Dans ma boule de cristal, je vois. Je vois 2019, je vois Prince lové sur ma feutrine. Ses albums parus entre 1995 et 2007, pour certains épuisés depuis des lustres, pour d'autres distribués en leur temps de façon confidentielle seront réédités en format cd, édités pour la première fois en vinyl et disponibles en streaming sur la plupart des plateformes par salves mensuelles de trois à compter du 8 février. Ça ne va pas laisser grand chose pour exister au menu fretin qui osera s'y frotter.
Musicology, Planet Earth, 3121 feront offices de faire-part inaugural. Est-ce un choix pertinent ? Oui. N'importe quel choix le serait. Est-ce une arnaque à 80€ le vinyl ? Non, les doubles seront à 26€, il semble que les simples aussi, et je croise les doigts pour que ça en reste là lorsqu'il va s'agir de s'atteler à Crystal Ball (5 cd à l'origine) ou Emancipation (3 cd seulement, mais d'une durée de 60mns chacun). On aura le temps d'y penser puisque la seconde rafale sera composée de The Rainbow Children, The Gold Experience et Rave Un2 The Joy Fantastic couplé à son jumeau, mais bien supérieur, Rave In2 The Joy Fantastic, ses remixes percussifs et cette merveille de Beautiful strange qu'il est seul à abriter. Les jumeaux selon Prince ne se ressemblent guère. L'un est ordinaire, l'autre novateur, dans les deux cas la présence de Chuck D fait monter la tension.
Comme tout
ceci serait encore trop simple, tournons-nous maintenant du côté de Jay
Z et sa plateforme Tidal. Prince, taquin et peu enclin à traiter
avec les maisons de disques, avait scellé un accord
verbal d'exclusivité avec le copain de Barack Obama afin de rendre disponible son œuvre en streaming. Un accord verbal ! Avec un copain à Barack Obama ! Monsieur Beyonce je vaux des milliards de dollars Jay Z ! On mesure l'embrouille lorsque les héritiers ont voulu reprendre la main appuyés par les plus gros labels de l'industrie. Niveau mic-mac judiciaire, on plane nettement au dessus des broutilles de l'héritage Hallyday. On passe directement du roman-photos Nous Deux au blockbuster Hollywoodien. Jay Z, c'est du calibre à bloquer les tribunaux pour des décennies si un courant d'air vient faire tinter ses babouches à breloques. Si le mec te dit qu'il a un accord verbal avec Prince, tu dis merci pour l'info et tu traces ta route fissa. Que ton blaze soit Sony, Warner ou que tu sois issus du même embryon de sperme que The Artist formerly blah blah as Prince, c'est la même. Fort
heureusement, lorsque brillent les joyaux de la
couronne le monde ne se divise plus en deux catégories et invariablement le partage du gâteau prime sur le risque de voir le temps de cuisson en gâcher la dégustation. Sony et Warner ont donc autorisé Jay Z à utiliser des morceaux enregistrés sur une période...dont personne ne détient les droits ! Et les héritiers ont dit merci d'avoir dorénavant trois sources de revenus. C'est pas beau, ça ? Les Hallyday feraient bien de s'en inspirer.
2019 verra donc paraître un album entièrement constitué d'inédits puisés dans The Vault, livrés tel qu'en l'état, sans retouche, ni post production. On n'en sait pas plus pour l'instant, mais vu le niveau de l'anthologie mise en ligne par Tidal l'an passé, on peut s'attendre à du bon boulot. Vous allez me dire que Tidal, c'est bien joli, mais on sait pas ce que c'est. Et vous aurez raison, c'est typiquement le genre de truc dont on se contrefout par ici. D'après ce que j'en ai compris, c'est un concurrent au système que Neil Young tente de fourguer, une plateforme type Spotify mais dotée d'une qualité d'écoute de niveau pro et d'un catalogue d'exclusivités à filer des angoisses nocturnes aux collectionneurs. En résumé, Tidal c'est l'ennemi ! Un merdier supplémentaire visant à faire de la musique sur internet la même vache à lait que les bouquets satellites pour la télévision. On se dirige vers un monde d'abonnements à n'en plus finir.
