samedi 16 février 2013

DjaNgO DéCHaiNé


Vois tu, le genre Western se divise en deux catégories, celui où les héros sont propres et bien rasés, gentils et emprunt de jolies manières, et celui en sauce Méridionale, du moins, c’est comme ça qu’j’ai appris !

Môme, c’était plutôt les westerns du premier genre qui bouffaient l’écran TV, faut dire aussi que la dite TV n’était alors que deux chaînes et demi, en noir et blanc dont le grand patron s’appelait Monsieur ORTF.
Un certain nombre d’images et autres paroles n’y avaient aucune place et la subtilité du Western Méridional aux heures de grande écoute encore moins, limite le Western Spaghetti était-il une vulgarité, un gros mot !

Quel pays de visionnaires me direz vous quand aujourd’hui pratiquement plus personne ne se souvient du nom d’un Gary Cooper et, exprès, j’en passe …


La vulgarité et les gros mots imprimant eux, très bien, autant la mémoire collective que la pellicule, le Western Spaghetti non seulement reste une valeur sûre mais est même devenu un genre, mythique, légendaire, une source d’inspiration.

Je préfère passer rapido sur le coté, très vulgaire, Trinita et ses mille suites pour un clin d’œil aux prods du sieur Alex Cox, fin 80, Spaghetti Rock’n’Roll où figurait aussi bien Joe Strummer qu’Elvis Costello ou les Pogues, mêlant aux coups d’flingues et macchabées laissés là dans la poussière du Sud de l’Espagne une touche aussi cynique qu’absurde et des bandes Son, hum…, Réjouissante.
C’est quand qu’y va nous causer de Django Unchained, j’y arrive !
Django Déchaîné …
J’me suis fais ça hier, j’en avais vraiment envie, rien vu des tarantinetries depuis Pulp Fiction, j’aime pas les films karaté et puis le type et son cinoche me sont un peu sortis du champs d’tir mais cui là, c’est avec plaisir que j’ai appris sa sortie et visionné l’truc …
J’attendais plein d’chose de ce film, je sais pas quoi mais j’attendais… Un renouveau du genre, le côté Rock’n’Roll de Pulp Fiction mélangé à Walker d’Alex Cox, un concours de sales gueules ou une B.O. à rester sur l’cul, déçu !
Le film est bon, rien à redire, c’est bien construit, filmé, rythmé mais à mon goût un peu vide.
J’avais adoré ses gangsters version 90’s, palpables, aussi vrais qu’dans la vraie vie, complet’ment cramés aux produits délivrés uniqu’ment sans ordonnance, de vrais grands malades dans des faits divers tout à fait communs. Les karatékateries, montées en sauce à l’époque, ne m’avaient même pas données envie de bouger mes meules mais là, on m’annonçait un Western, plutôt Spaghetti Tarantinoueux. 
La sauce Tarantinette, y’en a, mais ça fait pas tout. Ce film tient plus de la grosse comédie, familiale, à la morale tout à fait convenab’.
Ce Django est en fait un Western très Hollywoodesque avec pas mal de sauce rouge, on reste dans la grande tradition des bons et leur notion du bien et l’verso d’la pièce. Qui irait, aujourd’hui, reprocher à un esclave nouvellement libre de se faire vengeance ?
On est vraiment loin d’un Colonel Mortimer à sang très froid ou de l’Indio en pleine crise, dézinguant toute une famille, juste pour êt’ sûr que son calibre fonctionne correctement.
Ça flingue, c’est vrai qu’ça flingue, mais un peu comme dans Inglorious Bastards, c’en est trop, trop facile, les jets de sang deviennent un gag récurrent, n’offrant plus le moindre frisson et n’ont même pas de réel intérêt dans le film, Hitchcock était bien plus traumatisant et c’est pas de balancer des plans en accélérés façon Benny Hill pour relancer la machinerie qui apporte grand chose.
Le film ne tient que sur le personnage du Dr Schultz, Christoph Waltz, Dentiste à gage, tueur de caries. Personnage truculent, plein de vie, de savoir vivre et doté d’un vocabulaire qui dépasse 14 mots. Le film tient tant sur ses épaules que dès qu’il quitte l’écran l’histoire glisse misérablement dans de la vengeance & du sang à pas cher, vraiment plus du divertiss’ment, ce qui me fais penser que le choix de Jamie Foxx, certes belle gueule, dans le rôle de Django n’est pas vraiment une réussite, pour de l’amusement j’aurai plutôt opté pour un Will Smith, au capital sympathie déjà bien rempli et qui ne se serait sans doute pas pris au sérieux plus que ça. Léonard le petit capri tient parfaitement son rôle mais ses répliques sont tellement entendues qu’elles tombent glorieusement à plat, oui c’est lui le vilain, Point !


