samedi 5 octobre 2013

eLViS CoSTeLLo & THe RoOTs


The Roots c'est la queue de la comète du Hip Hop avec conscience sociale. A tel point que lorsque leur genre de prédilection devint ce qu'on en connaît aujourd'hui, le groupe préféra jouer les habilleurs sonores chez Jimmy Fallon plutôt que de mettre des cagoles dans ses clips. Grand bien leur pris, ils eurent l'occasion de jammer avec Bruce Springsteen, le temps d'un E Street shuffle à se cogner le membre contre une rappe à carotte, d'accompagner les invités du show télé, de se diversifier, de travailler leur groove jusqu'à le rendre foutrement intense.

Elvis Costello, c'est l'anglais que l’Amérique adore. Adoubé par des gens aussi divers que Linda Ronstadt, Bret Easton Ellis ou Allen Toussaint, Costello s'est vu confié le statut de gardien du temple. Professor Elvis McManus, lien intangible entre le classicisme de ce que la Pop anglaise a de meilleur et le groove profond des racines américaines. Dire qu'il remplit sa mission en s'accoquinant avec The Roots pour le tout récent Wise up ghost, est en dessous de la vérité, il la sublime.


Du Hip Hop le disque ne garde que le dépouillement sonore, drivées par un indéfectible beat, les chansons sont construites avec une subtilité extatique, les riffs d'orgue, de guitare, de cuivres, apparaissent avec minutie et à-propos, s'affirment pour mieux disparaître, privilégiant le rythme, portant les mélodies sans jamais les supplanter. Jamais plus depuis Talking heads et Chic le Funk n'avait montré autant d'intelligence, car c'est bien de Funk dont il est ici question, du final du fantastique Refused to be saved, au texte mitonné façon sel sur la plaie, et les orchestrations entre Isaac Hayes et Curtis Mayfield à la nudité proche d'un Sly Stone de (she might be a) Grenade, le disque n'en fini pas de réhabiliter la notion qui veut que la musique doit être un parfait équilibre entre ce qui parle aux jambes et ce qui fait travailler les méninges.




Wise up ghost a peu de chance de bouleverser le business de la musique et de lui faire retrouver ses esprits trop égarés pour que quiconque y arrive, par contre le double album, à l'image de la divine ballade Tripwire, une comptine Doo Wop agrémentée d'ingrédients symbolisant à la perfection les deux rives de l'Atlantique, est de ces disques dont la saveur accompagne une vie. Un disque sur lequel on reviendra encore et toujours au fil des saisons, comme on revient au Pot au feu lorsque le ciel se charge, à la cigarette lorsque les nerfs menacent de prendre le dessus. Pas un gadget ou je ne sais quoi d'autre d'éphémère, Wise up ghost signifie que ce dont on a besoin que la musique nous apporte en 2013 ressemble beaucoup à ce dont on a toujours eu besoin qu'elle nous apporte. L'énergie pour continuer à suivre la voie et le réconfort que nécessite d'arpenter sans cesse des chemins sans balise.

Hugo Spanky

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8 commentaires:

  1. Ah ouais suis d'accord sur toute la ligne, et de plus un grand régal d'écouter cet album en boucle depuis ce matin ;D
    C'est un personnage vraiment singulier Elvis Costello. On n'entend jamais parler de lui, pourtant il est là, toujours, et souvent même dans des endroits où l'on ne s'y attendait pas vraiment, comme dans cet épisode de Tremé par exemple ;D
    J'étais surprise l'autre jour en écoutant son album "Trust" à quel point on aurait pu croire qu'il s'agissait d'un album des Clash, chose que l'on retrouve aussi dans son dernier.
    Sylvie

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  2. Elvis Costello est une piéce incontournable de la scène Rock, Amen !

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  3. Justement, j'allais de te demander si tu avais écouté ce disque. Et bien je vois que c'est fait et que l'on partage le même avis à son sujet: soit un disque qui nous accompagnera toute une vie durant. Je n'ai jamais été un grand fan de Costello (sa voix m'a toujours causé souci...) mais là, je m'incline face au résultat et je dis chapeau bas l'artiste!

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  4. Hum la bonne nouvelle... c'que j'avais pu kiffer leur album K'Os, aux Roots là !...

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    1. Tu peux foncer sur celui ci sans crainte, c'est du très bon.
      Hugo

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  5. Je découvre enfin le temps de trouver ton blog (ou bien l'inverse?) et je décide arbitrairement de chercher Colstello, je ne suis pas déçu et je me réécoute donc cet album que je jugerai fabuleux si je prenais davantage de temps à son écoute.
    J'ai beaucoup écouté de disque avant Costello et encore davantage après, mais je n'ai eu qu'une période de "fanatisme" cela fut pour lui.
    Contrairement à Harry, j'adore sa voix, sa façon de la placer dans "Sugar Won't Work" avec "... the storm has stolen?..And this will predict.." est son truc qui me fait craquer.
    Belle chronique qui me l'a fait repasser, avec une oreille Classic Soul que je n'ai pas encore eu, ayant sorti l'oreille Pop Elvis mâtiné de HipHop

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    1. Et bien ça fait plaisir, merci de prendre le temps de nous lire et plus encore de prendre celui de nous commenter. Les avis sont toujours les bienvenus par ici alors ne te prive pas de continuer à nous donner le tien.
      Costello est fascinant de par la liberté qu'il s'accorde (rien que d'avoir osé Almost blue à l'époque ça mérite le respect) et du talent qu'il met dans tout ce qu'il entreprend. Ce mec à tellement bon goût qu'il a même trouvé le moyen d'apparaître dans Trémé (soit l'une des meilleures séries à être apparue depuis les Sopranos).
      Hugo Spanky

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    2. J'en profite pour inviter, j'avais fait mon éloge du monsieur ici:
      http://gaitapis.blogspot.fr/2013/12/this-is-elvis-costello-thanks-to-mister.html
      Pour Treme, j'imagine que cela fait suite à sa participation à "The River in Reverse" avec Allen Toussaint, ou l'inverse?
      (Treme, quelle série, mon diou)
      Pour une phrase comme celle ci
      "Costello s'est vu confié le statut de gardien du temple. Professor Elvis McManus, lien intangible entre le classicisme de ce que la Pop anglaise a de meilleur et le groove profond des racines américaines."
      Je n'aurai pas mieux dit... J'aurai du.

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