mercredi 28 décembre 2011

rOCK aRT & tHe MaRCeL StYLE


Ma passion ne coûte pas cher. La plupart du temps.
Les vinyls, bordel, m'en auront fait faire des conneries. J'ai volé, j'ai raconté des âneries plus grosses que moi pour diminuer la valeur d'un album dont je rêvais, juste manière d'en faire baisser le prix. J'ai cramé plus que de raison, aussi, parfois, souvent. J'ai revendu certains pour lesquels je me serais bafoué quelques mois plus tôt. Et je m'en fous. Pire, j'en suis fier. Grâce à autant de méthodes indignes, j'ai voyagé, je me suis nourris. Le temps passé à déchiffrer sous toutes leurs coutures les pochettes que je tenais entre mes mains, je ne le passais pas au bistrot, je ne le passais pas à jouer à être un autre.
Posséder un ordinateur n'a pas arrangé mon cas, même si je dois concéder que cette fourbe bestiole m'a ouvert les yeux sur bon nombre de mes faiblesses. Avec l'achat virtuel fini le disque que l'on glisse sous le manteau, terminé le frisson de dépasser la caisse le sac de sport remplie de galettes finement dérobées. Ne reste plus dorénavant que la tentation et la résignation qu'elle engendre. Sauf que dans le registre résigné y a meilleur exemple que moi.

Joe Strummer fait parti de mes marottes, c'est pas le seul mais c'est assurément l'un de ceux qui me pousse le plus à la déraison la plus totale. Rock art & the X ray style, quelqu'un connaît ? Hum, j'ai déjà les noms de ceux qui lèvent le doigt, vous pouvez vous rasseoir. La chose, dans sa version vinyl, est plus rarissime qu'un mec intelligent accoudé au zinc passé 3 heures du matin, c'est dire. Au point que même des jobastres comme 7red et ma pomme, des gars capables de vous fredonner Rose of Erin, restions convaincu qu'aucun pressage autre que l'immonde cd n'avait existé. Ebay allait nous démontrer le contraire tout en nous faisant au passage méchamment mal au cul. 150 euros sans le port, voilà le prix d'un désir. Là, sous mon nez, un enculé de japonais proposait un exemplaire neuf du vinyl de Rock art & the X ray style. Merde, pourquoi j'ai cherché ? Pourquoi, je suis allé sur ebay US ?

Vous vous en doutez même si je l'ai pas précisé, j'ai jamais eu un rond d'avance. Ne me restait que la résignation, l'oubli, la frustration. Je me devais d'être raisonnable, de me conduire en adulte, en être responsable. J'avais autre chose à faire de mes trois sous, pensez donc, payer EDF, ces braves gens et leur C.E multimillionnaire, casquer la redevance télé, la taxe d'habitation, les courses à lidl, l'abonnement du portable, le plein de la bécane...
Argh ! J'étais fais comme un rat. 

Et j'ai tenu bon, il m'a tracassé ce disque, je dormais mal mais je tenais bon.

Et puis une nuit, la révélation : le tapis berbère de mon Marcel ! Celui là même qu'il est allé sauver de la rivière lors des inondations dans l'Aude. Alors que le niveau montait au rez de chaussée, mon Marcel a foncé, direct, 1m20 de flotte, Gisèle, ma mère, avait beau brailler qu'on s'en fout d'un tapis, mon Marcel avait haussé les épaules et foncé pieds nus, de l'eau jusqu'à la taille, le courant qui manquait de l'emporter lui et son tapis !
Combien ça peut peser un truc pareil en pure laine de l'Atlas marocain ? Déjà sec c'est lourd alors détrempé, vous imaginez. Pourtant il l'a chopé, l'a pas lâché, jusqu'à le hisser en haut des marches avant de le poser sur le parquet de ma mère. Elle, en larmes, le maudissant, le serrant aux épaules, le traitant de fou, lui, son homme, son héros, mon père, Marcel !
Le tapis était sauvé et bien plus que ça au passage. Un morceau de vie que c'est ce tapis, un uppercut au cœur reçu en pleine foire internationale de Dijon (ça s'invente pas). Une journée à tourner autour, à négocier avec le berbère en chef, à évoquer ce Meknès natal quitté à 16 ans et jamais revu depuis autrement qu'en rêves, des heures entières à supporter sans flancher les conseils de raison de ma mère, même moi j'en pouvais plus, pourtant je sentais bien que c'était plus que le décor du salon qui se jouait, c'était Marcel contre le raisonnable, Marcel contre la médiocrité, Marcel qui s'élève dans la vie, qui refuse la fatalité des chiffres, fussent ceux de son compte en banque. 


