Rachel Brooke me posait un problème, un problème de riche mais quand même. Son premier album capté en Low-fi, et sur son canapé, avait circulé via myspace et m'avait suffisamment titillé l’ouïe pour que je suive d'un œil, parfois distrait, le parcours de la demoiselle du Michigan. Distrait mais pas tant que ça, je m'étais commandé le beau vinyl qui avait suivi ce premier effort, enregistré cette fois en duo avec Lonesome Wyatt, allumé en chef des fortement perturbés (et perturbant) Those poor bastards -dont je vous conseille au passage les albums, des ovnis à faire passer Nick Cave pour une grenouille de bénitier et Tom Waits pour ordinaire- le résultat, A Bitter Harvest, aussi charmeur fut-il, me compliqua encore un peu plus la tache. Quelle part attribuer à Rachel Brooke dans ce méli-mélo aux dramaturges si sombres quelles en deviennent source d'angoisses ?
Down in the baneyard paru en 2011 me ramena à la case départ. Des chansons toujours captivantes, une interprétation si personnelle qu'elle suffit à distinguer Rachel Brooke de la cohorte de ces consœurs, mais là encore ce petit manque de quelque chose qui me faisait poser plus souvent qu'elle, Eilen Jewell sur la platine. Et cette question, à trop vouloir enregistrer leurs disques à la maison, les chanteurs d'aujourd'hui ne se pénalisent-ils pas ? Certes, on sait le nombre de disques défigurés par un producteur trop influent, mais quand même. Une oreille extérieure, doublée d'un caractère de gardien de camp, à souvent, en les repoussant dans leurs derniers retranchements, permis aux artistes les plus farouches de délivrer le meilleur d'eux-mêmes, de relier leurs exigences, à nos attentes. Las, ce n'était encore pas pour ce coup ci, et même si le disque continuait de dévoiler le talent de la chanteuse, il n'était jamais qu'une version joliment vernie de son premier album. Au point que ce que j'écoutais le plus de sa production, était un bootleg de démos.
La classe aristochatte de
Late night lover et sa trompette à cornet, suivie du
négligé déhanché de Every night about this time, rappelle
qu'être sexy n'est pas synonyme de vulgarité, Ashes
to ashes
prend des airs de classique, et la mélodie sucrée de A
killer's dream,
tout en influences Doo wop et solo de xylophone, apporte une touche de
légèreté à laquelle cette amoureuse des Beach
boys
ne nous avait pas encore habitué. Placé en toute fin d'album, ce
morceau suffit à faire piétiner d'impatience en attendant la suite.
Libre à vous de n'en
avoir rien à foutre, mais vous ne pourrez pas dire que vous n'avez
pas été prévenu.
Ton papier n'est pas tombé sur les yeux d'un malvoyant et il m'a parlé. Ô que oui qu'il m'a parlé, Monsieur!
RépondreSupprimerEnthousiasmé par tes propos, je mes suis lancé illico presto dans la quête de ce «A killer dream's» si alléchant et, une fois en possession de cet objet si ardu à dénicher, c'est la fièvre au corps et l'écume au bord des lèvres que je l'ai alors écouté.
Et là , paf le choc, la donzelle et son groupe t'embarquent avec leur musique d'un autre temps aussi rustique que belle. C'est comme si on se retrouvait dans un rade ancestral situé en Louisiane, en plein milieu d'une foule bigarrée qui resterait muette d'admiration face aux chansons d'une beauté sidérante de Rachel qui, il ne faut pas en douter un seul instant, gagne à être connue et reconnue.
Décidément, que ce soit avec Lindi Ortega, Lydia Loveless, Eillen Jewel ou bien mantenant la miss Brooke, ces temps ci ces dames font la nique à la gent masculine et pas qu'un peu qu'on se le dise!
Tu me disais tout récemment que j'aurai dû citer Joe Strummer dans mon papier sur la divine Rachel Brooke, que cela aurait peut être eu comme effet d'y intéresser le triste chaland qui ignore encore tout des qualité de la dame même si cela eut été fait sans à propos aucun.
SupprimerEt bien figure toi que le monde est décidément bien petit, en effet, quelle ne fut pas ma surprise quand au détour d'une exploration du web je m'aperçus qu'elle venait de sortir un split single dont elle occupe une face avec le morceau inédit The mystery of death tandis que l'autre face est gravée d'un titre de Zander Schloss en duo avec un membre des Viva Le Vox. Le même Zander Schloss que l'ont retrouve à la guitare au sein des Latino Rockabilly War, à savoir le groupe de...tadadada...Joe Strummer (!!!!) durant sa période Eartquake weather/Trash city/Permanent record/Walker/Straight to hell.
Étonnant, n'est ce pas. Et finalement pas tant que ça.
Hugo
Décidément c'est une constante: tous les chemins mènent à Joe...
SupprimerOui ou quelque soit le chemin qu'il emprunta il nous mène en Amérique.....
Supprimerun des meilleurs disques de 2012. Comptant que tu en fasses un article car je crois qu'à sa sortie j'ai été le seul blog français qui en ait parlé
RépondreSupprimerMets un lien vers ton papier, je le lirais volontiers. C'est sur Alternative sounds ?
SupprimerHugo
oups, j avais oublié de signer. Mais t as quand même réussi à me démasquer. Bien joué !
RépondreSupprimerVu qu'on doit être deux sur la toile à défendre Rachel Brooke, c'était un jeu de piste relativement facile.
SupprimerAu cas où quelqu'un voudrait en lire plus (Harry Max, c'est pour toi)
http://alternativesound.musicblog.fr/search/rachel%20brooke/