samedi 28 novembre 2015

KiTTY, DaiSY & LeWiS, Le BiKiNi, TouLOuSe


On a remis ça, pile une semaine après les avoir croqué des yeux au Rockstore de Montpellier, Milady et moi sommes allés rejoindre Kitty, Daisy & Lewis sur leur date toulousaine, manière de mieux encore les dévorer. Bonne pioche. Les filles étaient encore plus belles, Daisy irrésistible d'insouciance dans son micro short de tennis, Kitty dans une combinaison d'Arlequin qui ne doit rien à la bibliothèque rose, et, immuablement insatiable, ce foutu public de Toulouse, génération après génération, qui n'a toujours pas son pareil pour pousser les groupes à donner mieux que le meilleur d'eux même.
Un concert plus détendu aussi, à l'image de maman Ingrid, protectrice bassiste, qui s'autorisa à ne pas seulement fixer la porte d'entrée, prête à défendre ses progénitures. On a même eu droit à son rayonnant sourire. Et  Kitty de traverser toute la salle, harmonica en bouche, le fil du micro porté haut les bras par le public, une communion autrement plus classe que le ridicule stage driving devenu triste norme d'un monde dépourvu d'imagination.
Vous en faites ce que vous voulez, je vous le dis comme c'est, Kitty, Daisy & Lewis sont un moment de bonheur.



Profiter de Toulouse était aussi au savoureux programme. C'est que, mine de rien, ça faisait un petit bout de temps qu'on avait pas eu l'occasion d'y venir autrement qu'en coup de vent. Alors on a été gourmand en bons moments. Passer la moitié d'une nuit parfumée d'Italie, à discuter à bâton rompu avec les adorables Serge et Stella, au son d'une élégante soul qui leur ressemble beaucoup. Le lendemain matin, se régaler au soleil d'une terrasse anisée, se délecter d'une assiette de cuisine libanaise, d'un sage shooter de Jameson (comme conseillé par Kitty, la veille))) avec Dja, frère de sang et d'esprit. Tandis que Milady devenait Vogue Lady dans les boutiques de la place de la bourse.

Et inévitablement, rendre visite à Armadillo, disquaire historique s'il  en est, le temps de s'offrir, sur fond de Lou Reed NewYork, un échange tout azimut entre passionnés avec l’infatigable Antoine Tatane Madrigal et d'en ramener une bonne nouvelle que je vous livre sans plus attendre : En mars 2016 Les Fondeurs de Briques éditeront un recueil des articles signés par notre homme pour le légendaire fanzine Nineteen, dont il fut bien plus que l'un des fondateurs.


Antoine Madrigal, comme son éternel complice Benoît Binet, fait partie de ceux là, qui ont compris que ce qui sort d'une guitare n'est jamais que la conséquence de ce que l'ont est capable d'y faire entrer, sa vie, sa culture, ses essentielles nécessités. Sans tout cela, le plus doué des virtuoses se révèlera, on ne le sait que trop bien, aussi fade qu'une assiette de nouilles sans un soupçon de méditerranée qui plane au dessus. Réjouissons-nous avec impatience de ce mois de mars à venir, les lignes qui vont tomber sous nos mirettes avides seront immanquablement chargées d'adrénaline et de cultures, nourries au savoir et à une compréhension du contexte des choses qui distinguera toujours un bon auteur, d'un triste pisseur de copie sans âme. J'en profite pour vous laisser en bas de page, le lien vers le site des Éditions des Fondeurs de Briques, leur catalogue vaut largement plus qu'un simple coup d’œil.

 


Merci à tous d'avoir fait un tel plaisir de ces deux jours trop vite consumés, confirmation si besoin était que suivre la route du Rock'n'Roll mène toujours, et encore, aux bonnes adresses, aux meilleures personnes. Pour si peu qu'on sache naviguer sans suivre les indications des panneaux. Peace.

Hugo Spanky

vendredi 20 novembre 2015

KiTTY, DaiSY & LeWiS, coNCeRT au RocKSToRe


Si j'avais dit à mon grand-père que je faisais acte de résistance en allant voir un concert, il se serait sacrément foutu de ma gueule. Mais on a l'héroïsme que nos ennemis méritent. Des gars qui tirent à l'arme lourde dans le dos de gens désarmés et pacifistes anéantissent d'eux même la portée de leurs actes. La victime ne peut tellement rien leur opposer qu'ils en deviennent une simple potentialité. Comme celle de passer sous un camion en traversant une rue. Qui va renoncer pour autant à traverser la rue ? Ils sont fous, dangereux mais vains. Et la disproportion de leurs agissements est d'une telle lâcheté que l'on ne peut que les mépriser. Et de fait, continuer à vivre sans considération pour leur misérable existence.