Une brique le tapis ! Il a fallut le faire venir du Maroc, faire intervenir le grand oncle de ma mère (inspecteur des impôts) pour le faire décoincer à la douane, les rapaces voulaient croquer, forcément on était en 1981 la gauche venait de passer, voilà que maintenant c'était Marcel contre Mitterand. Et mon couillon de frère qui à table se vantait de son vote ! Oh punaise, ça volait bas.
Et puis le tapis est arrivé, une brique peut être, mais un triomphe assurément. Marcel vainqueur ! Face à Gisèle, face aux socialos à la con que son dégénéré de fils avait porté au pouvoir, cet ingrat à qui Giscard avait filé le droit de vote, voilà comment il remerciait LE seul candidat valable. Je vous épargne la Renault 20 rayée par les bolcheviques le soir de la "victoire" des pleureuses, des fainéants, des crétins manipulés et incapables de s'en apercevoir. C'était moins une qu'il ne retourne au Maroc ! Ma mère l'a fait redescendre sur terre, certes, mais il a fait venir à lui un morceau du bled. Rien à foutre du prix, c'était ça ou le bateau.

Ouais, c'est tout ça qui m'est remonté, autant dire plus moyen de fermer l'oeil. Qu'un disque me remémore toute cette affaire, ne pouvait être qu'un signe, je me devais d'être à la hauteur (déjà que je suis un brin minable comparé aux 10 000 balles du Marcel) alors j'ai allumé le pc, en pleine nuit, un dingue, et j'ai cliqué partout, fébrile mais en paix. Puis je me suis recouché et j'ai bien roupillé.



Alors merci Joe. Même si, comme un dernier clin d’œil de l'histoire, la douane a serré mon colis et m'a collé 60 euros de taxe en plus. Je m'en fous, j'ai jamais autant ressemblé à mon père que cette nuit là. 
La résignation venait de se manger la fierté dans sa gueule.


Hugo Spanky

jeudi 8 décembre 2011

Sylvia Robinson



1979, le Punk n'en finit plus de crever, incapable de proposer quelque chose de frais, quelque chose de neuf. Le mouvement qui voulait donner le pouvoir à la jeunesse se contente tristement de repiquer de vieux plans usés jusqu'à la moelle, piochant au mieux dans le répertoire des pionniers du Rock'n'Roll, au pire dans celui des freaks de Nuggets.

Pendant ce temps là, sans se soucier de savoir si le futur aura lieu, les minots du Bronx envoient la soudure, arrachant les derniers souffles de basse à des boomers de récupération branchés en série. Grandmaster Flash creuse ses vinyls, Melle Mel acère son flow, griffonne ses cahiers de rimes toujours plus affûtées.

Tandis que les morbacs de l'art accaparent le graf' pour renouveler le catalogue de leurs tristes galeries pour bobos, détournant de la rue une discipline qui en était pourtant indissociable, le Hip Hop dans son expression musicale peine à trouver un label pour lequel graver de ses prouesses, la cire des presses. Sugarhill Records sera celui là.


Sylvia Robinson, qui dans les 60's susurrait ce Love is strange repris plus tard par plus d'un cat copyeur, celle là même qui signera Shame, shame, shame pour sa copine Shirley, en panne de hit depuis le mythique Let the good time roll, fonde le label cette même année 79, en association avec son homme. Elle en sera la directrice artistique, la dénicheuse de talent et collaborera aux compositions de ses poulains ainsi qu'à la production de leurs disques. 
 

Sylvia Robinson, le genre de Madame qui impose le respect, se contrefout de la frilosité ambiante. Puisque dégun ne sait quoi foutre des scratchs de Flash, elle isole Melle Mel et le colle en studio accompagné d'un groupe formé à l'ancienne, le backing band du label, pareil que la Motown, idem que Stax, le système continue à faire ses preuves et le Sugarhill House Band à faire des merveilles. Le résultat ? The message. Ça cause à quelqu'un ? Ok, on y voit déjà plus clair.

Vexé mais patient, Flash et ses platines en fusion aura sa part de galette avec The adventures of Grandmaster Flash on the wheels of steel, une tuerie fracassante d’innovation, le début d'une nouvelle ère. Dans la foulée, il détourne le Genius of love du Tom Tom Club en It's nasty, un incontournable de plus. Dans un coin, Mick Jones prend des notes et le Clash embarque la troupe pour faire leur première partie lors des légendaires concerts au Bonds de New York, le public les jette, pas grave, l'éternité les jugera. La mèche est allumée, c'est une mèche courte, l'explosion ne tarde pas.

En 1983, entouré des Furious Five, le Grandmaster sort New York New York, leur chef d’œuvre, le genre de morceau que rien n’altère, ni le temps, ni les cons. Chopez le maxi, dites moi si je me goure. 

