mercredi 29 mai 2013

cHaRLes & eDDie


Partez pas ! Vous aimez la Soul, vous aimez le Funk, vous aimez la soie et le fouet, Charles & Eddie sont fait pour vous. Ces gars là sont en équilibre parfait au carrefour d'Al Green, Isaac Hayes et Marvin Gaye, sans les longueurs monotones que les deux derniers affligent parfois à leurs compositions.
On connait la légende, la rencontre de Charles Pettigrew et Eddie Chacon dans le métro de New York, la façon sensuelle et divine dont leurs voix se marient, on connait moins l'histoire véritable de deux chanteurs fragiles aux parcours désespérant de fatalité. Le premier de leurs deux albums communs est un de ces disques dont je n'ai jamais réussi à me lasser, et c'est pas faute d'avoir essayé. Depuis sa sortie en 1992, j'ai dû l'écouter un bon millier de fois, la cassette tourne encore en boucle dans la voiture de Milady et nous a récemment valu de faire danser sur le parking du concert de Public Enemy à Nîmes, une jeunette emballée par le groove langoureux de leur tube Would I lie to you. Le genre de morceau auquel dégun ne peut résister, ni le plus triste des punks, ni le plus endurci des hardos. La crème de ce qu'on appelle un Hit.

Avant d'en arriver là, Eddie Chacon s'était déjà illustré par son éclectisme tout azimut. C'est avec son ami d'enfance, Cliff Burton, qu'il forma son premier groupe, éphémère projet mais qui suscita chez les deux ados une farouche volonté de s'imposer dans le monde de la musique. 
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ne s'illustrèrent pas dans le même registre. Tandis que le filiforme bassiste s'escrima à moderniser le Hard Rock au sein de Metallica, jusqu'à son précoce décès en 1986, Eddie Chacon rejoignit le team de Luke Skyywalker, producteur des mythiques Two Live Crew, en devenant ingénieur du son lors des sessions d'enregistrement du classique du porno rap, As Nasty As They Wanna Be. Album de tous les scandales, dont fut tiré le salace et ultra provocateur single, Me so horny.


Parallèlement à tout ça, Chacon tente de se faire une place en tant qu'auteur/compositeur, Chico Debarge puis l'ex Undertones, Feargal Sharkey enregistrent deux de ses compositions. Dans la foulée, il grave en 1989 l'album Sugaree sous le pseudonyme d'Edward Anthony Luis, anecdotique mélange de New Jack et R&B.
L’échec du disque le décide à quitter sa Californie natale et a rejoindre New York, la suite appartient à la légende.


Au sein du duo qu'il forme avec Charles Pettigrew, Eddie Chacon est celui qui compose, il est aussi celui qui éraille sa voix, la brise avec élégance, tandis que son compère ravit par la pureté cristalline de son timbre. L'album Duophonic est un moment de grâce pour quiconque aime les vocalises de haut vol. Et les mélodies.
A house is not a home lance l'affaire avec panache, NYC placée à sa suite évoque simultanément, Livin' in the city de Stevie Wonder, For what its worth de Buffalo Springfield et Sad song (fafafafa) d'Otis Redding tout en sonnant comme du Marvin Gaye au meilleur de son art. Would I lie to you arrive en troisième position et fini de vous embarquer pour de bon. 


Duophonic est un disque parfait. Aucune faute de goût n'entame la délicatesse, non dépourvue d'énergie, des treize titres qui le composent. Dans les années 90, cela tient du miracle. Pas un routoutoutou de batterie électronique, pas une nappe de synthé putassier, rien de tout ça, juste le nectar du groove le plus classe, offert par des musiciens sélectionnés parmi les meilleurs du New York d'alors.



A la conclusion de l'album se trouve Shine, LA ballade qui tue, celle qui pulvérise le plus trempé des blindages, peut être ma préférée avec December 2, saisissante composition, superbement dépouillée dans laquelle Eddie Chacon évoque le décès de son frère.

