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vendredi 15 janvier 2021

Bye Bye SylVaiN SylvaiN


Sylvain Sylvain est mort. Vous m'en direz tant. Sylvain Sylvain, Syl Sylvain pour les intimes, Sylvain Mizrahi pour la famille, un nom à se faire insulter sur twitter de nos jours, un nom qui ressemble à qui il était, juif né en Égypte, enfance en France, New Yorkais dès l'adolescence, un vagabond. I'm a wanderer, I roam around around...

Sylvain Sylvain c'est la gratte rockabilly sur les deux disques des New York Dolls, canal de gauche (Johnny Thunders est à droite, les trois autres au milieu et en avant Rock!), c'est aussi lui composait les chansons les plus roublardes, celles qui auraient pu faire d'eux des stars si des programmateurs radio mal avisés n'avaient pas décidé de les laisser dans leur caniveau. Ces gens là mériteraient d'être emprisonnés, si vous voulez le fond de ma pensée. Faudrait remettre La Bastille en fonction pour s'occuper de leur cas.  Faire justice. Surtout qu'il va persévérer à composer des merveilles ignorées, des sucreries fraiches et toniques comme l'air chargé de rosée du petit matin. Deux disques de mieux enregistrés avec une bande de ritals ou en trio (The Teardrops), un gars, une fille et lui. Deux disques que le temps n'a pas encore découvert, il n'est pas le seul, tant mieux, ils sont toujours comme dans mes souvenirs, nerveux, pas guindés pour deux sous, diablement enjoués. Crowded love, Lorell, Formidable, Teenage news, Every boy and Every girl, Deeper and deeper, Sorry, No dancin'... Du rock'n'roll de rêve pour faire voltiger les jupes des filles. Au dos de la pochette il remercie Meat Loaf pour la bouffe et Chic pour les bières, solidarité des crapules. 



Avant ça, il avait mis en forme le premier album en solo de son acolyte David Johansen avec qui il partagera l'obsession de vouloir faire exister les New York Dolls sans Johnny Thunders, ni Jerry Nolan. Une quête vaine là encore, même si quelques couillons s'y feront prendre dans des années 2000 décidément mal embouchées. Sans doute que ça lui aura permis de profiter un peu plus à son aise des quelques années qu'il lui restait à partager avec nous.

Sylvain Sylvain est mort d'un cancer, comme un grand, lui qui était resté le gamin du lot. L'espiègle aux bajoues barrées d'un sourire de Gavroche, dont il avait adopté la casquette. Tête frisée et mascara, fan de John Lennon, Elvis et Marc Bolan, amoureux du Doo Wop et des nuits sans fin. Du Funk aussi, par lequel il avait été contaminé après avoir flashé sur Prince et auquel il annonce vouloir se consacrer au début des années 80. Il bricole un disque qui ne sortira pas des cartons, RCA lui rend son contrat en 1982, plus jamais il n'aura les honneurs d'un label mainstream. Inlassablement, il accompagne David Johansen ou Johnny Thunders au long de tournées à travers le vaste monde qui leur feront à tous plus de mal qu'elles ne leur rapporteront de thunes. Il y a deux ans de cela, il avait fallu faire appel à une cagnotte solidaire pour qu'il puisse accéder aux soins. Qu'importe, c'est la vie qu'ils avaient choisi, drogues, cascades de champagne et p'tites pépées, même si de moins en moins joliment emballées. 

 





Durant ses dernières années d'insouciance il avait écrit son livre, avait témoigné pour de nombreux documentaires. Sylvain s'était vu octroyer le titre respectable de membre honoraire des légendes de Manhattan, sorte de mémoire encore vive d'un temps révolu où les complexes restaient au vestiaires. Un temps où l'on savait danser sur les tracas plutôt que de se les refiler sur les réseaux sociaux. Un temps qui nous échappe un peu plus à chaque nouveau départ vers d'autres galaxies.

Sylvain Sylvain est mort. Bye bye baby doll.


Hugo Spanky