 
Toujours en 83, le label à étiquette bleue va lancer le Break dance electric boogie de West Street mob, encore un classique fondateur. L'année suivante ce sera la B.O de Beat Street, l'un des tous premiers films calibrés Hip Hop avec le fabuleux Wild Style, qui sera en charge de porter la bonne parole à travers le monde via les rares salles de cinéma à se risquer à le programmer. Melle Mel désormais définitivement en solo y signe Beat street breakdown, pas de quartier, le machin claque dans les sound systems et envoie la concurrence chez le dentiste. RrrrHa !
Avant ça, la Dame Robinson avait donné dans le coup d'essai qui laisse des traces dans l'Histoire. En faisant tourner en boucle le Good times de Chic derrière un trio de MC's recruté par ses soins, son label naissant avait sorti le premier hit du mouvement, Rapper's delight. Le premier d'une longue série. Le Sugarhill Gang entre dans la danse et aligne Apache, 8th wonder et Livin' in the fast lane.

Évidemment pas sexiste, Sugarhill records met les filles à l'honneur avec The Sequence et leur Funk you up, second single du label et nouveau coup d'éclat. En l'espace de 10 mns le morceau, une imparable tournerie Funk, préfigure tout autant En Vogue que Dr Dre.


Autant de titres qui porte la marque de Sylvia Robinson. Je pense pouvoir dire qu'elle s'est pas plantée, pas le genre à rester sur le quai au départ du train. Besoin d'un gonze pour tenir la caméra le temps d'illustrer le White lines du Grandmaster et sa clique ? Elle fait rappliquer un gamin qui promet, Spike Lee. Rien que ça.


Le règne sans partage de Sugarhill records durera jusqu'au milieu des 80's. Jusqu'à l'apparition de Run DMC. Ceux là, vireront les backing bands groovy, remplaceront le Funk par les guitares saturées, enverront boites à rythmes démoniaques et boucles hypnotiques, définiront une nouvelle norme, celle là même qui engendrera Public Enemy, NWA, Ice T, Eric B & Rakim.



Ceci est une autre histoire mais, waouh, que le parcours fut beau, jouissif et novateur pour Sugarhill et sa taulière en chef. Et dire qu'il y en a pour oublier de tomber la casquette lorsque la Dame s'éteint en ce triste mois de septembre de notre année 2011. Hum, je ne fais pas parti de ceux là. Mes hommages, Madame Robinson. Et un grand merci.

Hugo Spanky

samedi 3 décembre 2011

ReNAULT 12 sUR Le PaRKiNG


Ghislaine était une sacrée salope, la preuve, elle ne voulait coucher avec aucun d'entre nous. 
Ne me demandez pas d'expliquer la psyché d'une bande de mômes de quatorze ans mais c'est comme ça qu'on voyait les choses. 
De toute manière seul les bidasses semblaient trouver grâce à ses yeux. Des cranes rasés au sourire en croche, des tristes ne pensant qu'à se débarrasser au plus vite des saletés de morpions qu'on incarnait à leurs yeux de bœufs, pressés qu'ils étaient d'embarquer ma cousine dans des virées nocturnes à destination desquels ils se précipitaient à la vitesse d'une BMW flambant neuve achetée avec la prime du retour d’Afghanistan. 
Pendant ce temps là, week end ou pas, il ne nous restait plus qu'à se morfondre sur des bancs publics dépourvus de la moindre trace d'amour. Et maudire l'absence de moyen de locomotion.

Puis vint la lumière, ce qu'aucun de nous ne savait cacher derrière notre rancœur illumina le jour où elle nous présenta Kada. L'homme à la Renault 12, ze grand wizard de l'autoradio, le masterman des décibels ! Doté d'une qualité qui fit notre bonheur, l'ouverture d'esprit, cet illustre nouveau venu nous accepta sur la banquette arrière lorsque, le samedi soir arrivé, l'heure venait de prendre la direction du seul endroit que la bande de mioches qu'on était aspirée à découvrir : La boite de nuit !
Bénies soient ces années lointaines où laisser sa carte d'identité sur la table de nuit ne constituait pas une barrière infranchissable au moment de passer la porte d'entrée d'un établissement réservé aux noctambules majeurs. Il suffisait de bomber le torse, d'y croire un peu, de pas s'étouffer en tirant sur sa Marlboro, voire pour les plus juvéniles de prendre soin de se raser malgré l'absence de pilosité ce qui, immanquablement, provoquait la venue incongrue de touffes disparates mais bien utile pour se prétendre, peuchère, un homme !
Au moins le temps du passage au vestiaire, après quoi les lumières tamisées feront le boulot, avant que très vite deux verres de whisky ne nous foutent des cernes à passer pour des prétendant au permis de conduire.

