mardi 8 décembre 2020

McCaRTNeY III


Tout juste ce monde ingrat a-t-il eu le temps de se souvenir de Lennon que voila McCartney qui rapplique. Les vieux complexes l'empêcheraient-ils encore de dormir ? A moins qu'il ne tienne à briller sous les guirlandes.

La pochette est affreuse, ça c'est fait, si Universal impose ce machin à la une des magazines, on va avoir un mur de presse bien dégueulasse pour finir l'année.

 

Musicalement faut pas s'attendre à être chamboulé outre mesure, à ce niveau là on est très en deçà des deux précédents McCartney numérotés (dont le II reste mon préféré). La dominante est acoustique plus qu'expérimentale, je ne vais m'en plaindre que modérément, vu les horreurs que la mode nous fait subir en terme d'innovation, c'est pas plus mal si pépé ne se passe pas la glotte dans les tuyaux digitaux. 

Find my way est bordélique et chahuteur, doté d'une véritable énergie, peut être qu'à son échelle c'est une révolution, en tout cas c'est un des meilleurs titres de l'album. Avant d'en arriver là, Long tailed winter bird se marche sur les arpions un peu plus de 5mns durant, ce qui fait que l'ouverture de l'album est aussi le seul moment où j'ai eu envie de renoncer.

 


Woman and wives est plus intéressante, piano, boite à rythme et cette constante de s'amuser avec les couleurs que le temps a conféré à une voix dont on croyait avoir fait le tour. Si la composition ne propose pas grand chose de transcendant, elle a le mérite de le faire de façon concise et astucieuse. Faudra s'en contenter, c'est un autre des bons titres du disque.

Il y a ensuite un long tunnel de morceaux inutiles, Lavatory lil, Slidin', The kiss of Venus qui auraient pu rester dans les cartons sans que je trouve à redire. Ils auraient aussi pu être remplacés par pire qu'eux à l'image du pénible Deep down. Quant à Winter bird/When winter comes (il est toujours frais, il regarde les séries à la télé) et Pretty boys, elles seront, au choix, qualifiées de McCartney éternel ou de redites, pour moi ce pourrait être des chutes de Flaming Pie. Ce qui n'est pas loin  d'être un compliment.
Au milieu de tout ça, Seize the day dont je ne sais pas trop quoi penser, sinon qu'il y a là des ingrédients qui m'évoquent David Bowie, c'est pas mal fichu et anecdotique, c'est pourtant un des titres qui ressortent. Un intrigant qui contribue à relancer l'attention de l'auditeur.

Deep deep feeling sera sans doute LE morceau qui va susciter le plus d'excitation. 8mns et quelques durant lesquelles il se passe vaguement quelque chose de l'ordre de l'émotion. C'est quand même un brin long et en même temps ça fait court pour porter tout un album. Niveau composition on navigue du côté de Driving Rain, mais l'habillage respecte le cahier des charges McCartney II. Un hybride qui a de la gueule.  



Conclusion, je préfère ça aux tartines beurre et chocolat de Egypt Station, l'absence de production joue en sa faveur, preuve que le vieux sait encore s'en sortir en misant uniquement sur l'interprétation. C'est la qualité globale du disque, en variant sa voix, en laissant respirer le son, McCartney parvient à me faire passer 3/4 d'heure en sa compagnie sans que je ne trouve mieux à faire. Il se peut même que ce disque soit celui que je ressortirais de la pochette lorsqu'il conviendra d'évaluer la suite. Peut être même que je le ressortirais juste par plaisir. Et ça fait un bail qu'un McCartney ne m'a pas fait dire ça. Moi qui ricanais sous cape à l'idée de porter le fer avec les blogs voisins, que j'imaginais se lancer dans une surenchère de qualificatifs fallacieux, me voila porteur du drapeau blanc.