Le succès du disque tiendra du triomphe romain, un raz de marée, l'échec trois ans plus tard de leur second disque, Chocolat Milk, n'en sera que plus cruel. Un brin moins immédiat dans sa séduction que son illustre prédécesseur, l'album, teinté d'un feeling très 70's et parfois de sonorités Jamaïcaines, comme sur Jealousy enregistrée avec le toaster Spragga Benz, n'en délivre pas moins une nouvelle ration de groove soyeux (24-7-365, Sunshine & happiness, A little piece of heaven repris plus tard par les Neville Brothers sur leur album Valence Street) et de ballades ensorcelantes (Dear god, Wounded bird que l'on retrouve également sur la B.O de True Romance). Mais rien n'y fait, le disque se ramasse. Les gens sont cons, qu'est ce que vous voulez que je vous dises de plus ?




Au même moment, Charles Pettigrew, fragilisé par la perte de sa mère et de sa sœur, s'égare dans une dépression et préfère cesser l'aventure. En 1998, ragaillardi, il intègre Tom Tom Club, le groupe des Talking Heads, Tina Weymouth et Chris Franz, le temps du magnifiquement groovy The good The Band & The Funky et de la tournée qui lui succéda. Le couple garde de cette collaboration un souvenir ému, émerveillés qu'ils furent par l'implication et le magnétisme du chanteur. Hélas, Charles Pettigrew décède d'un cancer en 2001.

Effondré par cette perte, Eddie Chacon s'exile en Europe avec sa femme (Sissy Ste Marie) et tâte à l'électro avec leur formation commune The Polyamourous Affair, sans que cela ne soit très convaincant malgré la reconnaissance du milieu. Dès lors, il agit en dilettante, se lance dans la photographie, dans la production, monte un label. 
Il semble toutefois que les belles années soient passées, la magie du duo reste un précieux souvenir pour les quelques-uns d'entre nous à avoir encore des souvenirs, qui ne soient pas formatés par les normes en cours. Et rien n'indique qu'un jour viendra où il nous sera à nouveau délivré une telle bouffée de bonheur gravée dans d'inusables sillons de vinyl noir. Raison de plus pour ne pas passer à côté.


Hugo Spanky

mercredi 22 mai 2013

LucKY LuCiaNo



De Lucky luciano, je ne savais que ce que tout le monde sait. Capo di tutti capi des familles de New-York et du New Jersey, Parrain de la mafia américaine dans son ensemble durant toute la première moitié du 20ème siècle, même Al Capone respectait ses directives, et premier dans son domaine à avoir intégré des juifs à la direction des opérations, en commençant par son trésorier et consigliere, Meyer Lansky

Ce dernier ne fut ni plus ni moins qu'un génie visionnaire, celui qui appliqua à l'argent sale le même traitement que les banques appliquent en matière de fructifications des fonds. Mieux, Lansky mit en place l'ouverture systématique pour ses « clients » de compte dans un pays qu'il pressentit comme un Eldorado du placement clandestin, la Suisse. L'idée suit son cours, semble t-il.


Lucky Luciano écrivit les préceptes du crime, ainsi devenu organisé. Il établira les règles, les codes, étendra et diversifiera les activités jusque là sommaire de Cosa Nostra. Et pour les éventuels mécontents, Lucky Luciano à une idée. Ce sera la création de la Murder Incorporated, entreprise de mort sur demande, une photo, un nom, une grosse poignée de dollars et elle gère, sans que vous n'y soyez mêlé, la disparition définitif du gêneur désigné.

Je savais aussi qu'il était celui qui avait mis en place avec le gouvernement français d'après guerre, les accords visant à encadrer les activités des laboratoires clandestins de raffinement d'héroïne, le port de Marseille servant de relais entre l'Italie et les Etats unis. La French connection.


Luciano, pionnier de la mondialisation, raisonna à grande échelle. Avec lui à sa tête, la pieuvre pensera à long terme et en multicolore. Son influence sortira des quartiers pour se répandre bien au delà des politiques municipales, tout ne sera plus que question de prix. A l'heure des bilans, il sera désigné par le Times comme l'un des plus grands entrepreneurs du 20ème siècle.


