jeudi 17 mars 2016

RoMaNCe PouR DeS BâTaRDs


Ça fait déjà quelques années que Those Poor Bastards et moi, on se tourne autour sans parvenir à se mordre la queue. Leur excentricité m'attire autant qu'elle me réfrène, et si leurs albums contiennent tous, immanquablement, leur lot de chansons charismatiques, il n'en reste pas moins que leur grinçante beauté est trop souvent dissimulée sous un barbouillage sonore qui ne manque jamais de me rebuter.

Une situation d'autant plus rageante que Those Poor Bastards sont l'entité désaxée du mystérieux The Minister -dont nul ne semble savoir quoi que ce soit- et du stakhanoviste Lonesome Wyatt, un être torturé que l'on retrouve habité par la même démence sur ses albums en duo avec Rachel Brooke, que sur d'autres à la tête des Holy Spooks. Derrière ses airs d'aristocrate dégénéré par des siècles de consanguinité, Lonesome Wyatt se délecte de torcher des mélodies qui vous martyrisent les intestins, ébouillantent votre cerveau et vous glacent le sang en un même fatidique instant. Pourtant, qu'il est ardu de s'en imprégner, tant il fait tout pour vous en dissuader. Est-ce preuve d'un flagrant manque de caractère de ma part, que de réclamer de la clémence pour mes esgourdes vieillissantes ? Dois-je vraiment accepter de m'infliger les saturations distordues de Ten ton hammer pour jouir du plaisir d'être extirper du ronronnant confort dans lequel me berce la haute fidélité ?



Those Poor Bastards répondent par l'affirmative, systématiquement et sans baisser leur garde d'un pouce. Sing It Ugly, leur nouveau méfait, le proclame une fois encore, c'est dans la pourriture qui nous est tous destinée qu'ils se complaisent à échafauder leur ouvrage. Et moi de capituler. Lonesome Wyatt, aussi peu miséricordieux soit-il, m'est devenu trop indispensable depuis Bad Omen, le chef d’œuvre commun qu'il signa l'an passé avec Rachel Brooke. Et tant pis, si je dois creuser de mes mains jusqu'à m'en arracher les ongles pour me repaître de ses arrogantes mélopées. Elles sont bien trop uniques pour que je tolère de m'en détourner. Sur le précédent album de Those Poor Bastards, Vicious Losers, c'était Give me drugs, lugubre et lucide berceuse funéraire sur la prolifération normalisée des anti-dépresseurs, qui m'avait transporté jusque dans des territoires dépourvus de la moindre trace de félicité. Cette fois ci, c'est Unwanted qui fait office de philtre initiatique, un indescriptible boogie aux dissonances électroniques délicieusement usantes pour les nerfs.




Those Poor Bastards réussissent ce petit miracle de ne ressembler à personne, un fait qui serait méritoire en lui-même mais qui ne nous ferait guère plus qu'une belle jambe, si il ne s'accompagnait pas de ce talent de compositeur mis en exergue par les arrangements nourris d'audace de ce duo d'équilibristes fous. Que Sing It Ugly soit un meilleur album que ses prédécesseurs, c'est probable, qu'il soit celui qui aura fini par m'avoir à l'usure est sans doute plus exact. Convulsif dans ma tenue de cuir, les mains crispées déchirant ma propre chair, il est trop tard désormais, mon crane se fissure sous la pression sanguine. De ma bouche déformée s'extirpe la jouissance froide du hurlement des bâtards, tandis je twiste sur No, no, no. Parce que c'est bien l'unique chose à faire, quand plus aucune évidence n'a de sens.


