C’est quoi cette époque qu’on vit ? Après nous les avoir brisé menu, étudiants qu’ils étaient, avec leur révolution des beaux quartiers et leur interdit d’interdire voila que, devenus gouvernants, les gauchos socialo nous les chauffent en alignant les lois liberticides à la même cadence que leur chef suprême se ramasse la flotte sur la tronche, à chaque fois qu’il pointe son nez dehors.
Bordel, je veux les noms de ceux qu’ont voté socialiste ! Faut fissa trouver un remède pour ragaillardir Chirac ou ressusciter Pompidou, sinon on va encore se cogner le nain ou Gretchen la teutonne.
Faut se trouver un gonze qui pense à l’individu avant de penser à la majorité, même si c’est la majorité qui fait gagner les élections, un républicain, comme Clint Eastwood, John Wayne, Charlton Heston, comme Johnny Ramone, Ted Nugent ou Dennis Hopper.
Tiens, Dennis Hopper comme ça tombe bien, je viens de finir le livre de Tom Folsom, Born to be wild paru chez Rivage Rouge. Dennis Hopper et moi, ça reste une affaire délicate, une histoire nuancée entre auberge du cul tourné et respect du bonhomme.
Du Dennis Hopper réalisateur, je n’aime pas grand chose, Easy Rider est au mieux une curiosité dont le fait marquant sera l’utilisation du Rock comme bande son. The Last Movie, comme à peu près chacun de nous, je ne l’ai pas vu. Je trouve Out of the Blue complétement à côté de la plaque, et The Hot Spot, bien que doté d'une B.O qui réunie John Lee Hooker et Miles Davis, manque de crédibilité, de grain, malgré un Don Johnson impérial, la vénéneuse Virginia Madsen et une Jennifer Connelly qui en demeure l’attrait principal. Reste son chef d’œuvre, Colors.
Colors annonce dès 1988 tout ce qui se fera d’intéressant dans la décennie suivante et au delà. Le Hip Hop, le renouveau du cinéma black, autant que The Shield. Magistralement interprété (Robert Duvall !!!), sobrement filmé, Colors transpose Les Rues de San Francisco à South Central, et capte comme rarement la vérité de l'endroit. Sans faux sentiment, ce qui lui vaudra d'être taxé de fasciste par les cons, mais avec une vraie compréhension des événements, du contexte et de la musique. Ce sera le grand talent de Dennis Hopper, ce flair, cette capacité à retranscrire la réalité du moment, à saisir avant tout le monde ce qui va marquer les esprits, James Dean, les Hippies contestataires, le retour de bâton qui les renverra à la niche et les guerres de gangs.
Du Dennis Hopper acteur, je ne garde pas grand chose non plus, soit il est bon mais quasiment anecdotique, Géant, La Fureur de Vivre, Luke la main froide, Règlement de comptes à OK Corral, soit il fanfaronne pire que Jack Nicholson. Je suis d’accord avec ceux qui s’offusquent de ma prose, il est extra dans Apocalypse Now, sublime dans Rumble Fish, et il sauve Blue Velvet du naufrage que représente le cinéma de David Lynch. Soyons honnête qui peut encore se fader un film de David Lynch ? Hormis Elephant Man, il ne reste rien de potable de tout ce cinéma glacé des années 80, c’est du chiquet niveau Miami Vice, de belles photographies pour l’épate et quoi d’autre ?
Non, définitivement si il y a un message à capter chez Dennis Hopper, c’est chez l’homme qu’il faut le chercher, et le livre fait ça à merveille. Construit de façon anarchique, il retranscrit fidèlement l’état d’esprit pour le moins confus de son sujet. Groupie de James Dean, Warhol, des groupes de Rock psychédélique californiens, des peintres avant-gardiste, Jackson Pollock en tête, Dennis Hopper va faire de sa vie son meilleur film. Incapable de dissocier fantasme et réalité, il va mettre un point d’honneur à courir comme un poulet décapité, après chaque sensation forte que le monde qui lui fut contemporain pouvait proposer en rayon. Et les gondoles étaient bien garnies en ce temps là, des lois il n’y en avait pas beaucoup, encore moins dans le sud des États-Unis. Une seule, en fait, s’affirmer ou rentrer dans le rang. Et ça il savait pas faire, coller des torgnoles à ses femmes, oui, entourlouper son monde, oui, photographier tout et n'importe quoi, oui, baisser les yeux et fermer sa grande gueule, non.
Avec une franchise de chaque instant, Tom Folsom dresse un portrait, qu’on imagine fidèle, d’un élitiste souvent prétentieux, mais rarement pédant, qui paiera le prix fort pour n’avoir pas voulu saisir que ce monde n’est l’œuvre d’aucun homme seul, et qu’à trop nager à contre courant on finit par se noyer dans l’indifférence. Dennis Hopper se rêvait Billy The Kid, il finira comme Buffalo Bill s'exhibant de ville en ville, de pays en pays, sur des reproductions des choppers d'Easy Rider, pour le bonheur des gogos en vestes à franges. L’écriture de Tom Folsom ne fait pas dans la fioriture, pas de paragraphe interminable sur l’enfance, les grand-parents, l’oncle, la tante et la cousine, pas d’atermoiement inutile, on se trouve plongé dans une sorte de Las Vegas Parano, sans Las Vegas mais avec de gros morceaux de parano. Un autre angle pour découvrir un peu mieux les années 60 et plus encore 70, une période qui ne cesse de me fasciner tant le désir de création, d'originalité et d’émancipation envers les codes sociaux était dans les esprits farouches. Un temps où être en accord avec soi-même sans s’occuper de ce qu’en pense les autres était la base même de l’aventure humaine. Si Dennis Hopper ne sut pas toujours tempérer ses débordements, on ne pourra guère lui reprocher de n’avoir pas tout fait pour sortir des clous. Quitte à s’offrir quelques spectaculaires sorties de route.