dimanche 30 septembre 2012

THiS iS ToM joNeS


Il y a toujours quelque chose de bon à tirer d'un weekend pluvieux, même en ces temps de raréfaction sur le net des bonnes adresses où pêcher de la vidéo qui enchante. C'est pourtant tout bonnement en posant mes hameçons sur youtube que j'ai déniché une série de perles comme on n'en fait plus. Je m'explique, de 1969 à 1971, les américains via la chaine ABC ont été une fois encore de vrais enfants gâtés puisque Tom Jones en personne venait animer pour leur bon plaisir son This is Tom Jones, show d'anthologie s'il en est.

Dans un décor scintillant de mille feux proche de celui utilisé par Elvis lors de son comeback, notre gallois à voix maousse costaud délivre l'étendu de son talent en s'entourant non seulement d'un orchestre difficile à prendre en reproche tout autant que d'un public quasi exclusivement composé de la gente féminine la plus extatique qui soit, mais, qui plus est, d'un parterre d'invités dont les noms seul donnent déjà une idée du frisson qui peut vous saisir au visionnage de la chose : Jerry Lee Lewis, Suprêmes, Joe Cocker, Who, Sammy Davis Jr, Bee Gees, Janis Joplin, Mireille Mathieu, Little Richard, Burt Bacharach, Aretha Franklin, Mama Cass, Wilson Pickett....





Armé de sa jovialité, sapé en milord kaléidoscopique, Tom Jones envoie du groove comme si sa vie en dépendait. Avec un répertoire en or massif basé sur des classiques du Rhythm & Blues comme du Rock'n'Roll ou des standards de la croonerie mondiale, le gars déroule de quoi complexer bien des prétentieux. Le show démarre généralement en douceur avant que les invités ne s'expriment d'abord en solo puis en duo avec le Julien Lepers testostéroné dont on sait depuis longtemps que rien ni personne ne peut le défier sans y laisser le plumage. Les meilleurs sont poussés à l'excellence, les médiocres restent à la maison. 


Imaginez les numéros 1 de Maritie et Gilbert Carpentier en mode multicolore et lourdement chargé en sensualité débridée. Je cause pas de Julio qui bave sur Jeane Manson, non, là c'est carrément des Midnight hour de soir de pleine lune, des Land of thousand dances fornicateurs, le tout transcendé par des pas de danse à laisser James Brown pantois. Il n'a peur de rien Tom Jones et il a bien raison. Faut le voir se déhancher tout en imposant à ses cervicales des mouvements qui en enverrait bon nombre en séances de kiné pour le restant de leurs jours.



L'émotion n'est évidemment pas en reste, It's a man's man's world ou un Dock of the bay saisi dans un décor de cale de rafiot en meilleurs exemples, ni l'humour puisque successivement au fil des épisodes ce sont des pointures tel que Peter Sellers, Bob Hope ou Richard Pryor qui s'y collent.

Oui, vraiment les weekends pluvieux ont du bons, il suffit de se cogner le medley Little Richard ou l'incendiaire duo sur Whole lotta shakin' goin on avec un Killer débonnaire mais toujours aussi inquiétant pour s'en convaincre. Le plus cocasse de tous étant l'impayable Joe Cocker, contorsionniste comme à son habitude, véritablement possédé par une danse de st guy communicative.
Bref, du bonheur en barre dispo ici ou en dvd.




Et comment conclure sans conseiller vivement aux amateurs de cire noire, ce Fever zone de folie sur lequel Tom Jones incendie les plus redoutables classiques du groove, des monuments comme You keep me hangin' on, Hold on I'm coming, Don't fight it, Keep on runnin', Get ready, It's a man's man's world ou Delilah.
Une tuerie. 

                                                        Hugo Spanky

dimanche 23 septembre 2012

JeRRY Lee LeWiS, sOUtHeRN RoOTs


Une réunion du Ranx team c'est avant tout, une succession d'intensives (et épuisantes) séances de brainstorming visant à aiguiser notre remise en cause incessante des fondements même de notre société. Joutes verbales, arguments fallacieux, le tout alimenté par divers carburants aux relents parfois prohibés. Les sujets les plus variés s'y trouvent abordés sans aucun signe de cohérence et l'on passe de la médiocre qualité des disques des Kinks à une recherche sans tabou des raisons du déclin de notre ville. Sur ce point, 7red apportera une conclusion recevant l'approbation de tous ; transformons les étudiants locaux en engrais naturel avant de disperser le tout sur les berges de la Garonne !
Une idée de la sorte, aussi fertile (!) et soucieuse du bien être de l'humanité, nous mena directement à l'écoute d'un disque d'un autre grand rouage de la chose sociale: Jerry Lee Lewis. Et de là, l'envie de vous causer du bonhomme.

