lundi 9 septembre 2019

EdwYN CoLLiNS • BaDBea


Deux AVC, un wagon de séquelles, Edwyn Collins ne s'est pas franchement préparé une retraite facile, peut être est-ce la raison qui le pousse à encore enregistrer des albums, dont hélas on ne sait pas grand chose par ici. Autant y aller franco, de lui je ne sais rien, je ne connais rien, sinon l'écho d'un tube des années 90. Mieux encore, ce n'est même pas moi qui suis allé dénicher son dernier album, Milady s'en est chargée avec un flair qui fait mon admiration. Par contre, il y a une chose que je sais, c'est que ce disque est bon. Simple, direct, nerveux, bien branlé. Pas de perspective révolutionnaire, pas de décalque non plus. On décèle bien l'influence Motown sur les intros des deux premiers titres, mais c'est le cas dans la plupart de la production anglaise depuis les Beatles (ok, il est écossais, je schématise, mais aucun anglais artistiquement doué n'est vraiment anglais, non ?). Il y a aussi un brin de Velvet Underground sur I want you. On s'en fout, notez bien, d'autant que ça ne donne aucune indication sur ce disque qui n'a absolument rien d'un album du Velvet Underground, de Motown ou des Beatles. 



Edwyn Collins a réalisé un excellent disque, Badbea est son nom. Un disque qui capte l'oreille lorsqu'il habille une visite au disquaire, comme quoi c'est bien les disquaires, du moins lorsqu'ils ont le bon goût de passer des disques comme celui-ci. Le son de guitare aurait pu nous aiguiller, c'est régulièrement celui de ce fameux hit que j'évoque plus haut, sa voix aussi aurait pu nous mettre sur la voie, j'ai un instant pensé à Nick Cave. Sans doute pour ça qu'en plus de ce Badbea, Milady en a profité pour repartir avec le premier Grinderman sous le bras. Et donc, quoi ? Vous voulez des titres en exergue ? Des arguments ? Mes préférences ? I guess we were young, Glasgow to London, Tensions rising. Hier, c'était It's all about you, In the morning, It's all make sense to me et Spark the sparks. Demain, ce seront  les cinq autres. C'est pas que je vous chambre, c'est l'album dans son ensemble qui fonctionne, 40 minutes à ne pas tronçonner. Un disque, un vrai, avec des morceaux qui dépotent et d'autres qui se laissent contempler, des machins à couper souffle qui font suite à des respirations. De l'antique mêlé à du moderne démodé.

Badbea par Edwyn Collins, c'est sorti depuis le début de l'année, si faut c'est déjà soldé dans le bac des invendus. Ce monde est tellement con que ça ne me surprendrait pas plus que ça.

Hugo Spanky

Le lien vers le label d'Edwyn Collins où commander les disques directement à l'artiste, livraison en une semaine, le cd offert avec le vinyl et un sac papier personnalisé du meilleur goût. https://www.aedrecords.com/

21 commentaires:

  1. Merde, moi qui affûtais des arguments de mauvaise foi pour me venger, chez moi on ne moque pas impunément de la cuisine indienne. Mais ça sera pour une autre fois. Le monsieur je le suis depuis 84 (discrètement il ne m'a pas repéré) tout fier de découvrir un groupe: "Orange Juice" tout à la recherche de cette pop précieuse à la "Aztec Camera", un de mes derniers sursauts en recherche hors sentiers battus. Du coup j'étais bien content de son tube, pas question de snober sous prétexte de chasse gardée.
    Déjà, bien vu, une voix pratiquement unique (Iggy Pop Crooner en moins forcé?) Par contre je te dois de m'être penché sur son dernier, je l'avais, mais sans l'avoir écouté c'est comme si je l'avais pas hein?