Oui, Lucky luciano eut une vie bien remplie et lorsqu'au hasard d'un vide-grenier, je tombais en arrêt net sur un livre signé de son nom, dire que ma curiosité fut en éveil est un minimum. Voyez-vous, notre homme avait fait confession quelques mois avant son décès en 1962 et, à la seule condition que rien ne soit publié moins de dix ans après sa mort, il promit de tout déballer, de poser sur la table plus de 50 ans d'histoire de la mafia et à travers elle de ce pays naissant à la modernité, les Etats-Unis, ses libertés, ses contradictions, son puritanisme et sa corruption.
Ce livre, Lucky Luciano Le testament, cosigné par Richard Hammer et Martin A.Gosch, laisse la parole à Salvatore Lucania dit Charlie Lucky, alias Lucky Luciano. A sa lecture, je sus que je ne savais rien. Rien de vrai. Du moins selon Lucky Luciano.

Sa version des faits est étonnante, extirpé de la plus crasse des pauvretés à la seule force de son courage, de ses convictions et de sa volonté, ce brave homme fut une victime, du gouvernement américain notamment qu'il a pourtant arrosé à tel point que dès qu'un politicard avait de l'ambition il venait lui chercher des noises afin de lui faire sortir la planche à billets, le racketteur racketté en quelque sorte.


De plus Lucky est formel, il n'a jamais trempé dans le trafic de drogue, ni dans aucun autre d'ailleurs si ce n'est le marché noir mais c'était pour le bien des gens du peuple (après guerre ils avaient faim, il leur vendait des coupons de rationnement, normal, et comme ils avaient soif pendant la prohibition...)



Plus fort encore, c'est pour raisonner (avec la réussite que l'on sait) Albert Anastasia, Louis Lepke et Bugsy Siegel, et contenir leurs ardeurs sanguinolentes qu'il créa la Murder Inc. Entreprise de bienfaisance par excellence qu'il soumit, preuve de sa retenue, à un cahier des charges strict (interdiction de tuer n'importe qui et surtout pas un chef de famille, du moins pas sans son accord).
Un homme de principe, Lucky.


Mieux, il a dépensé des fortunes pour alimenter les bonnes œuvres de l'église en commençant par financer un curé, qui finira en prison (encore une victime) pour s'être investi corps et âme dans le business des machines à sous...dont les bénéfices servaient, bien entendu, à construire un hôpital pour enfants (saisi par la justice car bizarrement ultra déficitaire).


Non, vraiment Mr Luciano méritait le respect. Voir la canonisation.
Il cause également, mais brièvement, de Frank Sinatra, un jeune homme bien sous tout rapport qu'il a aidé à ses début afin qu'il puisse se payer des instruments (et des musiciens avec tous leurs doigts mais ça il n'en parle pas, je ferais peut être mieux de me taire aussi).

Dix ans après sa mort, il était possible grâce à la publication de ce livre d'en donner certificat, Lucky Luciano, au delà de sa vie, n'aura jamais raconté que ce qu'il voulait. Pour le reste, ce sera éternellement, niente !

Hugo Spanky

mardi 21 mai 2013

Ray Manzarek RIP


Ray Manzarek le clavier bavard des Doors, le producteur de X (le groupe, pas les films) a croisé la camarde cette après midi de lundi à 74 ans, suite à un cancer. Un allumé ce Ray, pas toujours en accord avec ses propres principes (il a quand même tenté de remplacer Jim Morrison par Iggy Pop, faut le faire) mais loufoque à souhait, et finalement attachant dans son entêtement à vouloir mettre du mythe partout.
Ray Manzarek aura survécu aux 60's, pas à l'an 2013. Comme quoi le plus dur n'est pas derrière nous.
Peace.


Hugo Spanky

mercredi 15 mai 2013

ameRiCaN HoRRoR sToRy, saison 2



La saison 1 d'American horror story m'avait laissé un sentiment enthousiaste mais partagé. Démarrant sur les chapeaux de roues, elle empruntait ensuite le parcours d'une montagne russe, s’effondrant jusqu'au sol en son milieu avant d'atteindre un pic de qualité en grande partie gâché par un dernier épisode bâclé  ne sachant pas trop s'il devait basculer dans l'horreur ou sombrer dans le ridicule. J'en avais conclu que la saison avait peut être trop duré, que 12 épisodes c'est surement excessif, que rares sont les séries à tenir le rythme sur une aussi longue durée. A tout dire, il n'en existe qu'une, The Shield.

