samedi 10 mai 2025

The wHo, eN ciNQ aCTes aVeC du BoRDeL auTouR


Vingt fois sur ton ouvrage, remets toi à l'ouvrage...ou un truc dans le genre. Depuis un mois, évoquer correctement les Who est passé successivement de vague envie à projet, avant d'atteindre le stade de l'obsession à symptômes handicapants. Au premier rang desquels l'écoute frénétique d'albums négligés depuis trop longtemps. Les évoquer tous me semblait fastidieux, en isoler un s'avéra impossible. J'ai donc fort logiquement abordé la carrière solo de Pete Townshend en attendant un signe, une inspiration. Un coup de téléphone, un fax, du morse, j'étais à l'affût.

Tu dois opter pour une compilation maison !  Oui ? Qui me parle ? Est-ce toi Pete Townshend ? Le fantôme de Keith Moon ? Meher Baba ??? Le mystère demeure. Le commandement, onzième du nom, n'en était pas moins pertinent. J'allais bâtir une compilation des Who. M'inscrire dans l'Histoire. Pour mener ma tache à bien, je devais établir des règles. Puis les transgresser. C'est dans l'ordre des choses. Les règles sont les mêmes pour tous et l'individu se distingue en les transgressant. 

Première règle : 20 titres et pas un seul de plus. Au delà l'auditeur perd de son attention, il devient impossible dans ces conditions de convaincre les récalcitrants. Vous pouvez placer Won't get fooled again en embuscade, ça n'y changera rien.

Deuxième règle : Trouver un morceau accrocheur pour entamer les débats. Et là, ça se complique. La chronologie voudrait que ce soit I can't explain, c'est leur premier single sous leur nom définitif. Autre argument de poids, c'est une tuerie dotée d'un riff et d'un tempo légendaire. Bien. N'empêche que ce serait prévisible. Je pourrais donc envisager d'utiliser une intro piquée à Sell Out ou encore Overture de Tommy, ce serait l'occasion de vanter le jeu de guitare acoustique de Pete Townshend. Pourquoi ne pas désigner un titre qui a lui-même une intro significative, comme Baba O'Riley Ce serait médiocre. Reprendre à mon compte un titre qui ouvre déjà un album est inenvisageable. 

Troisième règle : Définir où s'arrêter. Pour Pink Floyd, j'avais placé le curseur à The Wall. Pour les Who, nombreux sont ceux qui le placeraient à la mort de Keith Moon. Je suis tenté d'en faire autant. En conséquence de quoi, je serais privé d'Eminence front. Autant ne pas faire durer inutilement le suspens ; je réfute cette option. Si Pete Townshend avait, comme la logique le voudrait, inclus ce titre dans sa carrière solo, je serais d'accord pour clôturer les sélections à Who Are You, mais en l'état c'est impossible. Ce qui ne veut pas dire que j'irai jusqu'à prendre en considération Endless Wire et l'autre navet. Le curseur sera donc placé à It's Hard.

Quatrième règle : On ne va pas y passer la nuit.

Leaving here ouvre ma compilation. C'est une reprise, on est donc bien dans l'esprit des 60's, et c'est un titre fabuleux dont Motörhead offrira une version démoniaque. Tout ce qui fait les Who est en place, Keith Moon drive avec un tempo démultiplié, Townshend cisaille, Daltrey hurle et Entwistle fait du Entwistle. J'ai mon intro, je n'ai plus qu'à piocher les temps forts de chaque album, auxquels j'additionne les singles définitifs. Et j'arrive à une sélection de 92 titres. Je vais devoir trier avec sévérité. D'abord, je vire tous les classiques, sinon ce n'est pas possible. Et puis personne n'a besoin d'entendre Baba O'Riley, Substitute et 5:15 une fois de plus. Là où c'est compliqué c'est pour Tommy. De Overture à The Acid queen, c'est intouchable. Et pourtant, il le faut. Je sacrifie Overture, It's a boy, The Acid queen et j'ajoute Underture, Pinball wizard et Smash the mirror. Tommy me laisse avec neuf titres sur les bras, j'attaque Quadrophenia avec crainte.

