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dimanche 12 novembre 2023

Oh YeaH!


...et revoila les Rolling Stones, et revoila les Beatles, et revoila Noël. Tant de choses qui vont si bien ensembles. 

Par respect pour Mick Jagger, je ne dirais rien sur l'album des Rolling Stones. De plus, il s'est fait éclipser par le retour des Beatles descendus des cieux pour se joindre au sprint final. Mazette qu'il était mal emmanché ce retour. Avec Paul McCartney qui s'emmêle les pinceaux dans des histoires d'Intelligence Artificielle qui effraient plus qu'elles ne rajeunissent la clientèle. C'est tout McCartney, de croire qu'il peut encore se positionner en interlocuteur des adolescents en crise de personnalité. Mais ça fait aussi son charme, cette naïveté aux dents de requins. Giles Martin s'est donc chargé du rétropédalage. Le remixeur en chef du catalogue des quatre de Liverpool a pris la parole et filé des coups de serpes dans les élucubrations de papy Paulo en affirmant, goguenard, qu'il n'avait utilisé qu'un simple logiciel pour nettoyer et recaler la voix de John Lennon (pour mémoire mort depuis 43 ans) et absolument pas de l'I.A. Et d'enfoncer le clou en précisant que McCartney le sait très bien (sous entendu; du moins il le savait il y a quelques mois encore, mais avec les vieux n'est ce pas...). A mon avis, il doit y avoir du mécontentement sur les royalties.

Bref, leur tambouille, on s'en fout. J'ai écouté le morceau. Now and Then. Le nouveau 45t des Beatles. En 2023. Franchement. Comment voulez-vous que ce monde progresse quand on en est là ?
On s'en fout. Le morceau est fabuleux. J'ai eu les larmes aux yeux, la gorge nouée, le drapeau en berne en entendant Lennon attaquer le premier couplet. I know it's true, it's all because of you... Merde, alors. C'était encore possible. Il restait une mélodie de Lennon à mettre en illumination. Je suis scié. Le refrain arrive abruptement, McCartney y est allé à la truelle, façon cantique pour les stades, tous en choeurs avec le iphone tendu vers l'icône pour faire comme dans les documentaires d'Arte. On s'y fait dès la troisième écoute, mais c'est un peu raide. Du coup, j'ai jeté une oreille sur la démo originelle de Lennon. Le refrain de la chanson est tout autre. C'est une de ces mélodies sublimes dont Lennon était généreux, délicate et échevelée avec audace. Mais pas assez percutante pour les 40 secondes d'attention du public connecté. McCartney a donc choisi de concocter un refrain avec ce qui est à l'origine le pont du morceau, autrement dit un passage de transition moins intense que les deux parties qu'il lie (faut bien prendre de l'élan à un endroit). En prenant soin de muscler le rendu là où il faut, on se retrouve en territoire Wings. Ma foi, ça fonctionne, et il fallait bien qu'il tripatouille un peu pour prétendre à du Beatles. 


Giles Martin a sorti la porcelaine en habillant Now & Then de samples prélevés sur des hits des...Beatles. Ben, tiens. Il n'aurait plus manqué qu'il sample Oasis. Une chose est sûre, le résultat est autrement meilleur que pour Free as a bird et Real Love, parfaitement salopés en leur temps par la production de Jeff Lynne. D'ailleurs Now & Then est aussi sec inclus dans le nouveau calibrage de la compilation double bleu 1967-1970 qui devient triple bleu et se clôture désormais en 2023. Un beau bébé que voila, d'autant plus qu'il ne voyage pas sans son grand frère le triple rouge (Patron, une autre!). 

