Van Halen, c'est
l'histoire d'un groupe jamais devenu ce qu'il aurait dû être. Avec
ceux là, on a frôlé la perfection et puis, non. Van Halen,
c'est d'abord David Lee Roth, grosse voix en chef, sans doute le chanteur à avoir œuvré dans le Hard Rock des 80's avec le plus de personnalité. C'est aussi les frères Van Halen. Avec dans l'ordre
d'apparition à l'écran, le petit génie de la six cordes, le
virtuose du manche, celui qui ringardisa en trois mouvements de
doigts la totalité des guitaristes à prétention l'ayant précédé.
Doté d'une qualité supplémentaire, la retenue. Ses soli, novateurs au possible, restent
cantonnés dans leur rôle dévastateur de pulsations maximales, sans
interminables branlettes. Eddie Van Halen n'en demeure pas moins un caractériel de première bourre au comportement auto-destructeur. Toujours fébrile malgré le succès, il refusa constamment d'admettre
l'évidence, la star du groupe, c'est pas lui, c'est le chanteur !
Van Halen démarre sa
discographie par deux albums jumeaux, puisque composés et enregistrés
quasiment en même temps.
Des deux disques, le second est le meilleur. Plus varié et tout aussi rageur que son déjà illustre prédécesseur, Van Halen II opte pour le penchant le plus californien du groupe, harmonies vocales en cascade, son black, voire carrément funky sur Dance the night away.
L'album aux chromes sanguinolents confirme que Jamie's crying et Feel your love tonight n'étaient pas des accidents de parcours. Les Deep Purple favoris de David Lee Roth ne sont visiblement pas In Rock ou Machine Head, mais bel et bien Stormbringer et Come Taste The Band.
Des deux disques, le second est le meilleur. Plus varié et tout aussi rageur que son déjà illustre prédécesseur, Van Halen II opte pour le penchant le plus californien du groupe, harmonies vocales en cascade, son black, voire carrément funky sur Dance the night away.
L'album aux chromes sanguinolents confirme que Jamie's crying et Feel your love tonight n'étaient pas des accidents de parcours. Les Deep Purple favoris de David Lee Roth ne sont visiblement pas In Rock ou Machine Head, mais bel et bien Stormbringer et Come Taste The Band.
David Lee Roth est un
passionné, il n'est pas là pour la monnaie, du moins pas seulement.
D'ailleurs, il n'en a pas besoin, sa famille est gavée. Ce qui anime
le chanteur, c'est toute une culture, une palette d'une richesse
rendue seulement possible par une haine farouche des œillères.
C'est tout ça que le groupe perdra lorsqu'il finira par
claquer la porte. Plus jamais leurs albums ne s'orneront
de reprises de Roy Orbison, Martha and the Vandellas, des Kinks,
Linda Ronstadt ou d'obscurs standards de Jazz ou de Blues. Ce sera
du côté de David Lee Roth qu'il faudra creuser pour se régaler de
pépites aux origines aussi diverses que surprenantes. Pèle mêle,
Sinatra, Hendrix, Wilson Pickett, Beatles, Beach boys, Louis Prima, Doors, Nashville Teens, tous se retrouveront à un moment ou un autre au générique
d'un album de Diamond Dave.
Ce gars est un
authentique Rocker, dès les premiers disques avec Van Halen, il
impose sa guitare acoustique à l'autre dingue du courant
alternatif, et nous octroie des pauses salutaires. Paillards et
fendards, ces morceaux claquent comme des coups de fouet, et entraîne
le groupe vers la Country et le Blues, sans jamais sombrer dans le
Folk hippie. Un Rocker, je vous dis, on n'est pas chez Led Zeppelin
ici.
Je recadre. Après un Women and Children First barbare, capté quasiment live en studio, Fair Warning,
quatrième disque de Van Halen est leur chef d’œuvre ultime. Les
compositions sont affinées, surpuissantes, et la production est
merveilleuse. La voix et la basse mixées bien en avant font la
différence, tandis qu'Edward aux mains d'argent riffe comme s'il
auditionnait pour Mother's Finest. Placé en embuscade, créatif au
possible, l'homme à la six cordes bariolée joue avec les sons, les
silences, les rythmes. Parfait. David Lee Roth n'est pas en reste, en plus de pousser l'auditeur à l'hystérie, il nous gratifie de textes mitonnés aux petits oignons. Mean street, Push comes to shove, So this is love, Unchained, "Dirty movies" (un fan des californiennes du x incite sa copine à œuvrer devant la caméra) sont des classiques de l'auto-radio pour accompagner les virées du samedi soir. Fair Warning est l'album
d'un groupe en osmose. Mais aussi à son sommet, comme la suite va le
démontrer.