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    1. Haha, j'ai joué sur du velours sur ce coup là. Je me doutais que tu aurais du mal à sortir les armes avec un client de la sorte.))))
      C'est vrai qu'il a occasionnellement des accents du Pop crooner, d'ailleurs à l'époque de A girl like you j'avais d'abord cru qu'Iggy avait enfin sorti un bon morceau. J'ai zappé cette référence pour ne pas lui faire du tort exactement pour la raison que tu évoques, le caractère caricatural de la chose lorsque Iggy l'utilise.
      Orange Juice, Aztec Camera, sont des noms sur lesquels je ne me suis jamais penché, visiblement à tort. Ce Badbea me donne en tout cas envie de découvrir plus en détails la carrière du bonhomme.
      Ah ! J'adore la cuisine indienne. Mais je reste méfiant, tu serais capable de manger froid pour assouvir vengeance ))))

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    2. Moi aussi j'ai envie d'aller plus loin (enfin en remontant dans le temps ;D) et d'aller du côté de Orange Juice voir si j'y suis. Mais là où je ne vous rejoins pas, c'est sur le terme crooner que j’attribuerai plus à Sinatra par exemple. Collins est plus dans la lignée de la new ou cold wave (je ne connais pas la différence).
      Sinon cet album est vraiment fantastique. Pas qu'il apporte quelque chose de nouveau, mais plus on l'écoute, et plus il te porte vers les hauteurs.
      Dans la foulée, j'ai commandé Gorgeous George qui comprend LE tube qu'on refuse apparemment de nommer ici ;))

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    3. Ah oui, les voix abyssales de la new wave ))) La référence à Iggy Pop, je ne voulais pas la relever parce qu'elle ne rend pas compte de ce que fait Edwyn Collins musicalement. A girl like you passait sur les ondes à une époque où Iggy Pop cartonnait avec In the death car, c'est sans doute pour ça qu'on a fait le rapprochement, ils ont des accents en commun dans l'accroche des graves. Mais parler de tout ça, ramène le propos en arrière.
      Badbea n'a pas besoin de références ancestrales pour briller. Il est clairement très réussi, varié, accrocheur, dynamique, un bonheur de disque, sans featuring, sans Rick Rubin aux manettes, juste un disque qui sonne juste par un mec qui a encore des choses à exprimer. Entre celui ci, le Gaahls Wyrd et celui de Perry Farrell, le bilan de l'année est positif et ce sont des disques qui s'installent dans la durée.

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    4. Dans un univers qui n'était pas vraiment le mien ''Girl Like You'' était une sorte d'oasis.
      Je me suis pas intéressé plus que ça au bonhomme, on l'entendait beaucoup Girl Like You et ça me suffisait.
      Le premier Grinderman il rigolait pas dis-donc ... (si je me souviens bien, ce qui n'est pas gagné. J'irai vérifier tiens)

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    5. On a tous fait la même, le tube était bien et on s'en est contenté. Faut dire que la période était généreuse en albums construits sur un seul bon titre. Bon, sur ce coup là, on s'est planté, Gorgeous George est superbe et Badbea l'est tout autant si ce n'est plus. Il n'est jamais trop pour bien faire à ce qu'il parait. Et les disques sont dispo en direct sur le site de son propre label, ce qui ne gâche rien.

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  2. Il faut vraiment écouter cet album! Rien à cirer des références et d'Orange juice (un mélange de Chic et du Velvet Underground! d'après Wikipédia l'encyclopédie des crétins). Edwin Collins semble né en 2005 après son AVC.
    Une belle voix, des cuivres qui me rappellent les Dexys midnight runners, un disque varié et homogène à la fois que l'on découvre lentement au fil des écoutes.12 morceaux, face A face B, un disque à l'ancienne qui enfonce sans frimer tous les pseudo crooners chéris des médias.
    Il y a de la profondeur dans ce disque et c'est plutôt rare de nos jours.
    Juste le son de la basse un peu synthétique par moment mais rien de grave. Alors qui peut résister à la beauté de cette balade finale "Badbea"?
    Et dommage que les bacs à solde "cut" n'existent plus. C'est la qu'on dégotait les meilleurs disques et souvent au feeling.
    Merci pour la découverte et chapeau à ta lady pour son gout sur
    Duke

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    1. La renaissance après l'avc, c'est pas faux. Ses albums en sont devenus plus viscéraux, non pas que les premiers en solo (Orange Juice ne vaut effectivement pas grand chose) soient mauvais, loin de là, mais ils sont tellement moins personnels.
      Et pour le bon goût de Milady, comment te contredire ?)))
      Je transmets ton coup de chapeau.

