mardi 19 novembre 2019

BEaT THe BoOTs !



Moustache Acte II. Pris dans le tourbillon zappaien, je me faisais bouillir le cerveau à coup d'albums gigantesques, enregistrés par des musiciens comme on n'en rassemblera plus jamais deux sur une même scène. Des trucs chiadés au possible, assemblages savant de bandes live découpées au scalpel. Zappa maitrisait comme personne les montages, dès qu'il en eu les moyens chaque concert était captés en 24 pistes, rien que ça. Après quoi, vas-y que j'isole une basse, un marimba, une guitare et que je te colle ça sur d'autres rythmes, d'autres mélodies, le tout saupoudré de péplums de cuivres, de percussions zoulou. Que sais-je ? En tout cas, j'étais épaté. Zappa avait même inventé un terme pour cette technique, la xénochronie. Des siècles avant le sampling. La liste des albums qu'il a construit de cette façon est fastidieuse, parmi les plus connus Shut Up And Play Your Guitar et une large partie de Sheik Yerbouti. Des créations abouties, pharaoniques, éblouissantes. J'en étais là, subjugué.

Et voila qu'au hasard d'un dossier venu satisfaire mon gargantuesque appétit pour ces délectations de salon, un morceau de barbarie bien rance m'a ramené à l'essence même de la vibration qui nous transperce, d'une même fulgurance, le cœur et l'esprit. De l'écho sur les toms, des voix qui disparaissent dans la sono, une guitare qui racle, crache, éructe. Un machin enregistré à l'arrache sur du deux pistes cradoque qui te chope par le colbac et t'aligne pour le compte d'un vivifiant coup de boule. C'est quoi que c'est que ça ???  


Beat The Boots que ça se nomme, aucune bonne manière, du 100% frelaté, garanti cérumen en éruption. Un peu de mise en contexte : A la fin des années 80, Zappa est proche de la banqueroute à la suite d'une tournée annulée, de projets onéreux qui ne se concrétisent pas, de ventes d'albums en baisse constante. Les solutions pour retrouver un peu de finance se réduisent au fur et à mesure que le crabe le ronge. 
Embaucher des musiciens pour les faire répéter à grand frais durant des mois en vue d'une hypothétique nouvelle tournée est devenu luxe impossible. Zappa n'a plus de label et aucune assurance ne couvrira un cancéreux souhaitant parcourir le monde pour s'afficher devant des salles à moitié vides.

Alors merde, puisque le bon peuple achète à plein tarif des albums pirates de ses concerts, jusqu'aux plus anciens, sans qu'il ne touche un radis sur les ventes, puisque s'emmerder à numériser des masters ne sert à rien sinon gonfler les hypothèques, qu'il en soit ainsi. Zappa décide de regrouper huit bootlegs dans un coffret et de commercialiser la chose telle quelle en 1991. Le public ne se ruinera plus et lui touchera sa part du gâteau. La belle idée que voila. Tellement bonne que deux autres coffrets suivront l'année suivante.

Quel intérêt me direz-vous ? Voila un ramassis d'albums tellement dépourvus de post production qu'ils ne sont même pas mixés ! Zappa a tout laissé en l'état. Il a pris des bootlegs vinyls, les a transféré sur cd et c'est marre. Les titres s'interrompent parfois en plein milieu, la cassette était en bout de bande. Dans le même ordre d'idée, une intro passe à la trappe au bénéfice d'un moment d'extase que le bootlegger a jugé plus crucial. Zappa n'a absolument rien retouché au travail de sagouin, tout baigne dans son jus. Le son est ce qu'il est. Tantôt très bon, comme sur l'excellent Anyway The Wind Blow qui donne à entendre l'intégralité du concert de 1979 à l'Hippodrome de Paris, ou crapouilleux sur le très dispensable Freaks and Motherfuckers, captation de 1970 de la formation avec Flo & Eddie, pas franchement ma préférée. 'Tis The Season To Be Jelly, c'est encore autre chose. Zappa salement touché par une gastro laisse les Mothers de 1967 meubler durant ses absences lors d'un concert suédois qui les voit reprendre du Elvis et le Baby love des Supremes entre quelques extraits de leur maigre production discographique (Freak Out et Absolutely Free) agrémentés de Doo Wop (Gee). On est loin des ambitions de musique savante, pourtant les gars trouvent moyen de coincer du Tchaikovsky dans le fourbi. Une version de 17 minutes de King Kong les place en plus sérieux concurrents des Doors, c'est bordélique à souhait, les bandes sont découpées avec les dents et recollées avec des moufles, un vrai bonheur.


