Vois
tu, le genre Western se divise en deux catégories, celui où les
héros sont propres et bien rasés, gentils et emprunt de jolies
manières, et celui en sauce Méridionale, du moins, c’est comme ça
qu’j’ai appris !
Môme,
c’était plutôt les westerns du premier genre qui bouffaient
l’écran TV, faut dire aussi que la dite TV n’était alors que
deux chaînes et demi, en noir et blanc dont le grand patron
s’appelait Monsieur ORTF.
Un
certain nombre d’images et autres paroles n’y avaient aucune
place et la subtilité du Western Méridional aux heures de grande
écoute encore moins, limite le Western Spaghetti était-il une
vulgarité, un gros mot !
Quel
pays de visionnaires me direz vous quand aujourd’hui pratiquement
plus personne ne se souvient du nom d’un Gary Cooper et, exprès,
j’en passe …
La
vulgarité et les gros mots imprimant eux, très bien, autant la
mémoire collective que la pellicule, le Western Spaghetti non
seulement reste une valeur sûre mais est même devenu un genre,
mythique, légendaire, une source d’inspiration.
Je
préfère passer rapido sur le coté, très vulgaire, Trinita et ses
mille suites pour un clin d’œil aux prods du sieur Alex Cox, fin
80, Spaghetti Rock’n’Roll où figurait aussi bien Joe Strummer
qu’Elvis Costello ou les Pogues, mêlant aux coups d’flingues et
macchabées laissés là dans la poussière du Sud de l’Espagne une
touche aussi cynique qu’absurde et des bandes Son, hum…,
Réjouissante.
C’est
quand qu’y va nous causer de Django Unchained, j’y arrive !
Django
Déchaîné …
J’me
suis fais ça hier, j’en avais vraiment envie, rien vu des
tarantinetries depuis Pulp Fiction, j’aime pas les films karaté et
puis le type et son cinoche me sont un peu sortis du champs d’tir
mais cui là, c’est avec plaisir que j’ai appris sa sortie et
visionné l’truc …
J’attendais
plein d’chose de ce film, je sais pas quoi mais j’attendais… Un
renouveau du genre, le côté Rock’n’Roll de Pulp Fiction mélangé
à Walker d’Alex Cox, un concours de sales gueules ou une B.O. à
rester sur l’cul, déçu !
Le
film est bon, rien à redire, c’est bien construit, filmé, rythmé
mais à mon goût un peu vide.
J’avais
adoré ses gangsters version 90’s, palpables, aussi vrais qu’dans
la vraie vie, complet’ment cramés aux produits délivrés
uniqu’ment sans ordonnance, de vrais grands malades dans des faits
divers tout à fait communs. Les karatékateries, montées en sauce à
l’époque, ne m’avaient même pas données envie de bouger mes
meules mais là, on m’annonçait un Western, plutôt Spaghetti
Tarantinoueux.
La
sauce Tarantinette, y’en a, mais ça fait pas tout. Ce film tient
plus de la grosse comédie, familiale, à la morale tout à fait
convenab’.
Ce
Django est en fait un Western très Hollywoodesque avec pas mal de
sauce rouge, on reste dans la grande tradition des bons et leur
notion du bien et l’verso d’la pièce. Qui irait, aujourd’hui,
reprocher à un esclave nouvellement libre de se faire vengeance ?
On
est vraiment loin d’un Colonel Mortimer à sang très froid ou de
l’Indio en pleine crise, dézinguant toute une famille, juste pour
êt’ sûr que son calibre fonctionne correctement.
Ça
flingue, c’est vrai qu’ça flingue, mais un peu comme dans
Inglorious Bastards, c’en est trop, trop facile, les jets de sang
deviennent un gag récurrent, n’offrant plus le moindre frisson et
n’ont même pas de réel intérêt dans le film, Hitchcock était
bien plus traumatisant et c’est pas de balancer des plans en
accélérés façon Benny Hill pour relancer la machinerie qui
apporte grand chose.