Mieux encore, si j’élargis le spectre jusqu'à inclure la concurrence sur le marché des gros calibres du classic rock, Paulo rafle la mise sans risquer la blessure. Son disque n'est pas une fumisterie à la façon du dernier Springsteen, il respire vraiment le fait maison et nous transmet ce qu'il y a de meilleur dans cette approche, une écoute apaisante, conviviale, dépourvue de l'oppressante obligation du compressé sur mesure pour les web radios. Je peux même le gratifier d'une certaine audace, contrairement à Costello, il ne se contente pas de nous fournir un résumé des épisodes précédents et il ne se compare carrément pas à l'absence totale de créativité qui frappe AC/DC depuis minimum 30 ans.

Tout est donc réuni pour que les adorateurs adorent et que les autres continuent à en avoir rien à foutre.  La balle est dans le camp des indécis.

 


Hugo Spanky

24 commentaires:

  1. Qui demande de la créativité à AC/DC ? Pas un seul fan du groupe ne souhaite le moindre changement ! Leur musique est déjà suffisamment bigarrée pour se suffire à elle-même. Et Motörhead, c'est kif-kif bourricot, on commence à fond, on termine à fond, c'est plié, bonsoir m'sieur-dame ! Et les fans sont à genou !

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    1. On sent le passionné ))) Le principe du fan c'est d'être à genoux, non ? Quelque soit la soupe que lui sert son idole. Du coup, on va dire que je n'en suis pas et que pour moi AC/DC régresse dramatiquement depuis longtemps, comme Motörhead en son temps, je suis d'accord avec ton parallèle même on n'arrive pas à la même conclusion. Ce sont des groupes qui ont été créatifs, inventifs même, ils savaient doser leur effets, dégager des nuances. Comme je te l'ai dit sur ton blog, Can I sit next to you girl, Little lover, Big balls, Crabsody in blue, tous ces morceaux moins frontaux avaient un rôle dans le plaisir que je prenais à écouter un de leurs disques. Je n'attend pas d'eux qu'ils alignent 10 titre bourrins et sans imagination à la queue leu leu. De la même façon que Lemmy n'était pas Motörhead à lui tout seul, quoiqu'il ait voulu nous faire croire. C'est d'ailleurs ce que j'apprécie dans le McCartney, il oublie un peu le mode d'emploi pour satisfaire ceux qui sont déjà convaincus. Et du coup, il me convainc )))

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    2. Sur tous les albums d'AC/DC, tu peux trouver un ou deux titres moins bourre-pif et puis le terreau blues est omniprésent. Chez Motörhead, c'est aussi le cas, avec même quelques superbes ballades sur lesquelles la voix du vieux Lemmy est à tomber par terre.

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    3. J'en profite pour te remercier pour le film de Kusturica qui m'a bien aidé à fabriquer ma compile dédiée à Diégo Armando. C'est vrai que le passage où il se retrouve sur scène est très émouvant. Et je ne parle même pas du face-à-face avec Manu Chao qui fout des frissons.

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  2. Ahah... pas dégueux alors... je vais l'aborder serein, peinardos.. ça m'a l'air bon tout ça. Flaming et Driving sont ds mes préférences. Marrant, j'ai tjrs était assez mitigé avec le II. Le I est sur le sommet de ma colline ;D Sinon euh... il est dispo où avant sa sortie ?? :D pas trouvé.. en physique c'est le 18

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    1. Le II était sorti à une période que j'avais particulièrement apprécié, après quelques disques en dedans McCartney avait eu un regain d'énergie, Good night tonight, Back to the egg (et son équivalent télé qui avait été diffusé en France et lui avait valu une fiche groupe dans Télé poche)), Coming up, Kampuchea et puis ce II qui était venu conclure tout ça, avant qu'il ne prenne une autre voie qui m'a moins accroché (jusqu'à Flaming Pie). Donc je ne suis peut être pas super objectif, mais c'est cette période là qui reste celle à laquelle je reviens le plus. Soulseek sinon pour l'avant première. Mais chuuut ))))