Saarbrucken 78 est du calibre du concert à l'Hippodrome de Paris, le son est celui des halls de gare des 70's qui nous servaient de lieux de cultes, celui des Palais des Sports qu'on a si bien connu. Puissant ! En entendant ce barouf tout revient à l'esprit, les stands de badges, les affiches vendues à la sauvette sur le parking, l'odeur des américains ketchup/moutarde avec le jus des brochettes qui pisse sur les baskets à lacets rouges. Aucun Live remasterisé du monde, trafiqué post opératoire, gonflé aux stéroïdes, nettoyage Dolby, mes couilles sur la console 52 pistes, ne fera fonctionner la machine à remonter les méninges aussi bien que ce monstre de foire digne du marché de Vintimille. Là oui, on y est, zéro camouflage, réverbération au taquet, guitare cradingue en embuscade et les frappes de Vinnie Colaiuta démultipliées par l'architecture métallique. On dodeline une bière à la pince, saoulé par les watts, déchiré par les feedbacks, émerveillé d'être là. En écoutant ça, je sais pourquoi je ne vais plus dans les concerts. Ils ne nous veulent plus assez de mal.
La version de Pound for a brown est du genre à me faire rationaliser par le vide, rendre obsolète la moitié de mes disques préférés. Mazette, faites place au speed jazz métal ! Et ça ne s'arrête pas là. Après un Bobby Brown expédié sans suivi, voila une nouvelle effusion de lave avec Conehead. Tous les efforts tape à l’œil mis en scène pour nous faire croire qu'en 2019 la musique vibre encore sont foutus en l'air d'une pichenette, je paye mon poids en piments d'Espelletes à qui me trouve un groupe actuel capable d'envoyer une telle décharge. Il y a tellement de vie là dedans.


Pour Unmitigated Audacity faut faire l'effort d'accepter la médiocre qualité du son, mais bordel ça vaut le coup. On est en 1974, en formation commando réduite à l'essentiel, deux batteurs mais pas de Ruth Underwood aux maillets. C'est le versant obscur de Roxy & Elsewhere, tout est dans le groove et le grain de folie, le répertoire va piocher jusque dans We're Only In It For The Money. On est largement dans le documentaire archéologique, je ne vais pas vous bourrer le mou. A l'antithèse se trouve Piquantique, Ruth Underwood est bien là, Jean-Luc Ponty aussi et George Duke pour faire bonne mesure niveau virtuoses. On est en 1973, c'est avant-garde toute avec des versions bataille dans le cosmos de Dupree's paradise et Father Oblivion. Le son est bon (1973 et c'est un bootleg, hein), le répertoire est oblique, la formation est interstellaire, si Piquantique était paru officiellement en son temps on se prosternerait devant. Je vous colle le lien d'un équivalent vidéo en fin de prose capté par la télé allemande (ou suédoise, je ne parle ni l'un ni l'autre mais le présentateur vaut à lui seul le coup d’œil, au moins autant que le costard très chic de Zappa).


1969 dans un club de Boston, The Ark écrit la légende.  
52 minutes, dotées d'un son de qualité pro, des Mothers originelles avec Motorhead Sherwood, Don Preston, Jimmy Carl Black, Roy Estrada (dorénavant emprisonné à vie) et toute la clique d'allumés. Le répertoire offre de l'inédit, Some ballet music qui préfigure The adventures of Greggery Peccary, du groove bagarreur (My guitar wants to kill your mama), du Doo Wop supplicatoire (Valarie), un embrasement des sens avec le medley aux échalotes Uncle Meat/King Kong et un rhythm & blues de fête de lycée, Status back baby, avec pile ce qu'il faut de perversion pour honorer les cancres qui se curent les dents au stiletto plutôt que le couple de monarques de la soirée. On est loin de la rive, très loin, quelque part sur un océan ignoré des cartes entre la virulence de Chunga's Revenge et le dadaïsme forcené de Weasels Ripped My Flesh. Indispensable pour les uns, insupportable pour d'autres, la nécessité est mère de l'invention.