McCartney s'est chargé de remixer une nouvelle fois le tracklist des deux compilations, manière de justifier un prix qui fait mal aux côtes. J'ai pas encore écouté l'intégrale, j'espère quand même qu'il n'a pas mis la basse à fond comme il l'a fait sur le remix de Love me do qui figure en face B du single. L'intention est claire, la revendication sans subtilité : Les Beatles, c'était c'est moi (et bientôt les Rolling Stones aussi, vu qu'il fait l'actualité sur tous les fronts). Là aussi, j'ai choisi de m'en foutre, je ne suis pas allé vérifier si Now & Then est co-signé Lennon/McCartney ou l'inverse. Je suis bien. La chanson est merveilleuse. 

Hugo Spanky

jeudi 16 décembre 2021

La SéQueNCe du SPecTateuR

 


De film pour le cinéma, le projet Get Back a finalement muté sous la forme de trois épisodes diffusés sur Disney Channel (et ailleurs, pour ceux qui savent). Ce qui n'est pas plus mal, pour ne pas dire carrément mieux. Alors, certes, l'idée de se farcir quasiment huit heures de répétitions d'un groupe de rock mal embouché peut rebuter quiconque a déjà assisté à une répétition de groupe de rock, même bien embouché. A vrai dire, une bonne moitié du premier épisode confirme ces craintes, regroupé dans les studios de Twickenham sans adhérer au projet, flou, du réalisateur, le groupe, ou plutôt la somme de ses individualités, peine à trouver motivation. Et c'est rien de le dire. Lennon, allergique aux horaires imposés par le chef scout McCartney, ne se pointe que lorsque ça lui chante, le plus souvent vers midi pour annoncer qu'avant toute autre chose, il va aller becter. C'est là que l'affaire a commencé à me plaire. C'est là aussi que chacun va en faire sa tambouille, les pros McCartney trouveront scandaleux de le faire poireauter depuis 9 heures du matin dans le froid d'un hangar inhospitalier avec Linda et ses cancans comme seule compagnie. Les pros Lennon argueront qu'un rocker n'obéit à aucune sorte d'horloge. 




Il ne s'est écoulée qu'une petite heure qu'on rigole déjà devant les mines déconfites. Michael Lindsay-Hogg initiateur du projet peine à convaincre, son idée de filmer le groupe de la première répétition jusqu'à leur pharaonique retour sur scène au pied des pyramides d'Egypte (celle du Louvre n'existait pas encore en ces temps immémoriaux) amène plus d'interrogations que de certitudes. Ringo est catégorique, ça se fera en Angleterre ou ça ne se fera pas. Quelqu'un évoque la possibilité de le faire sur un bateau de croisière, même ça on leur doit ! Et puis un concert, mais pour jouer quoi ? Love me do ? Help ? Et comment ? Comme hier ? Quel autre choix ont-ils ? Aucun des morceaux les plus récents du groupe n'est jouable sur scène sans être réarrangé de fond en comble. Revisiter Strawberry fields forever... Vous la sentez monter la mayonnaise ? Le plus raisonnable est encore de composer une setlist toute neuve et de profiter du concert pour en faire un nouvel album. En avant toute! Sauf qu'il est déjà tard et qu'on verra ça demain. 



La faim ouvrant l'appétit, on a dévoré la suite en se retenant de ne pas tout s'enfiler d'un trait. Au bout du compte, ça aurait pu durer huit heures de plus, on serait toujours collé à l'écran! Oh la, ne croyez pas qu'il se passe quoi que ce soit. Loin de là. Tout juste si les boys s'amusent du malaise ambiant pour prendre Peter Sellers à son propre jeu. Je vous le dis tout net, si vous êtes friands de l'acteur faudra vous y faire, sa carrière n'y survit pas. L'hydre trouve là son premier terrain d'entente. Fin du round d'indifférence. Harrison va en faire les frais. Si une chose est claire, c'est bien que Lennon et McCartney ne sont là que pour se torturer mutuellement, démontrer à qui le veut qui est le leader. Exacerbés par la présence des caméras les égos enflent en silence, malheur à celui qui perdra son self-control. Il est fascinant de voir comment ces deux là vont réussir à se reconnecter en se poussant à bout sans jamais s'attaquer frontalement, avant de se ressaisir lorsque Harrison refuse de remplir plus longtemps le rôle de dommage collatéral, qui avait été celui de Ringo lors des sessions du White album.



