vendredi 26 juin 2015

OmBRe SoLaiRe


Putain de bordel de merde de manche à couilles ! M'ont saoulé, tous. J'en peux plus, je veux du divertissement à ma façon, je ne veux plus pisser dans le trou, terminé de becter dans le pot commun. J'ai jamais brillé par ma sociabilité, mais là je menace de faire sécession. Pas moins. Je bosse dans un garage, et c'est franchement pas ce que j'ai connu de pire, juste si quelqu'un pouvait foutre un coup de marteau sur la radio qui crache 7 heures par jour ce que les ondes veulent bien fournir à la populace. 

C'est quoi ces dépressifs à la petite semaine ? Les tristus de l'existence, les je suis une cruche, les je veux mon papa (moi aussi je le voudrais bien, je fais pas chier le monde avec ça), les qui nous vendent des trucs qu'on veut pas. Une andalouse ? T'es sérieux cousin ? Comme l'a dit Desproges, l'andalouse est bruyante et moi je veux du calme, de l'apaisement. Faute de m'élever l'esprit, je veux, au minimum, qu'on me rende pas plus con que je ne le suis. Déjà qu'un tiers de la faune nationale vit au moyen age, que le second tiers vit dans le monde des bisounours et que j'ai de plus en plus souvent la sensation d'incarner le troisième tiers à moi tout seul, voila qu'on nous colle de la grisaille même en plein été. Rendez moi le cœur grenadine, mais cherchez pas à me refourguer Zaz, merde. Celle là aura réussi l'exploit de passer, en moins de temps qu'il n'en faut à Valentino Rossi pour changer de rapport, de Michel Fugain meet The Poppys à Mireille Mathieu chante l'occupation. Bonjour la dinde, une punk à chiens en guise de romance sur la bute Montmartre. Faut savoir dire stop !


Même aux chiards, ils leur refilent n'importe quoi. Louane ? Quelqu'un a supporté une chanson d'elle en entier ? Je me la fade dans les esgourdes dix fois par jours, pire, toujours les deux mêmes tourneries à la sauce je traine des pieds les yeux embués de larmes, y a pas une once d'espoir ou d'énergie (oh le vilain mot). Ils peuvent pas leur pondre une Sylvie Vartan aux midinettes de 2015 ? Une Sheila, une Lio. Karen Cheryl, si vraiment c'est la dèche.


Et pour les garçons, pareil, qu'on arrête de leur endormir la nouille avec le Faudel gitan. Dans notre misère, on avait au moins Ringo Willycat qui fracassait les pancartes à slogans sur la tronche des intermittents hippies. Et s'il faut un gitan, alors que ce soit façon Leny Escudero, vu que Daniel Guichard a mauvaise presse.


Foutez moi de la couleur dans tout ça ! Quitte à ressortir les patchs arc-en-ciel sur les bluejeans, les bombes à peinture sur les t.shirts. Qu'est ce qu'on attend pour leur faire un jeu vidéo où ça nage à poil dans les rivières, dans lequel ils auraient droit aux plaisirs, pas juste du sang, de la sueur et des larmes pendant que mademoiselle fleur bleue pleurniche en écoutant Julien Doré. Ça plane pour qui Call of duty ? Vous y tenez tant que ça à savoir ce que c'est qu'une guerre ?


Et les alternatifs ? Là on touche le fond. Soit du quincailleux avec plus de clous sur la tronche que dans le stock de descours et cabaud, soit du dreadloqueteux qui te vante le trois feuilles comme remède à tout. Je sais bien qu'en France il a fallu qu'on leur crée un poste à la fonction publique pour qu'il existe des punks, mais qu'au moins ils aient de l'énergie (two times) et toute la dérision qu'il convient. Un Plastic Bertrand techtonic ça doit bien pouvoir se fabriquer.



Bon, c'est bien beau tout ça mais l'eau est à 21, le bitume à 46, mon choix sera donc facile pour le programme du week end. Tant que j'y suis, sachez que Public Enemy sort un nouvel album en Juillet et ne ratez pas Valentino Rossi qui part en pôle position du Grand Prix Moto de demain. Le hurlement des moteurs est un excellent relaxant.