Le dernier du lot, As An Am est à l'appréciation de chacun. Période 1981/82, celle avec Steve Vai, régulièrement dénigrée par les Zappatologues intégristes pour cause de vulgarisation immodérée. Perso, j'y suis heureux comme un cochon dans sa merde. C'est mon côté bling-bling, hardos à gourmette, qui ressort. Le disque en lui-même tient surtout pour les démentielles 9 minutes d'une version de Valarie toute en guitares hurlantes et les 11 consacrées à un Torture never stops qui porte bien son nom. Le son fait saigner les tympans, les synthés sifflent les rares fois où les guitares vous laissent quelques secondes de répit, c'est crétin comme un concours de bites, ça parade comme seule une bande de ritals peut le faire et celui qui pisse le plus loin gagne le droit de fanfaronner plus fort que les autres. Avec Freaks & Motherfuckers, c'est le bootleg le moins indispensable du lot, n'empêche que j'ai mis trois plombes à m'endormir après me l'être injecté au casque pendant que Milady servait de demoiselle d'honneur à un couple d'agriculteurs.


Beat the Boots n'a franchement rien pour plaire, un coffret à la con avec huit machins sursaturés dedans. Faut être dingue pour acheter ça et déjà pas bien net pour le télécharger et pousser le vice jusqu'à l'écouter. C'est bruyant, régulièrement crispant, ça vous colle des spasmes nerveux dans les guiboles et il y a de fortes chances pour que vous passiez pour un jobastre en braillant en choeur sur les titres doo wop. Il y a là dedans plus de branlettes de manches que dans l'intégrale de Joe Satriani et personne n'a jamais osé plus loufoque. On n'y croise pas toutes les musiques du monde, mais un paquet de celles qu'on aime au moins équivalent à celui de celles qui nous horripilent. Et arrivé au bout, on les aime toutes ! Encore faut-il arriver au bout.


Pour les plus téméraires, le Volume 2 de Beat The Boots contient sept autres folies du même acabit parmi lesquelles Swiss Cheese/Fire, le fameux concert au Casino de Montreux en 1971 qui inspira Smoke on the water à Deep Purple. On y entend les derniers instants de musique d'une salle devenue mythique et l'annonce faite par Zappa demandant au public de sortir calmement. L'enregistrement se poursuit durant plusieurs minutes, témoignage de l'absence totale de panique chez les Helvètes, au point qu'un roadie à l'accent typiquement trainant se laisse entendre dire en français des Alpes "On ne va pas se grouiller, il faut absolument que je range les microphones". Unique.

Hugo Spanky




23 commentaires:

  1. suis pas un spécialiste de Zappa,il m'a toujours fait flipper, capable de genie et dans la seconde d'après du nawak complet :) j'y arrive pas, bizarre.
    Are you hung up ?


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    1. Je te comprends, j'ai fait le même blocage que toi pendant des siècles, et puis j'en suis là. Et finalement c'est peut être ce qui a fini par me plaire le plus, ce saccage. Le mec te torche un truc minutieusement élaboré et l'instant d'après il salope le tout en collant une moustache à La Joconde. Je crois que c'est de l'humour, en fait, Zappa admirait Lenny Bruce autant que Varese, ça doit venir de là. Je ne vois pas d'autre explication )))
      What does that mean ?

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    2. Ma, chuis d'accord pour partie avec toi, mais y a pas de mal à flipper ...
      Y a pas d'mal non plus avec Zappa à bouffer à la carte, moi je suis fan de 5 ou 6, allez 8, de ses disques et ça me suffit, faut être aussi dingo qu'Hugo pour se cogner ces 6 CD boots !
      Mais par contre merci pour la balade, je me suis régalé à te lire et maintenant j'ai l'impression de les avoir écoutés ces CD. Sans la souffrance physique ...
      Y a quand même un truc : au prix où il est le piment d'Espelette (ouais ça s'écrit comme ça), tu prends de gros risques.
      (J'ai vu Zappa en concert en 79 à Bordeaux, dans mon vague souvenir c'était bieeen moins drôle qu'en Suède en 73)

