Faut bien dire ce qui y est, les documentaires sur le sport me passionnent autant qu’un Thalassa spécial Finistère. Écouter des gonzes expliquer à quel point ils ont bien obéi à leur coach, comment ils ont été concentré (pendant plus d’une heure ! Attention exploit) comment ils ont su gérer l’avantage et je ne sais quelle fadaise encore. Tout ça pour marquer au final un but de plus que l’équipe d’en face..pfff, vous parlez d’une histoire.
C’est bien simple, tout Marseillais que je suis, je ne regarde même plus les matchs de l’OM.


Fastest, documentaire de 2012 signé Mark Neale, porte bien son nom, ça résume tout, la vitesse, aller toujours plus vite, gratter ici et là, conquérir ces infimes instants qui permettent de grappiller, millième après millième, une seconde, deux, trois, rarement plus, un coup de moins bien dans une accélération et déjà voila la roue avant, gourmande, du poursuivant qui pointe le bout de sa gomme. Faut pas compter sur les rétroviseurs pour savoir ce qui se passe derrière, les rétroviseurs n’existent pas en Moto GP, faut juste être rapide. Fastest et more fastest.
C’est Ewan Mc Gregor qui nous guide en voix off tout au long du documentaire et franchement ça pourrait être sa sœur que ça serait pareil, on s’en bat les noix d’Ewan Mc Gregor quand Valentino Rossi prend la parole, quand Marco Simoncelli s’exprime, quand les moteurs hurlent comme des bêtes enragées.
Fastest nous fait vivre la saison 2010/2011 au plus près des paddocks, là où la température ne se mesure plus. Une saison charnière, celle où Valentino Rossi (Dieu en langage Moto) a dû passer le relai à Jorge Lorenzo, celle qui nous laissait espérer tellement de grandes choses de ce diable de Marco Simoncelli, grand taré devant l’éternel, le genre de jeune requin qui traite les autres pilotes de femmelettes, qui leur file des coups d’épaule dans les virages pour passer devant, pour être plus rapide. Fastest, more fastest, toujours. Juste qu’à tomber au milieu de la piste et se faire heurter. Jusqu’à la mort. Grâce à Fastest, Simoncelli reste ce grand échalas prêt à bouffer la vie, tignasse de cheveux rentrée on ne sait comment sous le casque, poignet droit bloqué en position au taquet.
N’allez pas croire pour autant que le documentaire joue la dramaturgie, bien au contraire, c’est une célébration de la vie. Pas le moindre du monde un machin fermé conçu pour n’intéresser que les aficionados. Ces mecs là ont les yeux qui pétillent d’intelligence, de malice, de passion. Ils ont le feu. Quand je vous dis qu’on ne cause pas de simples sportifs. Lorsqu’ils ne sont pas sur le circuit, ils ne pensent qu’à rire, faire les bouches de vieilles sans jamais se prendre au sérieux. Ces gars là ne sont planqués derrière aucun garde du corps. Pour quoi faire ? Tout le monde les aime, les respecte. Faut voir les habitants de Tavullia, le village en Italie où vit Valentino Rossi, chacun à l'effigie du champion sur sa façade, même le curé l’a placardé sur l’église.

Hugo Spanky