La suite est fascinante, la façon dont ils parviennent à construire les chansons laisse rêveur. A aucun moment, ces mecs là ne travaillent avec bon sens, sitôt que le feeling est bon, qu'ils sont à deux doigts d'aboutir, Lennon se lance dans des pitreries, sitôt qu'un consensus pointe le bout de son nez sur l'endroit où donner ce foutu concert sans cesse ajourné, McCartney affiche ses doutes, tergiverse, ne sait pas, ne sait plus s'il existe encore. On connait la fin, je spolie pas grand chose en révélant à quel point ils sont bons lorsqu'ils se branchent enfin sur le toit d'Apple. Ce que Get Back nous fait découvrir, c'est à quel point ça tient du miracle. Tout comme ça tient du miracle qu'aucun des trois n'ait étranglé McCartney lorsqu'il attaque Let it be pour la centième fois. Surement qu'il devait y avoir de l'amour dans l'air. Bien plus qu'ils ne voulaient le montrer.


Hugo Spanky





mardi 8 décembre 2020

McCaRTNeY III


Tout juste ce monde ingrat a-t-il eu le temps de se souvenir de Lennon que voila McCartney qui rapplique. Les vieux complexes l'empêcheraient-ils encore de dormir ? A moins qu'il ne tienne à briller sous les guirlandes.

La pochette est affreuse, ça c'est fait, si Universal impose ce machin à la une des magazines, on va avoir un mur de presse bien dégueulasse pour finir l'année.

 

Musicalement faut pas s'attendre à être chamboulé outre mesure, à ce niveau là on est très en deçà des deux précédents McCartney numérotés (dont le II reste mon préféré). La dominante est acoustique plus qu'expérimentale, je ne vais m'en plaindre que modérément, vu les horreurs que la mode nous fait subir en terme d'innovation, c'est pas plus mal si pépé ne se passe pas la glotte dans les tuyaux digitaux. 

Find my way est bordélique et chahuteur, doté d'une véritable énergie, peut être qu'à son échelle c'est une révolution, en tout cas c'est un des meilleurs titres de l'album. Avant d'en arriver là, Long tailed winter bird se marche sur les arpions un peu plus de 5mns durant, ce qui fait que l'ouverture de l'album est aussi le seul moment où j'ai eu envie de renoncer.

 


Woman and wives est plus intéressante, piano, boite à rythme et cette constante de s'amuser avec les couleurs que le temps a conféré à une voix dont on croyait avoir fait le tour. Si la composition ne propose pas grand chose de transcendant, elle a le mérite de le faire de façon concise et astucieuse. Faudra s'en contenter, c'est un autre des bons titres du disque.

Il y a ensuite un long tunnel de morceaux inutiles, Lavatory lil, Slidin', The kiss of Venus qui auraient pu rester dans les cartons sans que je trouve à redire. Ils auraient aussi pu être remplacés par pire qu'eux à l'image du pénible Deep down. Quant à Winter bird/When winter comes (il est toujours frais, il regarde les séries à la télé) et Pretty boys, elles seront, au choix, qualifiées de McCartney éternel ou de redites, pour moi ce pourrait être des chutes de Flaming Pie. Ce qui n'est pas loin  d'être un compliment.
Au milieu de tout ça, Seize the day dont je ne sais pas trop quoi penser, sinon qu'il y a là des ingrédients qui m'évoquent David Bowie, c'est pas mal fichu et anecdotique, c'est pourtant un des titres qui ressortent. Un intrigant qui contribue à relancer l'attention de l'auditeur.

Deep deep feeling sera sans doute LE morceau qui va susciter le plus d'excitation. 8mns et quelques durant lesquelles il se passe vaguement quelque chose de l'ordre de l'émotion. C'est quand même un brin long et en même temps ça fait court pour porter tout un album. Niveau composition on navigue du côté de Driving Rain, mais l'habillage respecte le cahier des charges McCartney II. Un hybride qui a de la gueule.  



