Sparks, comme une marque déposée, comme un sigle de reconnaissance pour ceux qui n’aiment rien de plus que les coulisses de l’extrême, les épopées où l’aventure se mêle au quotidien. Sparks comme une estampe sur une palanquée de hits, d'albums qui ne ressemblent à aucun autre. Même contemporains de mouvements aussi éclectiques et haut en couleurs que le Glam Rock, la Disco, la New Wave, Cold Wave, la Dance, que sais-je encore, la Tectonic, même parmi la faune des excentriques en tous genres des arts les plus divers, les Sparks sont...différents.


Russell, la ballerine qui fait craquer les filles, l’ange à la voix qui virevolte, unissant avec aisance et inventivité virulence Rock et ascension des octaves. Russell avec ses textes et son chant en numéro d'équilibriste ne tombe jamais dans le pompeux, le prétentieux, il a cette capacité d’inclure un soupçon de dérision dans une perfection vocale que bon nombre auraient porté comme un trophée.
Vraiment, les deux frangins natifs de Los Angeles ont une vision des choses que je qualifierais sans trop me mouiller de foutrement personnelle. Raffinés, élégants, satiriques, désopilants ces deux là mènent depuis quarante ans une carrière qui n’a jamais sombré dans la routine.
Les albums du duo, que ce soit les plus connus, ceux enregistrés à Londres dans les 70‘s, les plus aventureux, ceux qu’ils alignent depuis une quinzaine d’années, ou les cartons plein de l’ère Giorgio Moroder, sont tous un ravissement pour les esgourdes et un délirant voyage au pays du bizarre. Même pour les esprits les plus ouverts.



Loin de moi l’idée de faire dans l’érudit en racontant dans le détail l’existence du duo fraternel, encore moins me lancer dans un interminable passage en revue de leur discographie. Donner l’envie de se (re)pencher sur leur cas me comblerait davantage, ensuite à chacun de préférer les cerises rouges écarlates et craquantes ou de favoriser celles pourpres et gonflées de jus. Avec Sparks, il y a de quoi ravir chacun.
Les amateurs de beaux objets ne désirant que la partie immergée de l'iceberg peuvent se procurer le tout récent coffret rétrospectif New music for amnesiacs, le titre le plus génial que je connaisse pour une compilation, parfaite illustration de l’esprit Sparks. Ceci dit ça reste un résumé, une bande annonce, un dépliant pour agence touristique, ça ne remplacera jamais la pension complète, petit déjeuner inclus.

Retour en Europe pour les frangins qui s’acoquinent avec Giorgio Moroder le temps de deux albums Number 1 in heaven et Terminal Jive. Ceux là faut être né hier pour ne pas les connaître. Deux grosses gifles, deux épures du son Sparks, avec synthés cinglants, rythmes assassins et toujours ces structures à faire tourner la tête. Et un hit, énorme, un classique, un machin qui met instantanément le sourire aux lèvres, When I’m with you.


Depuis Terminal Jive, jamais plus Les Sparks n’avaient enregistré quoique ce soit d’aussi essentiel. Seul Plagiarism en 1997, pour lequel ils avaient réenregistré leurs propres classiques dans des versions démentes, m’avait fait tendre l’oreille, mais le fait est que ce Lil’Beethoven donnait à espérer.
Ce n’est que quatre ans plus tard, en 2006, qu’ils refirent parler d’eux et cette fois plus de doute, ils avaient retrouvé leur muse. Hello Young Lovers est un sommet, moins autiste que Lil’ Beethoven, bien que dans la même veine, le disque est un ravissement de bout en bout. Ben merde alors, c’est quoi ce bordel ? Deux ans plus tard, l’affaire est entendue, Exotic creatures of the deep est leur meilleur album depuis des lustres, tout y est, le single qui tue en ouverture, Good morning (et son emprunt au Miss Broadway de Belle Époque), la démesure, l’énergie, la créativité, l’originalité. Sparks éternel et inégalé.