Depuis mon précédent post, je me suis attardé sur Elvis et plus précisément sur les nombreux coffrets parus à la suite du fantasmabuleux Platinum, premier du genre à proposer des classiques du King dans des versions débarrassées des orchestrations, parfois discutables, dont elles avaient été affublées en post production. C'était ainsi dans l'air du temps des seventies que l'on séduisait les radios. De toute évidence les chansons n'avaient pas besoin de tel subterfuge. Nues, elles sont encore plus belles.
Inspiré par un post facebook de Serge Bang! j'ai passé en revue une petite dizaine de coffrets undubbed avant de conclure qu'aucune conclusion ne serait bienvenue. The circle will be unbroken, boys. Je consens toutefois à signifier que celui sur lequel je reviens encore et toujours avec le même appétit est le premier des deux consacrés aux sessions à Nashville de 1970 et 1971. From Elvis In Nashville, puisque c'est son titre, propose le nec plus ultra de l'oeuvre royale. Les compositions sont sublimes et lorsque ce n'est pas exactement le cas Elvis est tellement stratosphérique qu'elles le deviennent. C'est assez frappant, on peut écouter le meilleur de Waylon Jennings ou n'importe quel autre cador, Elvis les laisse sur le bas-côté. Il dégage une intensité incomparable. From Elvis In Nashville, notez ça dans vos calepins, c'est 4 CD plein à ras bord d'une musique incroyable dominée par un chanteur, ma foi, sans équivalent. L'intégralité des sessions de juin 1970 durant lesquelles Elvis a finalisé pas moins de 35 titres en 5 nuits ! Ok ? 35 titres et pas de la gnognotte, visez les tronches des mecs sur la pochette.
Suite à ça, j'ai déambulé dans les couloirs de la Country, genre que j'avais négligé depuis quelques lunes, non sans raison. La vivace scène underground de la décennie précédente avait laissé place à une routine pauvre en aspérité. Si lisse que je n'y trouvais aucune accroche. La faute à Hank III, absent depuis maintenant, combien ? Dix ans ? Brother of The 4x4 remonte à 2013, faites le compte. Les rumeurs à son sujet se contredisent, une annonce l'imminence de son retour en s'appuyant sur la sortie d'un Greatest Hits et la récente réédition de sa discographie complète en vinyls couleurs (!!). L'autre le prétend agonisant dans une caravane. Il n'y a jamais eu de juste milieu avec Hank III. J'ai mis la main sur des enregistrements qu'il a publié sur Youtube Music, si je n'ai pas oublié d'ici là vous trouverez le lien sous ma signature. Ils sont pour le moins surprenants et contribuent à confirmer pourquoi ce mec est important. En gros, c'est comme si Mick Jones avait remixé McCartney II. Le projet s'appelle Grandiose Delusions, il porte bien son titre. Une boite à rythme, un synthé, sa voix et un talent qui gicle jusqu'en haut des murs capitonnés.
Pour poireauter jusqu'à son éventuel retour, son fils se porte volontaire pour occuper l'actualité avec son groupe IV and The Strange Band, l'intitulé Hank IV lui ayant été piqué par un rappeur ! En voila un qui a du bol que l'arrière-grand-père ne soit plus de ce monde. A vrai dire IV lui-même à cette chance. Ses deux albums sont de bons disques, ils pourraient même séduire beaucoup de ceux qui sont allergiques aux turbulences de Hank III. En ce qui me concerne, je les trouve gentiment ennuyeux.
Du coup, j'ai approfondi le cas de deux albums, sortis sous le pseudonyme 3, que j'avais négligé à leurs parutions. Hank III ayant cette manie de sortir trois ou quatre disques le même jour, j'allais, tel l'âne au foin, tout droit vers celui qui me confortait dans mes certitudes. Quitte à me montrer négligent envers les autres.
A Fiendish Threat m'a collé un coup de boule salutaire. Je le définissais punk rock acoustique, ou quelque chose comme ça, dans ma chronique d'époque. C'est ce qu'il est. C'est aussi très réducteur. Les compositions paraissent similaires si on n'y revient pas avec assiduité, pourtant avec le recul je me dis qu'on vivait dans le luxe. Je veux dire, vous avez vu de quoi Noël sera fait ? Le business ne fait plus aucun effort. Anthology 4 rayon Beatles, le même machin qu'il y a 20 ans rallongé d'un dvd sur les traficotages de McCartney. De son côté, Lennon se voit gratifié d'un live tellement retouché que Yoko Ono y chante comme Diana Ross. Black'n'Blue Deluxe anime le rayon Rolling Stones, l'album original rénové par un remixage qui ne lui apporte rien agrémenté d'inédits plus bidons tu meurs (des jams) et d'un live poussif. Les héritiers de Prince ont eux lâché l'affaire et ceux de Jimi Hendrix attendent des jours meilleurs. Les cadavres refroidissent enfin.
Je vous le dis franco de port, collez-vous A Fiendish Threat à fond les ballons sur la platine. Achetez-le, téléchargez-le, je m'en fous, mais rendez-vous ce service. Et tant qu'à y être chopez Hillbilly Joker et le bootleg This Ain't Country. On trouve même des live fantastiques sur soulseek. Le meilleur est un Live à Austin en 2000 qui propose un dossier pour le set country et un autre pour le set rock.
L'autre album qui m'a défoncé le scrotum est Bar Ranch Cattle Callin. Celui-là je ne vous le conseille pas. Hank III, jamais à cours d'une idée inspirée par la drogue, s'y amuse à mixer du metal extrême et des enchères de marchands de bétail, ces types qui débitent plus de chiffres à la seconde qu'un politique ne fait de promesses. Avec pour même résultat de rendre les fous joyeux. Je ne sais pas si vous me suivez, mais essayez une seconde d'imaginer ce que ça peut donner.
Vu qu'on me lustre Yoko Ono, je me suis vautré dans ce dérèglement des sens avec l'avidité d'un broyeur chimique et comme si ça ne suffisait pas j'ai ressorti l'album Assjack, autre projet frappadingue de Hank III. Celui là ne s'encombre d'aucun concept, il se contente de décapsuler les synapses. Malheur que c'est bon de se faire sauter à pieds joint sur les joyeuses.
Hugo Spanky
Hank III - Grandiose Delusions
Hank 3 Bar Ranch Cattle Callin' (Black cow)
Ce post est dédié à Steve Cropper







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