De la communauté d'Allen Ginsberg, véritable fil conducteur du livre, que l'auteur rejoint avec pour mission de transcrire sur bandes magnétiques, et sauver du foutoir significatif de l'époque, un maximum des poèmes et textes de celui qui, de Jack Kerouac à The Clash, a côtoyé à peu près quiconque aura tenté de dépeindre son temps en s'armant de talent, jusqu'à l'explosion du punk qui conclut cette décennie à l'exubération exacerbée, In The Seventies nous balade dans l'arrière boutique de l'Histoire. L'avant et l'après des instants de gloire sous les light shows, nous sont ainsi partagés en abandonnant le pendant aux bonimenteurs de foire dont nous sommes coutumiers.
Barry Miles ne s'intègre réellement dans aucun des milieux, beatniks, hippies, punk, qui ont dessiné la toile de fond de la culture rock. Observateur impliqué, il saisit et nous transmet, avec une application un brin dépourvue de style, l'odeur du grand air américain aussi impeccablement que celle viciée du New-York du Chelsea Hotel, comme du Londres crasseux du Roxy. Esprit ouvert, mais jamais dupe, Barry Miles se révèle être ce journaliste inespéré qui raconte l'épopée des seventies sans la pénible emphase outrancière qui caractérise les auteurs gonzo, souvent plus motivés par leur égo que par la véracité des faits, cherchant à démontrer pour les plus mégalos (hélas ceux là même que la presse rock française a longtemps pris comme étendard) qu'ils étaient le centre névralgique de l'action.
Sans aucun doute parce qu'il est anglais, Barry Miles ne transforme pas ses nuits au Chelsea Hotel en compagnie de William Burroughs en orgies pantagruéliques de drogues et de vices, il nous fait simplement une place sur le canapé en réduisant d'autant la séparation entre nos vies. A des années lumières de la mythification, le livre permet de mieux cerner pourquoi cette culture continue de résonner avec familiarité dans notre inconscient profond, simplement parce qu'elle a été façonnée par des gens comme nous.
Allen Ginsberg, William Burroughs, Gregory Corso, pour les plus connus, William Reich ou Harry Smith, à l'opposé, ont tous été fruits de leur environnement. Distingués de la normalité en cours de par leurs orientations sexuelles ou philosophiques, ils ont été de ceux qui ont pris la parole parmi les premiers, et ainsi se sont fait entendre plus clairement que la multitude d'âmes esseulées à laquelle, depuis, ils servent d'emblèmes. Leurs actes ressemblent aux nôtres dans ce que l'on a de plus instinctif, à mille lieux des postures réfléchies visant à paraître quelqu'un, menant à ne plus ressembler à rien.
Si il demande un effort d'attention et de persévérance, In The Seventies est de ces livres qui nourrissent durablement la pensée, amenant réflexion personnelle, plus que certitude ancrée de force. L'équivalent littéraire, finalement, des grands albums de musique tout azimut qui, durant cette fascinante décennie, ont fomenté une liberté d'esprit et d'action qu'il est bon de veiller à ne pas perdre.
Si il demande un effort d'attention et de persévérance, In The Seventies est de ces livres qui nourrissent durablement la pensée, amenant réflexion personnelle, plus que certitude ancrée de force. L'équivalent littéraire, finalement, des grands albums de musique tout azimut qui, durant cette fascinante décennie, ont fomenté une liberté d'esprit et d'action qu'il est bon de veiller à ne pas perdre.
Hugo Spanky