Conclusion, je préfère ça aux tartines beurre et chocolat de Egypt Station, l'absence de production joue en sa faveur, preuve que le vieux sait encore s'en sortir en misant uniquement sur l'interprétation. C'est la qualité globale du disque, en variant sa voix, en laissant respirer le son, McCartney parvient à me faire passer 3/4 d'heure en sa compagnie sans que je ne trouve mieux à faire. Il se peut même que ce disque soit celui que je ressortirais de la pochette lorsqu'il conviendra d'évaluer la suite. Peut être même que je le ressortirais juste par plaisir. Et ça fait un bail qu'un McCartney ne m'a pas fait dire ça. Moi qui ricanais sous cape à l'idée de porter le fer avec les blogs voisins, que j'imaginais se lancer dans une surenchère de qualificatifs fallacieux, me voila porteur du drapeau blanc.

Mieux encore, si j’élargis le spectre jusqu'à inclure la concurrence sur le marché des gros calibres du classic rock, Paulo rafle la mise sans risquer la blessure. Son disque n'est pas une fumisterie à la façon du dernier Springsteen, il respire vraiment le fait maison et nous transmet ce qu'il y a de meilleur dans cette approche, une écoute apaisante, conviviale, dépourvue de l'oppressante obligation du compressé sur mesure pour les web radios. Je peux même le gratifier d'une certaine audace, contrairement à Costello, il ne se contente pas de nous fournir un résumé des épisodes précédents et il ne se compare carrément pas à l'absence totale de créativité qui frappe AC/DC depuis minimum 30 ans.

Tout est donc réuni pour que les adorateurs adorent et que les autres continuent à en avoir rien à foutre.  La balle est dans le camp des indécis.

 


Hugo Spanky

lundi 12 août 2019

The BeaTLeS


Déblatérer sur les Beatles en 2019, si ce n'est pour évoquer éventuellement le remixage du double blanc par le fiston de George Martin, et signifier d'un même coup qu'il va récidiver avec Abbey Road d'ici peu, se résume à enfoncer une porte ouverte aux quatre vents. Les Beatles, pensez donc, même ma mère a un avis dessus. On peut vouloir jouer les gros durs, prétendre des énormités pour faire le mariole, au final on aura toujours ce foutu groupe capable de placer un titre comme Rain en face B d'un single ou s'abstenir d'inclure Strawberry fields forever sur le moindre album. Il y a quand même moins risqué pour se ridiculiser que de dénigrer une œuvre qui aujourd'hui encore se redécouvre sous des aspects insoupçonnés. Suffit de dégainer la version mono de leur discographie pour transcender jusqu'au plus faiblard de leurs morceaux. Je me suis chargé de vérifier l'été dernier, fini la voix connement isolée à gauche tandis que le groupe sonne en dilettante dans le canal de droite, avec la mono la baston se déchaine au milieu du bar à putes de Hambourg qui vous sert de salon. Vous pouvez balancer vos Dr Feelgood.


Cet été, j'ai rechuté en me plongeant dans le Revolution In The Head de Ian McDonald, un bouquin qui, à la suite d'une passionnante mise en contexte, peut être ce que j'ai lu de plus pertinent sur les sixties, passe en revue tout ce que le groupe a enregistré comme chansons, reprises comprises. Et ça fait mal à la concurrence. D'autant qu'inévitablement on ressort les albums pour vérifier les dires et affuter les désaccords, nombreux en termes de préférences. Et comme j'ai un grain, j'ai embrayé sur l'intégrale des Purple Chick, ces dossiers maousse costauds qui regroupent pour chaque album la version stéréo, la mono, les inédits restés en rade, les faces B de singles, ainsi que tout ce qui présente intérêt (même minime) dans les sessions d'enregistrement, les répétitions et autres jams impromptues. Je me suis enfilé au casque à 3 plombe du matin 1h10 de Revolution en mode mise en place acharnée, avec Yoko Ono qui commente ce qui se passe par dessus la musique. J'ai basculé dans une autre dimension sans avoir eu besoin d'Alice pour me faire une tisane. The Beatles Go Too Far que ça s'appelle, si pour vous aussi la musique est autre chose qu'un divertissement, si l'archéologie vous passionne, vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas que ça existe.