Pff, 14 ans, le bel age.



De cette lointaine époque, j'ai gardé en moi le goût de la Funky Music, même la plus putassière. Que Mama used to say claque dans les tweeters, Superfreak, Get down on it, September, même lorsque les Rockers se tente au Disco, j’approuve, Emotional rescue est mon Stones favoris, Blondes have more fun mon Rod Stewart de référence. Qu'un téméraire ose Just an illusion dans son salon ou son rade et s'en est fini de ma bonne tenue.
Ô mazette, qu'importe si j'ai pas le sens du rythme, si les figures que je m'imagine à la James Brown font plus penser à un épileptique en crise qu'au parrain de la Soul, m'en fous, je me fais plaisir et laisse ricaner les plus complexés que moi.

Le Funk bordel, danse de la solitude joyeuse, célébration du je m'en bats les couilles qu'elle se soit barrée. Le Funk, lot de consolation de celui qui ne cause pas, du quidam que personne n'accoste. La musique de celui qui préfère se défoncer sur la piste plutôt que dans les chiottes.

Tout ça pour dire qu'après des week-end de traque tristouille, de compléments alimentaires bas de gamme en forme de galettes vinyliques sans une once de vitamine à l'intérieur voilà que pas plus tard qu'hier, hallelujah, la lumière fut. Le stroboscope pour être exact. Au détour d'une zone industrielle, dans un obscur Cash Express de banlieue où Milady et ma pomme avions atterri sans réel espoir, bam, le lot qui déchire sa race, une cinquantaine de disques calibrée bitume 70's. Une palanquée de maxi singles, de 33 tours à la pulsation chaude, au réconfort plus efficace qu'un chauffage central.



Rufus Thomas, Ohio Players, Main Ingredient, Curtis Mayfield (non, pas Superfly, celui avec la musique de la pub Dim) Rose Royce II, un album de mixes signé Tom Moulton (CJ & c°) le Got to give it up de Marvin Gaye, Boogie city des Reflections, que des tueries. Et un brin d'étrange aussi, Herbie Mann, un...flûtiste ! Le gars donne dans le soyeux, une mise en bouche avant de se coller sous la couette, du Memphis sound à vent avec Donald Dunn et Al Jackson à la rythmique et Duane Allman aux riffs cristallins. 
Bouh, un truc à vous réconcilier avec les cours de musique de la sixième.


Je vais pas faire dans l'érudit, juste envie de donner envie. Pendant un moment je vais me tenir heureux, me jouer tout ça jusqu'à m'en être nourris. Et passer un salut à Kada, où qu'il soit, lui glisser un merci pour m'avoir mis sur la piste avec ses innombrables cassettes.
Je vais aussi regretter un peu plus encore la connerie ambiante, la monotonie, l'uniformité des soirées contemporaines dans des bars qui ne savent plus qu'aligner Rock Garage pour les uns, R&B lyophilisé pour les autres. Bande de sinistres crétins ! Sourdingues paralytiques que vous êtes !



Rah, ça y est je m'emporte, il est temps pour moi de poser sur la feutrine le Different strokes des Nite-Liters ou ce I've got so much to give du big Barry. Mieux encore Euphrates river de Main Ingredient
Putain, j'en reviens pas !

                                                                            
                                                                 Hugo Spanky

jeudi 17 novembre 2011

ENGLaND DReAmiNG TaPEs


La délicieuse collection Allia s’enrichit d'une nouvelle et incontournable référence avec England dreaming tapes. 
Jon Savage auteur du fameux England dreaming, consacré au Punk anglais estampillé 77, rallonge la sauce en publiant les nombreuses et généreuses interviews enregistrées lors de la conception de son pavé dédié au Do it yourself.
Au fil des innombrables pages de ce nouveau recueil on retrouve les locaux de l'étape, Joe Strummer, Malcom Mc Laren mais aussi la maman de Sid Vicious, de même que la grande majorité des noms qui peuvent vous venir à l'esprit à l'évocation d'une épingle à nourrice. Tous sont ici réunis pour dessiner ce que je définirais comme le pendant UK du Please kill me de Leg Mc Neil et Gillian Mc Cain, à savoir toute l'histoire, zones d'ombres inclues.
Pour faire court, moins de 2 minutes n'oublions jamais, voilà de quoi, pour ceux qui sauront attendre Noël, garnir les bottes allemandes avec l'assurance qu'un franc sourire accompagne le froissement du papier cadeau.
Hugo Spanky

mardi 1 novembre 2011

Invictus



Tout commence par un convoi, sur une route genre nos nationales.
D’un coté, sur une pelouse verdoyante, bien arrosée, derrière une joly barrière toute de fer forgée, des ti blancs, dans l’ordre et la discipline, se passent un ballon plutôt ovale.
De l’aut’ coté, sur un sol de poussière, mille fois brûlé par le soleil, derrière un grillage à poule éclaté et joliment orné de sacs plastiques et autres détritus volants, autour d’un ballon rond s’éclatent joyeusement et bruyamment une tripotée de ti noirs.
Le film est posé.