2019 verra donc paraître un album entièrement constitué d'inédits puisés dans The Vault, livrés tel qu'en l'état, sans retouche, ni post production. On n'en sait pas plus pour l'instant, mais vu le niveau de l'anthologie mise en ligne par Tidal l'an passé, on peut s'attendre à du bon boulot. Vous allez me dire que Tidal, c'est bien joli, mais on sait pas ce que c'est. Et vous aurez raison, c'est typiquement le genre de truc dont on se contrefout par ici. D'après ce que j'en ai compris, c'est un concurrent au système que Neil Young tente de fourguer, une plateforme type Spotify mais dotée d'une qualité d'écoute de niveau pro et d'un catalogue d'exclusivités à filer des angoisses nocturnes aux collectionneurs. En résumé, Tidal c'est l'ennemi ! Un merdier supplémentaire visant à faire de la musique sur internet la même vache à lait que les bouquets satellites pour la télévision. On se dirige vers un monde d'abonnements à n'en plus finir.
Album mal connu, embourbé par les salamalecs des changements de noms, éclipsé par le single The most beautiful girl in the world, noyé par la cadence effrénée des sorties -en un an Come, The Black Album et Exodus le précèdent- The Gold Experience n'en est pas moins un ambitieux projet flirtant avec des influences Hard Rock, P-Funk et Jazz entremêlées dans une farandole de sons, de rythmes fracasses, de cuivres incandescents et de mélodies concoctées par un Prince porté aux nues par l'amour de Mayte Garcia. Utilisé à pleine puissance le New Power Generation fait preuve d'une force de frappe à couper le souffle. Les irréductibles de la période The Revolution en sont pour leurs frais, rien ici des élégants tarabiscotages de l'ère Pop n'a de descendance. Le disque est racoleur, séducteur, frontal, frimeur comme un paon faisant la roue. Les idées se chevauchent, se confrontent, s'emboitent et se déboitent dans une partouze de sensations vertigineuses. L'immense Billy Jack Bitch défie simultanément Duke Ellington et George Clinton en un grand écart stylistique unissant les cuivres de la sainte tradition aux irrévérencieux synthés des païens sans que rien ne détonne. Si The Gold Experience doit absolument être rapproché d'un classique pour en donner une plus juste idée, alors que ce soit de Sign ☮ The Times pour sa similaire profusion de circonvolutions jouissives. Au delà de son impact immédiat, The Gold Experience demande du temps et de la concentration pour en saisir toutes les nuances, c'est bien simple la cassette a tourné en boucle tout un été sans que ni Milady, ni moi, ne songions à l'éjecter de l'auto-radio. The Gold Experience donne du grain à moudre, aujourd'hui comme hier et en attendant la suite. N'empêche que ça fait bizarre, des années après avoir annoncé la mort d'un mec de passer son temps à en donner des nouvelles. Faudra un jour trouver un sens à tout ça.
Hugo Spanky
Rhôôô, pitaing ! Y'a encore des camions de $ qui vont changer de poche ! Et que font les gilets jaunes ?…
RépondreSupprimerIls se réchauffent en faisant des grands écarts, des vrilles et des coupoles au milieu des ronds point avec Prince à fond dans l'auto radio ))))
SupprimerBien vu tout ça. Ça me fait découvrir deux albums que je n'avais pas connu. C'est comme Zappa, je ne me sens pas coupable, tellement à écouter, que cela vaut le coup d'étaler ça dans le temps.
RépondreSupprimerRAINBOW a été l'album de mes "retrouvailles" avec PRINCE et quelles retrouvailles, je n'avais rien écouté avec sérieux depuis DIAMONDS & PEARLS, du coup 1-je me suis pris une bonne claque (merci la médiathèque pour me l'avoir signalé) 2- en 10 ans il avait encore ajouté des cordes à son arc.
C'est ensuite CHARLU il y a peu qui m'avait mis entre les oreilles MUSICOLOGY
Et aujourd'hui c'est toi avec deux grands disques dis donc. 3121 et GOLDEN, bien vu le rapprochement avec SIGN. Là où je te rejoins moins c'est sur la sois-disant difficulté d'accès. En gros si on s'est habitué à l'éclectisme de SIGN je pense que ces albums vont plaire, les titres en eux mêmes ne sont pas trop expérimentaux. Mais c'est vrai que même si une première écoute séduit, on sent (subodore? J'ose?) qu'il y a du potentiel pour des écoutes successives.