D'abord avec Diver Down, disque adorable au possible mais
indéniablement bâclé. Il reste toutefois parmi ceux qui ont le
mieux vieilli. Et surtout par le naufrage de 1984. Si l'album est
celui de tous les records, c'est uniquement grâce à Jump, composé
pour servir d'hymne à l'Olympique de Marseille (oui, c'est vrai), pour le reste le groupe est dans
l'impasse, obligé de ressortir des démos antédiluviennes (House of
pain) pour entourer des cagades sans âme, comme Panama, Girls gone
bad ou des pompes des premiers albums (Top Jimmy). Bref, ça sent le
sapin, et c'est du côté du EP solo du chanteur, Crazy From The Heat,
et son avalanche de hits vintages (Just a gigolo, California girls) qu'il faut paradoxalement chercher un peu de fraîcheur. Jamais à court d'idées et enthousiasmé par la réalisation de clips loufoques au possible, David Lee Roth projette de tourner une comédie hollywoodienne dans la jungle équatoriale dont Van Halen signera la bande originale. Plongé dans la bouteille et la défonce, seulement passionné par sa découverte des synthétiseurs et désireux de s'enfermer dans le studio qu'il vient de faire construire chez lui, Eddie Van Halen prend ses distances et refuse tout net de s'investir.
La suite de l'histoire
s'écrit David Lee Roth. Il se barre, abandonnant les Van Halen à
une terne routine en phase descendante, et enregistre deux albums à
succès, Eat 'em And Smile et Skyscraper, le temps d'un super groupe
sans génie, mais amusant, avant de s'entourer de potes et de revenir
aux choses sérieuses, alignant des disques sans cesse meilleurs, bien
qu’obtenant peu de reconnaissance. De A Little Ain't Enough à
Diamond Dave (2003) en passant par Your Filthy Little Mouth et DLR
Band, notre homme va faire briller les cuivres, résonner les
influences Blues et opter pour une diversité nappée d'efficacité.
Les concerts sont à l'unisson, et sa visite en France en 1992 me
donnera l'occasion d'en juger sur pièce. Imaginez vous qu'il ouvrait
le show sur You really got me, signifiant ainsi que cette cartouche que beaucoup conserveraient pour le feu d'artifice des rappels n'était jamais que le début de l'histoire.
Brillant et sacrément couillu.
Fanfaronner les fesses à
l'air à travers le globe et enregistrer des disques dont tout le
monde se fout, peut lasser le plus motivé des hommes, c'est ce qui
finira par arriver et les nouvelles du chanteur se firent plus rares.
Un temps devenu ambulancier bénévole dans le Bronx et Brooklyn, il faudra se contenter des versions bluegrass de Jump et Jamies crying, enregistrées avec le John Jorgenson Bluegrass Band pour un tribute album de Van Halen façon Délivrance pour entendre à nouveau sa gouaille. Une
apparition dans Les Soprano le mena, tout récemment, à jouer dans un court métrage japonais. Ce seront là, ses
seules activités publiques jusqu'à la reformation de Van Halen. Depuis le temps que les frangins tournaient autour du pot,
ça devait finir par arriver.
Le résultat ? Un
album hypra massif, mais trop uniforme, et une tournée qu'il devait
faire bon de trouver sur sa route. Ce sera l'occasion pour Rolling
Stone de publier une interview toujours pertinente au cours de
laquelle David Lee Roth cite Kool &
the gang en exemple. Un bonheur.