C'est ce qu'ont choisi de faire tous ceux, nombreux, qui étaient présents ce jeudi 19 novembre au Rockstore de Montpellier. Et c'est aussi ce qu'ont choisi de faire Kitty, Daisy & Lewis, ainsi que leurs adorables parents et l'inoxydable Tata, enthousiaste et communicatif trompettiste jamaïcain, dont les "je t'aime" distribués à chacun de nous n'ont pas manqué de faire chaud au cœur. Au moment où tant de groupes annulent leurs venues en France, politesse qu'il ne faudra pas manquer de leur rendre quand enfin ils se trouveront une paire de couilles, Kitty, Daisy & Lewis, eux, sont là et bien là. Les deux générations de la famille Durham et le vieux sage jamaïcain ne fuient devant personne lorsqu'il est question de porter la bonne parole du Rock'n'Roll.


Et putain, c'est rien de dire que de Rock'n'Roll il en fut question. Et sous ses formes les plus  variées, tantôt Rhythm & Blues, ailleurs sous dominante Ska, souvent zébré de Rockabilly. Ça faisait un sacré bail que ni Milady, ni moi, n'en avions reçu une telle ration. Pas question ici, d'apprécier par indulgence une quelconque vieille gloire dont l'évocation des années fastes constitue les trois quart du show. Pas de replay, de sentiment de déjà-vu. Kitty, Daisy et leur frère Lewis sont jeunes, talentueux et pimpants. Les deux sœurs, toutes en glamour rétro-futuriste, ont du charme à revendre. Et à voir la nuée de jeunes mâles prosternés devant leurs talons à paillettes, je peux affirmer sans risque qu'elles sont bien parties pour remplir le rôle de fantasme indélébile que Poison Ivy a rempli pour nous, en ces temps lointains où chaque pochette de nouveau disque était comme une promesse d'extase éternel. 




Ok, vous allez me dire que c'est bien joli d'avoir une remontée de sève mais que l'essentiel reste la musique. Le fait est qu'il serait même dommage de ne pas le souligner, Kitty, Daisy & Lewis sont effrontément bons. Mieux que ça, ils sont insolents de classe, de personnalité et de savoir-faire. A tour de rôle Lewis et Kitty dégainent les bottes secrètes, font swinguer les Gretsch dans l'ampli Fender. Pas de démonstration, pas de branlette, pas de singerie acrobatique façon Brian Setzer, loin de là. Tout est dans les variations d'ambiances, du glissé calypso à l'attaque rockabilly, des enchainements bluesy de Lewis aux accords délicieusement jazzy de Kitty sur ce Never get back d'un autre monde qui nous porte jusque dans ses bras de déesse enchanteresse. Magie et sortilèges que les déboulés funky et ravageurs de la dévastatrice Daisy rendent encore plus envoutants. 



Faut que je choisisse quelques mots pour vous en causer spécifiquement de la demoiselle Daisy Durham. Un cas rare que cette jeune femme. Si il est un minimum de dire que le Rock'n'Roll, malgré sa générosité passée en la matière, manque de nos jours cruellement d'incarnation crédible, il n'en est que plus indispensable d'affirmer haut et fort à quel point Daisy est la salvatrice réponse à nos espoirs les plus irrationnels. Qu'elle se place au clavier, qu'elle aille passer à tabac sa batterie ou qu'elle irradie d'incandescence derrière son micro, cette jeune femme dégage une insolence à soulever les montagnes. Regard noir, moue fougueuse, provocante et libératrice, Daisy Durham met à genoux les cœurs endurcis. Si aucun des membres de la fratrie ne brille par une quelconque indolence, Daisy n'en demeure pas moins encore plus explosive que les autres. Faut la voir cogner sa caisse claire comme une possédée tandis que la transe saisit le Rockstore tout entier, le temps d'un époustouflant final que je croyais uniquement réservé au domaine de la nostalgie.


Kitty, Daisy & Lewis sont jeunes, ils sont aujourd'hui. Je ne vais pas vous dire que leur concert n'a souffert d'aucun couac, ce serait les décrire comme de vulgaires machines parfaitement huilées. Mais même ce qui fonctionne un peu moins bien au milieu de tant d'excellence, est porteur d'ambition. Ce groupe ne veut pas en rester là, on les sent désireux de creuser encore, de trouver des pistes, de tenter, d'explorer. Le chemin qu'ils ont parcouru en trois albums est sidérant d'audace et fédérateur. Et c'est la vocation de la musique vivante que d'être abordée ainsi. 



Oui, c'est bien de cela dont il fut question hier soir au Rockstore, de vie. Tous rassemblés pour célébrer, pour avancer coûte que coûte. Pour danser, vibrer. Se remplir les poumons de cet indestructible sentiment de liberté que la musique n'a eu de cesse de nous insuffler. Garder l'espoir vivant. Et on ne pouvait rêver meilleure compagnie pour cela que cet impeccable groupe qui ne ressemble à aucun autre. Pour preuve, ils étaient là au rendez-vous.


Hugo Spanky
spécial merci à Milady pour les photos