Parmi la poignée de
musiciens à avoir gardé le goût de l'aventure sonique, Prince
Rogers Nelson est sûrement celui qui fournit le plus en terme de
quantité comme en terme de qualité. Ultra productif dès ses
débuts, jamais il ne leva le pied. A tel point que pour le néophyte
curieux de glisser sa paire d'esgourdes dans l'armada pourpre,
l’œuvre peut de prime abord apparaître comme un joyeux foutoir.
D'où l'idée d'y mettre un semblant de lumière, de tracer une
carte.
Le premier écueil étant
qu'en choisissant de n'en sélectionner que quatre parmi la grosse
trentaine d'albums officiels délivrés depuis 1978, je prends
l'assurance de m'exposer à une soudaine levée de boucliers de
l'arrière-garde princière. Et il sera difficile de lui donner tort.
Avec Prince, chacun à ses chouchous, ceux qui ont accompagné une
histoire d'amour, ceux qui l'ont consolé. Notre homme a tellement
occupé le terrain que rares sont les années qu'il n'a pas contribué
à mettre en rythme, à charger de souvenirs. La seconde difficulté
consiste à savoir de quel Prince parler, l'acharné du minimalisme
ou l'adepte de la magnificence la plus fardée en colifichets ?
Chanteur, compositeur, producteur, multi instrumentiste, guitariste
en dette envers West Montgomery, Catfish Collins, Carlos Santana tout
autant que Jimi Hendrix, les angles à partir desquels l'on peut
aborder le travail de l'orfèvre sont légion. Faut-il se contenter
d'évoquer les disques ou détailler les milles trouvailles mises en
place pour que chacune de ses tournées apparaisse comme unique et
homogène ? On n'est pas sorti de l'auberge.
Devant tant de
tergiversations, je vous entends d'ici vous exclamer agacé « il
doit bien exister un Best of, qu'on en finisse » et de fait il
en existe au moins deux, The Hits vol.1 & 2. Et sacrément bien
foutus avec ça. Les deux doubles albums regroupent la quintessence
des singles et permettent de localiser facilement ce Peach aux
effluves de Marc Bolan, ainsi que cette merveille de Nothing compares
to U, captée live en duo avec Rosie Gaines et d'une si étourdissante
beauté qu'elle défie toute notion d'équivalence.
Tout ça c'est bien joli
sauf que Prince, s'il maîtrise mieux que quiconque le domaine du
single imparable, du hit calibré, n'en demeure pas moins un artiste
à album. Voire à double album. Donc, je me lance et tant pis si Milady regrette l'absence de Purple rain, si Arielle lève les yeux
au ciel en découvrant ma sélection.
Pour commencer, pas
besoin de remonter aux calendes grecques, Prince tient toujours la
baraque, et son opus de 2009, Lotus Flower, peut servir de parfait
sésame ouvre toi. Divisé en deux vinyls, il synthétise avec
délectation la plupart des pistes suivies par le funk master. Le
premier des deux disques est organique à souhait, habité d'une
guitare Hendrixienne et d'un groove assassin, il se teinte de
psychédélisme délicat autant que de force brute, et la reprise de
Crimson and clover combinée à Wild thing est tout bonnement
renversante. Le second disque, sous titré MPL Sound, s'acharne à
retrouver la tendance électro de When doves cry, Kiss et tellement
d'autres que les énumérer ne servirait à rien. C'est le Prince des
origines, boite à rythme qui claque et guitare maigrelette, mais
tranchante, celui qui déshabilla le Funk des 70's alors devenu
symphonique pour mieux le ressusciter dans sa nudité virginale. Le
Prince qui poussa à leurs limites, les préceptes de Rick James. Le
Prince de Dirty mind. Voyez comme ça tombe
bien, Dirty mind est mon second choix. Épatant n'est-ce pas ?
Je ne vais pas vous en
faire des tartines beurrées, que vous vous destiniez à posséder
l'intégrale du Symbole d'Amour ou que vous soyez fermement décidé
à n'en acquérir qu'une maigre poignée d'albums, celui là est
indispensable, comme une clé à une serrure.