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  2. Zappa, c'est plutôt compliqué... et ça le reste d'ailleurs.
    perso j'ai été fan absolu dans les années 70 et 80, puis j'ai commencé à décrocher - tellement barré en tous sens qu'il fallait suivre.
    ces temps je suis revenu dessus car je le fais jouer à mes élèves et forcément ça ravive la mémoire, ça réinterpelle et comme il faut expliquer, on reprend conscience du génie du bonhomme.
    à l'époque où j'en étais fan Zappa c'était un budget... des albums à raison d'environ 4 - 5 par an , souvent doubles, fallait vraiment aimer pour casser à ce point la tirelire, et en sauter des repas de midi pour économiser sur l'argent de poche filé par les parents pour le casse dale en mode externe.
    j'aimais donc zappa...
    finalement j'aime toujours, pas autant mais avec beaucoup plus de recul... et l'analyser de façon assez méticuleuse permet de mieux saisir les entrées multiples face à son art, son jeu de guitare légendaire, ses dérisions, ses axes créatifs aux influences évidentes (sans parler des dérisions, justement qui s'ajoutent à ces influences...), son sens de l'écriture et de la structure, du développement, qu'il écrive pour son groupe (avec toujours des pointures) ou pour un symphonique (boulez, LSO/nagano, orchestral favorites, wazoo...).
    bon t'écoutes pas ça tous les jours et en boucle, mais une fois que c'est reparti en fait, on se réapproprie vite ces espaces chargés de cartooning, de pur blues, de funk torride, d'écritures loufoques, de reggaes déjantés, de symphonisme moderniste et de tant d'allusions à ce qui l’entoure et le cerne musicalement à chaque décennie...
    apostrophe a été mon premier... après, je ne sais plus... j'en ai tellement acheté... et écouté.
    ce coffret, ça m'interpelle, forcément alors je vais aller creuser ça, d'autant que le concert de montreux, m... si ça c'est pas une légende !

    ps inutile : (j'aime pas les moustachus... toujours l'impression qu'ils se planquent derrière qq chose... tiens donc...)

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    1. Je serais curieux de te lire plus longuement sur le sujet, ce que tu en dis est très juste. Les analyses qui en sont faites sont régulièrement passionnantes et quasi systématiquement très personnelles, ce qui, pour moi, est signe d'artiste de qualité, lorsque l’œuvre permet différentes approches. Zappa a réussi son coup à ce niveau là aussi, aucun consensus possible, ce qui fait un bien fou.
      Curiosité également d'imaginer comment on peut apprendre Zappa à ses élèves, en suivant quel chemin ? Quelles sont leurs réactions comparativement à celles qu'ils ont pour des artistes disons plus académiques ? Je ne suis pas musicien, mais il me semble qu'avec Zappa l'intention que l'on met dans les notes est aussi importante que les notes elles-mêmes. Il passe par tellement de registres. Remarque que c'est peut être le cas pour tous.
      Tu l'as pigé, je ne rechignerai pas devant un article fleuve sur ton blog.

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    2. Ecrire un article sur Zappa est quelque chose qui me titille depuis un sacré moment, le seul problème est le temps à y consacrer car ça demande du recul, de l'écoute et de la réécoute, de l'analyse, etc... bref, assez monumental - à la retraite peut être... j'ai le même pb avec miles, d'ailleurs...
      Mais qui sait ? il peut me passer une lubie...
      Zappa est un artiste qui se "mérite", il faut l'aborder avec différents états d'esprit parfois pour en saisir une substance intéressante ou du moins qui accroche selon ou pas, certains, ça c'est aussi un point intéressant.

      Le chemin à suivre pour des élèves est finalement assez simple...
      le langage du blues est chez Zappa récurent, son jeu de gratte laisse pantois et il use de la wah wah comme peu d'autres si ce n'est de façon unique - donc déjà (si en plus tu le connectes à Vai) tu te récupères l'intérêt des élèves guitaristes. ils aiment bouger les doigts sur le manche en ados rebelles qu'ils sont.
      Immédiatement cela les interpelle, car ils sont en recherche d'idées de nouveauté et d'ouverture.
      Pour les batteurs c'est idem (Bozzio, Wakerman, Dunbar, Colaiuta... là c'est bon, ils en ont pour leur heures de travail à faire)...
      Pour le reste idem (Duke, Jobson, Underwood, Breckers...)
      Donc avant tout de la zic et des musiciens de haute volée.