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    2. Ah..tenté hier soir .. rien ;D Tte façon vais me le choper, comme la compile Lennon.
      Encore une fois pour McCartney II c'est une histoire de son.. Temporary secretary.. j'ai mis pas mal d'année à m'y faire. Mais bon.. c'est un très bon disque :))))

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    3. Temporary secretary c'était l'avant garde de l'époque ))) Je ne sais pas si tu l'as connu à sa sortie, mais c'était clairement surprenant et en même temps ça préparait l'oreille à tout ce qui arrivait de nouveau, le Hip Hop, l'Electro, la New Wave synthétique, bref les années 80. C'était le rôle des artistes à ce moment là que de défricher et pas seulement dormir sur leurs acquis (je ne vais pas encore parler d'AC/DC ça va énerver Keith et ça serait injuste vu qu'ils font presque tous ça))))).
      Quelque part ça a fait des disques dont on découvre encore des aspects 40 ans après, même si désuets. J'aime beaucoup de ces disques en équilibre, dont je n'étais pas certain sur le moment des sentiments que je leur portais. Souvent ce sont ceux là qui sont restés.
      C'est bizarre à dire, Lennon et McCartney sortent les disques les plus excitants de cette fin d'année 2020... Épatant, n'est ce pas ? ))) N'empêche que j'écoute en ce moment la compile et le travail sur le son est vraiment du bon boulot, j'aimerais qu'elle ne s'arrête jamais.

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    4. Et si t'as un mail, fais péter, je t'envoie le McCartney par dropbox, ça te fera patienter jusqu'au 18.

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    5. ayé chopé.. sinon mon mail c'est celui des envois box.. tu reçois toujours ??

      Tiens, j'avais loupé les comm AC/DC.. écouté ce soir dans le train..c'est du pur AC/DC.. tout ce qu'on leur demande..;D

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    6. Non je reçois rien, seulement les trucs d'Antoine (enfin, avant que monsieur n'oublie les copains pour aller roucouler sur les galets)))

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    7. Ouaih..les galets de c'temps là bof faut être hyper grave amoureux!! tte façon c'est toujours la même chose .. une meuf chez les potes et hop..basta..je sais j'en ai perdu qquns il y a 30 ans :)) Tiens par exemple.. Yoko .... !! :D

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  3. en tant que hugospank..j'envoie tous les albums chroniqués sur yahoo depuis belle lurette.

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    1. Exact, je viens de voir ça. Je ne recevais pas de notification et je suis paumé entre mes différentes box. Maintenant que je le sais, j'ai du retard à rattraper ))))

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    2. Ce McCartney III tient plus de la farce que d'autre chose. Déjà le morceau d'ouverture est la plus barbante introduction discographique de tout les temps. Ensuite le disque est si rempli de titres insipides qu'à tout caser en étant indulgent on peut en extraire 4 (Pretty boys / Women and wives / Seize the day et Deep down) qui éventuellement pourraient faire un EP potable. Mais bon tout va bien, il est disque du mois dans Rolling Stone France...

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    3. Tu remplaces Deep down par Deep deep feeling et on est raccord. Ceci dit après une demi douzaine d'écoutes j'ai fait de la place sur mon disque dur )))

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    4. La poubelle c'est la meilleure place pour ce truc effectivement !
      Pour rester dans la thématique, sur Arte ce vendredi 18 décembre il diffuse un concert des Wings.

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    5. Le soucis avec Arte c'est qu'ils réduisent à 59mns tous les films de concerts qu'ils diffusent, Rockshow ne fera pas exception alors qu'il dure à l'origine 139mns ! Ok, 1 heure peut suffire vu que 1976 c'est la période ultra complaisante où il se décide à réinterpréter des titres des Beatles en version beurre fondu quand il ne lambine pas sur des horreurs comme Live and let die et Silly love songs, le tout avec costume à paillettes du plus bel effet et sourire ultrabrite devant des minettes extatiques qui le confondent avec David Essex.
      En tout cas pour une fois que je voulais être à peu près sympa avec lui, ça aura fini comme d'habitude )))
      Je maintiens toutefois que je préfère l'approche de McCartney sur ce disque à celle de Springsteen qui veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes. J'ai vu son récent passage au SNL c'était pathétique, on dirait qu'il s'est fait empailler et que le E.Street band s'est transformé en pantins de cire (à l'exception de Steven qui lui s'est transformé en canard gras)))) Rien à voir avec l'énergie déployée il y a une dizaine d'années lors du comeback réussi chez Fallon avec la version ultra funky de E street shuffle avec The Roots. Y a un moment où faut faire autre chose ou savoir exploiter d'autres qualités que la nostalgie.

