Mettez ça sur le compte
de l'automne, sur celui du temps qui passe, mais tandis que les
feuilles mortes offrent un tendre baiser au bitume, des sons
reviennent irrémédiablement hanter mon cerveau, des sons comme des
caresses de larmes, les sons de Cherche pas à comprendre de la Fonky
Family, de Jamais trahi du Puzzle, Je lève mon verre de Shurik'N,
Belsunce breakdown de Bouga, Fait comme un rat dans l'coin de Fabe.
Les sons d'un an 2000 qui ne ressembla jamais à celui des promesses
de l'enfance.
Et les images viennent en
suivant, celles d'un petit matin toulousain à partager les yeux
humides avec 7red, après une nuit blanche, alcoolisée, enfumée et
nourrissante en émotions à chérir. Une nuit à écouter les
productions marseillaises, une nuit sans bavardage inutile. Pas
besoin. Une nuit de trentenaires écorchés, usés, submergés par un
énième fait divers en forme de môme mort dans une voiture volée,
flingué par un stagiaire de la bac. Ô pas de discours anti-flic,
juste marre de voir ça, une fois
encore. Larmes de fatigue. Un môme en uniforme de flic tue un môme
en uniforme de B.boy, deux vies mises sur le carreau d'un doigt trop
nerveux sur une gâchette qui n'aurait jamais dû se trouver là.
Contexte.
Les images de Comme un
aimant suivent dans l'esprit. Foutu film que voilà. Un blues de l'an
2000 pour causer à notre génération, à ceux qui à ce moment là
tenaient encore debout sans avoir besoin de se charger pour ça. Ceux qui
ont garder la tête haute tenue. Et pour les autres aussi. Ceux qui
manquent, sans espoir de les revoir un jour, ceux calés au chaud
dans neuf mètres carré, ceux que la famille à laissé en chien,
ceux qu'en n'ont jamais eu.
Soyons honnête le film
d'Akhénaton et Kamel Saleh n'est pas un chef d’œuvre, ni même un
succès, les salles le vireront de l'affiche la veille de la fête
du cinéma...sûrement inquiet à l'idée que des minots viennent
s'instruire. Comme un aimant n'est pas franchement original non plus,
la preuve il finit mal. Arrivé là je pourrais faire une phrase
tonitruante en affirmant qu'il est bien plus que ça mais je suis
trop blasé pour ça.
Comme un aimant se trouve
un peu partout pour une pincée d'euro et ce serait con de votre part
de vous en priver plus longtemps. Parce que Titoff y crève l'écran,
ouais le rigolo de la petite lucarne, en paumé animé par le fric et
la flambe. Surtout la flambe parce que niveau fric à tout dire c'est
pas ça. Forcément les dettes, l'impasse, le déshonneur au final.
Parce que Freeman est beau dans la nuit marseillaise, parce
qu'Akhenaton joue comme une patate mais qu'on s'en fout, parce que
Kamel Saleh, alors que s’élèvent les voix d'A filetta, déverse
l'essence sur cette colline devenue ville de tous les sentiments
qu'un homme ne peut supporter sans broncher, sans être atteint,
marqué au fer. Parce que rarement gâchis n'aura été aussi
cinématographique. Une mère qui meurt, les chevaux de bois de La
canebière qui tournent inlassablement en rond. Comme les
protagonistes du film. Comme la musique faite de boucles,
indissociable des images. Jamais une B.O n'aura autant collé au
spleen dégagé par l'histoire, du moins pas depuis Il était une
fois dans l'ouest.
Akhénaton et Bruno
Coulais, atteint par la grâce, ont réuni quelques unes des plus
belles voix de la Soul, des musiques somptueuses, des rappeurs et
tous ont envoyé l'émotion à l'unisson. Millie Jackson, Shurik'N,
Coloquinte, Marlena Shaw, Isaac Hayes et ce Cunnie Williams dont
j'aimerai avoir des nouvelles tellement son Life goes on coule dans mon
sang, chacun d'eux nous fait partager un frisson si unique que le
disque reste comme l'un des plus beaux jamais issus de l'hexagone.
Pas moins.
Comme un aimant ne raconte rien, il montre, pudiquement.
A vous de voir.
Hugo Spanky