      Puis choisir un titre qui peut ouvrir vers son univers, où il y a écriture et impro, bref le choix est vaste...
      pour eux (en me référant à leur degré en cycle, leur age, etc...) ça a été chunga's revenge , d'autant que la version du gotan project m'a permis une passerelle vers un autre domaine, puis on a bossé aussi king kong et on a décrypté Andy pour les plans de guitare et la complexité d'écriture et des trucs à réinjecter dans les impros, car il faut attraper du langage mimétique avant de se dépasser... il faut aussi prendre ça en considération comme "culture".
      donc,
      apostrophe album est passé à l'écoute moulinette ainsi que inca roads et roxy, ainsi que NY, le disque avec boulez, celui du lso et orchestral favorites, king kong ou encore waka et bien sur wazoo (blessed reliefs...) et je leur ai filé le book de shut up (aux gratteux)...

      puis j'ai en perspective pink napkins pour un soliste, juste histoire de choper ce phrasé si particulier.

      avec chunga's j'ai pu leur faire explorer le free jazz et le free tout court.
      la démarche de cet artiste a vraiment interpellé les ados (15-18 ans) car ils sont justement désormais lassés de ces musiques au km dont ils ont compris (car on leur explique) toutes les ficelles et qu'ils savent jouer en deux, deux...
      ils ont besoin d'autres choses et d'exemples qui permettent de penser qu'on peut et doit oser et qu'en rock (réducteur ce terme ici, mai bon c'est l'axe d'entrée pour les ados) si il l'a fait et a barré le truc, alors, c'est possible, le tout est d'oser et de se lâcher.
      je le vois au quotidien, les jeunes qui s'embarquent dans la musique évoluent et veulent faire évoluer les choses.
      on a bossé pour ça depuis quelques poignées de décennies et enfin, je crois que ça se dessine concrètement que cette envie de créer "autrement"...
      l'éducation jazz dans les conservatoires n'a pas fait son boulot correctement et s'est enfermée directement dans l'académisme justement...
      en musiques actuelles on a tenté de faire autrement et je crois que dans certains endroits les frontières bougent sérieusement.
      et pour l'intention musicale - pas que chez zappa, c'est en fait mon cheval de bataille - on doit être impliqué dans ce qu'on joue et s'investir dans chaque note...
      tout un programme.
      à+

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    3. Maintenant que tu le dis, le blues, la wah wah, j'imagine bien la façon dont ça doit les (z)appâter.
      Les batteurs doivent souffrir, j'ai parfois l'impression que Zappa leur en voulait tout particulièrement. J'écoute Paroxysmal splendor sur le live Chicago 78 en écrivant, Vinnie Colaiuta fournit des exercices pratiques pour les plus courageux. C'est un des grands talents de Zappa que d'avoir toujours su déceler l'excellence chez des musiciens souvent en devenir.
      Ton approche de l'enseignement et l’intérêt des ados sont des motifs d'espoir, je ne te cache pas que je suis assez déprimé par la production actuelle, tous styles confondus )))) Un nouveau conservatoire (rien que ce terme, ça me fout les miches) va ouvrir à Sète et je me faisais la réflexion de ce à quoi ça pouvait bien servir, sinon à usiner des lecteurs de partitions pour garnir les rangs d'orchestres sans créativité, au répertoire figé. Tant mieux si parmi la nouvelle génération quelques uns ont ne serait-ce que l'envie de s'extirper du cadre académique, voire de le foutre en pièce. Je n'imaginais pas que ce soit encore envisageable.
      Chunga's revenge, bizarrement, ne pas encore vraiment interpellé. Je dis bizarrement parce qu'il dégage une intensité rock qui devrait me parler avec évidence, pourtant j'en suis encore à le trouver brouillon. Faut que je me repenche dessus.

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  3. Pareil que Ma : jamais rien pigé à Franky !!!

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    1. Va pour Zappa, mais quid des bootlegs ? N'y a t-il pas un disque pirate (ou une cassette comme c'était souvent le cas) qui t'aurait fait découvrir un groupe sous son aspect le plus brutal, loin des manigances de studio ? Perso, c'est par un de ces enregistrements pirates que j'ai aimé Springsteen. Live in Amsterdam 1975 pour être précis, une pochette toute vierge simplement ornée d'un tampon. Encore moins chiadé que Live at Leeds, la pochette. Et le son était affreux. Mais puisque partout je lisais que c'était sur scène qu'il était le meilleur et que ses disques studio ne lui rendaient pas justice, alors j'avais choisi cette option. Et tu sais quoi ? Ils avaient raison. Là où Born to run avait échoué, ce Live tout pourri a fait le boulot.
      Du coup, j'ai accumulé les bootlegs, Lynyrd Skynyrd, ZZ Top (rocking the castle), Van Halen, Doors (une dizaine, facile dont quelques uns captés au Matrix à leurs débuts), Who (tout autant) et un paquet de Springsteen (Live et aussi studio pour dénicher ses titres inédits). Je m'étais découvert une passion pour les discographies parallèles. Fallait monter les watts, mais putain c'était le vrai truc.
      Là où j'ai été con, c'est de tout revendre des années plus tard durant une période de disette. J'en ai tiré trois fois rien et je m'efforce encore de les oublier.

