samedi 12 septembre 2015

ScoTT H. BiRaM, SaNGuiNe ViTaLiTé


Quand j'en ai marre de patauger dans la routine, je sais pouvoir compter sur le Texas. Ils ont le chic, là bas, pour nous pondre des illuminés jusqu'au-boutistes qui, quelque soit le siècle, quelque soit la mode, persévèrent inlassablement à produire du son brut. A une époque où authentique signifie souvent foutage de gueule, ça peut servir d'avoir quelques bonnes pistes à explorer.

Scott H. Biram, le dirty one man band (comprendre qu'il s'attache -parfois- un tambourin à la cheville et tabasse une grosse caisse tout en foutant un maximum de bordel avec sa guitare) est un de ces excentriques intemporels, un de ceux qui se donnent encore la peine de se bâtir une histoire en payant de leur personne. L'anecdote la plus courante le concernant résume bien le type à qui on a affaire. On est en 2004, dans des circonstances que la sobriété n'explique sans doute pas, Scott H. Biram se fait défoncer dans sa voiture par un camion lancé à toute berzingue. Allez savoir comment, il en réchappe. Peut être voit-il dieu ? Peut être qu'il ne veut pas manquer le BBQ mensuel ? Quoiqu'il en soit, il remonte sur scène un mois plus tard, les os brisés, une perfusion dans le bras, assis sur une chaise roulante mais vivant et plus communicatif que jamais auparavant.
De cette expérience dont on peut raisonnablement considéré qu'elle explique certaines aspérités traumatiques de sa musique, il tirera un E.P, Rehabilitation Blues avec une belle pochette le montrant sur son lit d’hôpital. 
Do you understand ?


Et qu'est ce qu'on en a à foutre ? Ben, tant qu'on n'a pas envie de s'envoyer dans le cornet un équivalent tendance blues de ce que Hank III est à la country, je répondrais, rien. Dans le cas contraire, Scott H. Biram est quelque chose comme la meilleure adresse possible. Et pas seulement parce qu'il convoque les fantômes de Hound Dog Taylor et John Lee Hooker. Ce gars sait écrire des chansons, tentez son Sinkin' down vous m'en direz des nouvelles. On trouve cette merveille sur son album de 2009 Something's Wrong/Lost Forever, un disque pour lequel il étoffe son minimalisme habituel en jouant de l'orgue Hammond avec une étonnante délicatesse. 



Tout cela pourrait en rester là, un white trash texan de plus en quête de la note bleue, si Scott H. Biram n'avait pas sorti coup sur coup deux albums sacrément attachants et foutrement brillants. Les qualités de Bad Ingredients en 2011 lui ont fait passer un cap mais c'est le tout récent Nothin' But Blood qui m'a définitivement convaincu qu'il en allait de mon devoir de vous en causer un brin.
Moins torturé dans le son, moins excessif, cet album retrouve les teintes country des tout premiers albums auto-produit du bonhomme. Une vitalité acoustique typique des rives les plus au sud du Mississippi (Gotta get some heaven), de l'émotion forte (Never comin' home), un beau bottleneck bien rugueux (Jack of diamonds), du raffut pour descendre des bières (Alcohol blues), du Folk-Blues savamment troussé (Nam weed), une touche de Dylan (I'm troubled), du grand n'importe quoi bien inutile (Around the bend), trois Gospels dépouillés jusqu'à l'os en bonus (Amazing grace, When I die, John the Revelator) et même une reprise de Backdoor man qui arrive à ne pas être ridicule face à toutes les versions précédentes de ce classique pourtant archi-usé, voila grosso-merdo le menu de ce bien nommé Nothin' But Blood
Scott H. Biram secoue les fondations en affirmant sa personnalité, jamais il ne tombe dans le pastiche revival.


Si vous cherchez la tendance universelle de demain, passez votre chemin sans vous retourner. Si un repas traditionnel à base de transpiration et de cœur aussi fêlé que l'esprit vous convient mieux, alors installez-vous, l'assiette est chaude.

Hugo Spanky
 

8 commentaires:

  1. Ben dis donc ! Comme quoi les épreuves de la vie peuvent soit te faucher soit décupler ta puissance..
    (Elle fait flipper la première photo ;p)
    Pour le peu que j'ai écouté, c'est aride et ça swingue en même temps, j'aime beaucoup. On est loin du recyclage ou du paraître comme avec ce Pipo l'intello de Legendary Tigerman par exemple, et pour ne pas le citer ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. la vie n est qu une série d épreuves!!! bizzz a toi .pam

      Supprimer
  2. Fais gaffe, j'ai parlé du dernier disque du mec sur le précédent blog de Jimmy, paf, le lendemain ils l'ont fermé ...
    There's great danger !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Haha, le mec est plus dangereux qu'un duo avec Tony Bennett ))))))
      Mais ça va, on s'est déjà fait virer de myspace -période où les bloggeurs mettaient la presse en péril selon eudeline et toute sa clique de nazes- et on est toujours debout.
      RanxZeVox a la vie dure. Dix ans, putain, faudra qu'on fête ça.
      Hugo Spanky

      Supprimer
  3. Bon vous m'avez bien accroché, ta chronique et l'ami EWG que je connais ne pas mélanger son whisKEY avec du yop. Je cours (métaphore) à la médiathèque commencer avec BAD & DIRTY. On verra pour BLOOD. Et de me copier ta chronique pour la relire au moment de l'écoute, ça remplace la tenue d'une pochette 33T en main quand nous découvrions un album. BLOOD attendra
    et AMG qui "nous" pousse d'abord vers GRAVEYARD.... Bon, je réfléchis et j'ai mal à la tête

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est qui AMG ? Il est bien Graveyard shift mais tant qu'à piocher dans ses premières œuvres, qui sont certes plus artisanales mais aussi plus maniérées, je te conseille plutôt Preachin' and Hollerin'.
      Tu veux un aspro ?
      )))))
      Hugo Spanky

      Supprimer
  4. AMG ha oui, pardon, c'est une autre façon de parler de All Music.Com (All Music Guide) J'en ai souvent dit du mal de ce site, mais je suis injuste, c'est le seul à ma connaissance qui couvre un large spectre musical avec des liens dans tous les sens et du coup j'en ai découvert de la musique. Sinon, je vais déjà me contenter des conseils ici, je n'ai pas une capacité infinie (hélas) d'écoute ... avec oreilles fraîches, seulement le matin que je me lance dans de la découverte en partant de rien, ensuite je préfère revenir vers du terrain plus connu...

    RépondreSupprimer
  5. vivement un boeuf avec left lane cruiser :p

    vu le bonhomme 2 fois et il est super abordable et a un put1 d'accent :p

    RépondreSupprimer