lundi 1 avril 2013

RzA, L'HoMme auX POinGS De FeR


Autant que je vous le dises de suite, le cinéma asiatique m'emmerde au plus haut point. Le côté fleur bleue, les sœurs et frères qui s'aiment pudiquement, la vengeance tartine et chocolat qui met 1h05 à se mettre en branle (pour 1h15 de film le plus souvent) même les pantalons trop courts me font horreur. Ok, j'ai eu mon t.shirt Bruce Lee, c'était dans les 70's, j'avais 8 ans et c'est très bien ainsi, mais je dois ajouter que les quelques-uns qui se trimbalaient encore la panoplie à la rentrée en 6eme me paraissaient un brin de la jaquette.

Tout ça ne m'empêche pas de raffoler du Wu tang clan, ni de considérer leur leader RZA comme un authentique créateur. Voilà un gonze qui a déboulé dans le Hip Hop en y apportant un univers tout neuf alors même que le genre s'enferrait dans les clichés. Et voilà t-il pas que ce même gazier déboule avec un film d'art martiaux, genre ultra codifié s'il en est, et se permet le luxe d'éviter les nombreux pièges dans lesquels de plus aguerri que lui ont sombré corps et âme.




Produit par Tarantino (ce qui lui offre sa première réussite depuis Pulp fiction) et réalisé par RZA, The man with the iron fists est un bonheur. 

D'abord de par son scénario miraculeux, si je vous le résume en quatre lignes vous allez dire que vous l'avez déjà vu cent fois et vous aurez raison, une fois de plus le bien lutte contre le mal. Sauf que pendant l'heure et demie que dure le film, on se fait baiser à tous les coups dans nos prédictions.



De par son casting ensuite, pourtant pas évident couché sur le papier, Russell Crowe trimbale son physique lourdingue sans que le moindre gramme ne s'en ressente sur la pellicule, mieux, il donne au film une touche western, plus proche des mystères de l'ouest que des spaghettis, Lucy Liu y est attachante, elle arrive même à émouvoir, incroyable n'est ce pas ? Bautista, oui le catcheur, est totalement crédible et j'ai même pas besoin d'une once d'ironie pour vous dire ça, quant à RZA lui même, il est juste et c'est pas rien. Le gars a une fois de plus fait preuve d'intelligence, il s'est accordé une part du gâteau sans avoir les yeux plus gros que le ventre, il ne fait que ce qu'il arrive à faire et c'est déjà plus qu'un nombre impressionnant (raison pour laquelle je ne les listerai pas) d'acteurs contemporains pourtant plus que fréquemment vu dans les blockbusters.




Enfin, et c'est surtout là que le bat blesse dans les films de ce genre, le rythme. Pas un putain de temps mort, pas une seconde de longueur, pas un bâillement esquissé malgré une crève coriace qui me cloue au plumard depuis une semaine. Vous me direz que c'est la moindre des choses pour un concepteur sonore que d'avoir le sens du rythme, certes.


Avant de finir, j'en place une pour l'esthétique, là encore grosse claque, en parant son film d'une dominante rose, RZA lui apporte une élégance du plus bel effet, quelques split screens, une fascination pour les lames (on ne se fait pas appeler The RZA pour rien) parfaitement dosée et des chorégraphies somptueuses finissent de confirmer une maîtrise qui, vu qu'il s'agit d'un premier film, donne à espérer d'autres rendez-vous du même acabit.



RZA a su prendre le temps, il n'a pas réalisé son film précipitamment alors que le Wu tang dominait le monde et que le succès en eut été assuré (de même que les critiques élogieuses d'une presse cire pompe) non, le new-yorkais a su observer, se roder en bricolant avec Jim Jarmusch (Ghost dog, Coffee & cigarettes), il a tout simplement mis en pratique l'ancestral principe de patience et d'apprentissage si lié aux arts martiaux et n'a, comme petit scarabée, frappé que lorsque le coups ferait le plus mal.
Chapeau.


3 commentaires:

  1. je ne suis pas du tout fan du genre mais le Wu Tan Clang était l'un des rares "commandos" rap/hip hop dont j'ai aimé les albums. (avec deux ou trois vieux trucs de Snoop Dogg, ex-roi de l'urban cool flow californien.) La b.o. de RZA pour "Ghost Dogs" est une des meilleures musiques de films du cinéma contemporain. Pas vu son film mais je vais me le procurer.

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