Ils l'ont fait. Mick Jagger, Martin Scorsese, Bobby Cannavale, Terence Winter (scénariste des Soprano) et quelques autres jobastres l'ont fait. Vinyl, je ne vais pas vous le cacher, je l'ai un peu redouté. Déjà, je suis loin d'être un inconditionnel de Scorsese. Ensuite, les films sur le Rock, les biopics, je les trouve invariablement nazes. C'est le Rock pour les nuls. Quiconque a trainé ses tiags sur le bitume à 6 heures du matin du côté des abattoirs, après une nuit à se déchirer la tête, le sait. Les biopics, c'est pour les enfants sages.
Mais ils l'ont fait. Je viens de regarder Vinyl, non, non, non, je viens de me ramasser Vinyl en travers de la tronche, et je suis scotché. En à peine moins de deux heures de pilote, Vinyl vient de me refiler une dose de secousses sismiques comme je n'en avais plus reçu depuis...j'en sais rien. M'en souviens plus. Depuis Les Soprano sur HBO. Voila, c'est ça. Ce sont les radios qui ont inventé le Rock affirme un D.J sévèrement gavé de coke. C'est vrai, il a raison. Et en 2016, c'est une chaine de télé qui maintient la créature en vie. C'est sur HBO que le Rock'n'Roll renait de ses cendres. Martin Scorsese filme sa résurrection au milieu des décombres d'un monde en ruine.
Vinyl commence par un coup de pute, je ne sais pas lequel des brigands qui président à la destinée de la série, à eu cette idée, mais elle donne le ton d'emblée. Ils ont enterré les dialogues dans le mixage, on est obligé de monter le son de ce foutu téléviseur. Et vous savez quoi ? Ils ont mis la musique à fond les gamelles. Bordel, quand les New York Dolls attaquent Personality crisis, ça vous arrache la tête !
Pour le reste, on connait le niveau quand Scorsese est au meilleur de sa forme. Et c'est le cas. Si Vinyl était sorti en salle, ça aurait été son meilleur film depuis des lustres. Les biopics, c'est pour les enfants sages disais-je, oui, sauf quand c'est Mick Jagger qui produit. Vous avez vu le boulot qu'il a fait pour Get On Up, son film sur James Brown ? Vous avez une idée de ce qui vous attend. Vinyl, nous conte les instants de folie furieuse du monde déjanté du Rock business, en prenant pour prétexte de suivre Richie Finestra, patron au bout du rouleau d'un label new-yorkais sur point d'être racheté par Polygram après avoir été conduit au bord du gouffre par une équipe de bras cassés.
Vinyl, c'est 1973, année de transition, de bouleversements dans le mode opératoire. Le moment où Mick Jagger commence à mettre son nez ailleurs que dans la poudre. Où lui et une poignée d'anglais, qui n'ont pas grandi entre le parmesan et la coppa, s’intéressent de près aux pourcentages, remettent en cause le système à l'ancienne. Les trusts se forment, le cynisme est la norme, les loups montrent les crocs. En parallèle à tout ça, les flashbacks nous baladent dans l'espace temps pour croiser d'autres loups, ceux de l'origine du truc. Les ritals de la mafia en combine avec les juifs du show business. Et là, ça rigole carrément pas du tout, on est chez Scorsese et on est sur HBO. Capice ? Le réalisateur des Affranchis bosse pour la chaine des Soprano. Fallait pas s'attendre à ce qu'ils tressent du macramé, ces fous furieux cassent littéralement la baraque.
Une fois la poussière retombée, le générique achevé, le quotidien a repris sa place. Triste réalité sur mon écran télé, je me suis retrouvé nez à nez avec un dangereux rebelle des années 90. Un rapeur à gros biscotos qui menaçait de bombarder le pays. Parait même qu'il y a eu des couillons pour s'en inspirer. Le gars fait dorénavant la nounou pour des folkeux en herbe, sur la petite chaine qui descendra pas plus bas.
Mais vous savez quoi ? Je m'en bats les couilles, je suis armé pour supporter ça. Je viens de faire le plein de vibrations lourdes. Je viens de voir Vinyl.
Hugo Spanky