mercredi 6 novembre 2013

THe BRibe, ou L'aRT PeRDu De La séRie B


Au faîte de sa gloire la série B Hollywoodienne des années 40 était en mesure, pour un budget dérisoire, d'aligner un cheptel de vedettes dans ses productions à faire pâlir d'envie n'importe quel producteur digne de ce nom de nos jours.
C'est le cas du film The Bribe qui, tenez-vous bien, a pour acteurs principaux Robert Taylor, Ava Gardner, Vincent Price et Charles Laughton. Oui, messieurs dames, rien que ça!
D'ailleurs, c'est sur le tournage de ce long métrage que ce sacripant de Taylor a fait tourné la tête à la sublime Ava (elle qui n'était que innocence faite femme, quelle honte tout de même...). Dans le film, c'est plutôt le contraire qui se passe bien évidemment. 
 



Taylor interprète un agent fédéral qui part sur une île tropicale afin de démanteler un réseau de contrebandiers de matériel militaire. Ni une ni deux, il tombe sur Ava en chanteuse de bar qui porte une robe incendiaire et, là, c'est le choc: lorsqu'il croise son regard, tout fier à bras qu'il est, il en est tétanisé et sa mission devient peu de chose face à la splendeur de la brune. Elle a beau être mariée à un type fadasse - et alcoolique de surcroît - sur lequel pour parachever son portrait des moins engageants plane des soupçons quant à son implication dans le trafic de marchandise, il n'en à cure et il l'a veut pour lui tout seul. Ce n'est certainement pas cette lavette sur pattes qui va l'en empêcher, non mais alors !



Curieusement, on ne sait par quelle fatalité, Vincent Price est amener à jouer les fourbes de service et ce sera lui qui délivrera Robert de cet encombrant pauvre bougre en l’assassinant (ah, cette lueur sauvage dans son regard, lorsqu'il étouffe avec un oreiller ce traître qui avait l'outrecuidance de vouloir le dénoncer, lui le Grand Ordonnateur de ce vil trafic, quel spectacle, mes aïeux!). Price, comme à son habitude, apporte à son personnage une multitude de facettes: tout à tour mielleux ou transfiguré par un rictus de dément quand il s'adonne au meurtre, il illumine l'écran de son interprétation habitée.



Comme si cela ne suffisait pas à notre bonheur, Charles Laughton, est lui aussi de la partie et en gugusse bien chelou - obséquieux à l’extrême - qui adore s'entendre pérorer (le voir recouvert de sueur en permanence et marcher en claudiquant confère une répulsion immédiate envers son personnage), il tire habilement son épingle du jeu alors qu'il n'aurait pu être que le simple faire-valoir de Price. Chacune des ses apparitions est un trésor de jubilation pour le spectateur qui écarquille ses yeux de surprise face à tant de veulerie et de lâcheté ramenées à un seul quidam.


Bien entendu, tout ce beau monde se tire dans les pattes à qui mieux mieux et, au bout de moult péripéties emberlificotées, le Robert se ressaisi et commence à voir clair dans le jeu trouble de tous ces individus bien peu recommandables. Non sans brio, il déjoue les combines de ces vils trafiquants qui pensaient bêtement pouvoir le berner et, au bout de ce chemin de croix qu'il traverse la tête haute et le port altier, il finit par faire plier les réticences absurdes d'Ava et l'emballe comme il se doit !




Ce petit polar typique de la fin des années 40 est réalisé par un faiseur hollywoodien, Robert Z.Leonard qui se distingue du tout venant au moyen d'un flash back astucieux en début de film et - surtout- grâce à sa scène finale durant laquelle le fier Robert poursuit le vilain tout plein Vincent en plein cœur d'un feu d'artifice dont les fusées les frôles à maintes reprises ce qui apporte une touche baroque de toute beauté à cette séquence. Rondement mené par une réalisation allant droit à l'essentiel sans pour autant négliger des apports esthétiques indéniables et incarné par de acteurs en état de grâce, ce film de série B marque son bonhomme tout aussi bien que le ferait une œuvre dite de prestige.





A notre triste époque où on nous gave de films interchangeables sans la moindre saveur et – pire – d'un ennui mortel, certains producteurs seraient bien avisés de prendre en compte les leçons de leurs valeureux aînés qui ont fondés le mythe hollywoodien tandis que eux ne font que le précipiter vers une chute de plus en plus vertigineuse.

Harry Max.

Le sommaire.


6 commentaires:

  1. ben , perso, j aime... et ava.... j en dirais pas plus!!!

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  2. zut, j ai oublier de signer!!! c pam!!

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    1. Je te rejoins sur ce point: Ava demeure une icône indétronable; la STAR hollywoodienne par excellence.
      Il n'y a qu'à revoir "La comtesse aux pieds nus" ou "Pandora" pour s'en convaincre tant ces deux films mythiques restent encore de nos jours une source de joie cinéphilique inépuisable.

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  3. Quel casting ! Charles Laughton (fantastique dans le non moins fantastique Témoin à charge) à qui il suffit d'apparaître à l'écran pour illuminer n'importe quel film, Vincent Price que l'on ne se lasse jamais de voir surjouer tant il fait ça avec délectation, Robert Taylor (!!!!) l'anti-Vincent Price tellement lui s'économise avec génie et Ava, que Pam résume parfaitement.
    Et puisque je cause casting, comment ne pas citer Les cadavres ne portent pas de costards de Carl Reiner, un hommage hilarant aux séries B qui repique, entre autres (the killers), plusieurs scènes de The bribe et notamment sa scène finale.
    Hugo

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    1. Tu as tout capté au GRAND Vincent Price: c'est précisément pour son jeu théâtral à outrance qu'on adore le bonhomme. Avec lui même les scène les plus anodines sont transfigurées en moments mémorables. C'est bien simple absolument rien ne peut être fade avec ce fou furieux: s'il tartine des biscottes, il s'arrangera toujours pour attirer l'attention sur lui et rendre son geste fascinant. Klaus Kinski à titre de comparaison n'est qu'un piètre fanfaron mesuré de seconde zone à côté de lui!

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  4. Les séries B existent toujours mais dans un genre nouveau. Celui des réalisateurs prétentieux et dénués de talent qui croient que l'imagination passe automatiquement par l'argent. Ils font des films qui coutent une fortune, et ont au final un résultat médiocre. La série B à leur insu. Tu vois c'est un genre nouveau ;D
    Roger Corman tu lui donne une loupe, un crabe une caméra il te sort L'attaque des crabes géants. Vincent Price pareil, une cape un orgue et c'est L'abominable Dr Phibes, c'est simple.
    Pour The Bribe suis d'accord aussi, sacré casting ! Je ne l'ai pas vu, mais ça ne saurait tarder. Merci cher Harry
    Sylvie

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