Mais avant ça, je fais un détour par les raretés, ces perles méconnues qui font le bonheur des collectionneurs et l'arrogance de ceux qui savent. Je vis un cauchemar, Batman, Barbara Ann, Anytime you want me, Dogs, Wasp man virevoltent en direction de la sortie, tant pis. Je garde Girl's eyes envers et contre tout. Je ne peux tout simplement pas virer toutes les chansons de Keith Moon. Dans cet ordre d'idée, je garde Bucket T et Bell boy. J'en suis à 63 titres. Tout va pour le mieux. Je dégomme avec réticence, mais sans retenue Odorono, I've had enough et I can't explain. Je me fourvoie en éliminant So sad about us, pourtant une de mes favorites absolues, hélas une sombre histoire de master défectueux ne la rend écoutable que sur vinyl. Ayant bonne conscience d'avoir conservé Girl's eyes, je me renie et vire Bell boy et Jaguar, deux extravagances de Keith Moon. Cette histoire de compilation commence à me peser, je menace de tout envoyer valser, j'ouvre une bière en regrettant l'époque où je fumais des trois feuilles. 


54 titres, bilan d'un après midi chirurgical, des cadavres plein la corbeille. J'entame la dernière ligne droite gonflé d'orgueil. Encore une trentaine de titres à décimer et je vous dévoile ma liste ultime. Leaving here passe à la trappe, tant pis pour mon intro. A quick one while he's away est la victime suivante de mon éradication, le transfert numérique a complètement flingué le deuxième album des Who, je plains les nouvelles générations qui ne connaîtront jamais le bonheur. Avec The ox disparait l'ultime représentant du premier album, le constat est sans appel, les meilleurs morceaux du groupe sont pieds et poings liés à l'analogique, aucun remaster n'y changera rien. La bête est blessée, elle souffre dans sa chair, je relève la gueule, renonce à I'm a boy et retourne au combat. Le vent est violent, vicieux, la pluie écorche mon épiderme, les rats fuient entre mes jambes, je vous hais tous et la terre entière. 

Electrisé par la colère, je me retiens d'envoyer paître la totalité de Who Are You. Voila un disque qu'il m'aura fallu des années pour apprécier à sa juste valeur. Ou du moins à celle que le temps lui a conféré. A sa sortie, j'avais été horrifié par l'omniprésence des synthétiseurs. Non pas qu'ils soient nouveaux dans le son des Who, loin de là, sauf que cette fois ils me semblaient à côté de la plaque. D'avant-gardistes sur Who's Next et Quadrophenia, ils devenaient laids et encombrants. Had enough me filait la nausée tant le potentiel du morceau était gâché par l'insistance médiocre de sa partie de synthétiseur. J'avais tort de les croire largués, ce titre préfigurait le son qui sera la norme de la décennie à venir. 

Quarante-huit titres ! Je décide d'en ajouter deux, le concept évolue. The 50 golden tunes of The Who! C'est magnifique. Il ne me reste qu'à choisir les deux titres et trouver un ordre à tout ça.

I can see for miles est mon ouverture. Arrogante, puissante et psychédélique. Who are you vient ensuite, puis Slip kid. Deux titres similaires par bien des points, alternant retenue et explosions de violence. Ils confèrent une sorte de faux rythme à ce début de compilation. J'aime commencer ainsi, sans lâcher les chevaux d'emblée. Trick of the light fait ça très bien. Premier titre d'Entwistle de ma sélection, ce ne sera pas le dernier. Le bassiste des Who est un compositeur que beaucoup de groupes auraient rêvé d'avoir comme leader.