Hugo Spanky


samedi 20 juin 2015

SToNeRies De FaMiLLe




La vie est une drôle d'arnaque, on passe notre temps à vouloir tracer tout droit alors que tout n'est que cycles, rotations et répétitions. Y a qu'à voir, en 2015 les Rolling Stones tournent encore. Mieux, ils accaparent les unes. 
Les Stones c'est un peu mon premier groupe à moi, celui que j'ai ramené à la maison sans besoin de personne. D'abord sous la forme de trois 45 tours de la série L'age d'or des Stones, The spider and the fly (face B de Satisfaction), Jumping Jack flash et Sympathy for the devil, trois disques qui m'ont permis d'empiéter sur un territoire jusque là réservé à mon grand frère, la chaine HiFi familiale. Ça a été le début de mon indépendance, mon premier coup d'épaule.


Mon grand frère, qui l'était alors plus encore, vu que j'étais moi même petit, est un grand frère modèle 1958, un ado des 70's avec des sabots et des pattes d'eph' qui habillait nos dimanche matin en famille d'albums de Santana, des Who ou de Yves Simon -dont il faut écouter le Respirer, Chanter de 1974 pour se rendre compte qu'en France on a su sonner rock. Chouette bande son pour un univers de couleurs, un frigo orange, des fauteuils rouges, de la fumée bleue qui s'échappe de la pipe de notre père, une télé qui abandonne le noir et blanc aux souvenirs. Une époque où chacun cherchait son chemin de traverse, avant le sens unique direction cul de sac des années Mitterrand. Libres parce qu'encore déchainés. Les interdits c'est pas ça  qui nous contrariait la vie, dans les années 70. Les couvertures de Hara Kiri trônaient en devanture des kiosques, et le minot que j'étais découvrait le sourire de Marilyn Jess.


Et les cailloux chantaient un truc qui me colle encore au cœur et au corps. Les Stones, voyez-vous, je les aime par mégarde, comme j'aime mon frère, sans m'en être jamais vraiment rendu compte, haletant dans ma course effrénée, cherchant à les remplacer par d'autres. Pourtant, pendant que la cour du collège portait un deuil Back in Black, c'est sur Emotional Rescue que j'oubliais les devoirs à faire, de la même façon qu'aujourd'hui c'est avec From The Vault sur la platine que j'écris ces lignes.

Je les ai jamais vu en concert, je crois que mon frère non plus, on les a raté en 1981 pour des raisons différentes, et je pense que cette tournée fut la dernière à valoir le prix du ticket. Le triple album (plus dvd) paru y a quelques mois, qui retranscrit l'intégralité du concert à Hampton, Virginia, en 1981, le confirme aisément. 
 

Les Stones débarquent sur une version de Under my thumb à se crever les tympans d'effroi. T'en as pas deux qui jouent ensemble ! Haro sur l'accordage ! Putain que ça fait du bien de les entendre se ramasser cul par terre devant tout le monde. Du vivant pour de vrai, pas une course à la perfection. C'est ce trait de caractère commun qui m'a sans cesse ramené vers eux, ce refus de la compétition, cette volonté de n'en faire qu'à sa tête. Dès Shattered s'en est fini des approximations, le groupe se soude et trouve le groove sur Neighbours, la suite est sur du velours hérissé. Going to a go-go, Beast of burden, Miss you, les Stones au pinacle, Start me up en single du moment et Keith Richards, qui fête ses 38 ans ce soir là, vire à coups de guitare dans la tronche un gonze un peu trop enthousiaste en plein Satisfaction !


Depuis moins d'un an avec la série From The Vault, les Stones ouvrent leurs archives, les gars ont trouvé le truc parfait, deux triples vinyls avec à chaque fois le dvd du concert en cadeau. Le second volume propose un concert de 1975, l'un des premiers avec Ron Wood, le répertoire tourne autour de Let It Bleed, Exile on Main Street et It's Only Rock'n'Roll. L'ambiance est laidback, à l'image de l'imposant You can't always get what you want, épanouissement et plénitude avec une version de Angie d'une troublante beauté. Les Stones à Los Angeles, plus funky que jamais sous les lumières roses de la cité décadente. 

Le prochain album de la série sort le 22 juin et sera consacré à un concert au Marquee en 1971, les Stones dans un club au moment de Sticky Fingers (par ailleurs inutilement réédité en version deluxe).

2015 et on est toujours sur les mêmes ondes, les Rolling Stones arpentent le globe avec un Mick Jagger qui affiche 72 ans au compteur, mon frère est sur un lit d’hôpital et pour la première fois de ma vie je demande si les Stones ne vont pas réellement tous nous enterrer. 


Hugo Spanky