Hugo Spanky

19 commentaires:

  1. Je ne pensais pas que tu étais si noysy ??
    Moi qui est parfois à la limite dans le registre HR...

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    1. Malheur, il y a des fois où j'ai l'impression d'écouter claquer des portières tellement je pars en sucette ))))

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  2. Ah ben ouais merde, t'étais prêt ...
    Effectivement tout n'est pas parfait sur les disques des loustics, d'ailleurs à part Cessna, Munly et leur clique, qui fait des disques parfaits ?
    Moi je trouve juste rassurant que des trucs comme ça existent et que, cerise sur la chantilly, on soit 2-3 à les écouter avec une délectation non feinte !

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    1. Lonesome Wyatt, il a quand même contribué à un disque parfait, Bad Omen. C'est le genre d'album qui fait date. Those poor bastards c'est une autre histoire, il y a toujours des moments où ils vont trop loin pour moi, 2 ou 3 titres par album pendant lesquels je me demande un peu ce que je fous. Mais à côté de ça, c'est tellement bon que je leur passe tout.)))) Unwanted, Mysterious things ou No no no c'est trop rare pour ne pas se jeter dessus.
      Comme tu dis, la perfection avec des oiseaux comme eux, on s'en fout.
      Jay Munly, bonne pioche, ce mec est dément, son album avec The Lee Lewis Harlots grimpe très très haut, il en décroche des toiles d'araignées))) Reste que niveau carrière c'est erratique au possible. Remarque que Slim Cessna, ça fait aussi un moment que j'ai rien vu passer. Il a sorti des trucs récemment ?

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    2. Je crois bien que ce Bad Omen je l'ai pas écouté, faut que j'y remédie.
      Cessna & Munly ont sorti un truc l'an dernier dans une de leur nombreuses formations (celle-ci étant heu.. ''unplugged'') qu'ils appellent DBUK et qui pour moi fut LE disque de 2015, j'en avais parlé ici :
      http://les-bruits-magiques.blogspot.fr/search/label/DBUK
      (je viens de vérifier le lien est toujours actif)
      Un peu différent de leurs trucs habituels, quoi que... avec Munly en compositeur principal.
      Je guette tous les jours voir si ça bouge du côté de Denver, j'ai vu le SCAC en concert y a 2 ans j'en suis jamais revenu !

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    3. Tu les as vu en France ??? Je rêve d'un tourneur qui ferait une revue avec tous ces mecs (je rêve très fort, donc). DBUK ? Comment veux-tu que j'arrive à suivre avec ces formations à géométrie variable qui changent de nom selon qui tient le micro, et que tu chroniques jamais sur le même blog))) Je te confirme que le lien marche toujours, le machin est déjà au chaud pour ce week end.
      Bad Omen, ah oui, il faut que tu te penches dessus.

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    4. Bad Omen je m'y mets ce soir, le SCAC je l'ai vu à Bilbao, une vidéo (bien pourrie, chuis nul...) et 2-3 photos ici :
      http://canutbrains.blogspot.fr/2014/02/slim-cessnas-auto-club-bilbao-fever.html
      Et j'y retournerais à genoux s'il le fallait !!
      Tous les 31 décembre la sphère Cessna joue dans un club de Denver toute la nuit, toutes les formations se succèdent, SCAC, Munly & The Lupercalians, DBUK, quitte à rêver on économise et en 2027 on affrète un charter (Marius est partant !!)

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    5. 2028, faut déjà que je me remette de mes dépenses intempestives chez les disquaires marseillais ))

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  3. Je ne connaissais pas cette bande d'allumés. D'accord avec toi sur Bad Omen

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    1. Ça va pas t'arranger d'écouter ces tordus. C'est le genre de disque que tu mets quand tu veux conclure une soirée. Ça change de Yoko Ono et c'est tout aussi efficace pour faire fuir des hôtes qui auraient tendance à s'incruster.