Après quoi, j'enfile trois titres de façon incohérente, voyez vous même ; Amazing journey, The punk and the godfather et Under my thumb. Un extrait de Tommy, sombre, la mélodie est alambiquée et sublime, au moins autant que l'est The punk and the godfather. L'histoire de Under my thumb est largement connue, les Stones emprisonnés, les Who leur apportent leur soutien et font paraître ce single dès le lendemain de l'arrestation. Leur version est aussi frontale que celle des Stones est vicieuse. Townshend est à la basse, Entwistle en lune de miel, Keith Moon est l'antithèse de Charlie Watts, on s'en doutait. 

Je m'inspire de Lifehouse Chronicles en glissant Sister disco entre Baba O'Riley (premier des deux titres récupérés in extremis) et Behind blue eyesJ'ai un rapport d'amoureux contrarié avec Sister disco, comme avec de nombreux titres de Who Are You. Qu'est-ce que Townshend avait à l'esprit ? Pourquoi coiffer des pompadour sur des morceaux dont l'efficacité aurait été sans faille avec plus de simplicité ? Pourquoi inciter Daltrey à en faire des caisses ? On se croirait dans The Soft Parade.



Après Behind blue eyes, dont je ne pense pas avoir besoin de justifier la présence, je poursuis autour de Who's Next avec Pure and easy que l'abandon du projet Lifehouse avait injustement relégué sur Odds and Sods. Je ne vais pas m'étaler, c'est le haut du panier. Won't get fooled again arrive en suivant et Long live rock cloture un enchainement de sept titres plus incroyables les uns que les autres. Long live rock me sert de pivot pour un premier flashback vers les prime années du groupe. Je l'ai évoqué plus haut, le transfert numérique des disques précédent Tommy est sujet à débat, comme il l'est pour les Stones d'avant Beggar's Banquet. Disons le tout net, c'est une catastrophe. Les cymbales saturent, la Rickenbaker de Townshend vrille les oreilles, seul Entwistle reste Entwistle. C'est moche, mais pas suffisamment pour qu'on se prive de Bucket T avec Moonie au lead vocal, Happy Jack avec Moonie qui déglingue sa Premier Drums et Boris the spider avec Moonie qui laisse la vedette à Entwistle, qui lui-même fait froid dans le dos. Je conclus le flashback par Go to the mirror! Je vous ai déjà dit à quel point j'aime Tommy ? Vous serez d'accord avec moi après avoir entendu ça. 

Sans transition, comme disent les fossoyeurs de l'info, I've known no war de It's Hard, tout en modernité et nervosité. Ah, le grand disque que l'on aurait eu si tout avait été de ce tonneau. Rythme mécanique, mélodie tendue, Daltrey rageur et les deux zèbres qui nous asticotent. Elle était là, la possibilité d'une vie sans Keith Moon.  Et puisque l'on parle de lui, abordons Quadrophenia. A mon avis le disque où Keith Moon fut le mieux incorporé dans le mixage, en plus d'être celui sur lequel son jeu atteint sa pleine maturité. J'entame par le morceau qui donne son titre au disque. Synthétiseurs majestueux en guise de violons sur lesquels Townshend prend un solo bourré de feeling. Une beauté. Que je prolonge avec le difficile Guitar and pen. Symphonique au delà du pompeux, mais au combien essentiel dans son enchevêtrement de voix et d'orchestrations. Une ambition, que les Who auront encore à l'avenir, atteinte ici pour la dernière fois.