Alors que mon tournoi des 5 nations, qui se joue maint’nant à 6, était dans les perturbations atmosphérique ma Douce a eu cette très généreuse idée de m’offrir ce film, histoire de combler mon désœuvrement de l’après midi, « c’est l’truc juste après mon somme… »

Faut dire qu’on est très Clint à la maison en ce moment, livres, films et citations, alors du Clint Rugby un samedi tantôt, ça se refuse pas !

Ce film, hummmm, comment dire-je ?

Si c’était pas un film de Monsieur Clint Eastwood… même pas il est distribué, voilà c’est dit !
  Non pas que le film soit pas bon, ou mal joué avec de mauvais acteurs, non, c’est juste qu’on sais pas trop s’qu’y raconte.

Un poème pour ne pas se laisser aller,
Nelson « Madiba » Mandela, non.
Un Hymne multilingue.
Le Rugby et les SpringBoks lors de la coupe du monde de 1995, non plus.
Alors quoi ?


Faire un film sur Nelson Mandela, personnage au combien emblématique, qui nous a tenu en haleine durant plusieurs décennies via foultitude de chansons, de personnes publiques ou non, de défenseurs des droits humains, de la lutte contre le racisme, l’apartheid, le genre de film pas facile, la plus grande partie de la vie du Sieur en question s’étant principalement passée derrière des barreaux, exilé sur une île.

Clint nous présente ici l’Homme, libéré et nouvellement chef de cette nation que lui voyait Arc en Ciel, le Rugby ne servant ne servant que de fil conducteur, de lien entre les deux parties de cette nation.

Coté acteur, là aussi c’est un peu du vide, bien sûr Morgan Freeman fait un magnifique papy Mandela, mais Morgan Freeman fait de toute façon un délicieux papy. Matt Damon tient son rôle de capitaine « François Pienaar » d’une équipe de looser toute représentante de l’apartheid à l’exception d’un joueur, et quelques types jouant la garde rapprochée du sieur Mandela, que le papy va s’efforcer de faire vivre ensemble.

Du bon sentiment, y’en a !
On est tous frelo sauf que des fois on l’ignore. Clint montre ici comment un homme, par sa vision, veut fédérer au sein d’une même nation ceux qui jusque là sinon s’ignoraient, se foutaient plus ou moins joyeusement sur la gueule.
Un Nelson Mandela, coquin à souhait, malin et qui plus que tout s’efforce à tempérer les ardeurs et envies de revanche. Transformant cette équipe de loosers magnifiques qu’était les Springboks en ce qui va devenir les champions du monde de Rugby en 1995.

Ça fait Light pour un film de Monsieur Clint Eastwood hein ?

Alors faut fouiller un peu, chercher quoi en tirer. Une heure et demi de cinéma, joly voyage en Afrique du Sud, ballade en bus dans les Townships, un Morgan Freeman superbe papy Madiba, une équipe qui s’unie autour d’une idée, d’un nouvel hymne chanté dans les principales langues du pays, du Rugby, la Nation.

 Une drôle de résonance après les quelques semaines qu’on vient de passer, entre autre du coté de Toulouse, mais s’aurait pu êt’ dans n’importe quelle aut’ grande ville.

L’idée de ce qu’est, ou devrait êt’ une Nation.
Ce tournoi de Rugby, annuel, en est une splendide image, Cinq Nations « je compte que celles là », liées par l’histoire. De guerres plus qu’interminables à une colonisation des plus désagréable, d’une qu’a la prétention de tenir les aut’ sous sa botte mais se fait fournir ses reines et princes par l’aut’.
Sans doute des gens qui se détestent un peu mais, vivant ensemble depuis si longtemps, ne s’auraient plus quoi faire sans son voisin.
Autant d’amour que de haine, d’envie d’en découdre que de respect, le Rugby quoi !

Je reste sur cinq nations parce que ça représente exactement le sujet, et puis aussi une époque, je crains plutôt révolue, où des types de 120 kilos ne craignaient pas de mouiller les yeux lors des hymnes parc’que le sujet n’était pas tant une coupe ou un salaire mais bien la Nation, on est là !


 C’est p’us un s’cret j’suis un grand nostalgique, et pas qu’en matière musical, coté Rugby aussi. 
Si je me régale de s’qu’est devenu not’ équipe nationale, je regrette néanmoins le Rugby à Papa, et d’y a pas si loin !