Sauf que sur Jerry Lee Lewis tout a été dit, écrit, révélé. D'abord via Hellfire, l'une des premières bio d'un genre devenu la norme depuis, à savoir d'un réalisme qui se voudrait empreint de vérité. Fini de bâtir mythes et légendes, dorénavant tout sera livré noir sur blanc (ce qui dans le cas de notre killer peut, déjà, être un problème..)

On cause d'un gars qui aligne plus de cinquante années d'une carrière tumultueuse, de chansons gorgées de folie, de rédemption, de perversions. 
Le parcours d'un Homme. 


Alors, qu'il ait baisé sa cousine de treize ans, que ses femmes aient une étonnante tendance à disparaître dans des circonstances troubles, que son bassiste se fasse tirer comme un lapin, on s'en branle ! Tout le monde sait ça, tellement rabâché, rebattu. Y a que les anglais pour être émoustillés par ça.
Retour aux bases, bordel. La musique est tout ce qui compte. 

Autant le dire de suite, je ne me sens pas de vous torcher une démonstration dont la finalité serait d'exposer à quel point Jerry Lee fut le pilier de Sun Records. A quel point il domina ses collègues de label. Je suis comme vous, l'intro de Whole lotta shakin' goin' on me donne de l'urticaire, Great balls of fire, I'm on fire, le live à Hambourg me font bailler, trop joué, trop bouffé à toutes les sauces. Même les albums Mercury, sur lesquels Jerry Lee Lewis s'affirme comme l'une des plus belles voix de la Country, me sont devenu trop familiers. 
 


Le Killer ne s'en retrouve pas pour autant éloigné de ma platine, sa riche discographie offrant un beau lot de surprises diverses et variées. A commencer par une approche toute personnelle de la musique black. Oui, contrairement aux insinuations de notre 7red qui a, pour le moins, du mal à voir autre chose que des bonnets pointus dans la culture du sud des États-Unis, le gars Jerry Lee œuvra avec générosité pour la fraternité entre les races (je sais, dit comme ça, ça surprend). 


Dès 1967, il va graver pour Smash Records le fantastique Soul My Way, une ouverture au Rhythm & Blues, même s'il ne peut se retenir d'y inclure une cover d'Hank Williams !

Southern Roots/Back to Memphis, enregistré en 1973, reprend la formule et cette fois carrément en compagnie des MG's. Sans Booker T, certes, pour cause de grosse fâcherie avec ses anciens complices mais avec, pour encore un peu de temps, l'incontournable Al Jackson, batteur des plus grandes heures de Stax, véritable pulsation du Funk made in Memphis. Le gars se fera canarder une paire d'années plus tard, sans que le Killer y soit pour quoi que ce soit. 
Oui monsieur, Steve Cropper, Duck Dunn, Al Jackson et même Carl Perkins et Tony Joe White, pour faire bonne mesure, tiennent la baraque pendant les sessions, rien que ça.


Et ça s'entend, la face A s'articule autour de trois morceaux au feeling méchamment groovy. Meat man d'abord, le titre le plus ouvertement rock de l'album, que James Brown en personne vient pimenter de giclées d'orgue. S'en suit une version autoritaire et ultra personnalisée, y compris au niveau du texte, du Hold on I'm coming de Sam & Dave puis un Just a little bit à faire rougir les filles. Les jobastres sont lâchés, ils n'ont pas fait le déplacement pour rien, le savoir-faire qu'on appelle ça.

Au milieu de cette débauche, un When a man loves a woman gorgé de soul, ce qui n'empêche pas Jerry Lee d'y aller de toute son arrogance white trash pour transformer cette complainte de cœur brisé en monument de cynisme, l'interprétation d'un vieux briscard à qui on ne la fait plus. On ne larmoie pas beaucoup dans le coin. 

Pour conclure la face dans l'allégresse, Born to be a loser rappelle à qui en a encore besoin qu'un album de Jerry Lee Lewis contiendra toujours une tuerie aux racines country. Même avec les MG's qui cravachent derrière.




