu'il faut chercher. Chelle Rose est dotée d'une voix si peu fréquemment croisée de nos jours que les comparaisons seraient risquées, je dirais qu'on y entend les fêlures de Stevie Nicks mêlées à la puissance et à la chaleur des voix venues de la Soul. De bien belles choses pour habiller de sombres histoires de boyfriend mort noyé et de temps gâché qu'on ne rattrape plus.



Seule ombre au tableau, l'absence de pressage vinyl. Les seul moyens de se procurer ce bijou semble être le téléchargement via Amazon notamment et le CD digipack est dispo sur le site de la dame. Ce qui ne fait pas une raison pour s'abstenir.




Un qui ne se prive pas de nous inonder de vinyl c'est Hank 3, après le triptyque de l'an dernier le voilà de retour avec deux belles galettes gorgées de la meilleure musique actuelle, la plus sauvage et la mieux armée pour distribuer les coups de boule. Si son album Punk (mais interprété avec des instruments traditionnellement utilisés dans le registre Country) A fiendish threat ne me passionne guère plus que ses précédentes escapades dans le registre, son double album estampillé pur jus, Brothers of the 4x4, est une fois encore à la hauteur des espérances qu'il suscite depuis le début de sa carrière.


Hank Williams III j'en ai causé en long en large et en travers à maintes occasions ici même et je continuerai indéfiniment tant il incarne tout ce que j'aime entendre lorsque je pose un disque sur la platine. D'abord de foutues chansons, le gars a hérité de son grand-père (que je ne crois pas utile de nommer) ce talent pour les mélodies qui s'accrochent instantanément à l'épiderme jusqu'à en devenir indissociable de votre personne. Elles surgissent dans vos pensées de la même façon que Lovesick blues ne vous lâchera jamais. C'est ainsi.



Pour ce nouvel album Hank 3 a quelque peu modifié la donne même si tout ce qui fait son charme est là et bien là mais avec un petit supplément de nouveauté. Hank 3 a renouvelé son groupe, fini le Damn Band semble t-il et si le joyeux bordel est un peu mieux agencé ce n'est pas pour me déplaire. L'apport avec parcimonie de la guitare électrique (instrument jusque là dispensé de présence) teinte quelque peu d'accents rock sudistes (Held up, Broken boogie) un disque qui s'en retrouve différemment varié que ses prédécesseurs.




Hank 3 semble avoir compris qu'après les sommets atteint l'an dernier avec Ghost to a ghost/Guttertown il se devait d'emprunter d'autres chemins fussent-ils tout aussi peu balisés. Outdoor plan sa trompette et son refrain stupide si addictif que je le chantonne à longueur de temps arborant un air aussi satisfait que preuve d'une absence totale de capacités intellectuelles performantes, certes, mais avec un franc sourire qui me barre le front, en est peut être l'exemple le plus probant tant il incarne la joviale décontraction qui accompagne l'écoute de l'album.
Surtout Hank 3 se donne du temps, plusieurs morceaux dépassent allégrement les 5mns sans être ponctués de longueurs intempestives. A tout dire, ce Brothers of the 4X4 on s'y régale tant versant bayou (Nearly gone) que versant Nashville (Possum in a tree) et plus encore lorsque Hank sort sa coiffe d'indien (Gettin' dim) ou la botte secrète dont il nous estoque avec délectation, la ballade lugubre, registre dans lequel il s'est fait expert (Ain't broken down). Et quand il porte le coup fatal en ravageant son Hillbilly façon speed metalos (Brothers of the 4x4) je ne rêve plus que du bistrot qui osera nous envoyer ça à fond les manettes à l'heure de pointe. Ça ferait le tri.




Avec cet album, Hank 3 s'offre une respiration, nous fait parcourir l'étendu de son talent et la variété de la palette Country sans jamais se départir de l'authenticité qui a fait de lui celui qui a remis sur les rails un genre à la dérive. L'apparition de groupe comme les fabuleux The Steeldrivers, la sortie l'an passé d'un chef d'oeuvre comme le Long ride home de l'incroyable Darrell Scott et toute la pléthore d'autres dont ce blog (et quelques trop rares autres) se fait l’écho avec la régularité d'une horloge en panne ne peut que nous redonner espoir, oui on peut causer de bons disques sans sempiternellement en revenir aux mêmes. A bon entendeur, salut !


lundi 11 novembre 2013

LoVeLaCe




Les projets casse-gueule aussi aguicheurs soient-ils à s'être retrouvés dans les poubelles de l'histoire sans même avoir eu l'occasion d'être affichés en salle sont légion et se multiplient comme des lapins depuis quelques années. L’avènement du Direct to dvd et du téléchargement tarifé leur offre néanmoins et pour notre plus grand plaisir une vie qui, aussi éloignée des paillettes et des récompenses qu'elle soit, leur permet d'arriver jusqu'à nos avides mirettes et, mieux encore, de faire du genre l'un des plus rémunérateur pour ses producteurs (souvent en raison des salaires disons plus convenables des acteurs en comparaisons aux déraisonnables folies dont sont atteint les blockbusters) et donc de le faire perdurer.
  

