mercredi 12 juin 2013

OPéRaTioN FuNky


Notre époque a besoin de Funk ! Finissons en avec les sempiternels mêmes disques en noir et blanc, les cultes fallacieux, les artistes autoproclamés. Qu'importe de brûler les musés, empalons les guides.

Le cycle Will Ferrell dans lequel nous nous sommes lancés tous phares éteints, Milady et moi, m'a mené par rebonds successifs à de bien étranges découvertes sur moi même et l'étendue de ma tolérance, chose dont je me croyais fort dépourvu jusqu'à ce film : A Night at the Roxbury. Pellicule hautement crétine comme il se doit mais pourvue d'une bande originale qui secoua mes fondations. Ce que l'incessant lavage de cerveau des années 90 n'avait su réussir, ce film me le fit accepter avec un sourire béat digne d'un colporteur hare-krishnien, j'en suis aujourd'hui convaincu What is love d'Haddaway est un imparable classique, une si addictive chanson que je ne peux plus passer un jour entier sans me l'enquiller dans le shaker auditif. Pire, toute la B.O est d'un calibre similaire, enchaînant sans coup férir Bamboo, La bouche, N-Trance, Cyndi Lauper, Ace of base ! Et de défiler comme un 14 juillet les relectures vitaminées du Get down tonight de KC and the sunshine band, de Disco inferno ou Da ya think I'm sexy. Et ça fonctionne, même sans les images. Ce disque est une bombe à fragmentation dangereusement chargée en joie de vivre et Will Ferrell un enzyme glouton anti sectarisme benêt.


Le film, c'est encore autre chose, un niveau si inférieur d'intelligence qu'il ferait passer Jean-Claude Vandamme pour un philosophe agréé. Deux frères, qui pourraient être les cadets des protagonistes de Summer of Sam, lointains cousins de la bande de Saturday night fever, ont les mêmes désirs de clinquant que leurs aînés, ce besoin de démesure, d'intégration dans le monde de leurs rêves. Celui de la nuit.



Au delà de ces similitudes, Roxbury fait la différence en étant dépourvu de culture de la lose, aussi trépanés soient-ils, le duo de comiques formé par Will Ferrell et Chris Kattan arrive à ses fins, sans consentir le moindre effort, juste rester fidèle à eux-mêmes quelques soient les embûches de la vie, les dissensions qui éloignent. La scène qui accompagne leur réconciliation, fraternelle déclaration d'amour bercée par le Secret garden de Bruce Springsteen, sert de révélateur au spectateur, l'émotion perce le blindage et cet ovni d'une petite heure vingt produit par le Saturday night live s'avère indispensable à tout adepte du bonheur au quotidien.


Second effet du film, l'envie d'en savoir plus sur ce Chris Kattan rarement casté par les génies du cadrage artistique. Mes recherches ne tardèrent pas à porter leurs fruits et notre jardin extraordinaire s'enrichissait de deux prometteurs long métrages, Undead or alive, un western peuplé de cowboys zombies sur lequel je reviendrai à l'occasion et Undercover brother, alias Opération Funky, un machin suffisamment détraqué pour ébranler toutes les certitudes d'un critique aux cahiers du cinéma.




Pèle mêle et au delà des clins d’œil à la Blaxpoitation, on retrouve dans ce joyeux foutoir suffisamment de couleurs, de roublardise, d'astuce de réalisation et tout connement de talent pour dispenser à vie du calvaire qu'impose le visionnage d'une comédie bien de chez nous.







Opération Funky c'est la transposition sur grand écran d'un album de P.Funk et si George Clinton en est absent, James Brown en personne vient y faire la pige et cautionner le projet. Le scénario (!) oscille entre un Austin Power réellement groovy (sans l'aspect anglais, donc) avec Chris Kattan dans le rôle du méchant blanc spasmodiquement secoué par d’incontrôlable relents de culture Black opposé à l'agent secret ultra spécial Undercover Brother, le Fonzie du ghetto. En toute logique, c'est au son de Beat it que les deux gogos s'affronteront au terme d'une traque parsemée de jolies filles et de situations aussi incongrues que difficilement définissables en quelques mots.


Comme il se doit avec un tel sujet, la bande originale est une merveille de bonne humeur démarrant en trombe par Give up the funk dans une version assénée par Bootsy Collins, Fred Wesley et Snoop Dogg, rien que ça. La suite enfile les classiques comme autant de perles (Ladies night, Say it loud, Brickhouse, Revolution will not be televised) en alternance subtile avec les toutes aussi précieuses, et moins rabâchées, œuvres de Wild Cherry (Play that funky music) Carl Carlton (She's a bad mama jama) Chery Lynn (Got to be real) ou le délicieux de sensualité, All night long des Mary Jane Girls.