Forcément qu'à m'imbiber ainsi le buvard, j'en ai tiré des conclusions. Les Beatles ne sont jamais meilleurs, à écouter aujourd'hui, que lorsqu'ils jouent rock, qu'ils y vont franco dans le cradingue tendance loose. Ok, pas grand chose n'égalera jamais les sommets Pop que sont Strawberry fields forever, A day in the life et I am the walrus, c'est dit, je n'y reviens plus. Mais, olala le gros mais que voila, c'est quand même le White Album qui rafle la mise. Album shooté, visionnaire dans son minimalisme branleur, ses morceaux casse-gueules auxquels on s'accroche par où on peut. Lennon est incroyable de bout en bout. Après trois années sous LSD, le voilà qui soudainement sevré éjacule une vingtaine de chansons dans un ashram en Inde qu'il rentre illico enregistrer à Londres en s'injectant autant d'héroïne qu'il peut. Lennon ne faisait rien à moitié. Il en résulte des machins cyniques dans lesquels l'ironie le dispute à l’abattement, Yer blues (il veut mourir), Julia (elle est morte), Sexy Sadie (le maharashi est une salope), Dear Prudence (la frangine cloitrée de Mia Farrow rendue à moitié zinzin par la méditation), Happiness is a warm gun (bang bang shoot shoot), Glass onion (foutage de gueule des fans obsessionnels, qui finiront par avoir sa peau), Everybody's got something to hide except me and my monkey (réponse cinglante aux médias qui traite Yoko de guenon), Revolution 1 (il torche les révoltes estudiantines à la mode en 68 tout en se grattant une belbe sans réveiller l'autre), Revolution 9 (8mns de terreur d'un monde cocotte-minute), Cry baby cry (chiale, tu pisseras moins), I'm so tired (vous m'avez tous gonflé), Goodnight, rideau, basta, foutez moi peinard. Le double blanc, c'est John Lennon au firmament de sa mise à nu.



McCartney, du coup, s'aligne sur la férocité en balançant Back in the USSR, Birthday, Why don't we do it in the road et Helter Skelter, joue l’apaisement avec Blackbird, Mother nature's son, reste le garçon prévoyant que l'on connait en assurant un hit à un album aussi peu commercial que possible avec Obladi Oblada et nous pète un peu les noix avec Honey pie, Rocky Raccoon et Martha my dear. Tandis que Harrison, après un Piggies dont je n'ai jamais su quoi penser, s'en sort mieux que d'habitude en fourguant Savoy truffle, While my guitar gently weeps et le fabuleux Long long long. Avec le double blanc, c'est bien simple, même les sessions de travail sont fascinantes et les démos sommairement enregistrées à Esher dans la maison de Harrison sont aussi indispensables que l'album finalisé. Une bonne idée que de les avoir éditées officiellement l'an passé dans le quadruple vinyl (ou triple cd) commémorant le 50eme anniversaire du disque.