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    2. Ah oui ! Les bootlegs !!! Led Zep, Lou Reed (chez Lyoko), les Stones (Brussels Affair)...

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  4. Merci pour ces échanges intéressants, la question pour ma pomme est de savoir si Zappa dans ces textes est au second degré ou pas ? j'amais compris la charge de Sgt Pepper's sur l'album We're only in it for the money, super album du reste.

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    1. Plus encore que du second degré, Zappa utilisait la satire. Il inventait un personnage, souvent détestable (pour le plus connu Bobby Brown) et lui faisait dire à peu près toutes les horreurs possibles. Ses textes sont des miroirs du comportement humain dans ce qu'il a de plus déplorable, traités par le prisme d'un humour féroce. Sa particularité (et on en arrive à We're only in it for the money) c'est qu'il faisait feu de tout bois et ne se reconnaissait dans aucune mouvance. Il dézingua le mouvement hippie avec le même enthousiasme que plus tard il le fera avec le punk ou la disco, en fait il s'acharna sur tout ce qui ressemblait à une pensée commune. We're only in it n'est pas à proprement parlé une charge contre Sgt pepper's en particulier, il utilise ce symbole parce qu'il est le phare du mouvement hippie à ce moment là, mais les texte s'en prennent à tout le contexte d'alors, flics, gourous, musiciens dogmatiques et bien sur le consommateur débile qui avale le tout sans manifester la moindre individualité. En cela il fut plus proche de Lennon, dont il était ami (il figure sur Sometime in New York city) que de McCartney (qui ne fit rien pour favoriser la parution de We're only, tout en ne l'interdisant pas -du pur Macca diplomate, quoi)))
      Le sexe est aussi un de ses sujets préférés, d'abord parce que c'est un tabou en Amérique et qu'il sait qu'ainsi il va faire réagir, et aussi par goût de la provocation outrancière (Lenny Bruce, encore). L'histoire du caniche devenu objet masturbatoire des femmes situe assez bien le personnage )))) Tout y passe, la scatologie, le comportement des rock stars et celui des groupies (Joe's garage), la bêtise de la pseudo libération sexuelle qu'il décrit, à juste titre selon moi, comme une invention de plus ne servant qu'à utiliser les femmes pour le seul plaisir de l'homme(cette fois avec leurs remerciements d'avoir été libérées en plus de leur consentement). Plus tard, il destinera ses tirs à boulets rouges aux hommes politiques, s'affichant comme opposant aux républicains (sans pour autant se reconnaître franchement dans les démocrates) et surtout ennemi farouche de la censure (voir son combat face au PMRC de Tipper Gore). Pour cela il inventera et incarnera là aussi des personnages racistes, homophobes et va savoir quoi encore qui vaudront à son projet de comédie musicale Thing Fish d'être cloué au pilori (et à lui d'être assimilé à l'homophobie via son titre He's so gay). Bref, Zappa rayon textes c'est aussi "compliqué" que rayon musique, et à ne surtout pas prendre au premier degré, ni au pied de la lettre.

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  5. tu crois qu'il avait des potes :)) bon je vais essayer de gravir la montagne,il y a la total sur spotify.
    thanx Ranx

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  6. Je déteste cette chronique, elle fout en l'air tout mes plans, je l'ai même lu + commentaires dans le silence absolu alors que la plupart du temps je lis lentement entrecoupé de musiques opportunes.
    Mais j'ai d'autres plans, et si Zappa en fait partie, c'est pas pour maintenant, non, non, non... Et puis cette idée d'aller trouver (où ça d'ailleurs?) et d'écouter Zappa brut, forcément, ça bouscule, on laisserait bien tout tomber... non, non, non.. j'ai d'autres plans et ta chronique est déjà, est aussi du Zappa dans l'esprit. Bousculement et dérangeatitude. Bon je me lave le cerveau, je nettoie ma mémoire, j'oublie et je passe à autre chose. (Faut que je pense à regarder ROXY ... Haaargh)