La face B, c'est une autre affaire. Louisiana style. Je situe, le producteur Huey Maux est originaire de la Big Easy et entend bien le revendiquer. Les cuivres en avant toute, souplesse dans le mouvement et c'est reparti avec un Haunted house faussement branleur et vraiment haut en couleurs puis un Blueberry hill dispensable. Revolutionary man recadre le débat en optant pour une vigoureuse jam funky avant le sublime Big Blue diamond, classique s'il en est du répertoire de la Nouvelle Orleans, tout comme That old bourbon street church et sa fanfare de cuivres. Le disque se conclu là dessus, le gumbo est à point, vous pouvez remettre le diamant au début, on enchaine rien d'autre après un Jerry Lee Lewis.

Pour accompagner vos nuits chaudes, déguster la chose sans modération, vous serez jamais aussi bourré que le Killer lorsqu'il grava l'album. Hurlements de coyote en rut, auto-glorification de la bête en permanence, arrogance, vice plein le regard, mains à surveiller de près, en 1973 comme en 2012, Jerry Lee Lewis est un foutu Rocker. 
Sur ma lancée, je vous glisse en douce, son premier album pour Elektra, en 1979, enregistré avec James Burton à la guitare. Mêlant Rock nerveux et Country au goulot, ce disque est un sommet que notre Eddy Schmoll recyclera en partie en faisant de Don't let go, Trop c'est trop (dans ta tête on voit passer les trains..fallait oser.) et d'Everyday I have to cry un Tu peux préparer le café noir nettement moins bastringue que ce que nous propose le Killer mais pas déshonorant pour autant.



Pour finir, et parce que j'ai déjà dis mille fois tout le bien que je pense de Last Man Standing et Mean Old Man je citerai l'album Youngblood de 1995, un disque qui, yodel à l'appui, fait fermer la gueule à tous ceux qui prétendent qu'il est impossible de nos jours d'enregistrer du bon Rock'n'Roll ! 
Jerry Lee le fait, chaque fois qu'il pose son cul derrière son piano. 


                                                                                                               Hugo Spanky 

jeudi 20 septembre 2012

THe DaRKNesS, BaCK tO tHe FuNNY NOiSe




Ressortez votre cuir élimé, votre bandana défraîchi et vos bracelets de force fétiches qui croupissent depuis trop longtemps au fond de votre placard et rendez-leur leur lustre d’antan car The Darkness sont de retour et ils pètent la forme, les salauds !
Après une absence de sept années, ils nous reviennent avec « Hot Cakes », le digne successeur de leur premier opus « Permission to land ». Alors qu’ils s’étaient égarés avec « One way ticket to hell… and back », leur deuxième album bien trop ambitieux et que des problèmes de drogues avaient conduit à la dissolution du groupe, ils sont de nouveaux au complet (Frankie Poullain, le bassiste originel, a réintégré le gang, c’est dire !) et prêts à en découdre, bordel ! 




Quant on voit leurs looks improbables, on devine aisément que ces gaziers ne sont pas du genre à se morfondre tel le Chris Martin de base (le sinistre chanteur de Coldplay) dans des prestations léthargiques qui donnent de furieuses envies de se percer les tympans et les yeux en même temps. Au contraire, ils balancent la sauce comme à la grande époque du hard rock décomplexé. Avec « Hot Cakes », c’est un retour aux fondamentaux qui s’impose : batterie qui pétarade à tout crin, basse qui claque, riffs de guitares bien saignants accompagnés de solo tonitruants et chanteur qui ne ménage pas son organe vocal et ne s’impose aucunes limites dans la grandiloquence la plus extrême. Enfin de la musique jouissive qui nous fait péter les plombs, pour laquelle on est fin prêt à hurler à plein poumon et à gesticuler comme un damné soumis à un exorcisme costaud. 




Cette combinaison de  paroles outrageantes, de chœurs et de refrains idiots associée à une musique addictive au tempo ensorcelant, nous remet en mémoire des images de tous ces dingues des années 80 qui paradaient en moule burnes avec des coupes de cheveux d’un laideur innommable au milieu d’effets pyrotechniques à même de foutre le feu à une ville entière à la moindre erreur technique tandis que des femmes courtes vêtues rendaient ivre de stupre la gent masculine, déjà bien allumée par des litres de bières, et que leurs copines, si elles avaient eu l’inconscience de les suivre, tiraient une tronche qui annonçait à coup sûr que l’auberge des culs tournés allait être ouverte pour une durée foutrement longue.



Ouais, The Darkness, incarne à la perfection cette époque révolue ; d’ailleurs même leur clips atteignent les sommets de stupidité requis pour un tel genre de musique. Avec eux aucun risque de se faire un nœud au cerveau, de pleurer sur l’état lamentable de notre monde, de se complaire dans le spleen ambiant, seul mot d’ordre : Let’s go to the party and enjoy ! 




