On est quand même pas si mal, peinard devant nos blogs. On se refile les bonnes adresses, les bonnes combines, les trucs à écouter, ceux à éviter. Ça fait le tri joyeusement. Le dernier bon tuyau en date, c'est Atomic Ben qui me la refilé au détour d'un mail, via une vicieuse pièce-jointe aussi addictive que le café du matin.
Le groupe en question porte un blaze bateau que tu le crois pas : The Far West, et leur album arbore celui d'une chanson d'Elvis Presley, Any Day Now. Après tout, c'est peut être la solution, arrêter de chercher à se distinguer dans le flot incessant d'intitulés saugrenus visant à exister sur la toile, et en revenir aux codes de notre bon vieux monde à nous. Celui qui n'a de sens que pour ceux qui ont étiré leurs os avec l'histoire de Buffalo Bill, Géronimo ou Sitting Bull, posée sur la table de nuit.
The Far West, pour vous situer, gravite quelque part du côté des Flying Burrito Brothers ou, pour citer un petit jeune, le Dylan de Time Out of Mind et Love and Theft. Quand il œuvre dans la country hillbilly à forte tendance mélodique. Et par ricochet, je suis bien obligé d'évoquer Gram Parsons, d'autant plus qu'ils ont placé un titre sur un disque en hommage au grievous angel.
A l'origine du groupe, il y a une petite annonce passée
par le chanteur, Lee Briante, sur un site de recherche d'emploi, avec ce
simple message "envie de faire quelque chose comme ça" accompagné d'une
vidéo de Waylon Jennings. Un bassiste texan, Robert Black, répond quelques minutes après la publication. L'histoire commence là. On se croirait dans un roman de gare, dans un film avec Sam Shepard, leur musique aurait parfaitement résonné dans Don't Come Knocking, quand ce grand échalas se vautre dans le canapé défoncé, en plein milieu d'une rue poussiéreuse.
Je ne sais pas grand chose de plus sur eux. Si ce n'est que leurs chansons sont belles, toutes, sidérantes d'élégance, ensorcelantes comme le déhanché d'une beauté fantôme. Sitôt se sont-elles faufilées dans votre esprit, qu'elles s'évaporent dans un souffle.
Any Day Now est un disque d'une simplicité que l'on ne peut atteindre qu'avec un talent si fort qu'il se dispense d'artifice. The Far West l'a enregistré dans un garage automobile, un vrai, un de ceux qui retapent de vieilles américaines. Pour être dans un environnement qu'ils aiment, plus que pour obtenir un son qui sent le cambouis, leur album brille comme du chrome au soleil. C'est de la musique pour accompagner la vie, elle en est gorgée.
Any Day Now n'a pas bousculé le business mondial, faut pas compter sur lui pour redresser le P.I.B de la Californie. The Far West continu d'ouvrir pour les frangins réconciliés des Blasters, Phil & Dave Alvin, pour l'épatant Nick 13 ou l'adorable Eilen Jewell qui s'est manifestée l'an passé avec Sundown Over Ghost Town, un album qui, après un splendide double live en 2014, confirme sa position de grande dame du mouvement Country/Americana, aux côtés de l'incontournable Rachel Brooke.
Ils ont néanmoins raflé l'honneur d'être désignés parmi les meilleurs groupes du moment par de nombreux blogs américains pour leur deux impeccables albums. Le premier, que je vous recommande tout autant que Any Day Now, remonte à 2011, et n'a pas fait plus de vague.
Alors, oui, on est bien, peinard devant nos blogs, à se refiler les bonnes adresses en ne comptant que sur nous-mêmes, petit réseau d'esprits libres aux désirs confidentiels. Et cette certitude en moi, qu'il faut continuer à regarder dans la même direction que Christophe Colomb en son temps. C'est toujours de l'Ouest lointain que parviennent les émotions.
Hugo Spanky
Eilen Jewell Live at The Narrows sur Spotify
Ce papier s'accompagne d'une pensée pour l'un des plus beaux rockers anglais. Et assurément le plus sauvage d'entre eux, Keith Emerson.
Ce papier s'accompagne d'une pensée pour l'un des plus beaux rockers anglais. Et assurément le plus sauvage d'entre eux, Keith Emerson.
Nâdéd'jiou ! Rien que leur look, ça donne envie d'écouter !
RépondreSupprimerPuisqu'on en est à se refiler des bons tuyaux, oserais-je te suggérer de jeter une oreille attentive sur la musique de The Be Good Tanyas, un trio de petites nanas sympathiques qui font dans le country/folk acoustique.
RépondreSupprimerSi tu connais déjà, je le remets dans la culotte !!!
Non, je ne connaissais pas du tout. Je viens de jeter une oreille à leur album Chinatown, il a un goût prononcé de reviens-y. Merci l'ami.
SupprimerCoïncidence ou alignement des étoiles, au moment où je lis ça j'écoute le dernier Those Poor Bastards, facilement trouvable chez nos amis d'ItsOnly, des loustics branleurs et tordus qu'ont pas inventé l'eau tiède (tout ce que j'aime...) et dont il me semble bien qu'ils s'acoquinèrent avec Rachel Brooke.
RépondreSupprimerM'en vais donc voir de quoi il en retourne, de toute façon le Far (South) West c'est chez moi.
Restons alertes et vigilants hein !
Et bien, Those Poor Bastards il en est question pile en ce moment même. Je viens tout juste d'en publier la chronique.)))))
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