Samuel L Jackson, pourtant si capab’, se retrouve cantonné à jouer le lèche botte du vilain blanc exploiteur terrien et une répétition du mot Nègre, certes peut-êt’ tout à fait d’époque mais qui elle aussi n’apporte pas grand chose sinon la colère, mais après visionnage, de Spike Lee. A croire que c’était bien le seul effet recherché !!
Une jolie galerie d’acteur pour un film un peu vachement vide.
C’est là que le film glisse, d’après moi, un peu dans la panouille, de quoi ça traite exact’ment ?
Le grand Sud américain à l’époque de l’esclavage, avec des guignols immatriculés KKK fâchés tout rouge parc’que les trous fait dans les cagoules ne sont pas en face des yeux, hummm…… !

La vengeance d’un noir affranchi de l’esclavage, qui pour marquer le coup monte à cheval, porte un flingue et surtout, et oui surtout, porte un magnifique déguisement d’un bleu des plus…, merde j’ai pas l’mot !!
C’aurait pu êt’ un film vraiment genre historique, mais repeint à la Pollock mais là, c’est un peu tout et rien. On prend des ingrédients de l’histoire, l’esclavage et les champs d’coton, les propriétaires moyen-ageux et pourris d’vices de ces mêmes esclaves, un petit chasseur de prime grand âme, anti-esclavagiste, le bien, le mal et des flingues. On alterne, une couche de ci avec une feuille de salade et une couche de ça avec cornichon et chédar, le tout servi tiède.

Ce film est une grande bouffonnerie, pas désagréab’ à voir, et même sans doute à revoir, mais rien d’aut’ qu’une grosse comédie, beaucoup plus Hamburger bien lourd que Spaghetti, même si du début à la fin, une sauce bien rouge écarlate souille l’image.
J’en glisse une quand même sur la B.O, à l’exception de peut-êt’ un passage ou deux, elle est a chier, non je suis méchant là, sorry, je me reprends, … ben non, j’ai rien à en dire, inexistante !

Très sincèrement, je me régale plus d’Impitoyable ou Mort ou vif, de Maverick ou Wild Wild West, et j’ai peur qu’un film aujourd’hui de Tarantino ne soit bien apprécié que parc’que de Tarantino, un peu comme la tournée décennale des Rolling Stones ou d’johnny raz l’bidet.

Non décidément, le genre Western n’est pas près de se refaire la c’rise, et c’est pas avec les jolies gueules de Jamie Foxx, Mel Gibson ou Will Smith qu’on va se retrouver des personnages, hauts en couleurs, au caractère bien trempé, pour redorer l’blason. On retombe aujourd’hui sur, même quand ils flinguent à tour de bras, des gentils, jolis, au langage aussi délicat qu’leurs mentons bien rasés. Pas de doute qu’un film tel Tagada Party à Brokeback Mountain soit bien plus Rock’n’Roll et crié comme immorale que ce Django, au moins y’avait une histoire, et au combien plus dérangeante !

Ces films sont d’excellent divertiss’ments mais ne font pas un genre et ne resteront probablement pas dans les livres d’histoire du grand Far West.
Ce qui est sûr c'est que toute pièce d'or à son revers, celui du Western Hollywoodesque grand cru s'appelait Spaghetti, aujourd’hui ce serait Hamburger, de suite c’est plus fade !!