Parmi ces innombrables projets, celui qui me semblait incarner au mieux l'aspect casse-gueule, à tel point que je n'aurai pas misé un kopeck sur ses chances de voir le jour, c'est bien l'adaptation de l'autobiographie de Linda Lovelace. Voyez-vous la pionnière du porno devait à l'origine trouver sa rédemption sous les traits de Lindsay Lohan, actrice au parcours fort tumultueux s'il en est et dont les incessants démêlés judiciaires sont en train d'enterrer la carrière plus vite qu'autre chose. Sa participation au film se limita donc à une série de photos promotionnelles destinées à allécher les producteurs.


Place donc à Amanda Seyfried, actrice débutante dont la principale particularité semble d'être de ressembler à Lindsay lohan plus qu'à Linda Lovelace mais après tout, on s'en fiche pas mal et à tout dire on n'y perd pas au change vu que Linda Lovelace tenait physiquement plus de la pinpin du village à jupe légère que du canon Hollywoodien.






Outre un casting tout en second couteaux mais réellement talentueux le film de Rob Epstein et Jeffrey Friedman -duo auquel on doit Howl, adaptation de la biographie d'Allen Ginsberg, ainsi que deux documentaires consacrés à l'homosexualité- propose une réalisation et une construction qui ne ferait pas de mal à de bien plus ambitieux projets que lui. Durant toute sa première partie, Lovelace développe l'histoire sous un angle que l'on peut imaginer être celui du public d'alors, la success story d'une jeune fille nimbée des illusions de L'été de l'amour, Linda Lovelace en incarnation de Petite fleur coquine, cousine de Améthyste de sable d'or, j'en passe et des meilleurs, autant de jeunettes conquises par la liberté émancipatrice qu'offre à toute femme la joie de connaître une multitude d'amants aussi bien intentionnés avant l'acte que prompt à disparaître dès leurs burnes soulagées. Ah, le rêve hippie ! Quoiqu'il en soit, la musique est Funky à souhait, les décors et les tenues sont un régal multicoloré et l'interprétation est sans faille. On y est. Même si ça nous emmerderait un peu d'en rester là.





L'affaire devient probante dans la seconde partie du film, par petites touches d'abord les flashbacks complètent les scènes précédentes, nous en proposent le revers de la médaille. Puis le film bascule et le décorum s'incline, fini les fards, le glamour et les insouciants cocktails. Welcome to the terrordome, les cris ne sont plus ceux des coïts, les lunettes de soleil cachent bien plus que les gueules de bois. C'est de par cette astucieuse narration que l'on se laisse embarquer dans cette histoire aux nombreux relents de Déjà-vu. Car bien entendu le scénario ne s'écarte pas d'un chouia de l'autobiographie et passe à la trappe une réalité bien plus sordide que celle comptée ici. Pas de partie de jambes en l'air en compagnie de Mabrouk et seulement 17 jours passés dans le monde du porno. Les accros à la véracités des faits en seront bons pour lire The other Hollywood, indispensable bouquin paru aux éditions Allia et entièrement consacré à la genèse du X à travers des témoignages de ceux qui l'ont vécu, Linda Lovelace et Chuck Traynor en tête.




Ceci dit, véracité édulcorée ou pas, on s'en bat les cacahuètes, grâce à un impeccable casting, Lovelace reste un plaisir jusqu'à sa dernière minute. Sharon Stone, dans son rôle de mère revancharde envers le destin, éblouit par son talent, faisant au passage regretter un peu plus encore la ridicule image de vieille peau qu'elle entretient dans les journaux people. Peter Saarsgard est irréprochable dans son interprétation d'un Chuck Traynor tantôt charmeur tantôt sordide, revoir la trogne de Bobby Cannavale est un bonheur trop rare tant il nous avait régalé dans Romance and Cigarettes, Eric Roberts est méconnaissable, Chris Noth (Mr Big dans l'imbuvable série Sex in the city) est exemplaire en producteur qu'on devine mafieux, Juno Temple l'est tout autant en copine délurée mais attentive, une demi-surprise seulement puisqu'on avait déjà repéré son talent dans Killer Joe de William Freidkin.   


Amanda Seyfried donne de la candeur à son personnage de Linda Lovelace dans la première partie du film avant de révéler un jeu nuancé et de subtilement dresser le portrait d'une femme soumise que l'on imagine d'abord séduite par cette gloire soudaine mais dont elle laisse au fil des minutes apparaître toutes les fêlures. Les scènes en contre point avec Sharon Stone sont à ce titre de grands moments du film. 





Aussi étonnant que cela puisse paraître l'histoire du porno et de ses protagonistes donne de meilleurs films que les biopics sur les musiciens, peut être parce que la surenchère n'y est pas possible et que le sujet n'a de valeur que s'il est traité avec un minimum de franchise. Peut être aussi parce qu'aucun studio n'a en tête d'en profiter pour nous gaver de merchandising, pas de rééditions en version deluxe de Deep throat, pas de poupée gonflable à l’effigie de Linda Lovelace dans les rayons de Noël mais ce constat qu'après l'excellent Rated X avec Emilio Estevez et Charlie Sheen sur le parcours chaotique des frères Mitchell (réalisateurs de Behind the green door) le cinéma X des débuts continue de fasciner malgré la vulgarisation du genre et son aspect dorénavant aussi banal que dépourvu du moindre charme. Tant que ça donnera des films de ce calibre, on ne s'en plaindra pas.