lundi 4 juillet 2016

NEiL YouNG, CoNCeRT à TouLouSe


L'été s'est fait attendre cette année. Et ce 21 Juin, c'est une bonne trentaine de degrés qui s'est abattu sur la ville. Une chaleur typiquement toulousaine que l'on finit par détester en Septembre.
Avec mon fils, on se fraye un chemin à contresens : Tout le monde va au centre ville voir Renaud et quelques autres chanteurs de variété. Nous on en sort, direction le Zenith via le tram qui va à deux à l'heure. Tout le monde est en short ou claquettes, pas nous. Comme mon fils est canadien, je lui ai vendu Neil Young comme le meilleur de ses compatriotes, l'antithèse parfaite de Garou qui se produisait ce soir là aussi au Capitole. 

Après une fouille au corps à l'entrée, on retrouve Eric, un pote au bar qui sirote une bière. Il a déjà vu Neil Young deux ou trois fois avec le Crazy Horse. Le Zenith est plein en configuration moyenne, 4500 personnes à peu près. Un public de tout age, plusieurs générations. Des fans de Sonic Youth, d'autres de rock and roll comme moi. C'est tout là son génie d'avoir touché tous les ages. On est dans la fosse, debout mais c'est mieux pour voir un concert. Le décor est planté : Deux écrans géants, un sur chaque côté de la scène décorée comme des vieilles télés à lampes avec une mire à l'ancienne, projetée en attendant le début des hostilités. Sur scène, que du vieux matériel, à commencer par son fameux orgue à eau qu'il utilisera seulement pour un seul morceau. Une statue d'indien, quelques bougies, le tout est assez sobre. 
Soudain des filles arrivent habillées en paysanne, elles sèment des graines sur la scène. On pressent qu'il y a un message à décrypter. Premières démonstrations du militantisme de Neil Young contre Mosento qui ne fera que se confirmer tout au long du concert. Puis Neil apparaît tout seul avec sa guitare, celle de Hank Williams, qu'il a racheté voici des années. Il est vêtu à la canadienne, c'est à dire comme un sac : pantalon informe, groles de plouc de l'Ontario, un Tee Shirt avec marqué EARTH dessus et un chapeau assez grand pour cacher son visage. On comprend pourquoi on le tient pour le parrain du grunge : un vrai clodo de Seattle. Quand il entame seul les classiques de Harvest un grand frisson parcourt la salle. Je ne suis pas épargné. Il les joue exactement comme il les a enregistrés, mais seul. C'est intemporel. J'ai l'impression d'avoir Hank Williams ou Jimmy Rodgers devant moi. Il oscille entre son piano, sa guitare et son orgue à eau. Sa voix que j'ai mis longtemps à apprécier, me transperce désormais l'âme. Son jeu d'harmonica est fluide et parfait, on voit à peine son visage sauf si on regarde les écrans où il apparaît en gros plan. 



En réponse aux semeuses du début du concert arrivent une bande de types avec des masques de protections chimiques et des pulvérisateurs qui arrosent la scène de fumée blanche, une mise en scène censée représenter Mosento. Un épisode qui ouvre la deuxième partie du show... l'électricité... Le groupe apparaît sur scène. Promise of the Real est celui qui accompagne désormais Neil Young. Deux guitaristes, un bassiste, un batteur et un percussionniste aux congas qui apportera au concert une touche originale. La moyenne d'âge est faible, ils ont tous maximum la trentaine. Du sang neuf pour le vieux dinosaure. Le groupe est exceptionnel et la complicité avec Neil plus qu'évidente. Mené par Lucas Wilson, le fils de Willie Nelson me souffle-t-on, un jeune gars qui nous fera seul au piano une version country de La vie en rose, et en français s'il vous plaît. L'excellence et l'énergie de ces jeunes recrues au service du maître rendent le show particulièrement envoûtant. Capable de jouer l'intégralité de ses chansons d'après un interview qu'il a récemment accordé à Michka Assayas sur France Inter. Mais contrairement à son répertoire acoustique, c'est le jeu des guitares et le son qui prennent le pas sur les compos pour combler l'auditeur. Neil sort sa gibson noire de 1953, branchée sur un ampli Magnatone vintage. Un matériel qu'il semble avoir traîné avec lui toute sa vie. Le son est phénoménal ! Les cordes graves fournissent des basses monstrueuses. On croirait les albums de Link Wray des années 70's. 




Les morceaux tournent avec de très longues improvisations qui m'auraient horripilé chez n'importe quel autre artiste mais qui prennent ici une autre dimension. Une ambiance et une esthétique finissent par émerger avec élégance. Neil semble chercher le son parfait. il y arrive sur une fin à rallonge imitant pratiquement le chant des baleines en caressant les cordes de sa monstrueuse guitare. Un petit mot, le temps d'une pause, notamment pour nous dire que notre région est belle et qu'il fallait la garder comme elle est. Ou alors une dégustation de cerise partagée avec le public de la fosse. Le bonhomme semble charmant et aimable, tout le contraire de Dylan avec lequel les comparaisons s'imposeront toujours. 