Faut dire que pour ce qui est des interviews,
le chanteur s'est invariablement montré aussi passionnant que franc
du collier. Allant jusqu'à précipiter le split de Clash. L'intrigue se déroule dans les coulisses de l'US Festival de 1983, David Bowie touche 1,5 million de dollars pour tenir la tête d'affiche du 3eme soir, Van Halen, qui tient le même rôle le 2eme soir, a un cachet d'un seul petit million, mais un contrat en béton qui impose à l'organisateur de les aligner sur le mieux payé du festival. Par ici le demi million de plus. Les emmerdes commencent quand Clash pigent qu'ils sont tête d'affiche du premier soir pour un cachet mal négocié de seulement 500 000$ et, pire, qu'ils ne sont protégés par aucun alinéa salvateur. Vexé comme un pou, Joe Strummer, qui a imposé un an plus tôt le retour de leur manager originel, Bernie Rhodes, contre l'avis de Mick Jones, en fait tout un pataquès, refuse de monter sur scène si l'organisateur ne les aligne pas eux aussi, puis si il ne leur file pas 1 million, enfin si il ne file pas 100 000$ à une oeuvre de charité. La demande finit par être acceptée et le groupe monte sur scène avec deux heures de retard, tandis que le promoteur affiche sur les écrans géants leur salaire de 500 000$ pendant que Strummer harangue la foule sur le thème de l'anti-capitalisme... En coulisse, David Lee Roth assure l'animation "Les Clash ont beaucoup de problèmes. Ils essaient de sauver la nation, ils essaient de donner des conseils pour un avenir meilleur. Et ils ont un nouveau batteur. Ils ont donc du pain sur la planche. Qu'est-ce que je peux dire de plus ? Mesdames et messieurs, hier soir les Clash ont sauvé le monde avec deux heures de retard". Du pur David Lee Roth.
Hugo Spanky
"On est aussi là pour se fendre la gueule", le des meilleurs leitmotiv. David Lee Roth le pratique aussi bien que l'auto dérision, ça à l'air plus efficace que le Jouvence de l'Abbé Soury ;D
RépondreSupprimerDe plus, j'adore David Lee Roth parce qu'il ose. Il ose, et il est bon.
Suis pas fan de Jump, mais bon, c'est un détail.
Sinon... à quand un papier sur Ted Nugent Ô Grand Ranx ? ;D
Pour Van Halen, c'est vrai que ces putains de synthés ont lourdement datés leurs albums.
RépondreSupprimerQuant à Diamond Dave, contrairement à ce qu'on put considérer les fans obtus de la première heure, son album "Your filthy little mouth" n'est pas une trahison honteuse de sa part mais juste un très bon disque de rock qui revient au base du blues.
Ted Nugent? Ce type a un don certain pour envoyer des titres puissants qui te rétament les oreilles vite fait bien fait mais faut quand même reconnaître que c'est une tête de con de première bourre!
hahaha !! Tu dis ça parce que tu n'es pas patriote ;) Faut le voir fêter le 4 Juillet, arriver sur scène à dos de buffle, une arbalète surpuissante a presque 70 ans et envoyer un concert de fou de quasi 3h. Oui cet homme est fou mais je l'adore ;)
SupprimerTed Nugent une tête de con de première bourre ? Comment un disciple de John Wayne comme toi peut-il parler de la sorte ? Tandis que le Duke, de honte, détourne son regard, je retiens le bras vengeur de saint Charlton Heston afin que t'épargne le feu de ses éclairs divins !
SupprimerRepend toi, mécréant.
Hugo
Hum...John et Charlton sont des amateurs de danse en tutu qui boivent du thé le petit doigt levé tout en déblatérant sur l'art de porter des chemises à jabot à côté de ce fou furieux de Ted. Bon, c'est bien joli tout ça mais je m'en vais écouter de ce pas un album des Ramones; de vrais progressistes eux.
Supprimerlol, vous etes droles, c est sympa!!mais pour ted nugent "tete de con"!! quand meme!!!!!!!! pam
RépondreSupprimerC'est vrai qu'avec son arbalète dans une main et son flingue dans une autre il vaut mieux réfléchir à deux fois avant de le traiter de tête de con...
Supprimer... marrant, moi c'est plutôt la musique, et en particulier la guitare & la section rythmique qui m'avait parlé ... et je trouve qu'alex van halen a un jeu plutôt heu ... assez swing par rapport aux autres batteurs, toujours dans le registre hard plombé hein , ... entendons nous bien ... la voix non, a première écoute je la trouvais limite pénible avec tous ces cris aigus a tire larigot, mais a l'époque j'avais pas beaucoup de choix les gamins ... et puis après quelques écoutes, et bien ouais ça prend ... alors le 5 ou 6 meilleur du hard métal stoner je veux bien, mais en rock'n'roll camarade t'exagère, tu grossi le trait, voire tu t’oublie si j'en crois ta playlist. tout comme clash ou les beastie boys, j'aime le fait qu'ils s'amusent avec les styles tout en ayant leur son, donc le leur.
