samedi 18 janvier 2020

AciDes LecTuReS eT NoiRs PoLaRS


Aussi vrai que je pense que pour déguster de bonnes Galettes il vaut mieux chercher du côté de Quimper, une bonne Bouillabaisse, plutôt au port des Goudes et une bonne Chorba chez Maman Belkatir, alors peut-êt’ que pour de bons Polars mieux vaut s’adresser à ceux qui baignent dans la criminalité, bandits comme flics.
La découverte de cette fin 2019 c’est un écrivain, Olivier Norek, ancien flic et plein d’aut’ choses, et ses polars.

« Séries sur les flics, films sur les flics, reportages sur les flics. Il n'avait jamais compris pourquoi les gens les détestaient autant en vrai qu'ils les adoraient en fiction. » O. Norek


Pour les trois premiers bouquins il nous entraine dans un commissariat de banlieue, dans le 93, avec une équipe de flics mené par son capitaine, Coste, qui sans êt’ complétement le Pappy Boyington de la Casa Babylon reste le genre de loulou avec qui, perso, il ne serait pas trop difficile de bosser, un truc un peu à l’ancienne.
Trois bouquins où on découvre le quotidien de cette équipe dans un univers si loin de toutes ces douceurs télévisés où les gentils combattent le mal, lui-même très bien définis, pour se conclure forcément sinon sur un Happy End en tout cas les milles et un bravo à ces enquêteurs qui, sous les spots des plateaux ont défendu la justice, la morale, la veuve et l’orphelin en même temps que la boulangère du quartier !!


C’est brut, tant au  niveau de l’écriture, brève, sèche qu’au niveau des histoires. En quelques mots, quelques phrases, vous baignez direct dans l’bouillon, attention germes toutes pas belles !!

L’écriture est précise, incisive, digne du top des scénarios (naris, sorry me no speak Italiano !!) Les personnages, les lieux, pratiquement les dialogues vous paraissent fait maison, logiques, ceux que vous tiendrez, ça sonne salement juste et, même pour celui qui ignore tout des jungles bétonnées, je ne lui donne pas long avant de vivre dans l’décors, avec la douceur de le quitter en fermant le livre.


Les histoires, parce qu’il faut bien en parler, sont brutes, redoutables. Les salauds sont des salauds pas parce que voyous, flics ou politiques, non, rien qu’parc’que c’est des salauds. Pas de condescendances,  de pauv’ loulous victimes de la société, rien que des crevards, attirés par le fric, le pouvoir. Bienvenue dans un monde où le cynisme n’a d’égal que la réalité. Dès le premier livre « Code 93 », une ballade dans un département où les chiffres de la criminalité restent à cacher, ce qu’ils représentent risquant de carrément changer le goût du JT de 20 heure, mais jusqu’à où faut-il plonger ?


« Territoires », son second, ou comment les politicards et la Racaille peuvent parfait’ment travailler de concert, en espace vert ça s’appelle des maladies Saprophytes, qui souvent très vite deviennent Pathogènes…, Non non Merci, si j’le sais c’est que j’l’ai appris, pas d’quoi s’l’a péter donc, mais je vous laisse imaginer pourquoi c’est resté !!
Et pour finir cette trilogie avec l’équipe du pitaine Coste « Surtensions ». Séjour cauch’mardesque embastillé en rase banlieue, milieu/avocat/justice, tous pourris, non j’l’ai pas dit, ah, si !!
Mon top, ce quatrième livre « Entre deux Mondes » est celui par lequel j’ai découvert le Norek et, si les histoires de Bobby Bobylon ne vous sied qu’à moitié, ben commencez vous aussi par celui-là !

Si les histoires de banlieue pouvaient paraitre cyniques, là on baigne dans l’acide, le cruel, pire, la triste réalité, ouais, mais pas la nôtre, celle de milliers de Migrants, entassés là, derrière une dune, comme dans un Week-End à Zuydcoote, mais déjà, sans trop la possibilité d’repartir.

