vendredi 7 décembre 2012

L'aNTRe De La foLie...BRiaN De PaLMa


A l'occasion de sa sortie en dvd copie neuve, je n'ai pas pu résister à l'envie de revoir Dressed to kill de Brian De Palma. Ce film est toujours aussi bon et étonnant.
Dès la première séquence nos repères sont bousculés puisque nous assistons, médusé, à une scène de douche d'Angie Dickinson (oui, le sex symbol des sixties qui nous a enflammé dans Rio Bravo et Le point de non retour, notamment) qui se caresse de telle manière que l'on se croirait dans un film érotique lambda des 70's réalisé par Joe D'Amato. On ne comprend que nous sommes bel et bien dans un film de De Palma que lorsque, par enchantement, un homme surgit soudainement derrière elle et se met à la violer. Dès lors le film ne sera plus qu'une succession de scènes malsaines filmées avec une maestria lyrique qui n'appartient qu'à ce sacré Brian. Car ce type n'a pas son pareil pour sublimer n'importe quel moment anodin.
Pour en juger il suffit d'assister à la scène dans le musée de Philadelphie. Durant 8 minutes totalement muettes, il transforme ce qui n'aurait pu n'être qu'une banale scène de drague en un ballet opératique époustouflant grâce à des mouvements de caméras si fluides que nous avons l’impression d’être au plus près de l’action. Bref, nous sommes cueilli par tant de maîtrise des moyens cinématographiques.


Dressed to Kill est donc un brillant exercice de style qui rend hommage de façon appuyé à Vertigo (le musée) et Psychose (le meurtre dans l’ascenseur qui fait écho à celui sous la douche) du grand Alfred Hitchcock. Rien que pour cela ce long métrage serait exemplaire mais, contrairement à ce qu’ont dit certaines critiques, ses personnages ne sont pas sacrifiés au détriment de sa mise en scène virtuose.
Angie Dickinson, en quadra délaissée par son homme qui pour ne rien arranger lui fait l’amour comme une brèle, trouve là le rôle de sa vie : elle se met littéralement à nue et, tel une jeune pucelle, on se laisse emporter par sa quête du frisson sexuel (c’est dire si on est convaincu par son interprétation !).


Michael Caine est mémorable dans son rôle de psychiatre trouble dont on ne sait quoi penser tant son sourire est aussi rassurant que celui de John Lithgow dans Blow Out.  



Nancy Allen insuffle une sensualité affriolante à son personnage de prostituée au grand cœur (on ne remerciera jamais assez De Palma d’avoir mis en avant celle qui fut sa femme durant un temps et qui, grâce à son visage digne d’une poupée et son corps affolant, nous a mis en émoi lors de notre éveil à la puberté).


Keith Gordon, le fils Dickinson dans le film, interprète un petit génie de l’électronique avec ferveur plutôt flippante (d’ailleurs ce diable de John Carpenter ne s’y trompera pas lorsqu’il l’engagerapour Christine pour incarner l’ado possédé par l’esprit de la voiture maléfique) et Dennis Franz joue l’inspecteur teigneux avec son talent habituel.
En somme, tous ces personnages présentent des névroses ou des fêlures qui enrichissent leur caractère et les rendent donc passionnants.


Spectacle total aussi baroque qu’angoissant, Dressed to Kill, nous embarque dans ses péripéties retorses qui nous secouent durablement et nous plongent dans les tréfonds les moins reluisants de la psyché humaine. Avec sa pièce maîtresse Blow Out (qui vous laisse totalement démuni et dégoûté lors de son final tétanisant) et le moins « sérieux » Body Double (qui nous en met plein la vue et qui a un postulat de départ similaire à celui de Fenêtres sur cour),  De Palma récidivera avec panache dans le registre de l’angoisse la plus viscérale. Veine qu’il avait largement explorée auparavant avec Sœurs de sang, Carrie et Furie et qui nous montre, sans conteste possible qu’il est le Roi de la perversion sur pellicule.  
                                                                   
Harry Max

1 commentaire:

  1. La scène dans le musée est un de mes moments préférés du film. De ce film qui est comme "en deux parties" d'ailleurs. L’errance physique et mentale d'Angie Dickinson est tellement étourdissante et oppressante que l'on voudrait plonger à travers le halo de lumière du projecteur pour aller la sauver car on sait par instinct que c'est vraiment pas bon pas bon tout ça. Mais bon, c'est Brian qui est aux commandes, et lui, il arrive de Newark et il est né un 11 septembre ! ;))

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