La saison 2 d'American horror story compte 13 épisodes...


Le casting reprend en partie celui de la première saison, Sarah Paulson peu présente dans son rôle de médium se voit octroyer la plus grosse part du gâteau avec son interprétation quasi-omniprésente de Lana Winters, idem pour Even Peters qui, de jeune psychopathe tendance grunge, devient résident de l'asile et beaucoup plus que ça encore. La révélation vient de Lily Rabe, utilisée avec parcimonie dans la saison 1, elle y interprète la femme du docteur Montgomery, l'actrice se sublime en imposant Sœur Mary Eunice comme le véritable pivot de cette seconde saison. Enfin, comment ne pas être époustouflé par la prestation de Jessica Lange. Déjà parfaite auparavant, l'actrice s'offre le rôle de sa vie avec son incarnation de Sœur Jude, personnage aux visages aussi multiples qu'éloignés, qu'elle restitue avec un panache qu'on aurait pas deviné sans le voir, tant le parcours de cette actrice fut jusque là quasi anecdotique. Jessica Lange est tout bêtement parfaite.


Un casting ne fait pas tout, on est d'accord. Un bon scénario, armé en rebondissements et contre-pieds divers s'avère indispensable. Du rythme dans le récit, du style, de la personnalité et de l'originalité dans la réalisation, sont les autres ingrédients nécessaires afin que la recette ne fasse pas long feu.

Sur au moins un de ces points, cette saison deux m'a donné du fil à retordre et quelques angoisses involontaires au moment d'en découvrir la conclusion. Les 7 ou 8 premiers épisodes sont si impeccablement mise en scène qu'il y a de quoi en attraper le tournis  Comment la série pourrait-elle continuer à ce niveau sans tomber dans la routine? Et où tout cela nous mène t-il?


1964, on plonge corps et âme dans la vie faite de cruautés, de sadisme et de frustrations de l'asile de freaks de Briarcliff, on y croise un médecin aux pratiques pour le moins expérimentales et aux résultats invariablement horrifiques à souhait, une sympathique nymphomane sous les traits d'une agréablement surprenante Chloé Sévigny, un duo de nonnes aux caractères changeant, régulièrement opposées à un psychiatre révolté par leurs méthodes, l'excellent Zachari Quinto qu'on avait découvert en homosexuel revanchard dans la saison 1. Tout ce beau monde est chapeauté par l'impénétrable et ambitieux Monseigneur Timothy Howard.


Ajoutez à cela un tueur en série au doux nom de Bloody face et une ribambelle de gueules cassées au ciboulot lessivé à l’ammoniaque et vous aurez une petite idée de l'ambiance oscillant entre les scènes les plus vigoureuses de L'exorciste et celles les plus collées au plafond de Vol au dessus d'un nid de coucou. Pour pimenter l'ensemble quelques séances d'électrochocs, une pincée d'extraterrestres et une grosse louche de dérèglement de l'horloge temporelle au travers de scènes qui nous sont contemporaines et permettent d'entrevoir des pistes aussitôt laissées en suspend.


D'où les sueurs froides lorsque la série bascule à l'amorce de sa seconde partie. Coup de chiffon sur le tableau, nos repères s'estompent, nos certitudes disparaissent, le casting joue les Gerard Majax. La belle mécanique se grippe et l'horloger semble armé d'un marteau piqueur. Le temps d'un épisode au moins, j'ai failli décroché, me sentant couillonné par une farce de plus, constatant sur l'écran la confirmation des craintes que la première saison avait éveillé en moi. American horror story ne tient pas ses promesses, c'est un show grotesque réalisé par une bande de brèles incapables d'imposer leurs idées à une chaîne télé obsédée par un cahier des charges rédigés par des intégristes mormons. Les mots fusaient dans mon esprit et n'étaient jamais assez durs pour vous décrire l'amère déception qui fut mienne. Pire qu'un amoureux transi éconduit à l'âge où l'on ne sait rien de l'amour.