Flashback numéro 2, accrochez vous ça va secouer. Our love was, Pete au micro pour cette insurpassable pépite Pop qui prend délicieusement la suite de Guitar and pen. Quand ils taquinent ce niveau, les Who n'ont aucun équivalent. Girl's eyes, composé et chanté par Keith Moon dans un registre qui aurait mérité persévérance. Naked eye, les Who en mode surpuissant pour ce qui aurait dû être un sommet du projet Lifehouse. Quand Townshend passe au micro pour le deuxième couplet, l'effet est dévastateur. On dirait un chat hérissé. Je n'arrive toujours pas à comprendre comment Glyn Johns a pu virer une chanson de ce calibre de la tracklist de Who's Next. Imaginez un peu un disque qui aurait regroupé Naked eye, Pure and easy, Won't get fooled again, Behind blue eyes, My wife et Baba O'Riley. Malheur. La Pop reprend ses droits avec Pictures of Lily, indiscutablement le single phare des années pré-Tommy. Doctor doctor, Entwistle pied au plancher et falsetto dingo qui vient se fracasser sur l'intro guillotine de Pinball wizard. Premières notes hésitantes, puis ce flamenco qui s'emballe comme un cheval fou fouetté par le power chord. Elle fait mal celle ci, on entre dans le légendaire. Ever since I was a young boy, I've played the silver ball... On tutoie enfer, purgatoire et paradis avec le même mépris, on sait bien depuis Pinball wizard que rien n'aura jamais plus d'importance que ce que le rock peut nous offrir. Et pour fêter ça, j'enchaine avec deux autres temps forts de Tommy, l'ultra funky Smash the mirror et Christmas, ce bijou de perversité qui m'a inoculé le virus. 

Après quoi, c'est le choc, Keith Moon pulvérise les falaises de Douvres. Est-ce qu'il existe plus puissant, fou, démoniaque, assassin, plus fantasmagorique que les frappes de Keith Moon sur l'intro de The rock ? Ne vous fatiguez pas à répondre. Je pleure d'un bonheur orgasmique chaque fois que j'entends ces rafales lourdes à faire vaciller Atlas. Les thèmes s'entremêlent, s'opposent et se défient, The rock est une pièce majeure sur le grand échiquier de l'art. I'm one avec Townshend au micro pour un maximum de sensibilité puis The real me, manière de claquer le beignet à toute objection. Quadrophenia est le chef d'oeuvre suprême des 70's. Mieux enregistré, mieux interprété, mieux composé que tout ce à quoi la concurrence a pu prétendre. 

Cry if you want, swizz, un autre temps fort de It's Hard, disque en montagnes russes. Celle ci ne prétend pas à la stature d'Eminence front et I've known no war, sa seule ambition est de ressusciter les power chords. Ce qui mérite tous les superlatifs. Pause. Avant de plonger dans les profondeurs les plus sombres de l'âme humaine, Blue, red and grey nous gonfle les poumons d'optimisme. Townshend se radine avec son ukulélé et prend le micro pour ce salutaire interlude tout en amour de vivre. Il fallait bien ça avant de s'injecter coup sur coup Underture, cauchemar claustrophobe de près de dix minutes et Cousin Kevin, un morceau si malsain qu'il fait passer Orange Mécanique pour un film de vacances sur la côté basque. Jamais on ne soulignera assez le génie macabre de John Entwistle. Après une telle séance, on est en droit de se demander si il existe encore quelqu'un qui nous veut du bien, quelque part, n'importe où, qu'il se manifeste. Roger se pose la même question sur le glacial How many friends, titre à infusion lente à l'image de l'album The Who By Numbers, dont il est extrait. Et si l'humain subit la souffrance des questions aux réponses cruelles, il n'en a pas l'exclusivité. John Entwistle nous fait partager le mal être d'un androïde avec 905, un morceau dominé par les sons électroniques sans rien perdre d'un feeling qui colle à la peau.


1921. Le dramaturge Townshend entre dans l'arène. 1921, c'est le meurtre de l'amant par le père (ce sera l'inverse dans le film de Ken Russell), Tommy a tout vu, mais il devra rien dire, d'ailleurs il n'a vu, rien entendu et il n'a aucune preuve ! Le mantra vire au cauchemar et Tommy se coupe instantanément du reste du monde. Avec 1921 le rock entre dans une nouvelle dimension, il revendique une implication sociétale dépassant le cadre de la rebellion adolescente. Musicalement, il s'affirme comme un prolongement et non plus une opposition. Avec aussi peu de ménagement qu'il n'en a eu en s'imposant aux radios une décennie plus tôt, le Rock, r majuscule, s'impose aux adultes, bouscule ceux qui jusque là feignaient de l'ignorer. Il envahit les opéras, les théâtres, non pas sous les traits de repentis lyophilisés, mais incarné par quatre énergumènes furieux qui ne se contentent pas de menacer (comme le faut les Rolling Stones) mais fracassent tout ce qu'ils approchent. Alors qu'ils sont dans leur période la plus barbare, sur et en dehors de la scène, les Who font irruption à la cour des nobles pour des interprétations incendiaires de leur opéra-rock au Metropolitan de New York, au Coliseum Theater de Londres, au Théâtre des Champs-Elysées. Got a feeling 21 is gonna be a good year.

