Une réunion du Ranx team c'est avant
tout, une succession d'intensives (et épuisantes) séances de
brainstorming visant à aiguiser notre remise en cause incessante des
fondements même de notre société. Joutes verbales, arguments
fallacieux, le tout alimenté par divers carburants aux relents
parfois prohibés. Les sujets les plus variés s'y trouvent abordés
sans aucun signe de cohérence et l'on passe de la médiocre qualité
des disques des Kinks à une recherche sans tabou des raisons du
déclin de notre ville. Sur ce point, 7red apportera une conclusion
recevant l'approbation de tous ; transformons les étudiants
locaux en engrais naturel avant de disperser le tout sur les berges
de la Garonne !
Une idée de la sorte, aussi fertile
(!) et soucieuse du bien être de l'humanité, nous mena directement
à l'écoute d'un disque d'un autre grand rouage de la chose sociale:
Jerry Lee Lewis.
Et de là, l'envie de vous causer du bonhomme.
Sauf que sur
Jerry Lee Lewis
tout a été dit, écrit, révélé. D'abord via
Hellfire, l'une des premières bio d'un genre devenu la norme depuis, à savoir d'un réalisme qui se
voudrait empreint de vérité. Fini de bâtir mythes et légendes,
dorénavant tout sera livré noir sur blanc (ce qui dans le cas de
notre killer peut, déjà, être un problème..)
On cause d'un gars qui aligne plus de cinquante années d'une carrière tumultueuse, de chansons gorgées de folie, de rédemption, de perversions.
Le parcours d'un Homme.
Alors, qu'il ait baisé sa cousine de treize ans, que ses femmes aient une étonnante tendance à disparaître dans des circonstances troubles, que son bassiste se fasse tirer comme un lapin, on s'en branle ! Tout le monde sait ça, tellement rabâché, rebattu. Y a que les anglais pour être émoustillés par ça.
Retour aux bases, bordel. La musique est tout ce qui
compte.
Autant le dire de suite, je ne me sens pas de vous torcher une démonstration dont la finalité serait d'exposer à quel point Jerry Lee fut le pilier de Sun Records. A quel point il domina ses collègues de label. Je suis comme vous, l'intro de Whole lotta shakin' goin' on me donne de l'urticaire, Great balls of fire, I'm on fire, le live à Hambourg me font bailler, trop joué, trop bouffé à toutes les sauces. Même les albums Mercury, sur lesquels Jerry Lee Lewis s'affirme comme l'une des plus belles voix de la Country, me sont devenu trop familiers.
Autant le dire de suite, je ne me sens pas de vous torcher une démonstration dont la finalité serait d'exposer à quel point Jerry Lee fut le pilier de Sun Records. A quel point il domina ses collègues de label. Je suis comme vous, l'intro de Whole lotta shakin' goin' on me donne de l'urticaire, Great balls of fire, I'm on fire, le live à Hambourg me font bailler, trop joué, trop bouffé à toutes les sauces. Même les albums Mercury, sur lesquels Jerry Lee Lewis s'affirme comme l'une des plus belles voix de la Country, me sont devenu trop familiers.
Le Killer ne
s'en retrouve pas pour autant éloigné de ma platine, sa riche
discographie offrant un beau lot de surprises diverses et variées. A
commencer par une approche toute personnelle de la musique black.
Oui, contrairement aux insinuations de notre 7red qui a, pour le
moins, du mal à voir autre chose que des bonnets pointus dans la
culture du sud des États-Unis, le gars Jerry
Lee œuvra avec générosité pour la
fraternité entre les races (je sais, dit comme ça, ça surprend).
Dès 1967, il va graver pour Smash
Records le fantastique Soul
My Way, une ouverture au Rhythm &
Blues, même s'il ne peut se retenir d'y inclure une cover d'Hank
Williams !
Southern
Roots/Back to Memphis, enregistré en
1973, reprend la formule et cette fois carrément en compagnie des
MG's. Sans
Booker T,
certes, pour cause de grosse fâcherie avec ses anciens complices
mais avec, pour encore un peu de temps, l'incontournable
Al Jackson, batteur des plus grandes
heures de Stax,
véritable pulsation du Funk made in Memphis. Le gars se fera
canarder une paire d'années plus tard, sans que le Killer
y soit pour quoi que ce soit.