Gourmand comme on est avec Milady, on ne pouvait se contenter d'en rester là et notre curiosité nous mena directement à Semi-Pro, film au casting plus alléchant qu'une glace italienne en pleine canicule. Outre l’inamovible Will Ferrell on retrouve André Benjamin (alias André 3000 de Outkast) et l'impayable Woody Harrelson ligués comme les trois doigts du pied gauche afin de sauver leur équipe de basket d'une dissolution annoncée. En manager obsédé par la funkitude, ne reculant devant aucune humiliation, Will Ferrell, en Barry très White le temps d’interpréter un Love me sexy emplie d'une débordante sensualité, et ses sbires vont aligner les pires outrances. Pour notre plus grand régal leurs imaginations sont pourvues de crédits illimités.



Il va sans dire que la B.O est à la hauteur, Will Ferrell en personne, sous le sobriquet de Jackie Moon, délivre le précité Love me sexycôtoyant ainsi au moins cinq de mes classiques personnel, Love rollercoaster des indispensables Ohio Players, la cover de Que sera sera par Sly and the family Stone, Shining star d'Earth Wind and Fire pour l'occasion savamment reprit par Elijah Kelley, le dément Mr Big Stuff de Jean Knight ainsi que le Move on up de Curtis Mayfield dont The Jam offrit en son temps une interprétation à haute teneur en calories énergétiques. 



Le reste est tout aussi jouissif, Lady marmelade (Labelle) le monstrueux Get da Funk out my face des Brothers Johnson, Why can't we be friends et The world is a ghetto de War (manque plus que Low rider pour que ce soit l’extase)  Give me just a little more time des Chairmen of the board, Walking in rythm par The Blackbyrds...


Je m'arrête là, c'est brûlant !


Remèdes plus efficaces que le sourire d'Evelyne Dheliat, ces films  et leurs B.O nous ont fait le plein de sérotonine malgré l'automne ambiant. Alors, tous avec nous, serrez les rangs, tête à droite, tête à gauche, genoux fléchis,  bassin en action, poings tendus, le message est d'une simplicité enfantine : 


Hugo Spanky

4 commentaires:

  1. Da ya think i'm sexy par Rod Stewart c'est odieusement funky ;D, le funky c'est moite, c'est nasty, parfois un peu too much mais c'est si bon!

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    1. Entièrement d'accord avec toi. Et j'adore lorsque les rockers font des morceaux putassiers au possible comme Jagger a su aussi le faire avec emotionnal rescue, sweet thing ou plus récemment avec Super Heavy. Hélas contrairement au Jazz ou au Funk, le rock n'a engendré que peu de musiciens aventureux.
      Faut dire que c'est pas leur public qui va les y inciter....
      J'ai commencer à écrire un papier sur le sujet, les rares groupes a avoir su dépasser le cadre strict du binaire (Talking heads, Blondie, Big Audio Dynamite...) mais je patauge sur le ton à adopter et ça me saoule un peu de citer encore et toujours les mêmes alors j'opterai peut être plutôt sur un papier en l'honneur de Rick James ou...Lady gaga !
      Hugo

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  2. C'est sûr que le funk ricain des 70's, c'est un territoire qu'on n'a pas fini d'explorer, plein de pépites plus ou moins inconnues. Par contre, on a fait toutes les poubelles du rock garage, du punk, de la new-cold wave, etc ..., pour remonter à la surface quelques trucs qu'il aurait mieux valu laisser bien planqués ...
    Un signe : les rappers qui sont pas plus cons que d'autres quand il s'agit de repiquer dans les bonnes vieilles idées, ça fait trente ans qu'ils tapent sans vergogne dans le funk 70's.

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    1. Oui. De plus les disques de Funk même datés d'il y a 30 ou 40 ans garde une fraîcheur, une pêche, que les albums poubelles des genres que tu cites n'ont jamais eu.
      Et, oui, les rappeurs (américains...) sont loin d'être sourds, ils sont, les meilleurs d'entre eux, le Funk d'aujourd'hui. Il suffit de voir Public Enemy sur scène pour en être convaincu.
      Hugo
      http://matlo44-funkytown.blogspot.fr/

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