Suivent Magic bus et However much I booze, deux rocks basiques pour ne pas se méprendre. Les Who, aussi mégalomanes qu'ils aient pu l'être, n'ont jamais oublié de balancer la sauce. Eminence front, ultime chef d'oeuvre de leur carrière, prend la relève en gardant Townshend au micro, en perdant Keith Moon, en baissant le rideau sur une histoire qui sent le sapin depuis déjà quelques années. Avant même le décès du batteur, rien n'allait plus vraiment dans l'univers sulfureux du groupe, l'autodestruction avait atteint des niveaux dont on ne revient pas intact. Keith Moon, bien sur, mais aussi Pete Townshend, qui depuis le début des années 70 se torche la gueule au cognac avec un systématisme effrayant. L'échec de Lifehouse, la difficulté d'accorder vie privée et statut de leader d'un mouvement dont le public réclame sans cesse de nouveaux exploits. Son mariage vire à l'aigre, il fuit, se mutile. Au moment d'enregistrer It's Hard, sur lequel figure Eminence front, il est accro à l'héroïne en plus d'être alcoolique au dernier degré. On le croisera bientôt dans des crackhouses new-yorkaises. John Entwistle n'est pas en reste, accro à la cocaïne, il en est à vendre sa collection de basses pour entretenir une addiction qui finira par avoir le dernier mot en 2002 à l'aube d'une énième tournée censée renflouer un solde dangereusement débiteur. Sparks, dès lors, s'impose. Cet instrumental pioché dans Tommy est au désespoir ce que la pomme est à Adam.

On ne quitte pas les rives du styx en enchainant The dirty job et Helpless dancer, deux titres désabusés de Quadrophenia, disque désabusé dans son absolue intégralité. Comment peut-on rationnellement aimer une telle oeuvre ? Mal de vivre, tendance suicidaire, histoire d'amour à sens unique, avenir lugubre, drogues, frustrations sexuelles, humiliations, pluie, bagarres, ainsi va Quadrophenia à l'eau qu'à la fin tout se brise.


In a hand or a face est censé nous remonter le moral avec son énergie régénératrice, pour si peu qu'on ne se penche pas sur son texte. New song ensuite, les Who new look. Du moins niveau son, parce que physiquement ce sont les mêmes en pire. 1979, le rock s'habille Clash, Two Tone, arbore les stigmates de la polio, les dents cariées, porte des lunettes en osant se faire appeler Elvis. Roger Daltrey s'en contrefout et s'affiche tout en muscles et bronzé sur la pochette de Who Are You. Les trois autres sont des épaves. Lente désintégration de l'humain, pleinement conscient de l'inéluctable issue. J'enclenche Cut my hair, comme on regarde une photo jaunie. Dressed right for a beach fight, but I just can't explain why that uncertain feeling is still here in my brain...

Ce qui nous mène tout aussi inéluctablement à la dernière ligne droite de notre sujet. Eyesight to the blind, le titre le plus insolent de Tommy. Sans avoir ne serait-ce que d'un orteil fait partie du blues boom anglais, les Who ont transcendé l'ancêtre sans la moindre considération avec une arrogance et une créativité qui dépassent le concept d'hommage. You talk about your woman ? I wish you could see mine ! Et puisque l'on en est aux combats de coqs, Tattoo nous renseigne sur ce qui fait d'un homme, un homme. Il était temps que je case ce trésor de minutie pop. Si ça peut donner à quelqu'un l'envie de découvrir Sell Out, alors j'aurais fait un heureux. 

