dimanche 28 juillet 2024

JiM MoRRiSoN ☄️ STePHeN DaViS



J'avais lu Personne Ne Sortira D'ici Vivant à sa parution et j'en étais resté là. Sans trop savoir pourquoi, quelques quarante ans plus tard, je me suis laissé tenter par le bouquin de Stephen Davis en espérant juste ne pas me voir servir, une fois encore, la légende à la gomme (il est vivant ! c'était un dieu lézard !). Cette légende qui fait vendre les magazines peu scrupuleux, les livres en écriture automatique, une légende à laquelle chacun ajoute sa part de bêtise. Alors que la vie de Jim Morrison, stupide et mirobolante, n'a besoin d'aucun superlatif pour donner la mesure de tout ce qui le différencie de nous. 

J'ai refermé le livre hier, tard dans la nuit, avec une pointe de tristesse, comme lorsque l'on regarde un ami s'éloigner, luttant pour arracher à mes paupières lourdes les ultimes chapîtres d'un destin sans suspens, mais que je finissais par rêver différent. C'est tout le talent de Stephen Davis que de nous asseoir au comptoir pour partager le Gin/Fizz matinal de son sujet, de nous couper la respiration, écrasés que nous sommes contre les barrières du premier rang, tandis que sur scène les Doors alternent génie et cacophonie selon l'humeur d'un Jim Morrison jamais maitre de lui-même, plutôt victime d'un temprérament que les secrets emprisonnent. Tête à claques ou artiste hors normes, on ne sait jamais sur quel pied danser. La révolte comme moteur, la frustration comme carburant, Morrison fut de ceux qui marquèrent une époque agitée, déchirée, en assumant les prises de positions casse-gueules, pour ne pas dire suicidaires. Dans une Amérique en guerre, pas certaine du tout d'être dans le camp du bien, Dylan, Morrison, Hendrix, Lennon, une poignée d'autres à chercher du côté du cinéma et de la littérature, ont ravivé la curiosité, mère de la culture qui se découvre, plus qu'elle ne s'apprend. Penser par soi-même, accepter de se vautrer le nez dans le ruisseau, quitte à ne jamais briller. 



Les mots sont réducteurs pour définir ce qui ne se comprend que d'instinct, ceux de Stephen Davis décortiquent une vie mal branlée, font toucher du doigt les échecs, nombreux, les réussites arrachées à bout de force et la banale humanité, rarement soulignée ailleurs, d'un parcours qui se confond avec ce que son époque à eu de plus intense à offrir.

Un vrai bon livre qui, au passage, m'a fait télécharger un paquet de bootlegs, tant les compte-rendus de concerts, d'une précision maniaque, m'ont donné envie de les découvrir de plus près.

Hugo Spanky

The Doors Live in Konserthuset, Stockholm 1968