Autre chose, le DUKE ELLINGTON, à cause de toi je me suis repassé le titre trois fois, mais j'y arrive pas, j'aurai bien dit QUINCY JONES plus facile.
bon, quand même encore de la bonne came, et pour finir GOLD et son solo de guitare, quel radin ce PRINCE!!
Dans Billy Jack Bitch c'est à quoi que t'arrive pas ? Entendre Duke Ellington ou aimer le morceau ? Pour la référence au Duke, c'est celle là qui m'est venu sans doute parce que je l'avais à l'esprit depuis qu'on en a parlé. C'est pour illustrer les cuivres éclatés façon New Orleans qu'on retrouve dans ses enregistrements des années 40 comme Main stem. C'est vrai que Count Basie aurait peut être été plus évocateur du genre, ou Quincy Jones t'as raison, même si j'ai une idée préconçue de quelque chose de plus polissé dans son cas. J'opposais ça au synthé cheap qui fait le duel, en gros celui du Body language de Parliament (d'où ma référence à Clinton) mais traficoté façon Gangsta Rap (du coup j'aurai même pu glisser l'immense Roger Troutman et ça n'aurait été que justice de l'évoquer).
SupprimerPour la difficulté d'accès, ce n'est pas ce que je voulais dire, me suis mal fait comprendre (ou alors tu piges tout de travers))), Gold Experience se prend dans la tronche sans sommation, par contre, et c'est là que je voulais mettre une nuance, il se révèle aussi au fil des écoutes sans devenir lassant. Il est frontal mais utilise une palette suffisamment variée pour ne pas user l'auditeur. En cela il est supérieur à Diamonds And Pearls (que je viens de réécouter et qui fonctionne toujours impeccablement ceci dit).
Devant Hantoss24 décembre 2018 à 14:14
SupprimerOui, je cherchais la couleur SWING que je ne trouvais pas, mais l'habillage du titre, avec les cuivres fait penser à un mariage FUNK old school, c'est à dire avec de vrais cuivres (d'ailleurs sont-ce de vrais cuivres chez Prince? Les synthé ont fait de gros progrès- j'ai ma réponse, de vrais cuivres http://www.princevault.com/index.php?title=Album:_The_Gold_Experience) et les synthés. Mais finalement SWING - BRASS BAND - FUNK tout ça s'en chaîne plutôt bien.
Sinon, tu es malin (où je comprends tout de travers ha ha) tu dis "concentration pour saisir les nuances", c'est à double interprétation, comme si tu avais prévu ma remarque...
J'ai été voir la disco de Prince... j'ai encore de quoi découvrir, mamamia
C'est que moi aussi je nécessite de la concentration pour que l'on saisisse mes nuances )))
SupprimerOn a tous de quoi découvrir jusqu'à plus soif avec Prince, sa discographie officielle est pléthorique et elle n'est pourtant qu'une infime partie de l’œuvre. Depuis un moment déjà je suis plongé dans des gigas de bootlegs proposant des enregistrements studios non publiés, mais parfaitement finalisés, et ce sont pour la plupart des merveilles qui souvent poussent la liberté de ton encore plus loin que d'ordinaire. Toi qui le trouve radin en solo de guitare tu aurais de quoi te repaître.
A quoi, il faut encore ajouter des live proposant des réécritures systématiques des arrangements originaux (chope la version Live de Something in the water du 15/2/2015 au Louisville Palace sur le bootleg From The Soundboard, si tu trouves pas tu le dis je mets sur la box, c'est un monument de feeling et le solo de gratte me retourne à chaque fois).
Peut être comme Zappa, Prince a laissé une telle somme de musique que l'on peut s'en délecter sans jamais en avoir fait le tour.