Oui monsieur, Steve Cropper, Duck Dunn, Al Jackson et même Carl Perkins et Tony Joe White, pour faire bonne mesure, tiennent la baraque pendant les sessions, rien que ça.
Oui monsieur, Steve Cropper, Duck Dunn, Al Jackson et même Carl Perkins et Tony Joe White, pour faire bonne mesure, tiennent la baraque pendant les sessions, rien que ça.
Et ça s'entend, la face A s'articule autour de
trois morceaux au feeling méchamment groovy. Meat
man d'abord, le titre le plus
ouvertement rock de l'album, que James
Brown en personne vient pimenter de
giclées d'orgue. S'en suit une version autoritaire et ultra
personnalisée, y compris au niveau du texte, du Hold
on I'm coming de Sam
& Dave puis un Just
a little bit à faire rougir les filles.
Les jobastres sont lâchés, ils n'ont pas fait le déplacement pour
rien, le savoir-faire
qu'on appelle ça.
Au milieu de cette débauche, un When
a man loves a woman gorgé de soul, ce
qui n'empêche pas Jerry Lee d'y aller de toute son arrogance white
trash pour transformer cette complainte de cœur brisé en
monument de cynisme, l'interprétation d'un vieux briscard à qui on
ne la fait plus. On ne larmoie pas beaucoup dans le coin.
Pour conclure la face dans
l'allégresse, Born to be a loser
rappelle à qui en a encore besoin qu'un
album de Jerry Lee Lewis contiendra toujours une tuerie aux racines
country. Même avec les MG's qui cravachent derrière.
La face B, c'est une autre affaire. Louisiana style. Je situe, le producteur Huey Maux est originaire de la Big Easy et entend bien le revendiquer. Les cuivres en avant toute, souplesse dans le mouvement et c'est reparti avec un Haunted house faussement branleur et vraiment haut en couleurs puis un Blueberry hill dispensable. Revolutionary man recadre le débat en optant pour une vigoureuse jam funky avant le sublime Big Blue diamond, classique s'il en est du répertoire de la Nouvelle Orleans, tout comme That old bourbon street church et sa fanfare de cuivres. Le disque se conclu là dessus, le gumbo est à point, vous pouvez remettre le diamant au début, on enchaine rien d'autre après un Jerry Lee Lewis.
Pour accompagner vos nuits chaudes, déguster la chose sans modération, vous serez jamais aussi bourré
que le Killer lorsqu'il grava l'album. Hurlements de coyote en rut,
auto-glorification de la bête en permanence, arrogance, vice plein
le regard, mains à surveiller de près, en 1973 comme en 2012, Jerry Lee Lewis est un foutu Rocker.
Sur ma lancée, je vous glisse en douce, son
premier album pour Elektra,
en 1979, enregistré avec James Burton
à la guitare. Mêlant Rock nerveux et Country au goulot, ce disque
est un sommet que notre Eddy Schmoll recyclera en partie en faisant
de Don't let go,
Trop c'est trop
(dans ta tête on voit passer les
trains..fallait oser.) et d'Everyday
I have to cry un Tu
peux préparer le café noir nettement moins
bastringue que ce que nous propose le Killer mais pas déshonorant pour autant.
Pour finir, et parce que j'ai déjà dis mille fois tout le bien que je pense de Last Man Standing et Mean Old Man je citerai l'album Youngblood de 1995, un disque qui, yodel à l'appui, fait fermer la gueule à tous ceux qui prétendent qu'il est impossible de nos jours d'enregistrer du bon Rock'n'Roll !
Hugo Spanky
Cigare, Whisky et p'tites pépés. L’arrogance et la sauvagerie, le combat, la déchirure perpétuelle du bien et du mal confondu sont les ingrédients qui composent La Bête !
RépondreSupprimerHey Hugo, t'as chopé où ces photos de JERRY LEE avec cette nana en tenue d'Eve ! Wild !!!
RépondreSupprimerMes sources sont anonymes, comme toi...Philippe.
SupprimerT'as vu ça c'est du lourd ces photos, et y en a d'autres !
Ha, tant que je te tiens, j'ai déniché un autre Jerry Lee paru juste après l'album elektra de 79, il a pour titre My fingers do the talking et en plus d'avoir une pochette absolument magnifique il s'avère excellent, avec cuivres, mandoline, violons et tout et tout.