jeudi 11 juillet 2013

PuMP Up tHe vOLuMe


Tout commence par le glaçant cynisme du Everybody knows de Leonard Cohen, les paroles plantent le décor, ambiance ras-le-bol tout azimut, un lycéen ouvre le micro de sa radio pirate planquée dans le sous sol de chez ses parents. Aux histoires de branlettes adolescentes succède très vite un ton plus sombre, l'animateur fantôme se fait revendicatif, menaçant, vengeur, jusqu'à ne plus trop savoir où placer le curseur limite.


Pump up the volume à l'orée des 90's imaginait la propagation de la liberté d'expression qu'internet nous permettra quelques années plus tard. Le film voit la chose comme un exutoire, une sorte de révolution dont chacun serait un élément isolé mais subversif. Quand je vois ce que la plupart des blogs sont, ça me désole. Les uns, les autres, reproduisent leurs magazines préférés, encensent sans relâche les sempiternels mêmes films, disques, devenus ainsi piliers de la monotonie. Rares sont ceux qui détonnent, osent se confier, se raconter, encore moins dans la différence, à croire que les minorités sont laminées par le rouleau compresseur de l'uniformisation ambiante. Clones, toujours. On a même droit aux pubs, sur certains blogs on se croirait chez TF1, un clic équivaut à deux pages qui s'ouvrent inopinément, ce qui n'empêche en rien le journaliste en herbe d'afficher son dédain envers la moindre manœuvre commerciale qui viendrait à entacher le parcours des artistes dont il cause. Après les « Rockers » subventionnés, voici l'ère des bloggers sponsorisés. Pour une poignée de centimes, l'envie d'en découdre cède le pas à l'allégeance. Ils ont bonne mine les héritiers du Do it yourself. 
Do it, quoi ? Yourself, qui ?


Ici même à Ranx Ze Vox, les rangs s'éclaircissent, les découvertes se raréfies. Je ne remercierai jamais assez notre Harry Max et son partage instantané des plus improbables séries que son acuité nous permet de découvrir à sa suite.


Vaste terrain vague où se mêle tout et son contraire, le net semble ne servir qu'à confirmer à chacun ses propres certitudes plutôt que d'ouvrir la boite à malice en escamotant les niches et autres cellules dans lesquels notre monde paraît si empressé de nous enfermer pour mieux nous contrôler, toujours divisé que nous sommes. La grande crainte de l'establishment bien ensevelie sous les décombres de notre indépendance de ton, d'esprit, nous cimentons l'édifice au lieu de le faire vaciller.


L'intelligence de Pump up the volume est de ne pas glorifier le héros en sauveur unique et christique, il pose a-contrario la question du besoin de leader si cher à l'être humain. Pourquoi chacun ne prend t-il pas la parole ? Pourquoi tous se rassemblent pour acclamer le sacrifice de l'un d'entre eux ? Pourquoi ne se détournent t-ils pas de leur reflet dans le miroir ? Sous ses allures de teen-movie, le questionnement est sous-jacent mais incessant, la difficile confrontation de l'animateur nocturne et solitaire avec une réalité qui au fil des minutes prend corps, le dépasse, menace de l'ensevelir. 



Christian Slater est parfait de mesure et de retenue dans ce rôle, tout comme Ellen Greene, aperçue auparavant dans La petite boutique des horreurs, finalement le seul personnage à se libérer par l'action, astuce sublime du scénario que de faire vivre cela à un caractère pourtant parti prenante de ce que notre rebelle des ondes combat.


Pump up the volume, un film à voir ou à revoir, un teen-movie à message subliminal, ça court pas les rues.


6 commentaires:

  1. Ben tout d'abord merci pour ce tenn-movie à contre-pied de beaucoup d'autres où les codes et clichés sont de plus exclus. Il est bon ce Slater, dommage qu'on ne le voit pas plus souvent en fait.
    C'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de subversion sur le net, pourtant quel outil ! Moi aussi j'en ai marre de tous ces blogs qui parlent non seulement de la même chose, mais en plus de la même façon !!
    C'est peut-être un hasard, mais ce film Pump up the volume, c'est pas les mêmes couleurs que Ranx Ze Vox ? ;D

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    1. Oui ! Je me suis fais la même remarque pour les couleurs, peut être étaient-elles restées graver dans mon subconscient (oui, j'en ai un) ou alors on est allé puiser à la même source, le réalisateur et moi. Dans tous les cas, ça me va !
      Merci pour ton soutien, ton blog est extra et pèse déjà sur mes hanches...;)
      Bises
      Hugo

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    2. C'est pour mieux m'agripper mon chéri ♥

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    3. Un bon film qui te fout un coup de jus qui réveille ta conscience bien endormie le "Pump the volume"? Ben oui carrément!
      Puisque nous sommes à contre-courant de tout le monde et qu'il n'y a pas de raison que cela change, je m'en vais de ce pas défendre la cause -paraît-il perdue d'avance- des groupes Métal et affiliés (ah!ah!ah!, jamais vous nous ferez défaillir, bande de rats au bon goût barbant; on saura toujours là pour vous secouer les plumes!).
      Alors que l'on nous bassine depuis des lustres avec les albums "Tyranny and mutation" et "Secret Treaties" du Blue Oyster Cult qui sont juste à mourir d'ennui et à vous dégoûter à jamais de ce groupe , voilà t'y pas que je tombe par hasard sur "Spectres", leur cinquième opus dont bien sûr dégun n'a jamais parler, et que j'en reste le cul collé au sol tant ce disque est de la bombe! Avec cette galette, ces gonzes ont enfin oublié les démonstrations techniques assommantes et se laissent aller -quelle honte, alors!- à composer de vraies chansons avec mélodie et tout ce qu'il faut pour flatter nos esgourdes qui en sont bien contentes merci bien messieurs! Rien n'est à jeter dans cette merveille et pendant que certains esprits obtus persistent à écouter toujours les mêmes reliques surfaites faisandées, ils passent à coté de ce genre de pur bonheur, ces cons!
      C'est comme pour les fameux Deep Purple, vas-y qu'on encense à longueurs d'articles les sempiternels "In Rock" et "Machine Head" mais qui est là pour nous éclairer sur ces deux perles de groove hard rock que sont "Stormbringer" et "Come And Taste"? Pas un putain de gugusse, hélas!
      Bref, tout ça pour vous faire comprendre, qu'il ne faut jamais -ô grand jamais- s'arrêter à cette catin de parole dominante qui, comme l'a si bien dit l'ami Hugo, n'est là que pour faire de nous des moutons de panurge! Sauf qu'ici à Ranx, non merci, on est pas prêts d'aller baffrer de l'herbe dans un paturage!

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    4. Je ne dirais qu'un mot : BRAVO !
      Hugo

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  2. Le hard rock ça me gonfle et des crétins de rappeurs marseillais convertis à l'Islam n'en parlons pas. mais, je préfère lire tes articles sur ces sujets que n'importe quelles platitudes sur le rock de la presse officielle. Longue vie à Ranx!!

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