J'ai écrasé ma cigarette, rangé le Wild turkey et je m'y suis recollé. Sans me faire d'illusion. Le fils du psychopathe  les extraterrestres, une échappée de l'asile devenue écrivain à succès, blah blah blah que des conneries. J'aurai pu écrire le dénouement de tout ce méli mélo dans mon sommeil. Il restait quatre épisodes à visionner, c'était pas la mer à boire et j'ai en horreur de m’arrêter en chemin, même si je me suis trompé de route. Je crois au destin, voyez-vous.


Après quoi, happé par le colback dans un crescendo jonché de fausses pistes, de faux semblants, de revirements, de ne vous fiez à personne, ni à vous même, ni à votre instinct, saisi par des acteurs jusque là fondu dans le décor, dont je redoutais le pire, et qui finissent par faire regretter leur absence lorsqu'ils le sont, American horror story saison 2 m'a collé une sacrée grosse claque en travers de la tronche.


Non, je ne suis pas fou. Et vous ?

Hugo Spanky

samedi 11 mai 2013

NiCoLaS caGE, sONnY



Comme Ranx est là pour défendre les causes qui semblent de prime abord perdues ou indéfendables, on va s'attaquer à une bien ardue: Nicolas Cage!

Tout le monde sait que le gazier, il y a fort longtemps de cela hélas, a été un putain d'acteur dans toute une flopée de films formidables ("Rusty James" de Coppola qui lui a mis le pied à l'étrier, "Birdy" d'Alan Parker, son premier rôle marquant, "Arizona Junior" des frères Coen où il se révèle hilarant ou bien encore "Sailor et Lula" de David Lynch qui inaugura ses interprétations déjantées mais arrêtons-nous là car la liste serait bien trop longue).
En revanche peu de personnes savent qu'en 2002 il a réalisé un film nommé "Sonny" qui est d'ailleurs passé plutôt inaperçu. Et de façon totalement injuste à mon humble avis.
Bien que l'acteur principal, James Franco, ne soit pas -loin s'en faut- un de mes préférés du moment, je dois bien avouer que son interprétation pleine de ferveur m'a soufflé. Il fait donc des étincelles dans le rôle d'un jeune homme qui, après un séjour à l'armée, revient dans son foyer familial bien particulier puisque sa mère (incarnée avec fougue par Brenda Blethyn) vit grâce à l'argent que lui rapporte une pute (dont le personnage a échu à la toujours excellente -mais hélas sous employée- Mena Suvari) et qui espère que son rejeton se remettra à refaire lui aussi le tapin avec les bourgeoises esseulés qui peuplent la Nouvelle Orléans alors qu'il n'a qu'une envie, foutre le camp et voir ailleurs s'il peut enfin devenir quelqu'un. 


Avec un tel sujet, on se doute bien que tout va partir en sucette et que les aléas de la vie vont se montrer impitoyable envers tout ce petit monde. Mais je nous en dévoilerai pas plus sur cette histoire afin de vous laisser la surprise de découvrir par vous même toute la saveur de ce film attachant à plus d'un titre.


Sachez seulement que la mise en scène de Nicolas Cage est classique; il ne s'embarrasse pas de mouvements de caméras tarabiscotés: au contraire, il fait la part belle au jeu des acteurs (même cette limace habituellement insupportable de Harry Dean Stanton est admirable, c'est dire!). En fait ce n'est que lorsque des scènes demandent à être moins académiques qu'il apporte une singularité cinématographique bienvenue à son film (vers la fin notamment, il apparaît dans une de ses compostions out of control qu'il affectionne tant dans une scène mémorable qui traduit les errements tragiques de son anti-héros).


Pour ne rien gâcher, le bougre maîtrise l'art de composer des plans dont la photographie est de toute beauté ce qui nous change agréablement de tous ces tâcherons qui nous polluent les rétines avec leurs images d'un jaune pisseux hideux ou de couleur verdâtre à vomir (et encore ça peut-être pire puisque des fois, il mélange les deux en même temps, ces salauds!).
De plus il a également la présence d'esprit d'utiliser la musique avec parcimonie et à chaque fois qu'il le fait, il tape juste car elle amène incontestablement une force supplémentaire à la scène à laquelle elle se rattache.


Avec ce premier long-métrage, Mister Cage dépeint la vie des laissés pour compte du rêve Américain, des parias dont on ne veut surtout pas côtoyer et que l'on prend en considération uniquement pour les railler et les faire se sentir encore plus minables. 