L'autre grand album à surnager du lot lors de cette inspection surprise, c'est Revolver. Encore un dominé, des tripes et de l'esprit, par Lennon. Même si paradoxalement c'est l'un des disques pour lesquels il fournira le moins de titres. Sauf que ce sont ceux là qui donnent le ton. I'm only sleeping, She said, she said (description du premier trip de l'auteur effectué en compagnie de David Crosby, Roger McGuinn et Peter Fonda), Dr Robert (fournisseur des pills qui aujourd'hui encore assassinent Prince, Tom Petty et compagnie), And your bird can sing (passage à tabac de ceux pour qui les Beatles ne sont qu'une nichée d'oisillons à frange) et ce Tomorrow never knows dont personne ne s'est jamais remis. A côté de ça McCartney livre trois de ses plus belles mélodies, Eleanor Rigby, Here there and everywhere et l'inégalable et vachard For no one (And in her eyes you see nothing, no sign of love behind her tears) adressé à l'indomptable Jane Asher
Fidèle à lui-même il ne peut se retenir d'être casse bonbon avec le barbant Got to get you into my life et un Good day sunshine bien inutile. Par contre Harrison cogne sec avec Taxman (la version mono s'impose), I want to tell you et l'alien Love you to qui ouvre la Pop aux saveurs de l'Orient transcendantal sans que je ne trouve à m'en plaindre. 



En conclusion reste l'album que je n'avais pas vu arriver, celui sur lequel je ne m'étais jamais donné réellement la peine de me pencher et qui finalement a vieilli avec malice. Je parle de Let It Be. Et devinez qui tient les rênes de l'affaire ? Sur la lancée du double blanc, dont les sessions pour Let It Be seront la continuité directe, Lennon poursuit son travail de sape en épurant jusqu'à l'os des compositions qu'il gratte avec un son de guitare ravagé. Pour la première fois depuis des lustres, concept d'enregistrement live oblige, il va collaborer étroitement avec McCartney, leur partage du micro et la tension qui en résulte font des merveilles sur I've got a feeling. Ailleurs, ils ressortent du tiroir une de leurs plus anciennes compositions, One after 909, pour en délivrer une remuante version qui retrouve intacte la gniaque des débuts. Un Maggie mae bastringue et un Two of us couleur country débraillée plus tard et il est temps de les retrouver dans des travaux plus personnels. 




Pour beaucoup, les deux grandes chansons du disque sont griffées McCartney, Let it be, rubber gospel s'il en est, et le conflictuel The long and winding road, que le bassiste rêvait dépouillé, mais que son trublion d'acolyte se chargea de rendre dégoulinant de chantilly en donnant carte blanche à Phil Spector au comble de sa démesure orchestrale. Personnellement, tout en appréciant grandement les qualités de ces deux là, ce sera plutôt le bluesy Dig a pony, registre que Lennon alimente depuis peu, donnant ainsi un nouvel éclairage à un groupe qui jusqu'à Yer blues avait montré, en terme de black music, un intérêt nettement plus porté sur Motown que sur Chess, et surtout le sublime Across the universe que je porterais aux nues.
Harrison maintient le niveau avec un For you blue déglingué et l'entêtante valse I me mine qui sera l'ultime enregistrement des Beatles, malgré l'absence de Lennon (Starr étant absent de Because, il faut remonter à juillet 69 et She came in throught the bathroom window pour trouver la dernière trace enregistrée du quatuor au complet). C'est néanmoins Get back qui, en terme de cohésion et de parution, peut être considéré comme la dernière grande chanson exécutée par les Beatles (avec Billy Preston en guest), c'est elle qui conclut cet album souvent mal aimé, à tort. 
Let It Be, crânement je m'en foutiste, même les titres les plus empreints de classicisme sont bourrés de pains et autres joyeuses fausses notes, est le disque foutraque que les Rolling Stones de Beggar's banquet, Let It Bleed et Exile On Main Street n'ont jamais réussi à concrétiser, faute d'avoir suffisamment de cet arrogant talent qui permettait aux Beatles de massacrer une chanson avec panache sans parvenir à la rendre mauvaise pour autant. En cela l'association du génie musical inné de McCartney pour la mise ne place savante et celui turbulent, destructeur et instinctif de Lennon pour dérégler ce qui sans lui manquera souvent de folie n'a eu aucun équivalent. 
C'est pourquoi, je suis là, encore, en aout 2019 comme au temps de la découverte des doubles rouge et bleu, piochés au pifomètre et en cassettes sur le présentoir tourniquet d'Intermarché en des temps immémoriaux, à écouter les Beatles après les avoir cent fois rejetés, adorés à nouveau, reniés puis dévorés. Tout change dans la vie, tout casse et tout passe et tout lasse, tout sauf les Beatles.