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    2. Non, non, non... Visiteur attentionné qui passe par là et qui lit les commentaires (les autres, ça va, vous pouvez y aller) pas les écouter, pas possible, ils ont pas écouté ou juste survolé le dernier de Orange Juice, 1984
      Je l'ai usé, et avant de revenir râler ici, je me suis fait une écoute, pour vérifier qu'il n'y as pas que de la nostalgie.
      Rien à jeter dans cet album. Même pas, surtout pas les hésitations de production et les regards sur le passé musical, des regards qui permettent au disque de bien vieillir. C'est le paradoxe.
      C'est typiquement le disque chéri, le genre qu'on souhaite partager parce que l'on sait qu'il s'est planté injustement.
      La preuve, les titres du fond, ceux qu'on n'écoute pas forcément. Attachant d'abord puis grandiooooose.
      OK, le dico qui annonce le mélange CHIC et VELVET... hum... on devrait pas laisser les enfants jouer avec les tiquettes.
      Allez, trois chansons, trois façon de placer sa voix, Edwyn cherche encore à l'époque, mais déjà...
      01. Orange Juice - The Orange Juice - Out For The Count
      https://youtu.be/R9-ICv9IH04
      02. Orange Juice - The Orange Juice - Get While The Gettings Good
      https://youtu.be/QK3dWFQftEw
      03. Orange Juice - The Orange Juice - All That Ever Mattered
      https://youtu.be/5j54VNeZ20M

      Je pouvais pas laisser passer ça.. Je me demande? Une couche sur mon blog? Utilité publique for sure!!!

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    3. Bon, ok je ne connais pas cet album, j'ai écouté celui avec les dauphins et bof. Je n'entends ni Chic, ni Velvet dans tout ça, et tant mieux, mais du Funk anglais avec quelques idées, du feeling et un déficit d'audace (à une époque qui n'en manquait pourtant pas). Encore une fois, l'avoir connu à sa sortie doit faire la différence, on s'attache immanquablement pour tout un tas de raisons irrationnelles. Ceci dit, on est à des années lumières de Badbea.
      J'attends de lire ta prose sur le sujet, j'ai l'impression que tu vas encore t'enflammer ))))

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    4. À l'époque je regrettais qu'ils n'aient pas eu des arrangements plus 80's, après tout j'aimais bien des trucs comme Tears For fears, Talk Talk etc... Les chansons étaient vraiment bien foutues. Une production à la Style Council ou Simply Red ils auraient davantage cartonné.
      Mais aujourd'hui j'aime entendre ce côté bancal, des "jeunes" qui arrivent trop tard ou qui cherchent à garder un son de groupe, ça explique des interventions qui font un peu fouillis.
      Ha ha... Style Council, Tears For Fears, Talk Talk, Simply Red Tout ce que tu aimes ...

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    5. Talk Talk, j'aime bien, je te ferais remarquer. Comme Human League et finalement pas mal de trucs de cette époque (Art of noise, ça compte ?). Et Simply Red, j'ai chopé le premier album il y a quelques semaines, je l'ai écouté deux fois en le supportant en entier, chose que je n'avais pas réussi à faire à sa sortie, alors hein ? Depuis je l'ai mis en vente dans mes bacs et il y est toujours ))))

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    6. Tût tût tût les affreux. Vous pouvez oublier Orange Juice et le reste. THOMPSON TWINS ou rien d'autre ! ;))

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    7. Souvenir souvenir... en 84 je débarque chez les potes avec "Into the Gap" des Thompson, tout fier de mon "Hold me now"... mais je me suis fait rembarré sur le reste de l'album qui a vite ennuyé, tellement chambré - on était moins tolérant à l'époque - que je m'en souviens encore. Du coup j'ai plus jamais vraiment écouté. A tort?