Un dernier rappel, une fin en apothéose, et pour finir, une mêlée avec son groupe avec lequel il semble le plus heureux des hommes. Un bonheur communiqué à tous les spectateurs, ce soir là, dont ma pomme, persuadé d'avoir assisté à un grand moment. Je glisse connement le billet du concert dans mon album photo à côté de ceux de James Brown et de Link Wray, histoire d'avoir l'illusion de perpétuer un peu ce moment magique. Le lendemain, je finirai par acheter Everybody's Rockin' son album de reprises rockab (qui est excellent), car, faut pas déconner, c'est quand même ça ma came.

Serge Fabre
Bang records

Ce papier est dédié à l'immense Scotty Moore 

11 commentaires:

  1. Il est super le Everybody's Rockin' oui ;) Son album Earth en revanche, m'a fait saigner les oreilles ;) Mais sinon, je suis assez (très) fan de Neil Young, alors merci Serge pour ton superbe récit ^^

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    1. Merci!. Oui Il est super ce disque de rockab. Je l'ai trop longtemps pris pour une partie de rigolade..

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    2. C'est Neil Young qui dégage ça ;) Soit on le prend pour un pitre soit on l'aime bien, je ne sais pas pourquoi ;))

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  2. Face au cas Neil Young, je suis un peu comme Stephen Stills, tantôt admiratif, tantôt bourreau. Une chose qu'on ne peut pas lui retirer, c'est de chercher à rester vivant, actif et créatif. J'avais adoré son album This note's for you et la triple compilation Decade est un classique des 70's.
    Son côté rebelle à conscience évolutive me plait bien aussi, surtout parce qu'il me fait marrer. Anti-MTV à une époque, anti-MP3 à une autre, pro-Guerre du Golfe et maintenant pro-moustiques qui nous emmerdent tout l'été ))) Par contre sa femme n'est pas bio pour un sous quoiqu'elle en dise, Daryl Hannah quand on voit sa tête aujourd'hui, elle est surtout biotoxée ))))

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    1. Un peu comme toi. j'ai jamais été un gros fan à cause de sa voix surtout. Mais là, je m'écoute en boucle "Decade", "Harvest" et surtout "Tonight" que j'adore. Après, tout ne me plait pas...

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    2. Oui, ces trois là sont très biens (Decade, j'en suis dingue. La sélection est parfaite et la pochette un chef d’œuvre). On The Beach, American stars'n'bars, Hawks and Doves et même Re-actor, je trouve qu'ils ont aussi un bon feeling. Les Buffalo Springfield et l'album en duo avec Stephen Stills, Long may you run, également. Mais par contre, les années 90, bof. Le son des albums est affreux. Faut dire que Sonic Youth et Nirvana me sont insupportables.
      Hugo

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  3. oh le dilemme.. Renaud, Garou ou Young !!!! pouarrfff comme tu dis, faut fuir les tongues pour trouver son chemin.
    Moi j'ai gardé mes billets N.Y 2001 à Bercy (première partie = Oasis..barré au bout de 45 min tellement on huait..) et Bercy 2013 avec le crazy qui n'a qu'une envie c'est de se barrer au Canada, maintenant que les quartiers d'Abbey Road c'est cuit. ça m'aurait bien plu de le revoir avec un autre groupe. Je me contente du double live fraîchement sorti.. (d'ailleurs je sais tjrs pas ce que c'est à l'écoute le pono). Les photos du quatuor de cordes enragées sont superbes, à l'écoute j'ai l'impression qu'il y a trop de monde.. mais bon, je dis jamais du mal de pépère.; et la granny sur son escarbot à tagger me fait regretter de ne pas m'être précipité sur la billetterie de juin.
    Ceci dit, "Weld" pour moi est toujours perché en haut, indéboulonnable.

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  4. oups.. Bercy 2013 avec certes le crazy, mais surtout avec mon fils ;D

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  5. J'ai eu l'immense honneur de voir Neil Young avec Crazy Horse en 2013 à Bercy, pour la tournée Psychedelic Pills (un disque fabuleux par ailleurs). J'ai été époustouflé par le bonhomme et son groupe. Etant déjà un grand fan, mon avis n'a pas changé, bien au contraire. Il continue à sortir des disques très régulièrement, inégaux, mais jamais mauvais, parfois excellents. La salle était pleine, je suis surpris qu'il n'est rempli qu'un Zénith moyen à Toulouse. Mais le grand public français est quand même bien un tas de veaux. Aller voir Renaud en concert cette année, dans l'état où il est .... Ca ne fait mal au coeur parce que j'aime le bonhomme et ses vieux albums, mais il est quand même bien calciné, et ses chansons sont vraiment à chier depuis dix ans. Au moins, avec le vieux Neil, tu en as pour ton argent, toujours.

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    1. Renaud sur scène, c'était déjà la cata en 1988 )))
      Hugo

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  6. Je suis content, cherchez pas, c'est toujours comme ça avec Neil Young. Je suis un fou transi de son son (pas joli joli la répétition) je cherche tout ce qui s'approche de cette façon de jouer électrique, Richard Thompson parfois, Wilco, Dinosaur Jr.... EARTH me comble et les vidéo + ta description ont quelques choses de rassurants.

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