dimanche 16 juin 2013

PeTe ToWNsHeND


La musique que nous jouons doit être celle de demain, 
les choses doivent être dites aujourd'hui
 et la raison pour laquelle nous le faisons est hier.
Pete Townshend

Who I am, l'autobiographie de Pete Townshend vient de paraître en traduction française, je n'irai pas par quatre chemins, ce livre est un bijou. Après la lecture du ridicule ouvrage signé par Keith Richards, je craignais que la tentation d'une autobiographie vantarde d'un similaire acabit n'emporte la finesse du guitariste des Who vers une somme d'anecdotes farouchement attachées à véhiculer et entretenir coûte que coûte les plaisirs surannés du rock'n'roll art of life tel que trop souvent dépeint par une presse trop friande de légende pour se donner la peine d'effectuer un réel travail journalistique. Il n'en n'est rien, Pete Townshend a peut être perdu l'ouïe, sans doute souvent égaré son calme et plus que fréquemment remisé la raison au profit de la folie furieuse mais il y a une chose essentielle qu'il ne dilua jamais dans son cognac, sa farouche lucidité.



Pete Townshend en véritable artiste ne se contente pas comme nombre d'imposteurs, de pondre une bouse sous une forme ou une autre avant de déclarer devant un ramassis de béotiens médusés « c'est de l'art ! » Il conceptualise une vision, la définie avec minutie dans son esprit et tache ensuite de la transcrire via une musique, une peinture, un film ou un livre. Cette transcription est de toute évidence la partie la plus ardue de son travail, la plus risquée. Mais le risque n'est-il pas le moteur de l'Art véritable ? Comment transposer fidèlement une vision de l'esprit ? Comment faire comprendre une sensation aux autres membres d'un groupe de manière à ce qu'ils concrétisent en y délivrant la meilleure part d'eux même, une œuvre qui vous reste personnelle ? Quels sont les mécanismes qui peuvent impliquer le public dans cette œuvre ? Et comment traduire l'originelle émotion intime, base de toute création, de façon à la rendre universelle ? Où trouver le canal de communication lorsque le héros d'une œuvre est sourd, muet, aveugle et autiste ? Ou suicidaire, dépressif et déjà blasé à tout juste 20 piges ? Pire que tout, comment réussir à faire tenir debout un grandiloquent château de cartes en étant entouré d'un fou destructeur, d'un acharné de la simplicité rustique et d'un bassiste doté d'une âme aussi sombrement silencieuse qu'intimidante de puissance ?



C'est dans la confusion qu'inflige à un simple humain la somme de ces questions que se trouve la personnalité même de Pete Townshend. Qu'il arrive à nous raconter tout cela de manière cohérente tient déjà du miracle, qu'il ait assez de recul pour en rire et admettre les implacables moqueries des autres membres des Who, accompagnant inexorablement ses explications confuses destinées à servir de trame à la concrétisation d'un projet, est un défi à toute notion de prétention. Pete Townshend se dévoile comme peu ose le faire. Son mysticisme septique, sa sexualité confuse, mélange d'audace et de timidité, sa mauvaise conscience paralysante aussitôt contrariée par de fulgurant excès de confiance en soi. Ses ambitions démesurées, sa quête incessante de nouveaux sons, son manque de sérénité face à un futur toujours inquiétant, s'il n'est pas contrôlé de bout en bout. 



 
Je pourrais, sans doute même le devrais-je, vous citer de longs paragraphes du livre, ce serait la plus fiable solution pour vous en faire partager le sens et vous pousser à trouver la volonté de foncer à la librairie la plus proche, avant de vous octroyer le temps nécessaire à dévorer les 500 pages de Who I am. Je n'en ferais rien. Démerdez-vous. 



L'autobiographie de Pete Townshend est disponible partout, dans nos provinces comme sur les sites web que chacun utilise pour dépenser ses deniers. Sachez simplement que quelque soit l'achat que vous réaliserez après lecture de ce papier, il ne sera jamais aussi essentiel que l'acquisition de cette confession du plus malin d'entre nous.




Hugo Spanky

5 commentaires:

  1. Tu donnes envie d'acheter le bouquin ;D
    Il a l'air très cool et de ne pas se la "jouer", tranquillou sur sa vespa, pieds nus dans ses Sebago ;D
    Sérieusement, si j'adore Prince et toute sa cour Fuky, j'aime beaucoup 3 groupes de Rock: Cream, The Who et Deep Purple...C'est de l'or!
    Bises et bonne journée!

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    1. Figure toi qu'il parle même de Prince dans le livre puisque c'est après avoir vu Purple rain au cinéma qu'il a eu envie de réaliser son film White City. Comme quoi, tout se tient.
      Hugo

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  2. ;D excellent, je vais acheter ce bouquin !

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    1. Tu ne seras pas déçu.
      Pour le reste, je ne suis pas trop porté sur Cream en particulier, ni Clapton en général mais Deep Purple, là oui, ça me cause. Ils avaient d'ailleurs un côté très funky, notamment dans leurs derniers album des 70's (Stormbringer, Come taste the band) et leur tout récent Now what a un bon groove aussi.
      Quant aux Who, je suis tombé dans la marmite tout petit et ils ne m'ont jamais lâché depuis. Eux et Elvis Presley, c'est les bases pour moi en matière de Rock.
      Hugo

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  3. après JOE strummer,PETE TOWNSHEND,bravo les gars malgré tout ça reste dans le coup environs 100000 lectures sur notre blog pas mal pour des has been comme nous!!!!DEEP PURPLE ça me parle plus mais voilà ,FRED ,HUGO et le grunge ce sont les autres qui les intéressent alors!!!!bises DJA

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