Dirty mind, c'est le
disque fondateur, pour la première fois après deux essais loin
d'être médiocres, Prince touche en plein dans le mille, éclabousse
de paillettes parfois bien crades un monde formaté par l'ennui.
Pochette provocatrice, Prince en slip, textes en adéquation,
production minimaliste à faire passer les Cramps pour Phil Spector,
compositions inouïes, qu'il tende vers le Rock avec When you were
mine, vers l’Électro Hip Hop ou qu'il plante les talons aiguilles dans le
Funk, ce disque est l'un des chef d’œuvres des années 80. L'album de
Uptown, Head, Sister, Dirty mind, Do it all night, When you were mine doit
figurer dans toute collection comptant plus de cinq disques.
Bam, j’enchaîne en
glisse dans le virage avec Sign O' the times. Je vais tacher de ne
pas épuiser tous les superlatifs que mon éducation rudimentaire
possède en mémoire vive, ce qui ne sera pas une mince affaire. Sign
O the times, c'est la maturité. Arrivé à ce stade de sa carrière,
après les films, les triomphes, les tournées mondiales, le Kid se
positionne en grand Monsieur. Terminé les gimmicks, l'épate, la
dextérité à tout va, au cours de ce second double album en à
peine 5 ans, Prince se pose, joue sur les nuances, creuse son Funk
jusqu'à atteindre le Jazz. Du pourpre criard on passe au doré
profond. En bonus, les textes prennent sens, sa majesté se penche
sur le monde, en relate les errements et ose morale envers les jeunes
filles égarées, tout autant que spiritualité. Peut être pas le
plus facile à assimiler, ce n'est pas une raison valable pour s'en
dispenser.
Enfin, mon préféré à
moi. Ce qui exclue toute justification. The Gold Experience.
Attention, flashback :
même si c'est When you were mine qui m’agrippa l'oreille en premier, je n'ai commencé à réellement m'intéresser au bonhomme, cela n'a rien
d'original, qu'à la sortie de Purple rain. Décelant chez lui matière
à nourrir mes aspirations groovy durant de nombreuses années, je
décidais de suivre son parcours au plus près. Grand bien m'en pris, il sera dans
les années 90 l'un des rares dont je supporte la six cordes. Pour le
reste, je n'écouterai en provenance du rayon nouveautés que du Hip
Hop.
Pourtant les 90's furent
longues pour Prince, et tumultueuses. Comme nombre de musicien ayant
signé avec une maison de disques à la fin des 70's, il se retrouve
« prisonnier » chez Warner records d'un contrat pas
franchement favorable à sa personne, et ne rémunérant certainement
pas à la hauteur méritée l'un des plus gros vendeur de la décennie
passée. Ce sera le début d'une brouille qui parsema de confusion
l’œuvre en cours, d'album bâclé (Chaos and disasters) pour
précipiter la fin dudit contrat en Emancipation boulimique pour célébrer la liberté retrouvée, Prince finira par jouer avec
le feu et perdre l'adhésion de ses plus volatiles fidèles. Du coup,
il s'enfoncera un peu plus en ramant vers l'opportunisme mercantile
avec un Rave un2 the joy fantastic à fuir comme la peste, avant de
remettre ordre et bon sens dans Paisley park dès 2001 avec The Rainbow
children.
The Gold Experience, paru
en 1995, prouve que même au milieu de la tempête Prince est
toujours capable de retrouver le cap et de briller avec plus de
luminescence que quiconque. The Gold Experience, c'est l'équilibre
parfait. Plus aventureux que Diamonds and Pearls -dont je m'étais
lassé rapidement malgré son ton accrocheur- et plus personnel que
Love Symbol (qui faillit bien se retrouver dans ma liste de 4) ce
double album est aussi celui qui annonce au plus précis Lotus
Flower. Même groove organique, même parfum d'Hendrix, et l'une des
plus belle chanson d'un gars qui n'en fut jamais avare, the most
beautiful girl in the world.