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  4. j'écoute en ce moment même "this world is evil" il chante avec une tessiture proche de peter murphy sur celle là dis donc ha ha ... du coup j'y reviens, c'est quand même étrange que tu n'apprécie pas nick cave ??? tu as essayé (un autre duo ou trio selon ses embauches) dexter romweber et les flat duo jets ? ils jouent aussi des ballades, mais plus guitare électrique ... tu m'as donné envie d'écouter le "ten ton hammer" tiens, argh je trouve pas sur le tube ... encore tous mes encouragements pour ces articles opiniâtres, je vous quitte sur leur cover d'"i walk the line" ... mmmh ... préfère l'original

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    1. De Nick Cave j'aime beaucoup Abattoir Blues. Les autres albums, je picore deux trois trucs dessus et ça me suffit. Dexter Romweber et Flat duo jets, je connais pas du tout, j'ai noté. J'écouterai demain parce que là, de suite, maintenant,à l'instant, c'est le premier Grand Prix Moto de la saison!
      Forza Valentino Rossi !

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  5. Ha ben dis donc. Je n'ai pas (encore) commenté pour FAR WEST que j'ai bien aimé, mais sans surprise, un genre que j'apprécie. Mais ici, c'est une autre dimension. Je t'ai suivi sur le "Unwanted"et outchaaaa. je suis scotché. Dans un autre registre, je me souviens de ma première écoute des Cramps. La bonne distance de partout: pas caricatural, pas clown, allumé mais composant quand même Un truc comme "sorry for everything" est tuant, accord plus que basique, voix à chier ... et pourtant.
    Cela me fait penser à une anecdote d'un Kaserio de mes amis: Avec un pote il revient avec trois vinyles, dont le "sword" de Tom Waits, ils l'écoutent en premier ... picolent dessus ... et jettent les deux autres vinyles à la poubelle, plus envie.

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    1. Ouais, j'ai fait un coup de surchauffe ))) Ils s'accordent parfaitement dans leur opposition l'album de The Far West et celui des Poor Bastards. Faut surtout pas trier. L'un aère l'esprit, l'autre martyrise les nerfs. On les a écouté l'un après l'autre en allant à Marseille avec Milady, c'était nickel. Dans le même ordre d'idée, j'ai alterné Guiness et Pastaga en arrivant. Mais j'ai jeté aucun disque. Ah ça non, ça risque pas. Jamais. Même pas pour la beauté du geste. )))))

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    2. ... De toute façon je suis certains qu'il me racontait des bobards, juste pour la beauté du texte. "Pastaga"? Même pas la patience d'attendre l'été!!
      Bon, faut que je me ré-aère la tête pour venir te raconter FAR WEST....

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  6. je suis un poil rassuré.. même les connaisseurs du genre ici, ne connaissent pas :ooo ça c'est pour me donner un alibi du no comment.. j'ai bredouillé sur Far West, et du coup je suis allé fouiller, et tu repars de plus bel avec un truc "improbable" .. et je refouille et je tombe sur une reprise de Cash "I Walk the Line".. Satan is Watching... bah voilà l'effet Ranx, je m'enfonce dans la vase, au fond ça doit être encore meilleur.

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    1. Profites-en pour écouter A killer's dream de Rachel Brooke. C'est le genre d'album qui donne espoir pour l'avenir de la musique.

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    2. ... moi je rajoute une petite dose de menthe dans l'pastos, et tu obtient un ... perroquet ... haleine fresh garantie, prend un double le patron te fera un prix (s'il est pas trop radin), 2 glaçons et hop tu sirote tranne-quille ... parce que faudrait pas s'imaginer qu'à m'maaarseilleu y zongue le monopoleu du pastisseu là hé ! bon j'y retourne, bonne bourre (et ratatam)

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    3. Malheur, figures-toi que tout se perd et que le pastaga sauce marseillaise avec tout juste la place pour le glaçon (la carafe d'eau ne servant qu'à faire joli sur la table) et bien ça devient aussi rare qu'un type aimable à Pôle Emploi. Peuchère, après 6 pastis j'étais encore frais comme un gardon. Ils nous ont assassiné les traditions avec leur TGV plein de parisiens.

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