Bref, c’est con mais qu’est-ce que c’est bon ! Alors envoyer paître fissa toute bienséance, toute mesure et faites péter les watts à vous en décoller les esgourdes avec The Darkness car il est urgent de foutre le bronx dans ce monde de merde afin de retrouver notre joie de vivre de plus en plus muselée par les temps qui cours. Power to the metal, yeah !   



Harry Max 

jeudi 13 septembre 2012

KiLLeR jOe


William Friedkin a pété une durite. Lui qui était déjà adepte d'un cinéma sans concession, on parle quand même du réalisateur de L'exorciste, Police Fédérale Los Angeles, French connection et de Cruising que des films pas vraiment réputés pour leur noblesse de sentiment et l'amour de leur prochain donc, s'est complètement lâché la bride sur son dernier film Killer Joe.
Pour la première fois, il aborde le genre de l'auto-parodie et nous délivre un film à l'humour aussi malsain que tordu. Ce film ne doit surtout pas être pris au premier degré sous peine de passer complètement à côté.

Scénarisé par Tracy Letts, l'auteur de Bug, le précédent Friedkin qui était déjà bien gratiné et traitait de la folie de façon glauque, Killer Joe lui se complaît dans les scènes scabreuses mais de manière si outrancières qu'elles en deviennent comiques.
Se déroulant au Texas, dans un cadre rural misérable, là où des personnes ont en guise de maison, pour les mieux lotis, des mobile-homes décrépis et vétustes, ce long métrage nous présente une famille recomposée dysfonctionnelle de bouseux la plus terrifiante du monde : une belle-mère qui se balade la chatte à l'air comme si de rien n'était, un père veule d'une crétinerie abyssale, un fils demeuré qui attire les emmerdes à répétition, une adolescente illuminée sujette à des crises de somnambulisme.

Cette joyeuse équipe de dingues va plus ou moins se liguer pour élaborer l'assassinat de leur mère afin de toucher une juteuse assurance vie. Et pour les aider dans leur entreprise, ils ne vont rien trouver de mieux que d'engager un flic, tueur à gages à ses temps perdus. Et autant dire que ce flic dans le genre frappé du ciboulot, il bat n'importe qui à plate couture ! Rien qu'en le voyant débarquer, on comprend tout de suite avec la dégaine qu'il se paye (tout de noir vêtu stetson compris) et son élocution traînante que ce gazier n'est autre que la putain d'incarnation de l'ange du mal.


Dans ce rôle Matthew McConaughey, qui habituellement interprète des bellâtres inconséquents, s'en donne à cœur joie : regard de dément, crise de violence démesurée (il faut le voir tabasser un type à coups de boite de conserve!), comportement sexuel déviant (le monsieur aime les vierges), etc. 
Personne ne sortira indemne de la confrontation avec ce sinistre personnage d'une amoralité sans égale.


Mais là où Friedkin surprend le plus, ce n'est pas tant par son histoire invraisemblable que par le ton qu'il emploie. Avec ce long métrage il se moque de tous ces films qui, pour faire branché et cool, en rajoutent à foison dans la violence, le sexe et les situations incongrues. Il envoie valser toutes convenances avec véhémence et nous montre à quel point tous ces films sont vains et absurdes au bout du compte. Car si lui également a tout au long de sa riche carrière proposé des œuvres dérangeantes, contrairement à Tarantino et compagnie, il ne l'a jamais fait pour amuser la galerie mais plutôt pour nous plonger corps et bien face à la noirceur humaine la plus crasse.
Bref, si vous allez voir ce film vous aller être surpris mais pas de la manière dont vous le penser.

mardi 11 septembre 2012

La BouCHe Du PiSToLeT ou LeS PieDS De La cRoiX

"Je suis l'homme qui a vu l'affliction sous la verge de sa fureur.
Il m'a conduit et m'a fait marcher dans les ténèbres et non dans la lumière;
Contre moi seul il tourne et retourne sa main tout le jour.
"

Les Lamentations


Un papier sur le Christianisme et le rock and roll: ça fait longtemps que je voulais en parler, tant les réactions en France sur le sujet me hérissent le poil. Trop de clichés, trop d’anti-cléricalisme historique, trop d’anti-américanisme primaire et surtout trop d’ignorance sur la Bible et sur l’essence même de cette religion.