The Gold experience,
c'est le disque de Prince par excellence, celui qui tourne en boucle
des semaines durant dans l'auto radio de Milady.
Je n'ai pas de conclusion tonitruante à proposer, aussi je vais croiser les doigts, espérer avoir été suffisamment clair et vaquer aussi sec à renouveler mon plaisir en tournant la face du vinyl qui accompagne l'écriture de ce post. Vous devriez avoir une petite idée quant à savoir qui en est l'auteur. Aouuh !
OH MY GOD!!!! Tu ne pouvais pas me faire plus plaisir O(+>
RépondreSupprimerL'album Musicology est aussi excellent! comme graffiti Bridge, the Crystal ball,One nite alone, l'album jazzy avec le NPG : C-NOTE, Lovesexy,mais aussi Parade (en réf au super film Under The Cherry Moon"♥♥♥, The Gold experience est plus pop/New Jack, le morceau Dolphin est céleste...Et son rôle de pygmalion avec le trio 3rdeyegirl est royal!!!
Un de ses derniers morceaux est un remix de 1982: Extraloveable (tu devrais l'aimer!)O(+>
..et Controversy, et 1999, et j'avais bien aimé Come aussi, faudrait que je le réécoute mais de mémoire il y a avait quelques gros morceaux de basse dessus.
RépondreSupprimerEncore un ou deux com' comme ceux là et on aura de nouveau embrouillé tout le monde quant à savoir par quels albums commencer...:) Incorrigibles.
Hugo
Après réécoute, je confirme, Come aurait très bien pu faire partie de ma sélection...Quel classe cet album.
SupprimerJe viens de réécouter Come et c'est un album très "initiatique", les pistes sont toutes d'univers différents : Come, Space, Solo, Dark... mais résument l'être si particulier de notre Lord à tous: Prince...Oh et puis le bruit de la mer sur cet album...J'adore♥
SupprimerPareil et j'ai enchaîné sur Exodus. Olala celui là aussi, il fait mal.
SupprimerPour ma part, j'ai conservé trois albums du gazier "Sign o'the times", "Parade" (mon préféré également) et l'inévitable "Purple Rain" mais j'ai jamais vraiment accroché au bonhomme car j'ai toujours eu du mal avec les sons de synthés un peu pourrave qui parsèment une large partie de ses compostions.
SupprimerVous êtes trop pointus pour moi ! Peupeuwain peupeuwain... ♥
RépondreSupprimer...AïonliouanassiUeundeurnishnapeupeuwain....♥
SupprimerAyeonliwantoussiyoubassineinthepeupeuwain O(+> :DDD
RépondreSupprimerpersonnellement je n'aurais pas fait un papier sur PRINCE,j'admire HUGO pour sa capacité à écrire sur des artistes ,ma foi dépassés ou inintéressant(cela n'engage que moi!)!!entre parenthèse JOE STRUMMER ressemble de plus en plus à FRANÇOIS BERLEAND ahhh!!!bises dja!
RépondreSupprimerMon pauvre Dja, soit il faut que tu arrêtes les omelettes aux champignons hallucinogènes soit il faut que tu t'y remettes!
SupprimerTu confonds pas avec Françoise Dorléac Dja ?
Supprimerberleand l'acteur français,pauvre tache,bises!!!
RépondreSupprimerJe trouvais ça marrant dans le domaine de l'absurde, mais en fait c'est plus sérieux que ça en à l'air. Je te retourne donc le pauvre tache
Supprimernon Sylvie ce n'est pas à toi que je m'adressais mais au grunge,désolé que tu l'ai pris pour toi bises!!!
RépondreSupprimerHé oui ! Je me suis dit "pauvre tache" quand même c'est trop ! Mais en fait quelque part j'aurais du comprendre aussi ;))
SupprimerMais comme dit Harry Max, tu devrais peut-être arrêter les champignons ������