Enfin, il
aura fallu attendre sacrément longtemps mais on tient à nouveau un
putain de film qui n’a pas à rougir des grands classiques d’antan.
On le doit au duo John Hillcoat / Nick Cave qui,
après le néo western australien « The proposition »
au lyrisme certain mais quelque peu casse bonbons sur les bords,
nous propose avec « Des hommes sans loi »,
un autre film de genre qui cette fois-ci traite du gangstérisme dans
les années 30.
Situé en
pleine campagne profonde Américaine lors de la prohibition, ce long
métrage nous narre la lutte d’une fratrie de bootleggers contre un
procureur corrompu assisté par un agent fédéral retors. L’histoire
est donc simple et a l’avantage de ne pas s’aventurer dans des
intrigues tortueuses à rebondissements multiples ridicules et
inutilement emberlificoter par des flash-back cache misère comme
c’est couramment le cas avec les films actuels d’une fatuité
consternante (remember cette daube d’Inception qui
cumule ces afféteries pour le pire des résultats). Rien de tout
cela ici, l’histoire est bétonnée et n’a pas besoin d’artifices
creux pour exister ; d’ailleurs la réalisation d’une
fluidité exemplaire la sert admirablement : pas de montages cut
débilitants, de plans parkinsonien qui donnent la nausée et
d’effets d’optique de couleurs qui nous angoissent sur notre
bonne santé oculaire.
Un récit,
même exemplaire, ne peut cependant pas fonctionner sans personnages forts incarnés
par des acteurs talentueux. Ça tombe bien, le casting ne comporte ni
Robert Pattinson ni Asthon Kutcher et ni Colin
Farrell, ces baltringues de fond de cours qui vous rendent le
genre humain infréquentable ; au contraire, nous avons affaire ici à
un trio exceptionnel pour interpréter les protagonistes
principaux qui sont les trois frères Bondurant.
C’est Tom
Hardy qui joue l’aîné, celui qui tient à la fois le rôle
de père et de mère auprès de ses frères. S’appuyant sur un jeu
tout en intériorité ou toutes les émotions passent par le regard,
s’exprimant avec parcimonie et ne manifestant son mécontentement
que par des grognements, se déplaçant avec une extrême lenteur,
il compose un personnage qui en impose par sa seule présence et qui
dégage une autorité naturelle.
Jason
Clarke, qui campe le deuxième frère de manière également
animale, arbore une dégaine de clochard forcément porté sur la
boisson, et ses yeux bleu acier transpirent toute la frustration et
la violence sourde qui le hante. Et quand il finit par libérer ses
pulsions, il fait preuve d’une sauvagerie sans borne.
Mais les deux
acteurs qui marquent le plus les esprits dans ce film sont Guy
Pearce et, aussi ahurissant que cela puisse être, Shia
Labeouf (oui, le branleur inconséquent de
Transformer!). Pearce incarne un agent
fédéral ultra maniéré toujours tiré à quatre épingles dont la
mission est de mettre au pas tous ces bouseux de bootleggers. Sa voix écœurante de suavité, sa gestuelle reptilienne, sa prétention
incommensurable tout concourt à nous faire détester ce sale type
pédant et on a qu’une envie, lui faire disparaître son sourire
suffisant en lui pétant les ratiches en lui assénant une soupe de
phalanges maison. Aussi brillante que soit la prestation de Pearce,
c’est bel et bien le jeunot Shia Labeouf (ce blaze,
tout de même !) qui domine ce casting de haut vol dans le rôle
du benjamin des frères Bondurant. Dans un premier temps de nature
pleutre, candide, intimidé par les femmes, il gagne peu à peu en
assurance, prend de l’ascendant sur ses frères, devient gouailleur
avec sa dulcinée et fait preuve d’une férocité qu’on ne lui
soupçonnait pas. Labeouf avec un jeu d’une justesse
étonnante, sans forcer le trait comme le ferait le Robert De
Niro grimaçant de base, use de toute une palette d’émotions
pour montrer l’évolution de son personnage.
Cet
univers viril serait rapidement étouffant sans la présence de
personnages féminins forts. La sublime Jessica Chastain,
contredit sons aspect fragile avec sa force de caractère
inébranlable, et fait vaciller le bourru Tom Hardy qui
se retrouve aussi désarmer qu’un enfant face à elle.
Quant à la
délicate Mia Wasikowska, son espièglerie prononcée
rend dingue le benjamin des Bondurant qui ne sait plus sur quel pied
danser avec elle.
Certains
reprochent à ce long métrage son classicisme, laissons ces abrutis
s’astiquer la nouille devant « Holly Motors »,
le dernier méfait de Léo Carax, et allez savourer
sans honte un film digne de ce nom dont l’histoire et les
interprètes font toute la saveur.
Harry
Max
Pour faire un film qui tient la route, il faut 3 choses:
RépondreSupprimer1. Une bonne histoire
2. Une bonne histoire
3. Une bonne histoire
(Audiard ou Gabin ?)
Gabin me semble t-il.
SupprimerAudiard et Lautner faisaient des merveilles même sans bonne histoire ;-)
Justement je voulais aller le voir,bonne critique encore une fois mon poulet,ça me donne envie d'y aller!!dja dommage il n'y a plus la dream team de ranxzevox pour aller le voir ensemble au ciné!!!DJAMEL
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