Au vu du résultat plus que probant de cette chronique douce amère (plus amère que douce, il vaut bien en convenir), on peut se rendre compte que celui que l'on prenait pour un golden boy cramé aux excès en tous genres, que l'on pensait bien loin de s'intéresser au sort des petites gens, s'avère être une personne pleine de sensibilité et qu'il aurait tout à gagner à poursuivre dans sa voie de réalisateur plutôt que d'enquiller des rôles dans des films de plus en plus faisandés qui ne font que renforcer sont statut d'has been Hollywoodien.


Harry Max 

mardi 7 mai 2013

aMeRicaN HoRRoR sToRY



Toute chose meurt, bébé, c'est un fait,
mais tout ce qui meurt revient un jour ou l'autre...
(Bruce Springsteen)
...et dans American Horror Story les morts ne traînent pas en chemin.
(Hugo Spanky)


Après le ridicule de Walking dead et les égarements adolescents des dernières saisons de True blood, on pouvait redouter le pire à l'annonce d'une nouvelle série revendiquée à haute teneur en frisson glacés. D'autant plus que le point de départ d'American Horror Story ne fait pas dans l'original: un couple sous tension s'offre un second départ en s'installant, avec leur fille, dans une maison qui va se révéler...hantée ! Rien que ça, pas moins.
Je vous dis pas mon scepticisme lorsque Harry Max m'a branché là dessus.
Sauf que moins de 5 heures plus tard, j'avais déjà maté 4 épisodes. Tous impeccablement maîtrisés et réellement passionnants.



Comme le veut la tradition des séries, les épisodes 5 et 6 ont tous les symptômes du coup de mou, celle ci s'en remet et l'aspect limite potiche de ces deux là revêt la forme d'un dernier appel d'air avant le grand final, impitoyable descente aux enfers du glauque au cours de laquelle se mêle insanité mentale, cruauté et manipulations digne de Rosemary's baby. Soudain, tout est sombre et, de notre esprit torturé par tant de vermine, jaillit la révélation : American horror story rassemble en son sein maladif les plus traumatisants cauchemars des meilleurs films du genre.


L'intrigue se développe suffisamment vite au fil des premiers épisodes pour ne pas nécessiter de scène d'horreur gratuite en charge de combler les vides, bien au contraire, l'accumulation des pistes à suivre paraît ne devoir jamais cesser, et permet l'assise d'une affolante violence psychologique.


Chaque épisode démarre par une scène venue du passé, lourdement chargé en hémoglobine, de la demeure, présentant ainsi de nouveaux personnages, parfois lugubres mais régulièrement beaucoup plus fins et surprenant qu'on ne l'imaginerait de prime abord. La narration est parfaite et le rythme sans faille.


Le casting pullule de visages qui nous ont déjà régalé ailleurs, Jessica Lange, après Glenn Close dans The Shield, démontre que si le cinéma ne sait pas quoi faire de ses actrices vieillissantes, la télé, elle, se charge de nous rappeler leur immense talent.

S'il fallait donner dans la comparaison, je dirais que l'ambiance globale m'a fait penser à Simetierre, l'adaptation ciné du classique de Stephen King, pour l'équilibre parfait entre horreur sans tabou (un des rares films à faire pulvériser un bébé par un 38 tonnes) et vie de famille façon sitcom, même si la modernité de l'habillage visuel ne ressemble à rien qui n'ait déjà été fait. La psychologie des personnages peut parfois évoquer Shining, comme dans la construction rampante de la folie du père, voire Kurt Cobain pour le physique et l'apparente fragilité mentale du jeune Tate Langdon, troublant concentré des tares de l'Amérique des moins de vingt ans, du mauvais goût vestimentaire à une grosse envie de flinguer ses proches avant soi-même.


Originalité supplémentaire, chaque saison d'American Horror Story est dissociée de la précédente et développe sa propre intrigue. La saison 1 clôt le chapitre maison hantée, la saison 2 avec majoritairement les mêmes acteurs, mais dans d'autres rôles, se déroule dans un asile d'aliénés. La 3 s'attaquera à la sorcellerie.
Vaste programme de sensibilisation pour nos pulsions morbides.

Hugo Spanky