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    1. Ah, tu as des plans, tu as donc raison de rester vigilant, ces Zappa des cavernes pourraient bien ne plus faire ressembler à rien tout ce que tu écouteras en suivant. Faudra déjà réhabituer ton ouïe au confort moderne et ça ne sera pas une mince affaire )))) Je me suis réacclimaté à un semblant de normalité avec le dernier Lana Del Rey, j'y allais à reculons après la déception du précédent (qui n'était que muzak pour les foules) et j'ai été séduit. Mais voila déjà que mon esprit me dirige vers un dossier consacré à l'intégrale des œuvres au synclavier qui risque bien de me dézinguer la boussole pour de bon )))

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    2. Synclavier ?
      M... alors... tu vas faire côtoyer Ponty et Balavoine ?
      Oh purée, j'en frémis d'avance.

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    3. Figure toi qu'au milieu de tout ça, l'idée d'écouter Balavoine m'est venu à l'esprit pas plus tard qu'hier soir, sans savoir pourquoi, ni même qu'il utilisait lui aussi le synclavier. Sans doute que ma mémoire perceptive l'avait notée à mon insu )))
      Ceci dit, même si Zappa aboutissait à des résultats considérablement éloignés de l'Azziza, Balavoine m'apparaissait en son temps comme étant un de ceux dont le travail n'était pas sans intérêt. De là à coller du Ponty dessus, pourquoi pas ? Si mes souvenirs sont bons, il se réclamait souvent de l'influence de Peter Gabriel, Genesis/Chester Thompson/Zappa/Ponty, on a la connexion ))))

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  7. https://www.franceculture.fr/emissions/les-nuits-de-france-culture/extrait-instantane-pierre-boulez-et-frank-zappa-1ere-diffusion-09011984?utm_medium=Social&utm_source=Facebook#Echobox=1574759158

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    1. Extra, merci. Dans le domaine classique, les deux albums avec le London Symphony Orchestra dirigé par Kent Nagano et ceux avec l'Ensemble Modern de Francfort (Yellow Shark notamment et aussi le bootleg qui reprend l'intégralité de la représentation de 1992) sont encore meilleurs que celui avec Boulez (The Perfect Stranger). Zappa a bouffé tout son pognon pour faire interpréter ses œuvres par des orchestres symphoniques souvent rebutés par son image et ulcérés à l'idée de devoir collaborer avec lui, il connu plusieurs échecs ou déceptions (Zubin Mehta) et fut même censuré à Londres. Depuis sa mort par contre, il est régulièrement interprété et ses partitions trouvent doucement leur place au sein du domaine classique traditionnel. Il y a fort à parier que c'est cette partie là de ses compositions qui perdurera le plus. Il a contribué à donner une identité à de nouveaux interprètes et chefs d'orchestres qui désiraient s'affranchir du répertoire traditionnel et qui ont trouvé dans l'audace de ses partitions une manière de lier classique et contemporain.

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  8. je te remercie pas, dimanche matin au petit dej, j'ai envoyer du Zappa a la maiz, me suis fait défoncer par ma wife et ma fillote....

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    1. C'est normal, recommence dimanche prochain et encore les suivants, ça va finir par rentrer. Si besoin, mets leur en une dose le samedi aussi ))))

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  9. je vais attendre un peut,après ZAPPA,c'était Polanski et la, tremblement terre))

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  10. J'ai decouvert Zappa avec Roxy and elsewhere "par hasard" (Ado, on me disait que je lui ressemblais deja, de visage), il m'a fallu longtemps pour comprendre et apprecier, mais j'amais embeter mes amis a leur faire ecouter la loooongue intro declamee par le maitre, avant de partir sur cette musique bizarre, un peu rock mais sans queue ni tete pour mes gouts encore peu eclectiques.
    La video "does humor belong to music", me laissait encore plus perplexe, mais je me la regardais en boucle, fascine que j'etais pas... quoi?
    Le coup de grace vint un jour de ma mere qui m'a replique "j'aime beaucoup, c'est tres bien joue et ca sonne bien".
    Depuis lors, j'ai tente de me laisser pousser la moustache et je brandissais ma guitare SG rouge en laissant de cote Angus Young pour tenter vainement de reprendre les riffs impossibles du maitre. Et ce n'est pas fini.
    Merci pour cet article!

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