THE PERFECT HARMONY
En 2007, The Last Shadow Puppets, composé de Alex Tuner (leader des Arctic Monkeys)
et Miles Kane (de The Rascals), sortaient « The age of the understatement ».
Renouant avec la pop orchestrale 60’s, les petiots nous ont étonné avec ce disque d’une fraîcheur rarissime à notre époque dont les compositions sont d’une splendeur difficilement égalables.
Pour autant, bien avant eux en 2002, The Coral, six bonshommes issus de Liverpool, James Skelly (chant et guitare), Bill Ryder Jones (guitare), Paul Duffy (basse), Nick Power (aux claviers), Lee Southall (guitare) et Ian Skelly (batterie) s’apprêtaient à déblayer le terrain.
Avec leurs quatre premiers albums (The Coral en 2002, Magic and medicine en 2003, Nightfreak and the sons of Becker en 2004 et The invisible invasion en 2005), ils ont établis ce qui deviendra leur marque de fabrique : les ruptures de tons fréquentes au sein d’un même morceau, l’enchevêtrement des guitares et les chœurs démultipliés.
Pratiquant une pop baroque, au psychédélisme plus que marqué, ils surprennent par l’habile mélange de leurs guitares acoustiques et électriques aux sonorités aussi délicates que rock. Toutefois, il convient d’avouer que sur ces quatre galops d’essai plusieurs compositions sont fatigantes à l’écoute car trop bordéliques et dissonantes. En revanche sur d’autres titres, ils font preuve d’une
aisance mélodique certaine qui dénature de leur propension à écrire de parfaites pop songs.
En fait les affaires sérieuses débutent en 2007 avec leur cinquième opus le dénommé Roots & Echoes. Délaissant leurs constructions trop barrées par moments, ils s’engagent dans la voie d’une pop, mieux structurée et plus ouvragée, aux mélodies imparables (tout le contraire de ces pitres de Dionysos quoi…). Les guitares, toujours autant rock dans leur son (utilisation de Gibson oblige), proposent une large gamme de styles (country avec la pedal steel, psyché avec la fuzz et, quand elles sont cristallines, plus ouvertement pop) et se font plus subtiles. Les claviers d’outre tombe et l’omniprésence de la basse apportent une touche crépusculaire bienvenue à l’ensemble. L’apparition d’une flûte et de percussions (assurées par Matt Potter), de hautbois et d’arrangements de cordes sur certains morceaux, combinés aux chœurs foisonnants, éclaire de façon percutante les progrès dans la science de la composition des gaziers. Pour s’en convaincre il suffit d’écouter les morceaux Jacqueline, Cobwebs (à l’entrain communicatif), Night at music, Rebecca you (aux cordes somptueuses), Not so lonely (balade crève cœur), In the rain (Libertines style) et Who’s gonna find me, She’s got a reason (et leur rythmique rock appuyée).
N’ayant dès lors plus rien à envier à The Last Shadow Puppets, James Skelly et sa bande nous captivent avec leur pop ciselée à la production toute en finesse (au son moins massif que celle des « Puppets » et c’est tout à leur honneur). Afin de marquer le coup, leur nouvel opus « Butterfly house » poursuit sur cette éclatante lancée et, malgré la défection de Bill Ryder Jones, aligne les perles avec une facilité déconcertante. Les arrangements sont toujours aussi chiadés et, à nouveau, ces sacrés bonshommes nous épatent avec leur aptitude à utiliser une large palette d’instruments. Bref, il est plus que temps que ce secret, jalousement conservé par nos voisins britanniques, soit largement éventé pour la plus grande satisfaction des amateurs de pop de qualité. De celle qui ne sombre jamais dans la niaiserie la plus crasse bien sûr.
Révérend Harry Max Powell
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