Hugo Spanky




samedi 20 octobre 2018

DRoiT De RéPoNSe


Tacles assassins, charclage en fourbe, droites au menton en guise de réponse, voila où en est le Ranx team, après un débat démocratique (chacun hurlant plus fort que son voisin, donc) autour d'Egypt Station, énième pitrerie pépite du bassiste à frange. A tel point que l'auteur de la chose, Paul McCartney en personne, a dû intervenir afin de tempérer l'escalade de violence, comme le démontre cette photo prise devant le siège du blog.
Sommé d'offrir la parole à la fange l'opposition, suite à la publication de son récent papier titré, non sans qu'il y fut décelé une forme de provocation, Du mou dans le rétropédalage, le vénérable dictateur rédacteur de ce sanctuaire de l'objectivité, Hugo Spanky 1er du nom, vous confie donc à la prose de l'exécrable l'honorable Harry Max le Grunj", puisque ce dernier à eu l’inconscience  la bienséance de réclamer un Droit de réponse....


Bon le Kurt Vile, son album en duo avec la Barnett, à part pour deux morceaux, il ne vaut pas un crayon. Et son dernier en date, Bottle It In, qui dure plus d'une heure (au secours !), il faudrait le ramener à la durée d'un Ep pour qu'il soit juste potable. Ce gonze là, tout comme la Barnett par ailleurs, est ridiculement surcoté par ces putains de chroniqueurs rock qui s'enflamment, comme tu le soulignes si bien, pour la moindre peccadille.
C'est bien simple, à lire ces guignols quasiment tout ce qui sort est de l'or; sauf qu'une fois que tu écoutes les disques qu'ils défendent, ben mon vieux, tu retournes fissa à tes disques chéris des 70's voire des 80's (car oui il y a eu du bon à cette époque) tant tu es navré ou juste ennuyé par le vide sidéral que dégagent leurs soit disant joyaux.


Le Costello, mon petit pote, j'avoue que je me suis fait avoir comme un bleu: à la première écoute, me suis-je dis, cette affaire là est rondement bien menée, sauf qu'à la seconde écoute, c'était l'encéphalogramme plat qui m'a surtout happé tant tout cela en finalité n'est guère passionnant. J'ai eu la même déconvenue avec Prodigal Son, le dernier Ry Cooder, là aussi passée la première écoute, bof bof bof, autant préparer des crêpes ce sera plus exaltant…

Avec le nouvel opus de Mr Gibbons c'est la grosse déconfiture en effet, hormis le titre d'ouverture et le Crackin' up de Bo Diddley, on peut aller au dodo tranquillou s'en payer une bonne tranche. Bien évidemment, la critique a ADORE, alors que Perfectamundo a été royalement trainé dans le boue lui: décidément il y a des calbotes qui se perdent, pour sûr; un bon ravalement de beignet ferait le plus grand bien à certains empaffés et, qui sait, ça leur remettrait peut-être les esgourdes d'équerre.


