Une femme rejoint son amant à l'aéroport de Londres, en guise d'adieux elle a laissé un mot à son richissime mari, un mot qu'il ne découvrira, elle l'espère, qu'en rentrant d'une si importante réunion d'affaires, d'ici là, le couple adultère survolera l'Atlantique. C'était sans compter avec le brouillard, celui de Londres est redoutable, il plaque les avions au sol, emprisonne les amants dans l'aéroport et laisse le temps au mari de lire le mot d'adieux.
Ainsi commence The
V.I.P's l'un des nombreux, mais non des moindres films du couple Liz
Taylor, Richard Burton. Un couple légendaire comme les aiment les
romanciers, un duo haut en couleurs, bruyant, provocateur et arrogant
comme les aiment les journaux à scandales, talentueux, surtout,
comme on en raffole de par ici. Un couple investi d'un amour d'une
intensité telle qu'il en crève les filtres de l'objectif, les
couches de maquillage et tous les artifices dont peut faire preuve le
cinéma.
Intense, oui, sûrement le mot qui résume le mieux Richard Burton, intense comme sa prestance, son visage, buriné, grêlé mais percé de deux yeux bleu-métallique qui au delà de la rétine se gravent dans votre mémoire affective. Pour couronner le tout, Richard Burton a la coupe de cheveux la plus classe de l'univers tout entier.
Intense, oui, sûrement le mot qui résume le mieux Richard Burton, intense comme sa prestance, son visage, buriné, grêlé mais percé de deux yeux bleu-métallique qui au delà de la rétine se gravent dans votre mémoire affective. Pour couronner le tout, Richard Burton a la coupe de cheveux la plus classe de l'univers tout entier.
Quel putain de génie. Je parle d'un gars exceptionnel, peu importe son œuvre cinématographique ou théâtrale, c'est de sa vie qu'il fit un édifice. Je viens de finir de dévorer une biographie signée Melvyn Bragg consacrée à Richard Burton, un foutu pavé de plus de 600 pages au récit rythmé par les écrits personnels de l'acteur. Aucun voyeurisme là dedans, Burton écrivait avec un plaisir communicatif et l'inébranlable espoir d'être publié, lui qui maîtrisait toutes les langues qui l'avaient séduit, se rêvait écrivain.
Dans son carnet il se dévoile, ses mots dressent mieux qu'aucun autre la liste des aspirations d'un fils de mineur gallois devenu le plus flamboyant ambassadeur de son peuple de miséreux. Burton et Liz Taylor partagèrent la table des plus nobles, parcoururent le monde en jet comme en yacht, pourtant il n'en reste rien arrivé à la dernière page. L'auteur, d'une discrétion et d'une précision unie d'une même élégance, nous invite à découvrir le grain de peau sous les fards. Avec Richard Burton le cœur fait jaillir le porte-feuille du complet veston, il amasse une fortune et la distribue à sa famille, ses amis, ses ex-femmes, à des réalisateurs débutant aussi, ce qui explique la partie « arty » de sa filmographie.
Richard Burton s'en fout,
il se sait armé du courage des rugbymen gallois, le théâtre ne
rapporte pas assez ? Il séduit Hollywood et aligne son cachet
sur celui de sa fascinante femme, un million de dollars par film.
Avec ça il est tranquille, il peux lire et boire, en paix avec lui
même.
A travers les carnets
qu'il noircit on découvre un être sincère, d'une lucidité extrême
d'autant plus surprenante qu'elle vient d'un homme qui, fréquemment,
s'est envoyé trois bouteilles de vodka et cinq paquets de clopes la
veille.
"Elizabeth se veut mégère,
elle se veut autocrate et en vain s'efforce d'exercer sa tyrannie
dans des domaines sans importance. Il n'est pas rare, lorsque je
l'agace, qu'elle m'envoie promener en présence de tiers. Elle est
aussi extrêmement jalouse et n'apprécie pas du tout que je pose le
moindre regard sur une jolie fille. Elle me donne de violents coups
de pied sous la table, mais je continue comme si de rien n'était,
car une petite humiliation de temps en temps ne peut que lui être
bénéfique."
Un délice sans cesse renouvelé par la page suivante, ce livre. Un délice comme le sont la
plupart des films du couple, Les comédiens, Hotel international (The
V.I.P's), Le chevalier des sables, Cléopâtre, Qui a peur de
Virginia Woolf ou de Burton en solo, La nuit de l'iguane (avec Ava
Gardner), L'espion qui venait du froid, Quand les aigles attaquent,
Les corps sauvages, Klansman, Absolution, L'épouse de la mer ou
encore Villain, dans un rôle de psychopathe ou Staircase dans celui
d'un coiffeur homosexuel. A noter que ces deux derniers films sont
disponibles à travers le vaste monde et disposent d'un menu sous-titres incluant la plupart des langues vivantes répertoriées par
l’UNESCO à l'exception du français...
...la fameuse exception
culturelle française, sans doute.
Richard Burton fut l'un
des acteurs les plus marquants de l'âge d'or du cinéma, l'un des
comédiens les plus audacieux du théâtre, à travers le livre de
Melvyn Bragg on réalise qu'il était bien plus que ça.
Respect.
Respect.
J'ai pleuré à la fin de The V.I.P.'s, ce doit être les violons.. ;))
RépondreSupprimerJ'ai hâte de le lire ce bouquin ! Dans la dernière photo on voit pas, mais Elisabeth doit être en train de lui planter des aiguilles dans les chevilles ;)
Je te le confirme, bien qu'elle n'y ait aucun rôle, Liz n'a pas raté un seul jour du tournage de La nuit de l'iguane. Bizarre.
RépondreSupprimerHugo
J'aurais fait la même chose si tu avais du tourner un film avec Ava !
SupprimerAvec Sinatra qui rodait dans le coin, c'est peut être moi qui aurait dû ouvrir l'oeil...
SupprimerLe feuilleton, pas toujours glamour, Taylor/Burton a ponctué mon enfance et mon adolescence. Un cabochard mais un sacré acteur et comédien.
RépondreSupprimerPS: L'essai de Peter Guralnick sur la soul est vraiment bien. C'est érudit mais ça se lit sans difficulté. Et les anecdotes pimentent l'affaire.
Rien qu'avec son regard, d'une intensité à faire frémir le pire des salopards de la Terre, Richard Burton met tout le monde à l'amende. Ce foutu gallois était littéralement habité par ses rôles et, à ses côtés, on ne pouvait que paraître au mieux ridicule d'insignifiance. Seule Liz pouvait rivaliser avec l'aura incomparable que dégageait le bougre. Tu as bien raison, ami Hugo, ce couple infernal apportait à notre monde une lumière aussi éblouissante qu'une Nova: ils ont vécu leurs vies en la consumant comme on aligne les shots de whisky jusqu'à en dégueuler ses tripes au petit matin dans le caniveau. La vie Rock'n'roll, c'est eux qui à jamais l'auront incarné avec le plus de panache et de flamboyance. Une foutue Légende, voilà ce qu'ils sont devenus pour l'éternité.
SupprimerComme promis je viens de lire ton article, et certainement les autres. Étant assez admiratif de la grande Lis , je connais Richard Burton, seulement de réputation , par son jeux d'acteur. Je vais me pencher sérieusement sur son cas. Film, bio... Allez'hoo c'est partie.... Ah oui je suis la garce de Phyllis sur twitter
RépondreSupprimerBienvenue Phyllis, c'est un monument auquel tu t'attaques. Tu vas te régaler, des comme lui y en a pas eu d'autre.
SupprimerHugo Spanky