...et revoila les Rolling Stones, et revoila les Beatles, et revoila Noël. Tant de choses qui vont si bien ensembles.
Par respect pour Mick Jagger, je ne dirais rien sur l'album des Rolling Stones. De plus, il s'est fait éclipser par le retour des Beatles descendus des cieux pour se joindre au sprint final. Mazette qu'il était mal emmanché ce retour. Avec Paul McCartney qui s'emmêle les pinceaux dans des histoires d'Intelligence Artificielle qui effraient plus qu'elles ne rajeunissent la clientèle. C'est tout McCartney, de croire qu'il peut encore se positionner en interlocuteur des adolescents en crise de personnalité. Mais ça fait aussi son charme, cette naïveté aux dents de requins. Giles Martin s'est donc chargé du rétropédalage. Le remixeur en chef du catalogue des quatre de Liverpool a pris la parole et filé des coups de serpes dans les élucubrations de papy Paulo en affirmant, goguenard, qu'il n'avait utilisé qu'un simple logiciel pour nettoyer et recaler la voix de John Lennon (pour mémoire mort depuis 43 ans) et absolument pas de l'I.A. Et d'enfoncer le clou en précisant que McCartney le sait très bien (sous entendu; du moins il le savait il y a quelques mois encore, mais avec les vieux n'est ce pas...). A mon avis, il doit y avoir du mécontentement sur les royalties.
Bref, leur tambouille, on s'en fout. J'ai écouté le morceau. Now and Then. Le nouveau 45t des Beatles. En 2023. Franchement. Comment voulez-vous que ce monde progresse quand on en est là ?
On s'en fout. Le morceau est fabuleux. J'ai eu les larmes aux yeux, la gorge nouée, le drapeau en berne en entendant Lennon attaquer le premier couplet. I know it's true, it's all because of you... Merde, alors. C'était encore possible. Il restait une mélodie de Lennon à mettre en illumination. Je suis scié. Le refrain arrive abruptement, McCartney y est allé à la truelle, façon cantique pour les stades, tous en choeurs avec le iphone tendu vers l'icône pour faire comme dans les documentaires d'Arte. On s'y fait dès la troisième écoute, mais c'est un peu raide. Du coup, j'ai jeté une oreille sur la démo originelle de Lennon. Le refrain de la chanson est tout autre. C'est une de ces mélodies sublimes dont Lennon était généreux, délicate et échevelée avec audace. Mais pas assez percutante pour les 40 secondes d'attention du public connecté. McCartney a donc choisi de concocter un refrain avec ce qui est à l'origine le pont du morceau, autrement dit un passage de transition moins intense que les deux parties qu'il lie (faut bien prendre de l'élan à un endroit). En prenant soin de muscler le rendu là où il faut, on se retrouve en territoire Wings. Ma foi, ça fonctionne, et il fallait bien qu'il tripatouille un peu pour prétendre à du Beatles.
Giles Martin a sorti la porcelaine en habillant Now & Then de samples prélevés sur des hits des...Beatles. Ben, tiens. Il n'aurait plus manqué qu'il sample Oasis. Une chose est sûre, le résultat est autrement meilleur que pour Free as a bird et Real Love, parfaitement salopés en leur temps par la production de Jeff Lynne. D'ailleurs Now & Then est aussi sec inclus dans le nouveau calibrage de la compilation double bleu 1967-1970 qui devient triple bleu et se clôture désormais en 2023. Un beau bébé que voila, d'autant plus qu'il ne voyage pas sans son grand frère le triple rouge (Patron, une autre!).
McCartney s'est chargé de remixer une nouvelle fois le tracklist des deux compilations, manière de justifier un prix qui fait mal aux côtes. J'ai pas encore écouté l'intégrale, j'espère quand même qu'il n'a pas mis la basse à fond comme il l'a fait sur le remix de Love me do qui figure en face B du single. L'intention est claire, la revendication sans subtilité : Les Beatles, c'était c'est moi (et bientôt les Rolling Stones aussi, vu qu'il fait l'actualité sur tous les fronts). Là aussi, j'ai choisi de m'en foutre, je ne suis pas allé vérifier si Now & Then est co-signé Lennon/McCartney ou l'inverse. Je suis bien. La chanson est merveilleuse.
Hugo Spanky