Quelque part entre Mars Attack!, Rencontre du troisième type et Body Double, Gregg Araki fait du Gregg Araki. Pour la télé. Avec toujours autant de sexe, moins de drogues et une originalité qui s'épuise.
En s'inspirant notablement des photographies de Richard Kern, le réalisateur avait amené aux années 90 un cinéma coloré à outrance et doté d'une si faible morale qu'il faisait passer Larry Clark pour ce qu'il est, un triste sire. Avec Araki, c'était fun, fun, fun, on en prenait plein les rétines, on en redemandait, il nous en redonnait, Totally Fucked Up, The Doom Generation, Kaboom, Smiley Face, Nowhere, Shannen Doherty, Traci Lords et Rose McGowan dans une même scène, personne d'autre n'avait osé un tel menu de friandises, fusse pour les faire exploser à l’arrêt de bus.
Bon, doit bien y avoir quelques sombres plumitifs pour trouver un sens profond à une génération qui communique avec l'autre bout du monde sans jamais échanger deux mots avec la personne assise à la même table, peut être que Bernard-Henri Levy a une opinion là dessus qui diffère de celle de Jacques Attali, et sans doute que les astrophysiciens lancés sur les traces des phénomènes extra-terrestres sont une satyre de la CIA, que le monstre fornicateur est Donald Trump en personne, je ne sais pas. Aux analystes de faire leur boulot. Moi, je gobe toute l'histoire comme on me la vend, l'emballage est carrossé pour séduire. Vérifiez par vous-même.
Il fait canicule, moite et collé au cuir déchiré du canapé je ne trouve rien de mieux à faire que rester béat devant Now Apocalypse. S'envoyer toute la saison d'un trait est d'autant plus plaisant que la série trouve son rythme là où toutes les autres s'effondrent, au cinquième épisode.
Je devrais vous parler du casting, il est nickel, avec juste ce qu'il faut de têtes qu'on est persuadé d'avoir aperçu quelque part, sans réussir à trouver où. L'hétéro du lot est impayable, faut que je vous en touche deux mots. Le gars a une petite copine pas du tout branchée monogamie, passe encore lorsqu'elle lui fait croquer une chouette asiatique aux fesses plates, les problèmes déboulent lorsqu'elle lui annonce négligemment qu'elle vient de baiser deux fois avec un ex. De là, il se défonce à la salle de sport jusqu'à ne plus tenir debout, s'effondre en larmes dans les bras de son colocataire gay avant de soigner son désarroi chez les hétéros anonymes. Dit comme ça, ça ne pisse pas loin, et à vrai dire même une fois mis en scène par Araki ça n'évoque Buster Keaton que de loin. Sauf que l'acteur est jubilatoire. Faut le voir aussi dans cette histoire de séance photos improvisée qui vire au porno soft. C'est confus ? Je me doute. Je ne veux pas dévoiler les chutes, l'important c'est de me croire, Beau Mirchoff (ça peut pas être un pseudo, un blaze pareil) est la révélation de la série. Bon, il y a aussi une webcam girl qui scénarise les branlettes d'une bande de ravagés aux fantasmes aussi imaginatifs qu'un avant centre de district. Tout ce beau monde ne pense qu'au sexe, parce qu'il semble que ce soit la chose à faire lorsque l'on a 20 ans, sans pour autant réussir à trouver quoique ce soit de satisfaisant à ça. Alors, ils cherchent. Un mode d'emploi, un exutoire, une combinaison gagnante.
Hugo Spanky