Sortez vos kleenex, voici le temps de conclure. La tache peut sembler compliquer, elle ne l'a pas été. Si j'ai rechigné à utiliser une intro redondante, je ne me suis pas encombré d'une telle réflexion pour la conclusion. Love reign O'er me s'impose comme le mur s'impose à la voiture. Sans discussion. 


Un bonus ? C'est vrai ? Vous croyez que je peux ? Si vous insistez, ce sera I need you. Keith Moon au chant et à la composition pour cet instant intemporel au parfum aigre des souvenirs que l'on endimanche quand on les raconte. Ils étaient jeunes, nous n'étions pas nés, l'avenir était radieux, le gâchis cachait sa vilaine face dans l'ombre des mauvais choix.

Cinquième règle : se conformer à l'esprit des Who.

Et donc tout foutre en l'air une fois que ça tient debout. J'ai dit 20 titres ? Je vais m'y tenir, bordel, ça va charcler. Vous êtes prêts ? Prenez vos stylos.

Doctor doctor, Tattoo, Long live rock, Quadrophenia, The rock, Guitar and pen, Zoot suit, Slip kid, Christmas, The seeker, Eminence front, Anytime you want me, I'm one, 905, Pure and easy, Amazing journey, Our love was, Dogs, Naked eye, In a hand or a face. Bam, ça fait mal, avec les Who c'est normal. Et si ça ne suffit pas, jetez un œil sous ma signature.

Hugo Spanky

The 50 Golden Tunes of The Who!


lundi 5 mai 2025

KHôRa - ANaNKe

 


Je vais faire court. D'abord parce que l'album sort ces jours ci et que par conséquent je n'ai pas les crédits sous les yeux pour épater la galerie. Ensuite, parce qu'une fois que je vous aurais dit que Ananke de Khôra est le meilleur album sorti depuis celui de Doedsmaghird, la moitié d'entre vous sera retournée lire des âneries.

Je parle de quoi, bordel ? Du disque extrême le plus satisfaisant de 2025 (qui a déjà quasiment 5 mois, soit plus d'un tiers de son existence). Ananke est un festival d'à peu près tout ce qui fait du Black Metal, dans sa frange la plus dingue, la seule musique à encore proposer des disques dérangeants. On trouve ainsi sur ce ravissant ouvrage ; des blasts assommants, des voix qui passent du clair à l'obscur en un clin d'œil, des guitares qui opèrent par incision, des ponctuations symphoniques agencées avec parcimonie et bienséance. La production est d'envergure internationale, et là je souligne. Vous allez comprendre pourquoi quand je vous aurais dit que le leader de ce groupe est français. Je ne veux même pas savoir pourquoi en 2025, j'arrive encore à distinguer une production française par ses faiblesses, je me contente de souligner que cette fois ce n'est pas le cas. Chaque maillon de la chaine est maitrisé. Les autres membres sont aléatoires, on y trouve des gars de Dodheimsgard, de Mayhem, de Therion (ça s'entend) et d'autres dont je ne sais rien.


Pour ceux qui veulent mettre un doigt dans l'eau avant de plonger, l'enchainement Wrestling with the gods, In the throes of ascension, Arcane creation et On a starpath situent bien l'objet du débat. Une tuerie démoniaque parsemée de soli heavy métalleux, un machin symphonique pour trépanés, un interlude en mode Carmina burana et On a starpath qui joue les beaux gosses. Comme tous les bons disques Ananke à son passage en creux, qui sera surement le préféré des pieds tendres, lorsque le groupe baisse sa garde avant la fin du combat le temps de Supernal light et Crowned, dont je cherche encore l'intérêt.

Quoi d'autre ? Rien. Je vous mets le lien étant donné que les groupes de Black sont moins cons que les autres et suffisamment confiants en leur musique pour balancer l'album en entier sur youtube avant sa commercialisation. Merci à eux.

Hugo Spanky

Khôra - Ananke