Le
film ne tient que sur le personnage du Dr Schultz, Christoph Waltz,
Dentiste à gage, tueur de caries. Personnage truculent, plein de
vie, de savoir vivre et doté d’un vocabulaire qui dépasse 14
mots. Le film tient tant sur ses épaules que dès qu’il quitte
l’écran l’histoire glisse misérablement dans de la vengeance &
du sang à pas cher, vraiment plus du divertiss’ment, ce qui me
fais penser que le choix de Jamie Foxx, certes belle gueule, dans le
rôle de Django n’est pas vraiment une réussite, pour de
l’amusement j’aurai plutôt opté pour un Will Smith, au capital
sympathie déjà bien rempli et qui ne se serait sans doute pas pris
au sérieux plus que ça. Léonard le petit capri tient parfaitement
son rôle mais ses répliques sont tellement entendues qu’elles
tombent glorieusement à plat, oui c’est lui le vilain, Point !
Samuel
L Jackson, pourtant si capab’, se retrouve cantonné à jouer le
lèche botte du vilain blanc exploiteur terrien et une répétition
du mot Nègre, certes peut-êt’ tout à fait d’époque mais qui
elle aussi n’apporte pas grand chose sinon la colère, mais après
visionnage, de Spike Lee. A croire que c’était bien le seul effet
recherché !!
Une
jolie galerie d’acteur pour un film un peu vachement vide.
C’est
là que le film glisse, d’après moi, un peu dans la panouille, de
quoi ça traite exact’ment ?
Le
grand Sud américain à l’époque de l’esclavage, avec des
guignols immatriculés KKK fâchés tout rouge parc’que les trous
fait dans les cagoules ne sont pas en face des yeux, hummm…… !
La
vengeance d’un noir affranchi de l’esclavage, qui pour marquer le
coup monte à cheval, porte un flingue et surtout, et oui surtout,
porte un magnifique déguisement d’un bleu des plus…, merde j’ai
pas l’mot !!
C’aurait
pu êt’ un film vraiment genre historique, mais repeint à la
Pollock mais là, c’est un peu tout et rien. On prend des
ingrédients de l’histoire, l’esclavage et les champs d’coton,
les propriétaires moyen-ageux et pourris d’vices de ces mêmes
esclaves, un petit chasseur de prime grand âme, anti-esclavagiste,
le bien, le mal et des flingues. On alterne, une couche de ci avec
une feuille de salade et une couche de ça avec cornichon et chédar,
le tout servi tiède.
Ce
film est une grande bouffonnerie, pas désagréab’ à voir, et même
sans doute à revoir, mais rien d’aut’ qu’une grosse comédie,
beaucoup plus Hamburger bien lourd que Spaghetti, même si du début
à la fin, une sauce bien rouge écarlate souille l’image.
J’en
glisse une quand même sur la B.O, à l’exception de peut-êt’ un
passage ou deux, elle est a chier, non je suis méchant là, sorry,
je me reprends, … ben non, j’ai rien à en dire, inexistante !
Très
sincèrement, je me régale plus d’Impitoyable ou Mort ou vif, de
Maverick ou Wild Wild West, et j’ai peur qu’un film aujourd’hui
de Tarantino ne soit bien apprécié que parc’que de Tarantino, un
peu comme la tournée décennale des Rolling Stones ou d’johnny raz
l’bidet.
Non
décidément, le genre Western n’est pas près de se refaire la
c’rise, et c’est pas avec les jolies gueules de Jamie Foxx, Mel
Gibson ou Will Smith qu’on va se retrouver des personnages, hauts
en couleurs, au caractère bien trempé, pour redorer l’blason. On
retombe aujourd’hui sur, même quand ils flinguent à tour de bras,
des gentils, jolis, au langage aussi délicat qu’leurs mentons bien
rasés. Pas de doute qu’un film tel Tagada Party à Brokeback
Mountain soit bien plus Rock’n’Roll et crié comme immorale que
ce Django, au moins y’avait une histoire, et au combien plus
dérangeante !
Ces
films sont d’excellent divertiss’ments mais ne font pas un genre
et ne resteront probablement pas dans les livres d’histoire du
grand Far West.
Ce
qui est sûr c'est que toute pièce d'or
à son revers, celui du Western
Hollywoodesque
grand cru s'appelait Spaghetti,
aujourd’hui ce serait Hamburger, de suite c’est plus fade !!