«Pas mal ton truc, me dit le boss de Ranx, mais faudrait une intro pour situer» alors je vais situer. Je vais même situer géographiquement. Ça pourrait expliquer bien des choses. Je suis né à Toulouse d’où je vous parle. Ville théologique par excellence. Épicentre d’une région mystique balayée par diverses hérésies au moyen âge. Et c’est ici, qu’a fini de se définir la notion de bien et de mal en Occident. Question qui s’est réglé d’ailleurs à coup de haches dans la tête, bûchers et autres interrogatoires musclés. Le mal est-il un principe en lui-même (pour les cathares) ou est ce le vide, l’absence de bien (pour les catholiques)? Voilà ce qui a déchiré la région et qui coule inconsciemment dans les veines des habitants de cette vieille cité...
Alors voyez.. entendre le célèbre dialogue entre Sam Phillips et Jerry Lee Lewis sur le diable, ça me parle.


Vous pouvez le tourner comme vous voulez, mais le Christianisme et le rock and roll sont liés comme les deux faces d'une même pièce. Quand je dis ça je m'adresse aussi bien au fan de rock français de base façonné par 200 ans de propagande républicaine athée qu’à certains chrétiens cloîtrés dans leurs certitudes moralistes.
Je veux dire, ceux qui ont oublié que même la dernière des prostituées asiatiques qui enchaînent les clients à Bangkok, peut leurs en apprendre sur l'amour.... Le vrai.

Évidemment, je ne vais pas vous parler du "rock chrétien", ce concept débile par définition, ni des prêchi-prêcha de Bono. Car c'est à peu près ça, l'image qu'on en a : une institution qui définit des normes morales qu'on devrait suivre si on veut aller au paradis...
Sauf, que si on plonge un peu dans le bouillon, on se rend compte que rien ne se pose en ces termes et que la foi devient la prise de risque ultime.
Le rock and roll n'est déjà pas si loin.

Mais évidemment, c'est la figure du Christ qui s'impose en premier. Le Christ seul devant la foule qui le livre à Pons Pilate. C’est LA religion de l'individu seul devant le monde. La religion de la liberté absolue, voulue comme cadeau du Père à ses créatures, du choix de vie de tous les instants.

Le rock and roll n’aurait JAMAIS pu naître sans ça.

La passion, oui ce chemin intense, jusqu'à la crucifixion. La souffrance sur la Croix dans la solitude immense… Entouré de la lie de l'humanité, deux voyous sur les deux autres croix devant une foule qui ne comprend pas qu'elle vient de faire une énorme connerie. C’est le trou sans fin, le vide dans lequel s'enfoncèrent des Vince Taylor, Johnny Thunders, Gene Vincent : La solitude inévitable, le sacrifice pour une cause impalpable et irrationnelle...


Ensuite, c'est cette culpabilité typiquement chrétienne qui rend le rock and roll si excitant et même érotique. Cette question du bien et du mal inconsciente, toujours présente, en tension, en ébullition chez  tous les meilleurs, qui sont évidemment américains. Entre un Jerry Lee Lewis qui comprend dès le début ce qu'il devra PAYER pour jouer cette musique, un Little Richard qui fait des allers-retours entre la foi et la débauche, un Elvis tiraillé jusqu'à la fin ou un Johnny Thunders qui se sait sombrer dans une incapacité à AIMER réellement. Et là, il ne s'agit pas de morale mais d'un face à face avec soi même, donc avec Dieu.
C'est ça qui est au cœur du rock and roll...
Quand au culte et à l'imagerie, est-il besoin d'en dire plus. La transsubstantiation pour celui qui croit fonctionne EXACTEMENT comme un bon concert de rock and roll...



Je pourrais en rajouter sur l'influence du Gospel ou sur les séances de Glossolalie des églises pentecôtistes chère à Jerry Lee. Du magma évangéliste du rockabilly, de l'influence du catholicisme sur le Doo Wop italien ou enfin de la Bible prise tout simplement comme source d'inspiration pour écrire des chansons par un Jeffrey lee Pierce parmi d'autres...Mais là, on tomberait dans les analyses musico-sociologiques à deux balles.


Personnellement, je n'ai rien à foutre de convaincre qui que ce soit sur le sujet mais je vous laisse la version française que vous retrouverez dans tous les hors-série de Télérama ou autres couillonnades nationales à papiers glacés qui voudraient que tout ça ne soit qu'une affaire sociale, de rébellion ou de libération sexuelle.

Et comme disait si justement Lou Reed qui en connaît un rayon: 
 


That's the story of my life
That's the difference between wrong and right
But Billy said, both those words are dead
That's the story of my life

 



Promis, la prochaine fois, je vous parlerai de l’influence du SM sur le look de Lux Interior.
Ciao