vendredi 20 mars 2015

WHiPLasH



Malgré son titre, Whiplash n’est pas un biopic consacré à Lars Ulrich, c’est quand même un film sur un batteur. Jeune, ambitieux et obsédé par le Jazz, Andrew Neiman ne vit que pour devenir le meilleur dans son domaine, le Buddy Rich du siècle nouveau. Vieux, vaguement aigri et inflexible Terence Fletcher n’enseigne le Jazz que pour découvrir le nouveau Charlie Parker. Qu’il est une anche ou un kit et des baguettes, peu importe. Ces deux là vont se rencontrer, le maitre et l’élève, se confronter et nous plonger dans un quasi huis clos à base de caisse claire.

L’histoire que nous raconte le film de Damien Chazelle, on la connait sur le bout des doigts depuis toujours. Jusqu’où aller pour se surpasser ? Sacrifices, travail, volonté, acharnement. Whiplash c’est le Flashdance du double swing. Le cercle des poètes disparus méthode Full metal jacket. La famille, la petite amie, l’establishment, personne ne peut rien pour eux, va y avoir de la sanquette sur les peaux.



A tout dire, l’histoire on s’en fout un peu, la qualité du film est ailleurs, dans l’interprétation démoniaque des deux acteurs livrés à eux même grâce à une réalisation d’un minimalisme exemplaire. Le jeune Miles Tenner, inconnu des radars mais qu’on reverra cette année dans Les quatre fantastiques, est saisissant de crédibilité. Sans quitter l’écran la moindre seconde, il étale une palette de jeu qui fait plaisir à voir. La nonchalance de celui qui imagine son rêve inaccessible, le furieux prêt à tuer, l’envieux, le méprisant, le sage, l’impulsif, on le suit dans chaque émotion. On y croit. Face à lui, JK Simmons, aperçu à droite, à gauche, principalement dans des séries, on est en droit de se demander ce que foutent les directeurs de casting tant ce mec est bon. En professeur maboule, sadique, truqueur, menteur comme un arracheur de dents, con à bouffer de la merde et attachant au possible, il n’est rien de moins qu’impérial. Pendant les 106 minutes de pellicule, il nous balade comme il balade ses élèves, on lui collerait des coups de tronche en le suivant au bout du monde.


Whiplash ne fera pas date, personne ne vouera jamais un culte à ce film et c’est très bien ainsi. Il n’est pas de ces chef d’œuvres pour pipo intello et encore moins un film popcorn qu’on se ressort pour tuer un dimanche de pluie. Whiplash est un uppercut trois tonnes pression qui file à cent à l’heure sans nous laisser souffler. Il se voit, se pige et se digère instantanément. Pas de starlette, pas de nichons. Pas de beau gosse pour midinette non plus. Quasiment même pas de musique en fait. Juste la confrontation malsaine du sadique et du masochiste, le spectacle de la souffrance consentie et la délectation que l’on ressent à voir couler le sang des autres.


Hugo Spanky

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11 commentaires:

  1. Je suis étonnée de la durée tant il passe vite en fait ce film. Ces deux acteurs sont super bons oui, le jeune prend la lumière super bien, il est une fois Elvis, Bashung... je ne l'avais jamais vu jusqu'ici, et l'autre JK Simmons est terrible aussi ! ;))
    Il y a un trucque j'ai bien aimé aussi, c'est le fait qu'on ne voit jamais (ou si peu) le public. J'ai adoré ça, c'est très malin je trouve. Et la fin. Abrupte. Qui peut laisser envisager le pire comme le meilleur. La descente ou l'ascension. Ou les deux confondues.

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    1. Et le jet de cymbales dans la tronche, ça c'est quelque chose ! Un nouvelle façon d'éduquer la jeunesse en somme...

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    2. Au moment où on interdit la fessée, voila un film qui fait du bien ;-)))
      Hugo Spanky

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  2. Pas de starlette, pas de nichons ? Quel intérêt alors ????? ;-D
    Je n'avais pas entendu parler de ce film avant de lire cette chronique. Ça me tente !

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    1. Interdit les nichons, ça doit être un film sponsorisé par blogger....))))
      Tu vas te régaler, sérieux, c'est une tuerie.
      Hugo Spanky

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  3. Bon, j'ai lu et comme je l'ai sous le coude je vais attendre l'humeur adaptée. Par contre un autre critique enthousiaste jugeait un des meilleurs films musicaux, là où tu parles de "quasiment pas de musique" A suivre donc. Ps: ce même critique m'avaist bien fait marrer à propos du Jazz, comme genre, je cit de mémoire: "J'aime bien de temps en temps, mais quand j'entends du Jazz, j'ai envie de faire l'amour à une vieille dame..." Ha ha... Bon

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    1. Tu nous diras ton avis mais pour moi c'est clairement pas un film musical. La musique est un prétexte comme un autre pour raconter une histoire de rapport humains et hormis pour la dernière scène je n'ai pas trouvé qu'elle tenait une grande place dans le film. Ce qui n'est absolument pas un problème.
      Hugo Spanky

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  4. Tu m'en as pas parlé !
    Je ne lirais plus tes posts pendant une semaine !
    Salopard !

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    1. Comment on dit déjà ? La bave du crapaud Tazieff n'atteint pas la Ranx colombe....))))))))))
      Hugo

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  5. Je n'ai vraiment pas apprecié ce film qui n'a rien à voir avec la musique. La musique n'est pas dans la performance technique ou le sadisme maître élève. Le jazz encore moins. si on lit l'autobiographie de Duke Ellington, on se rend compte à quel point à cette période de l'invention du jazz, les pianistes à la pointe étaient bienveillants et rigolards entre eux (bon peut être pas tous faut pas réver). C'était une question d'échange et d'influence mutuelles plutôt que cette sombre histoire de taulard. Coup de gueule donc : une merde !

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    1. On est bien d'accord, Whiplash n'est absolument pas un film sur la musique, plutôt sur les rapports de force qui peuvent exister dans n'importe quel contexte demandant un investissement personnel. Ce n'est même pas un grand film en terme de réalisation ou d'inventivité. Par contre, les acteurs sont sidérants dans leurs interprétations, ce qui de nos jours mérite d'être signalé (et c'est là qu'on fait coucou à James Franco))))

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