vendredi 10 juin 2011

DAVe STeWART

I FEEL THE BLUES IN MY BONES


Décidément l’air de Nashville a la particularité d’être une source d’inspiration inépuisable pour les musiciens de tous bords. Même les plus improbables. Tout le monde connaît Dave Stewart, la moitié du duo tristement célèbre des années 80 Eurythmics. Alors qu'ils nous ont pollué les oreilles avec leurs tubes indigestes saturés de synthétiseurs horripilants et traumatisé la vue avec leur tenues vestimentaires ridicules, depuis la séparation du groupe Mr Stewart a vaguement fait illusion avec The Spiritual Cowboys et s’est ensuite lancé dans une carrière de producteur guère convaincante (les pauvres Ramones, notamment, ont bien regretté d’avoir fait appel à ses se(r)vices…). Bref, le bonhomme nous a plus pompé l’air qu’autre chose. Et là, comme quoi tout peux arriver, il nous délivre un album remarquable.


Nommé The Blackbird Diaries, et enregistré à Nashville donc, Dave se débarrasse enfin de ses tics de productions pénibles (exit les effets sonores aussi pompeux que nazes) et se met à la sobriété. Totalement laid back, son opus bénéficie d’un mixage et d’une production exemplaire qui fait ressortir à merveille son instrumentation old school. Les guitares sont à la fête sur ce disque : tantôt rock, tantôt country (acoustique, pedal steel, slide) et tantôt blues, elles sont l’ossature maîtresse des morceaux. Un piano bienvenu accompagne tous les titres et leur apporte un supplément d’âme. Des chœurs féminins rehaussent encore plus l’ensemble.

Un chapelet de titres se détache largement du lot. Le disque commence par un morceau Stonien, le dénommé So long ago qui avec son enchevêtrement de guitares (trois au compteur ; ce qui sera d’ailleurs le cas sur toutes les compositions du lp), son piano, son wurlitzer et ses chœurs démarre les hostilités de bien belle manière.
Beast called fame, classic rock de haut vol, continue sur la lancée puis déboule LA splendeur de cet opus, Magic in the blues. Tout en nuances rythmiques élaborées (fait d’accélérations brusques et de période d’accalmie) et de teneur électroacoustique ce titre, avec sa pedal steel rageuse et son violon, est Dylanien en diable et le break bluesy qui le caractérise a le don d’autant nous étonner que de nous charmer. Bref, une merveille.

Vient ensuite, All messed up, une ballade country rock, avec Martina McBride en accompagnement vocal, qui est basé sur des arrangements de toutes beautés aux claviers et au violon (tous ces instruments travaillent à l’unisson pour un résultat tout en finesse). Du velours.
Sur Cheaper than free, une autre ballade à l’atmosphère nettement plus désenchantée, c’est Stevie Nicks  qui fait la différence.
L’autre moment fort du disque ce nomme One way ticket to the moon. Ce mid tempo se singularise par l’utilisation d’un accordéon et l’apport de chœurs célestes assurés par The Secret Sisters. D’une nature bucolique et champêtre, ce titre nous fait songer à une délicieuse nuit d’été se déroulant sous un clair de lune étoilé alors qu’une rivière s’écoule tranquillement à quelques mètres de là.
The well, autre mid tempo saisissant, nous envoûte avec ses faux airs moriconniens et son tempo qui s’aventure, par courts instants, vers les rives du reggae.


Avec Country wine (encore avec The Secret Sisters), c’est le son des country song 70’s qui se rappelle avec joie à nos esgourdes.
D’autres compositions, bien qu’exécutées avec maestria, se révèlent plus anecdotiques mais elles n’entachent en rien la réussite de cet opus qui a le mérite de ne pas sombrer dans les travers d’une production putassière. D’une nature humble et ouvragé, ce disque est tout simplement un bon album pour lequel on conservera toujours du plaisir à le poser sur la platine. Ce qui est déjà énorme en soi par les temps qui courent d’indigence musicale prononcée ou la production discographique se montre aussi interchangeable que jetable.