9 commentaires:

  1. C'est vrai, qu'est devenu Gary Cooper ?

    Hugo

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  2. Très drôle ;) Ta remarque sur Samuel L. Jackson me parle, c'est bizarrement ce que je ressens de lui depuis un bon moment, mais envers Tarantino ;) Pour ce qui est de Tarantino justement, je le supporte plus ! J'avais quand même aimé Inglorious Bastard je l'avoue, le côté remaniement de l'histoire qui lui donnait un côté plus funky que l'originale, et Reservoir Dogs, celui-là vraiment ! Depuis et entre, c'est insupportable ! J'ai l'impression qu'il prend les meilleures scènes des meilleurs films et qu'il en fait des samples. J'avais vu aussi Boulevard de la Mort, alors là c'est un festival, 10mn sur le 45 tours pour bien montrer que c'est un Stax, une heure sur les affiches, et une trentaine de fois le nom de Kowalski de Point limite zéro au cas où on aurait pas bien compris. Il prend son public pour des demeurés, et l'infantilise pour le coup.

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    1. P.S : Je lâche les chevaux comme ça de temps en temps, mais je suis une gentille fille en réalité ;))

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    2. Oui, c'est le mot, parfois tu lâches les chevaux. La proximité de la Camargue sans doute.
      Sinon, je me suis assez fait chambrer pour mon allergie à jackie brown pour ne pas apprécier la voilée de bois vert que se ramasse ce grand dadais d'imposteur de tarantino.
      Hugo

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  3. Je ne suis pas une fan de Tarantino mais j’ai apprécié Reservoir Dogs. Après ça, celui-ci ne fera que se répéter. Apparemment il n'a plus rien à dire ! Perso, je n'ai pas envie de voir ce film.

    Nadège

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    1. Exactement, ce type est une trompette !
      Ceci dit, il fait de mauvais films qui inspirent de bons papiers, comme quoi l'art est aisé et la critique difficile.

      Hugo

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  4. Le dernier film de Tarantino que j'ai apprécié est "Jackie Brown". Après je n'ai vu dans ses productions qu'une suite de trucs et de clins d'œil - oh, bien faits, rien à dire, le type a du métier mais ses gimmicks sont de plus en plus vains. Tarantino est selon moi le cinéaste le plus largement surestimé qui fait de l'épate bobo en injectant des anabolisants branchouille à des films de genre. Il a pigé qu'en France, le lecteur des Inrocks ou de Télérama croit être dans la hype en s'extasiant réglementairement sur ses productions, alors il tape dans le cinoche de genre et tourne de fausses séries B sur-gonflées par des budgets de plus en plus juteux. Du côté des références, Melville et Godard seraient deux de ses cinéastes préférés, or rien n'est moins godardien ou melvillien que le cinéma à Tarantino. Là encore, c'est de la frime.

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    1. Alors là je m'insurge Monsieur René Claude ;) Bon, Godard on s'en fout un peu, mais Melville quand même... suis pas d'accord. Si Tarantino avait était de cette école, pourquoi pas, mais il va beaucoup moins loin, il puise les scènes "clichés" de films "cultes", il fait surtout un cinéma trop facile...
      De plus, je suis déçu que vous et surtout vous n'ayez pas trouvé mon dernier "Who's the mystery girl ;))

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  5. Hello, Mister 7red!

    Bon on est d'accord: ce film n'apporte rien d'autre qu'une perte de temps. Tu dis qu'il est rythmé, moi je dis qu'il est encombré de scènes interminables dôtés de dialogues ampoulés et chiants (la scène du repas chez Dicaprio notamment est insupportable et donne envie de quitter la salle tellement elle est saoulante).
    Ensuite, companero, faudrait pas croire que seul le western rital était mal élevé: jette un oeil sur "La colline des potences" et "L'homme de L'ouest" (tous les deux avec G.Cooper justement), "La dernière chasse" (de Richard Brooks), "7 hommes à abattre" (de Bud Boetticher) et "Le jardin du Diable" ou "Nevada Smith" (réalisés par le génial Henry Hathaway) et tu constateras qu'ils n'ont rien d'aimable ces westerns "Hoolywoodien". Et des comme ça, il y en a un sacré paquet tu peux me croire!
    Sinon, actuellement, c'est la série "Hell On Wheels" qui revisite le genre avec violence et crasse dérangeante.

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