Juste avant qu’on embauche des types venus de l’aut’ bout du monde, leur fournisse papiers et tout et tout au détriment des gars du cru, qui eux plus que tout ont leur place.

Je suis nostalgique de cette équipe de France menée en avant, ballon passé en arrière, par le Magnifique Abdelatif Benazzi, ouais, nous aussi on a eu une Nation Arc en Ciel, et elle existe toujours, dans des ti patlins où’s qu’on s’fout d’l’origine du grand père, t’es là, tu vis avec nous, tu t’bas avec nous, faut pas qu’on t’touche !

Le Rugby présente cette finesse, « j’utilise exprès le mot », qu’on peut aller au stade en famille, avec femme et louveteaux, s’asseoir à coté d’un supporter de l’équipe d’en face, se moquer et se congratuler à la fin de la partie, et au lieu de se crier des injures, aller vider des canons. Important ça, les canons !

Le Rugby est bien le seul sport de contact, voir de combat, où tu peux représenter une Nation, sans haine, avec fierté mais pas celle qui consiste à se croire meilleur que les autres, sans aucune idées racistes, sans trop d’préjugés, des tout p’tits ont souvent montrés un courage hors pair sur le terrain, juste une Nation.
Un mot qu’on ose à peine utiliser aujourd’hui, synonyme de fascisme, de haine & de peur.
Qui nous a inculqué cette idée de merde et laissé les nazis s’emparer de ce mot ?
Comme l’image d’un aîné avec sa cigarette l’idée de Nation est devenu un gros mot, un truc à effacer.

Partout aujourd’hui on ressent cette gêne, dans les transports en commun, les lieux publics, comme si on était pas tous ensemble, d’ailleurs on l’est de moins en moins.

Faut-il que des germains qui s’ront jamais mes cousins, ou des english qui acceptent de tirer en premier nous foutent sur la gueule pour que d’un seul élan, comme une seule personne La Nation se lève ?
Faudra t-il un tiramisu ou une couscous sismique ou une vérole de narine au second tour pour qu’on se sente solidaire, frelo, avec son voisin ?
En fait je sais p’us si ce film est si … pas plus intéressant qu’ça.


Je crois que bien au contraire, sous ses airs un peu cul cul, ses images toutes belles de flics blancs qui se prennent dans les bras avec des mômes du Township une fois la victoire du pays annoncée, de ces gardes du corps noirs qui s’inquiètent de travailler avec leurs nouveaux collègues et surtout Ex Enemy tout blancs, de ce président qui prend le temps et la peine d’apprendre le nom de chaque joueur d’une équipe de Rugby et de transmettre à son capitaine qu’ils n’allaient plus aujourd’hui jouer pour quelques milliers de blancs Afrikaners mais pour 46 millions de Sud Africains, une Nation.

 

Ouais, Papa Clint une fois encore je crois a fait mouche, à contre pied, ou c’est les tristes événements qui lui donnent raison mais pas question de l’appeler Clint Eastradamus.
Juste prendre le temps de regarder un film, écouter un hymne et sentir un peuple, épaule contre épaule, se souder.

mercredi 5 octobre 2011

ALcatraz under the buRniN sUN



C’est plus une nouveauté j’ai comme une tendresse pour les chanteurs, Poètes urbain d’Onc Joe à Lee Brilleaux, ceux qu’ont quelque chose a exprimer, qui savent le postillonner sur les 3 premiers rangs mais pas que…les vrais aussi, ceux qui savent quoi faire de leur voix, la moduler et tout et tout, une réelle tendresse.


De Frank Sinatra à Salif Keïta, de Sam Cooke à Shane Mc Gowan (si), de Jacques Brel à Alton Ellis, sans distinguo, la Vibe.
Cette putain de capacité à te prendre, t’amener, te chambouler, te foutre les larmes aux yeux comme te donner envie d’aller affronter un car de CRS à toi tout seul. C’est pas une question de capacité vocale ou de tessiture, juste le coté Soul. Un claquement de doigt, et c’est parti, un chant, une mélodie, pas besoin de studio compliqué, d’ingénieur du Son de chez Boeing, je béni le micro d’ambiance et c’ui qu'en a lourd sur la patate, ouais !

Ouvré la cage aux oiseaux !

Bien partagé est cette idée d’aller passer du bon temps, voir finir ses jours sous le soleil, tranquille allongé sur du sable fin, une attitude toute artistique, faut admet’ que l’Tourneur Fraiseur y songe aussi mais …
Siroter des cocktails sous les palétuvier, combien n’y ont jamais songé ?
Mais qui se demande combien y sont, à donner toute leur vie, toute leur âme, pour s’évader de sous les manguiers ?