Le cas McCartney, Mr Spanky Man, me voit brandir le glaive séculier afin de te taquiner les côtes avec la délicatesse d'un panzer qui écrabouille du poilu sur fond de Wagner.
Crénom de Dieu, tu m'assènes avec un aplomb outrecuidant que son Egypt Station est d'une mollesse pire qu'un discours d'Edouard Balladur, mais foutre non, vil manant, ton discours fielleux n'est que billevesée, à peine digne d'un babillage de nouveau-né !
Cet album, au contraire, est une belle bouffée d'air frais qui remet la Pop sur un piédestal: composé de morceaux tantôt pêchus, tantôt apaisés, de titres brefs, d'autres plus épiques, de mélodies qui te ravagent le cervelet en un rien de temps et d'arrangements chiadés comme Sieur Paul nous les prodigue depuis tant d'années. C'est un bonheur d'écoute que ce disque là. Je le mets au même niveau que Off The Ground et le génial Driving Rain, ne vous en déplaise vilain Mr Fessée ! Et au passage, je te conseille de jeter une oreille sur le complètement passé inaperçu New de 2013 qui contient également de fort jolies choses, non mais !
D'ailleurs, pour bien enfoncer le clou avec la tête de David Guetta (au moins il sera enfin utile à quelque chose celui-là) et provoquer des cris d'orfraies, j'ajouterai que je préfère largement ces quatre disques là au soporifique Chaos and Creation in the Backyard qui, maintenant que j'y pense, me fait le même effet que The ghost of Tom Joad de Bruçounet, soit une profonde envie d'aller me jeter le pas allègre à la rencontre du premier poids lourd venu. 



Et maintenant passons au cas de l'album posthume de Johnny: à l'heure qu'il est je dois être un des rares bipèdes à ne pas l'avoir encore écouté.
Ce qui m'exaspère dans cette sinistre affaire, c'est tout le raout médiatique qui entoure sa sortie: hier soir, en zappant sur ma télé, j'ai eu comme une envie soudaine de génocide ultime à l'échelle nationale (ça fera moins de boulot pour le pingouin pédant qui nous fait office de Président) en voyant que TOUTES les chaînes info consacrées une émission spéciale à cet événement. Pour ne pas changer un ramassis d'abrutis s'arrogeaient spécialistes en décorticage du travail de Johnny, mais le comble de l'horreur tristement drolatique c'était de voir tous ces blaireaux interviewer d'autres blaireaux qui s'étaient précipités pour aller acheter à minuit ( aux fous; passez-moi ça à la Kalach !!!) le disque tant attendu: ah il fallait les voir se dandiner, leur casque sur les oreilles, avec autant d'élégance qu'un caribou dans des bottines Dior, tout en dodelinant de la tête emportés par la musique, tandis que des journalistes leurs couraient après; du grand n'importe quoi, le degré zéro de l'humanité en marche en somme quoi ! 




Et pour finir (et ce ne sera pas trop tôt, je le concède), la bonne surprise du moment: le Blood Red Roses de ce bon vieux briscard de Rod Stewart.
Vous êtes sûrement comme mézigue, ça fait une paye que vous n'attendez plus rien du blondinet à la chevelure folle, et paf ! Voila-t-y pas, qu'après des années à sucrer les fraises avec des shows pour mémés dans son numéro de crooner fatigué, il nous sort un putain de disque carrément moderne dans ses sonorités.
Et vas-y qu'il remue du croupion comme s'il avait de nouveau vingt piges, le pervers pépère, sous fond de musique à contenance disco (Look in my eyes), de morceau école Motown (Rest of my life), de rock Stonien (Vegas Shuffle, rien que le titre est un gros clin d'œil à lui tout seul) ou de reggae calypso (I Don't wanna to get married).
Mais le bougre sait aussi toucher au cœur (Farewell, Julia, la superbe Grace) et, alors que l'on pourrait se dire que non décidément ce n'est pas raisonnable de reprendre cette vieille scie sinatraienne It was a very good year, BOUM ! il nous fout le grand frisson en la revisitant de manière aussi respectueuse qu'innovante en terme d'arrangement (cette guitare qui fait tout le sel de cette reprise, quelle riche idée).
Bon on va pas se mentir, l'album aurait gagné à être plus concis (16 morceaux en version Deluxe tout de même), pour autant ça tient du miracle qu'il nous sorte un machin pareil: dans le genre moderne, il n'a rien à envier au Perfectamundo de Billy Gibbons, mais dans un tout autre style of course; Mais calmez-vous les gars, ne soyez pas aussi sanguin que Mélenchon, n'allez pas chercher des pierres pour me lapider la couenne.  


Harry Max