"chope la version Live de Something in the water du 15/2/2015 au Louisville Palace sur le bootleg From The Soundboard, si tu trouves pas tu le dis je mets sur la box" bon je cherche... 1/4 de seconde plus tard... j'ai pas trouvé, dans la box? Ou bien sur Soulseek? ça me fait penser à une question qui nous éloigne un peu de Prince: Soulseek tu as la dernière version de l'appli, car moi je suis resté sur SOULSEEK NS, je sais que la dernière version est déjà bien ancienne, mais j'arrive pas à m'y résoudre, ça plantait mon ancien PC.
SupprimerVoila tu as du recevoir le lien dropbox. Et pour Soulseek c'est une version 2017, sans doute la dernière vu que je l'ai réinstallé récemment. Elle marche impec.
SupprimerMerci m'sieur, je vais réécouter à mon retour (fête de famille décalée pour famille éloignée dans à l'est... de la France ;-) ) Il est 3h du matin (Le Chablis plus efficace que la Caféine?) et je viens de me finir - hasard de playlist dynamique - "The Everlasting Now" en parlant de solo, là le Prince nous fait un joli rappel pour les nostalgiques de ce jeu de guitare très Carlos Santana, celui de la grande époque que c'était mieux avant... ses solo à Carlo.
SupprimerLe Soulseek, je vais y aller, moi je suis resté sur l'ancienne appli, ergonomie toute différente, mais à l'époque où je pouvais basculer sur une nouvelle forme, il y avait l'instabilité sur mon vieux PC Mais surtout la perte de mes contacts qu'il fallait reprendre un par un. Mais je commence à me rendre compte de la difficulté à "voir" les fichiers partagés chez certains. OK 2019 sera l'année de mon nouveau Soulseek... A+
Je vais pouvoir mettre de l'ordre dans sa discographie.. ou plutôt ce que j'écoute .. qui en général est une pèche presque aléatoire. Plus on avance plus j'écoute.. Après "Musicology" je suis resté bloqué un certains temps sur "3121". J'ai pas encore assez de recul pour expliquer pourquoi qq disques beaucoup plus que d'autres. Ce zig zag ds le dédale est surement la preuve que je me trouve devant qqchose de collossale, phénoménal de complexe et d'hyper juteux.
RépondreSupprimerAussi je prends note de toutes les infos.. merci Ranx
J'ai eu une grosse période "digging de la disco de Prince" j'ai quasiment pu tout retrouver en CD d'occas (j'ai eu la bonne mais non intentionnelle idée de faire ça avant sa mort) et même si je suis loin de tous les connaître par coeur (mais ça viendra), je ne peux que te remercier de mettre en avant l'artiste post-Sign O'The Times : ça fait des années que je fais des bonds en lisant qu'il n'a rien fait de bon depuis dans la presse. Résultat j'ai bazardé ces journaux là : problème résolu.
RépondreSupprimerMerci de propager la bonne parole Princière
A bientôt
Saine réaction que de balancer la presse. Prince a bâti une discographie passionnante de bout en bout, la période Revolution n'est pas ma préférée et je ne pense pas qu'elle soit supérieure au reste de sa production, il a fait bien mieux avant (Controversy et Dirty Mind pour lequel je garde une tendresse particulière vu que c'est son When you were mine qui m'a rendu accro) et ensuite. Le NPG était une bien meilleure formation, polyvalente, puissante et capable d'improviser jusqu'à plus soif. Au delà de sa discographie officielle, il existe une multitude de bootlegs facilement trouvables en téléchargement, pour moi ce sont les enregistrements qui lui rendent le mieux justice. En ce moment je tourne sur Jazz Cuisine 'till 5 in Da Morning, c'est un after show de malades capté à Las Vegas à la sortie de 3121, il a Maceo Parker au sax, Rhonda Smith à la basse, des pointures à tous les postes, des versions de Joy in repetition, Anotherloverholenyohead (you need another lover like you need a hole in your head, c'est pas du génie ça ?)))...Le morceau finit pied au plancher par un solo de guitare hystérique sur fond de Rock lobster des B52's et ça enchaine sur If I was your girlfriend, que dire de plus ? C'est monstrueux. Le plus beau c'est qu'il y a une multitude de concerts qui sont sortis comme ça, captés à la table de mixage, je ne sais pas si j'aurai assez d'une vie pour en faire le tour, mais j'essaye ))))
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