La chanson a été utilisée pour faire vendre de l’alcool, pour charmer, pour purger ses peines, pour se battre et défendre des droits, pour ne pas finir à l’usine, chacun à sa façon a apporté sa pierre à l’édifice, nos étagères en sont la meilleure preuve.

J’adorerai un jour écouter quelqu’un me raconter ce concert d’Otis Redding à paname, une nouvelle musique, des types sur scène que t’as pas forcément trop l’habitude de voir en ces temps. J’ai adoré le «Buena Social Cloub», quel trésor de voir ces ti papys depuis bien trop longtemps oubliés, j’ai été tout à fait ravi de l’accueil qui a été réservé au film et aux tournées de chacun qui en ont découlées.
Me reste une belle contrariètrie, mes ti papys à moua, ceux qu’ont jamais eu droit à leur film, ceux dont les tournées ne se sont jamais passées que dans des clubs, pour un public conquis, sans affiche, sans presse, sans passage radio, sans rien, l’histoire de leur vie !




                  Alcatraz under the burnin’ sun




L’histoire nous rappelle encore aujourd’hui les turpitudes d’une île comme Cuba, on pourrait la croire maudite mais alors que penser de sa toute proche petite sœur, juste à coté, l’île aux pirates, la Jamaïque ?


Je veux pas causer de Ska, Rock Steady ou Reggae, ni de musique particulièrement. De Chanteurs, rien que de chanteurs, au plumage peut-êt’ un peu en vrac, aux couleurs passées mais au chant si mélodieux, si beau, profond et pourtant étouffé.


Si j’ai tendresse pour les chanteurs j’l’ai aussi pour les compils, des Formidables Rhythm & Blues aux Testament du Rock, et bien sûr aux douceurs de chez Treasure Ile et Studio One, Beverley’s ou High Note même quand pas très joliment éditées par Trojan.

J’en possède une qui me flatte tout particulièrement, m’attendri et me rappelle la connerie toute humaine. Hits Revival, The original Hits by the Original Stars, K-TEL NE 1363, une de plus oui, avec les habituels Jackie Wilson, Sam Cooke, James Brown, Martha & the Vandellas, Four Tops, Supremes et surtout, ce qui aux oreilles de doux crétins pourrait passer pour une hérésie, une vilaine farce ou tout simplement du bourrage de sillon, Monsieur Ken Boothe !
Ouais, un de ces oiseaux qui vous sifflent les mêmes douceurs mais sous d’aut’ latitudes.
Combien sont ils tous de la même époque, bercés par les mêmes influences, du chant religieux au Rock’n’Roll mais tous nés au mauvais endroit ?


Si le Ska ne me laisse pas de glace, le Rock Steady lui m’envoie carrément dans un aut’ monde, des Chanteurs tous plus magnifiques les uns que les aut’, des Trio Harmonics comme si l’en pleuvait, et je peux pas m’enlever d’l’idée que ces braves gars sont nés avec le pire boulet arrimé à leur pied, «Working on a Chain Gang» !

Combien j’aurai adoré qu’sur chacune de mes compils on me renvoit dans les cordes, demi-sonné, dans un aut’ monde, comme quand tu t’en prend un en pleine poire, que tu l’ai vu ou pas t’arriver, ce moment où tout se trouble, le monde fonctionne au ralenti, les sons t’arrivent complètement d’ailleurs et alors le moment un peu décisif, où tu te laisse tomber comme une veille chaussette ou tu te secoue et te reprend en main, quoua qui n’y’a, qu’est-c’que c’est ??
Combien j’aurai aimé trouver sur une compil Rock un morceau de Soul, Funk ou je n’sais quoi ! Un truc qui t’oblige a chercher, à t’ouvrir.



Bien sûr y’a toutes les reprises, j’adore la version de Shinehead du «Answer Me» de Nat King Cole sur une rythmic toute vide et semi-digitale concoctée par les studios Jamaicains du milieu 80, brûle tout dedans à cette version du «Mr Fire Coalman» de Stiff Little Fingers du premier album des Wailing Souls chez Studio One, fond comme un triste bout de chocolat à cette délicieuse reprise du «Over the Rainbow» par le Magnifique Gene Vincent, qui ne le ferait pas ?
Ouais mais toujours des reprises, elles nous ont aussi ouvert les oreilles, qui pourrait aujourd’hui honnêtement se vanter d’avoir ouie le single de «Police & Thieves» avant le premier album du Clash, ou l’original «Armagedeon Time» de Willie Williams ?