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    8. Tears for fears, Simply red... ARRGH jamais je ne pensais revivre cet atroce cauchemar, Bronskie beat, Pet shop boys... Frankie goes... Boy George, ils sont tous revenus d'un coup tel une armée de Zombies décidés à m'achever pour le compte.Je ne veux pas dire de mal de Style Council à cause de Paul Weller. Talk Talk a fait de bons albums malgré ces deux hits insupportables.Donc je ne suis pas la bonne personne pour juger Orange Juice c'est sur.
      J'allais me pencher sur leur cas mais juste à ce moment Radio 3 Espagne diffusait un concert live 2018 de "Josh Hoyer and soul colossal".J'ai cru que c'était Al green et Solomon Burke ressuscités avant de m'apercevoir qu'il s'agissait d'un soul man blanc du Nebraska accompagné d'un orchestre canon tous blancs y compris les choristes alors là je suis vraiment largué pour le coup.Ces mecs déchirent en concert. Avis aux amateurs de Classic Soul @Devant
      Bon Orange Juice après ça..., ouais ce n'étaient pas les pire mais pour moi ils se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment.
      J'ai fait monté le compteur de vue sur la chaine @devant youtube à 4 sur Orange Juice. David Guetta "Say my name" est 563 millions 936.250 vues. PFOOUH ça doit rapporter du blé cette merde et si ça se trouve dans 20 ans il sera aussi culte qu'Orange Juice et Simply Red.
      Duke

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    9. Ha ha ha c'est noté et j'espère m'en rappeler et revenir chercher la ref. Haaa le Duke, tu connais la réplique... "Change rien, Duke. Continue de ta la couler douce" :-)

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    10. Il faut regarder the Key sessions sur Youtube. Edwyn Collins assis sur sa chaise avec sa main droite paralysée par les séquelles de son attaque dégage une force et une sensibilité très émouvante, les compositions sont brillantes et nerveuses et le groupe qui l'accompagne est top.
      Du bel ouvrage qui prouve qu'on peut se renouveler et rester pertinent malgré le passage des ans et des accidents de la vie.
      Duke

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    11. Merci du tuyau pour The Quay Sessions, on va se le visionner ce soir. https://youtu.be/WoMmXd2Vnu0
      Il y a une interview aussi, toute courte mais touchante. Grand disque, à chaque écoute ça se confirme.

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    12. Très sympa cette Quay Session. La version live du It's all about you est vraiment sauvage, j'ai adoré. C'est ce premier morceau qui m'avait attrapé. Au début je pensais que c'était Nike Cave, puis j'ai écouté le suivant, et quand le disquaire m'a dit que c'était Edwin Collins j'en revenais pas en vrai. Parce que lui je ne l'avais pas vu venir. Et du coup, en discutant, le gentil disquaire, m'a offert Hope and Despair, le premier album d'Edwin. Je le remercie encore, et si vous passez un de ces quatre par Toulouse, allez donc chez Croc Vinyl.
      Sinon, et si vous devez commander le dernier ou n'importe quel autre album d'Edwin, rdv sur son propre label AEDrecords. J'ai reçu le Gorgeous George très vite, avec en + le CD, le tout dans du papier Kraft imprimé, la classe.

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  3. Merci Duke ;)
    Moi aussi je fait les bacs soldés. C'est là que le plus souvent je trouve, les disques que les autres ont laissé, par snobisme ou manque de curiosité, au rebut. Et puis à raison de 1 à 2 par an, LA nouveauté ;))))

    Pour ce qui est de Orange Juice, je ne connaissais pas, et j'ai aimé le peu que j'ai écouté, mais j'en resterai là.

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  4. Si vous appréciez Edwyn Collins, jetez une oreille aux titres enregistrés par son vieux pote Paul Quinn disparu des radars depuis des années. En 1992, le gaillard sort un grand album sous le nom de Paul Quinn and The Independant Group produit par E. Collins. Quinn avait la plus belle voix d'Ecosse.
    https://www.youtube.com/watch?v=LU6KcVdNGmw
    ou
    https://www.youtube.com/watch?v=7qOemHwQrhM
    ou encore
    https://www.youtube.com/watch?v=NxUKVcGpO_w
    Bien cordialement

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