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    6. C'est clair que l'album soit disant torché en 5 jours de studio par Bruce & Co me fait doucement rigoler tant la production est policée ; rien ne dépasse tout est au cordeau, putain !
      Au moins, comme tu le soulignes, Paul a vraiment fait tout à l'arrache... même si au final le résultat ne vaut pas un clou itou.

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  4. ... ça va Costello pas trop égratigné, bon, ceci dit c'est à la hauteur de sa popularité. Pas encore écouté le III, ben alors que je suis venu faire quoi ici commenter? C'est que le III est présenté à la radio comme le grad retour (il y aurait un titre où il se prendrait pour PRINCE??) alors je raconte à ma douce que je suis admiratif devant le grand mélodiste, voilà qu'elle me lance "McCartney ou MacCartney seul je connais pas trop, vas y fais moi un florilège. Je triche et j'attaque "Live or Let Die" vu qu'elle a de grand souvenir de "l'Heure de Vérité"... mais pour le reste, elle me dit, bof, bof, repasse moi YESTERDAY ou LET IT BE et compare, il n'y quasiment pas de mélodie dans ses titres (extraits d'un best of..) Meeeerde "MY LOVE" quoi... Voilà, désolé mais je me sens mieux. Bon, je vais l'écouter le Paul III, au passage, le Csotello est un Best Of risqué avec des titres inédits, si ça c'est pas du courage...

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    1. Faut bien reconnaître que sans l'émulation apportée par Lennon et l'écrin qu'offrait ses compositions, McCartney, comme Harrison d'ailleurs, est plus que souvent tombé dans la facilité. Hormis Back To the Egg aucun de ses albums n'est satisfaisant d'un bout à l'autre (et ce n'est pas le mièvre Denny Laine qui allait l'aider à la tâche). Ses hits pèsent tellement sur l'estomac, qu'un Best of en guise de découverte c'est un peu comme offrir des briouates au miel à un diabétique )))
      Et je préfère ne pas évoquer Live and let die, vu que jusque là j'ai fait preuve de modération, période de Noël oblige ))) D'ailleurs, c'est la qualité de ce 3eme du nom que d'être moins pompier qu'à l'accoutumée, mais de là à évoquer Prince....))))

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  5. Ouaih je sais je mets du temps... mais ça y 'est je m'enlise. "Deep deep..." terrible. Et puis "Women and Wives".. envie de chialer. Tu trouves pas que ça sent le Johnny Cash .....

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    1. Le soucis c'est que Johnny Cash et moi, ça fait deux. Je le trouve surtout bon dans Columbo )))
      Le McCartney a le mérite de nous laisser respirer et pour moi c'est primordial tellement c'est devenu rare. En cela c'est un beau geste pour nos matinées dilettantes, le disque se diffuse dans l'air et chacun peut y trouver quelques morceaux qui vont rester dans sa musette (visiblement on a tous un peu les mêmes par ici). En fait, c'est le genre de disque que je sors quand j'ai envie de ne rien écouter, juste parfumer le silence.

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    2. Voilà.. Macca..c'est une bouffé d'oxygène..alors qu'on pourrait penser.. c'est l'inverse de l'asphyxie.. bordel Hug.. "parfumer le silence".... à chaque fois j'y crois pas..j'attends le moment, puis je plonge à chaque fois. Je suis percuté par la vieillesse dans sa mâchoire. Moi c'est bouclé Macca..mais voilà.. je le sors et bim.. va savoir ;D

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