Mick Jagger joue les prolongations sur Ranx Ze Vox. Harry Max revisite l'an de grâce 1993 selon Sir Mick et c'était pas une année en creux. Oh ça non.
Vu que cela faisait une paye, je me suis rejoué le Wandering Spirit de Mick Jagger et pff autant dire qu'il a gardé toute sa fraîcheur revigorante cet opus: 14 morceaux et pas un seul de faible; un putain d'exploit en pleine ère des albums rallongés artificiellement avec des titres sans jus ni saveur.
Ça attaque méchamment avec trois titres dantesques: un Wired all night furibond à s'en péter les rotules à force de gesticulations compulsives, un Sweet thing au groove libidineux à en faire rougir une Traci Lords pourtant déjà toute humide et un Out of focus si foutrement rhythm'n'blues qu'on jurerait que The Blues Brothers ont investi notre salon pour le saccager de fond en comble et en profiter pour écluser tout notre stock de bières, ces salopards !
Puis hop, sans crier gare, voilà que débarque LE tube de l'album Don't tear me up, un rock matinée de blues, d'une pincée de funkitude et d'un feeling à s'en fracasser les bèlbes sur une pierre tranchante tant c'est bon, bordel !
Bon et bien là on se dit que ça va enfin se calmer, il y a des gens qui ont calanché d'un infarctus pour mille fois moins que ça, nom de Dieu! Et bien non, le Mick il est pas d'humeur à jouer sa précieuse: il a la rage, veut nous en faire baver, et il nous achève avec un Put me in the trash si dégueulasse et trépidant que s'en est une honte, non mais!
Vient alors Use me le duo avec Lenny Kravitz qui réunit les deux larrons pour quelques minutes salaces de plus à en faire débouler la police des mœurs afin d'arrêter fissa de pareils pervers qui se frotteraient même sur la dépouille d'Alice Sapritch tant leurs sexes turgescents sont en feu.
Heureusement l'ébullition libidinale finit par s'apaiser avec Evening gown, une splendide chanson country qui n'aurait pas dépareillé sur le fantastique The gambler de Kenny Rogers – album que je vous encourage vivement à découvrir au plus vite - et qui nous envoie tutoyer les anges.
Survint ensuite Mother of a man qui revient nous apporter notre dose de rock crapuleux car ce diable de Mick a bien compris une chose; nous sommes des bêtes à jamais rassasiées de ces jouissifs instants qui nous poussent à une débauche sans entrave, à hurler le sexe à l'air en quête de copulations cradingues.
D'ailleurs, c'est bien pour cela qu'il enchaîne avec Think de James Brown, le morceau de fusion funk par excellence qui ridiculise toutes les tentatives des Red Hot Chili Peppers et pitoyables consorts, les envoyant se cacher sous les jupes de leurs mères en pleurnichant comme des pucelles hystériques qui se pissent dessus tant en entendant cette tuerie, ils auront eu la sensation d'être confronté au véritable Démon.
Les pauvres ne seront guère rassurés avec Wandering spirit, sorte de blues venant des profondeurs du bayou qui se voit rehaussé de chœurs gospelisant, une composition qui effectivement ne pouvait que donner son nom à ce disque tant elle en reflète à la perfection toutes les influences qui le parcourent.
Après cette visite en pays redneck, où nous nous sommes si bien torché au tord boyaux que nous en avons perdu l'usage d'un œil et la motricité d'un bras, Hang on to me tonight, comme s'est bien trouvé ça, vient nous mettre du baume au cœur et nous fait enfin voir la lumière au travers des ténèbres avec un Jagger qui nous assène un solo d'harmonica bien senti rien que pour faire mousser encore plus notre plaisir; il est comme ça Mick, toujours prêt à se donner à fond afin de satisfaire nos personnalités dévoyées, un mec en or quoi !
Le rhythm'n'blues repointe le bout de son museau avec un I've been lonely for so long qui nous fait remuer du croupion avec un œil égrillard qui nous vaudra une bonne paire de baffes de la part d'une gent féminine outragée par tant de lascivité.
Bon et bien c'est pas grave les greluches, on va vous faire tomber en pâmoison avec Angel in my heart, une de ses ballades Élisabéthaine dont ce brave Mick se plaît à composer de temps à autre avec une maîtrise toujours aussi sûre.
Pour clore ces festivités, Jagger se lance dans une ballade Irlandaise Handsome Molly et parvient encore à nous surprendre une ultime fois dans un registre dans lequel on ne l'attendait pas.
Diversité des genres, production sèche et brute, majesté vocale de Mick le dingue qui décidément sait absolument TOUT chanter, musiciens au taquet: cet album prémium est le pied total; un nirvana auditif qui nous conduit au frémissement suprême des synapses et à la perte complète de contrôle.
Bref, c'est le type de disque rarissime qui nous fait ressentir la vie dans ce qu'elle a de plus fort à nous offrir.
Si après tout ça, bande de nazes à tronche d'ahuri, vous n'êtes toujours pas convaincu, allez donc vous griller vos derniers maigres neurones devant une prestation live qui vous transformera en fous furieux bon à abattre à coups de marteau: il s'agit du DVD live at Webster hall 1993 qui venait justement couronner la sortie de ce Wandering Spirit d'exception.
Jagger et son gang, une meute de tueurs pratiquant la politique de la terre brûlée, la mise à genoux grande échelle et l'aliénation du peuple, bastonnent comme des malades à en faire flamber leurs amplis et la salle avec: le guitariste Jimmy Rip se distingue par en un jeu qui mêle puissance d'attaque et finesse d'exécution au travers d'un son colossal (à ce titre Wired all night, qui ouvre le show, nous démontre que ce type n'est pas là pour plaisanter mais bel et bien pour faire saigner nos tympans), un batteur furibard au physique de bibendum, cogne sur ses fûts tout le long du concert avec une sauvagerie si extrême que tatie Michelle en tomberait ses bigoudis, un aréopage de choristes, aux tenues provocantes, aguiche de leurs voix à la suave intensité un Mick chaud comme la braise (voir la version muy caliente de Use me qui vous enverra valdinguer aussi sec par terre, secoués par de violentes convulsions faisant passer votre cousin épileptique au dernier degré pour un modèle d'équilibre, ce con!), un bassiste salement doué, à trombine de débile, apporte un groove démentiel qui, combiné au souffle luciférien du saxophoniste faisant vibrer son instrument, fait grimper en flèche la température et provoque des suées à répétition (Think et Mother of a man, deux moments orgiaques monstrueux dédiés aux dieux de la concupiscence sont là pour en témoigner).
Déchaîné par le jeu de ses compagnons de turpitude, Jagger défonce tout et offre ses tripes en offrande à un public en liesse emporté par cette bacchanale démesurée.
Que grâce te soit rendue Mick pour une telle dévotion à ton art.
Maintenant pour conclure, je tiens juste à avertir que le prochain quidam au cerveau ramolli qui vient me dire que Mick Jagger sans les Stones ne vaut pas un radis, il se prendra une mandale magistrale qui lui remettra les idées d'aplomb plus rapidement qu'un cours de cette vielle baderne pénible de maître Capelo.
Harry Max.