Bien sûr qu’elles ont ouvert les oreilles mais cette petite « indélicatesse » ou « délicieuse attention » qui te pousse en avant.
C’est aussi par de trop nombreuses reprises que ces artists de cette île maudite ont pu traverser l’atlantique et se faire connaître, un peu, dans un circuit trop fermé, alors qu’ils méritaient de figurer sur l’intégrale des Formidable Rythm & Blues.
A quelque miles d’Atlantic City, quelques encablures de chez Stax, quelques minutes supplémentaires de vol de chez Motown, devant un micro, dans un studio moite en enfiévrés, des trésors de chanteurs et de chansons, des vraies, bien écrites et orchestrées, ont été enregistrées par des types dont les tripes avaient le même assaisonnement que des Sam Cooke, Otis, Ben E. King et autres Aretha Franklin ou Four Tops, jouées par des types aussi virtuose que les MG’s de Booker T ou les Funk Brothers mais ces trésors sont restés enfouis, jetés, méconnus, mésestimés ou tout simplement rejetés parce que pas ou mal promotionnés, et pourtant, mon Ken Boothe est tout à fait à sa place sur la compil.



Q’aurait été l’existence d’un Delroy Wilson, Alton Ellis, John Holt, Toots Hibberts, Slim Smith, Pat Kelly, Phyllis Dillon, Marcia Griffiths, les Gaylads, Carlton & the Shoes, les Techniques, le génie musical d’un Don Drummond, Roland Alphonso, Jackie Mittoo… j’vais pas tous les citer, sont trop nombreux.
C’est comme si y manquait tout un chapitre à la musique, à la chanson et là encore une fois je parle pas de musique « Jamaicaine », de Rock Steady ou de Dancehall, non, de musiciens ou de chanteurs, de Talents.
Un chanteur aussi talentueux que Jimmy Cliff n’est connu ou reconnu que pour de tristes médiocrités Reggae nightisante, sincèrement, prenez le temps d’écouter ses prods de début 60 !
La dernière fois que j’ai vu Toots sur scène c’était dans un club toutm‘nab’ de Toulouse où faute de réservations, personne ne réserve ses places de concert à Toulouse, et surtout pour des clubs tout rikiki, le show a été interrompu par le déclenchement vengeur de l’alarme incendie qui a littéralement écrasée la fausse sono du club ! Une vraie de location, sans la garantie des réservations eu été trop onéreuse sans doute !!
Alton Ellis , pourtant fréquent sur scène en Angleterre a du se contenter d’un mini club et de mini flyers distribués chez les disquaires du coin pour sa dernière apparition en France à bordeaux.

Tout ces gens auraient mérités la tête d’affiche de l’Olympia, de putains de vraies salles de concert et surtout d’une honnête reconnaissance, d’un vrai respect.
Les deux tiers de ceux cités plus haut sont morts, dans un asile suite à une dépression, comment ça une dépression, sous le soleil ? Dans le parfait anonymat d’un hôpital de banlieue anglaise ou yankee, des fois juste chez eux, leur éternel chez eux, celui dont ils n’ont jamais pu décollés, les bidonvilles de Kingston, de l’Alpha Boys School, Orphelinat qui les a vu grandir et souvent recueilli avant la fin à leur maison, et oui, dans le Ghetto, simple et humble où seul un dallage un peu onéreux sur la terrasse te rappelle que le type a eu un jour un hit.

En gros oualà, j’ai une putain d’douceur pour les chanteurs, de Dean Martin à Alton Ellis, et une putain d’rancœur, toujours ce pourquoi !

J’ai de plus en plus peur que l’étiquette qu’on colle aux individus fasse oublier qui y sont, qu’un bon Chanteur n’est pas un artiste de Rock, Variété, Soul ou Reggae, c’est un bon Chanteur Point !

C’est sûr c’est pas l’top des exemples pour le chant, mais quel dommage y doit-êt que quelqu’un ait pu passer à coté d’un Joe Strummer parce qu’il n’apprécie pas le son du Clash ou des
Mescaleros, passer à coté de la douceur des chansons d’Alton Ellis ou Delroy Wilson, de ce chant implacab’ que vous souffle Monsieur Leroy Smart rien que parce qu’il s’agit de chanteurs immatriculés Reggae, Merde, ce sont tous des Chanteurs, des types qui savent, qu’ont su, émouvoir avec leur seul arme, leur voix, et le tout poussé par la merde du monde dans lequel y vivaient et c’est allègrement chier sur l’histoire que d’occulter tous ces types qui ont mis tant, donner tant, exprimer tant sur quelques minutes d’une bande sonore ! 

J’aime trop les arbres, et y’en a tant, pour m’arrêter devant l’premier, aussi chouette soit-il, aussi important soit-il, y peut pas cacher la forêt et j’aime les forêts parc’que dedans tu peux y fredonner des Chansons !!

                                                                                           7red