Je parle de cynisme mais rien de moche ou de triste non, du cynisme même un peu jubilatoire, on vit définitivement pas chez les bisounours et c’est bien que quelqu’un le dise !!


De la Concrète Jungle on passe à celle en plastiques, bouts de bois, taules ondulées et cartons humides, la Jungle toujours mais celle de Calais, où des milliers d’âmes sont venues s’échouer durant de trop longues années. Une histoire de Migrants, qui ne peuvent plus migrer, de garde-barrières qui ne trouvent plus les limites, d’humanitaires qui trouvent là de quoi justifier de leurs existences.

Vous avez vu ? Tout comme on nous l’a présenté durant des années, parler de tous ces gens sans jamais les citer, un peu comme une masse informe et grouillante, de la chair fraiche pour tous les passeurs et autres esclavagistes du 20ème et 21ème sièc’ !


Ce quatrième bouquin est terrible, prenant, percutant, une grande, mais alors très grande claque dans la gueule. Toujours cette écriture, brève, sèche  mais tellement parlante. Une histoire, une balèze, une touchante et même un chouïa déchirante, la vie d’un migrant planté là en bord de mer, vue de l’intérieur et, vue comme un individu, ce p’tit truc qu’on a jamais trop entendu, son prénom, ses souvenirs, sa famille ou son métier, un peu comme si on nous f’sait découvrir un être humain, avec toutes ses envies.

Ce livre est touchant parc’que comme les autres si il cause d’une réalité, celle-ci n’est plus une histoire de flics et de voyous mais celle de Monsieur et M’dame tout l’monde jeté dans une sauce dont ils n’ont pas réellement choisi tous les ingrédients. Jusqu’à où l’être humain peut êt’ moche ?


Vous l’aurez compris, plutôt une chouette découverte, Erssi Miss Lexa, mais tout n’est pas que bon, non trop facile. Il y a quand même quelque chose qui cloche, et pour chaque bouquin lu, ils finissent trop vite !!
Ben ouais, ce s’rait avec un malin plaisir de lire encore dix ou cent pages de mieux, parc’qu’il faut l’avouer, flics, migrants, situation de merde, ils sont si bien contés que le temps passé auprès d’eux parait trop court.

Ouais définitivement, commencez par celui-ci, une très bonne approche du travail du bonhomme, de son monde, son écriture.

Voilà voilà, mission accomplie, qu’est ce qui m’reste à faire ? Traverser la rue pour faire bisou à un agent de police, mouais… ? Jouer en boucle l’Salope de Keufs des Cadavres…pas vraiment plus ! Peut-être commencer l’dernier « Surface », Ouais, vais faire comme ça !!

7red 

 

4 commentaires:

  1. Quel beau billet !!!

    "Entre deux mondes" Un récit puissant et fort, qui vous prend aux tripes! Ce livre m'a bouleversée.
    Très belle découverte,je vais m'attaquer à ses autres bouquins.

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  2. Bravo le Fred, je n'aurais pas mieux dit.

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  3. Tankiou mystère Cévennes Raide ! Et vive les vaches !!!

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  4. Je serai limite à abandonner un Jo Nesbo en cours. Et suivre ton conseil et commencer par cette histoire de Migrant, ça ne peut que me faire du bien, j'habite à Paris très à coté de la porte d’Aubervilliers (et de la Chapelle en fait) et je croise régulièrement ces personnes paumés près du périphérique: mélange de compassion et de trouille quand ils approchent en bande. Ça fera pas de mal d'avoir un point de vue alternatif.
    Et comme tu sembles emballé par l'écriture, vamos alors.
    (Au passage, rien à voir, Jo Nesbo, un chouette écrivain ... c'est que je découvre qu'il joue dans un groupe Norvégien DI DERRE , j'écoute et je suis indulgent, après tout j'ai bien aimé son BONHOMME DE NEIGE, éternel histoire de tueur en série, les vrais ont moins d'imagination mais sont plus dangereux ;-) )

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