Il y a des livres que l'on referme avec l'impression de quitter un ami. Celui de Don Letts est ainsi. Culture Clash porte bien son nom, n'allez pas vous imaginer une énième somme sur les quatre du Westway, un seul chapitre est concrètement consacré au groupe, le livre est bien plus vaste et englobe tout ce mouvement qui préféra secouer les certitudes plutôt que de les conforter.
Rockers mais aussi graffeurs, cinéastes, managers, peintres, rappeurs ou simplement roadies, une multitude de visages furtifs croisés au fil du récit et qui dessinent une énergie, une envie commune de refuser la fatalité.
A travers tout ça, le portrait d'un homme, son parcours, son enfance à Brixton, fils d'émigrés jamaïcains, son amour pour Trojan, son goût pour la dégaine qui détonne, auquel il doit ses débuts dans d'improbables boutiques de fringues en compagnie de la délicieuse Jeannette Lee. De la rencontre avec le Hip Hop naissant, des tournages souvent cocasses de clips pour Clash (tous à partir de celui de London Calling), PIL ou les Pogues (le superbe Summer in Siam), des films qui l'ont inspirés, de ceux qu'il a réalisé, à sa découverte à l'age adulte seulement de la Jamaïque originelle et de celle, plus tardive encore, de l'Afrique, le gars Don Letts raconte toute l'histoire comme on cause au coin du zinc, sans fard, sans masquer les désillusions
A aucun moment le Dread devenu sage qu'il est, ne tire la couverture à lui, ne se glorifie de quoi que ce soit. Ce type a pourtant fait plus pour la culture Rock que les quatre u2 réunis ! Sa participation à Basement 5, son rôle dans Big Audio Dynamite, sa difficulté à écrire des textes avec l'ombre de Joe Strummer qui plane sur tout ce que touche son complice Mick Jones, ses mix au Roxy, la furie d'Ari Up alors qu'il s'use à manager les Slits ou ses rencontres avec les leaders du mouvement Reggae, chaque page est passionnante pour quiconque ayant pigé que le Punk Rock n'est pas qu'une affaire de guitare !
Les anecdotes sont plus que ça, ce sont des moments pour lesquels on aurait sacrifié l'intégrale de Gerard Lenormand. Avec Joe Strummer au concert qui lui inspira White man in Hammersmith palais ou dans les guêtres du Dr Alimantado, Don Letts nous balade au beau milieu d'une époque qui fait encore fantasmer même les plus mythos.
Don Letts s'est construit dans la curiosité, dans le désir de différence envers les communautés, tout en réussissant l'exploit de les réunir toutes. Au même titre que John Lydon, avec lequel il arpente, parfois avec des coups de chaleur, les ghettos jamaïcains ou bien sur de Paul Simonon, Joe Strummer et Mick Jones qu'il accompagne à New York tandis que le Clash forge sa légende et que lui essaye d'en tirer un documentaire, Don Letts est bien plus qu'un simple témoin mais bien une pierre composante de cette brève et si riche histoire, ce choc des deux 7 finalement bien plus partouzeur que destructeur. Une fusion dont on rêve de retrouver l'alchimie.
Culture Clash le cadeau idéal sans attendre Noël.
Hugo Spanky
Le témoignage de Don Letts, pionnier et passeur, est sympathique mais j'ai tout de même un peu de peine à cause de l'absence de style. C'est peut-être du à la traduction...
RépondreSupprimer