RépondreSupprimersinon d'accord avec fair warning, un de leur meilleurs avec le premier et diver down, j'aime aussi "women and children first" avec son mix curieux ... "everybody want some", la version disco de dancing in the street j'adore. d'accord aussi avec les pirates live, j'en ai capté 3/4 sur le net et grosse déception, pareil pour les démonstration "solo" sur u-tube, ça sent la gâche cocainée. dès que t'as plus une bonne balance avec ce genre de rock ça le fait nettement moins ... heureusement le punk rock est arrivé, la aussi faut trier, mais ça nécessite moins de sondier. puisque vous êtes en phase vandalen, jetez une oreille sur "van halen zéro" & "warner bros démos" en écoute sur u-tube, elle valent le détour, avec un son moins gonflette et plus efficace ... voyez aussi la jam avec brian setzer/bbking/les paul et d'autres, très sympa ... et si comme moi vous aimez les guitares, écoutez le dernier alex chilton qu'il a joué avant de partirs ... ah la guitare ! ... c'est ma vie la guitare ... vous aimez la surf musique ?
Ola, par où commencer ? La fin. La Surf music, oui, perso j'en raffole. J'avais même pondu un papier dessus du temps où Ranx était sur myspace, ce site de merde a depuis effacé toutes nos archives donc le boulot sera à refaire.
SupprimerLes maquettes pré-premier album de Van Halen sont excellentes, je voulais en parler mais ça éparpillait un peu le débat. J'ai jamais pigé pourquoi elles étaient restées inédites, la production est quasiment finalisées sur le pirate Zero. Encore un mystère de maison de disques. Merci à toi de signaler leur existence.
Pour les disques on est d'accord donc je passe.
Reste qu'on n'est plus des gamins et que David Lee Roth est bel et bien un excellent chanteur à forte personnalité. Après le 5eme, 6eme ou 18eme, je m'en fous un peu, c'est plus pour provoquer et faire réagir qu'autre chose ce genre de phrase. Par contre le registre suraiguë il nous l'a plutôt évité, il y a ce gimmick des cris placés en ponctuation, certes, mais le reste du temps le chant envoie du bois, qui plus est dans le genre Hard où les foldingues du micro sont légion. Je grossis le trait, bien sur, comme toujours, mais j'en ai tellement marre de lire sempiternellement les mêmes conneries sur la même poignée d'intouchables du Rock. Franchement les gonzes qui encensent iggy pop tu crois pas qu'ils grossissent le trait aussi ?
En tout cas, merci pour ta participation, faire entendre des avis différents, voire opposés c'est un peu le but premier de Ranx alors quand en plus c'est bourré de bonnes pistes à suivre comme celles que tu ouvres c'est mission accomplie.
A+
Hugo
Hello everybody, everybody hello...
RépondreSupprimerJ'ai vu et entendu le VH à Arras ( hé oui dans le 6,2 ) en 1979 de mémoire ou en 80... ?
Je peux vous dire que le père DLR est un putain de vocal. Oui, certes, j'étais scotché par le jeu de EVH, mais le show reposait intégralement sur le vocal.
Merci de le confirmer, David Lee Roth est grand !
SupprimerLa prochaine fois que j'aborde le gros son qui fracasse, je tenterai de rendre justice à l'un de mes albums de hard favoris, Point of entry de Judas Priest. Les photos devraient pas être tristes.
Hugo
Hugo sanky , un raté qui a réussi à se persuader que son opinion avait un intérêt .
RépondreSupprimerBravo, tu viens de comprendre le principe même des blogs sur internet (ainsi que de Twitter et Facebook, ce qui représente un bel effort, dont je te félicite). Oui, si je donne mon opinion alors que personne ne me l'a demandé, c'est parce que j'ai la prétention de m'imaginer qu'il peut intéresser quelqu'un, quelque part. Et pour ceux qui s'en foutent, j'ai mis de jolies photos autour.
SupprimerQuand à traiter quelqu'un de raté, c'est un droit que je m'accorde tellement souvent à propos de tellement de monde (il suffit de lire ce blog pour le savoir) que je serais bien malhonnête d'en prendre ombrage. J'espère juste qu'avant de me juger, tu as lu mes papiers avec plus d'attention que mon pseudo.))))
Hugo Spanky