Sylvain Sylvain est mort. Vous m'en direz tant. Sylvain Sylvain, Syl Sylvain pour les intimes, Sylvain Mizrahi pour la famille, un nom à se faire insulter sur twitter de nos jours, un nom qui ressemble à qui il était, juif né en Égypte, enfance en France, New Yorkais dès l'adolescence, un vagabond. I'm a wanderer, I roam around around...
Sylvain Sylvain c'est la gratte rockabilly sur les deux
disques des New York Dolls, canal de gauche (Johnny Thunders est à
droite, les trois autres au milieu et en avant Rock!), c'est aussi lui
composait les chansons les plus roublardes, celles qui auraient pu faire d'eux
des stars si des programmateurs radio mal avisés n'avaient pas décidé
de les laisser dans leur caniveau. Ces gens là mériteraient d'être
emprisonnés, si vous voulez le fond de ma pensée. Faudrait remettre La
Bastille en fonction pour s'occuper de leur cas. Faire justice. Surtout qu'il va persévérer à composer des merveilles ignorées, des sucreries fraiches et toniques comme l'air chargé de rosée du petit matin. Deux disques de mieux enregistrés avec une bande de ritals ou en trio (The Teardrops), un gars, une fille et lui. Deux disques que le temps n'a pas encore découvert, il n'est pas le seul, tant mieux, ils sont toujours comme dans mes souvenirs, nerveux, pas guindés pour deux sous, diablement enjoués. Crowded love, Lorell, Formidable, Teenage news, Every boy and Every girl, Deeper and deeper, Sorry, No dancin'... Du rock'n'roll de rêve pour faire voltiger les jupes des filles. Au dos de la pochette il remercie Meat Loaf pour la bouffe et Chic pour les bières, solidarité des crapules.
Avant ça, il avait mis en forme le premier album en solo de son acolyte David Johansen avec qui il partagera l'obsession de vouloir faire exister les New York Dolls sans Johnny Thunders, ni Jerry Nolan. Une quête vaine là encore, même si quelques couillons s'y feront prendre dans des années 2000 décidément mal embouchées. Sans doute que ça lui aura permis de profiter un peu plus à son aise des quelques années qu'il lui restait à partager avec nous.

Durant ses dernières années d'insouciance il avait écrit son livre, avait témoigné pour de nombreux documentaires. Sylvain s'était vu octroyer le titre respectable de membre honoraire des légendes de Manhattan, sorte de mémoire encore vive d'un temps révolu où les complexes restaient au vestiaires. Un temps où l'on savait danser sur les tracas plutôt que de se les refiler sur les réseaux sociaux. Un temps qui nous échappe un peu plus à chaque nouveau départ vers d'autres galaxies.
Sylvain Sylvain est mort. Bye bye baby doll.
Hugo Spanky