William Friedkin a pété une durite. Lui qui était déjà adepte d'un cinéma sans concession, on parle quand même du réalisateur de L'exorciste, Police Fédérale Los Angeles, French connection et de Cruising que des films pas vraiment réputés pour leur noblesse de sentiment et l'amour de leur prochain donc, s'est complètement lâché la bride sur son dernier film Killer Joe.
Pour la première fois, il aborde le
genre de l'auto-parodie et nous délivre un film à l'humour aussi
malsain que tordu. Ce film ne doit surtout pas être pris au premier
degré sous peine de passer complètement à côté.
Scénarisé par Tracy Letts, l'auteur
de Bug, le précédent Friedkin qui était déjà bien gratiné et
traitait de la folie de façon glauque, Killer Joe lui se complaît
dans les scènes scabreuses mais de manière si outrancières
qu'elles en deviennent comiques.
Se déroulant au Texas, dans un cadre
rural misérable, là où des personnes ont en guise de maison, pour
les mieux lotis, des mobile-homes décrépis et vétustes, ce long
métrage nous présente une famille recomposée dysfonctionnelle de
bouseux la plus terrifiante du monde : une belle-mère qui se
balade la chatte à l'air comme si de rien n'était, un père veule
d'une crétinerie abyssale, un fils demeuré qui attire les emmerdes
à répétition, une adolescente illuminée sujette à des crises de
somnambulisme.
Cette joyeuse équipe de dingues va
plus ou moins se liguer pour élaborer l'assassinat de leur mère
afin de toucher une juteuse assurance vie. Et pour les aider dans
leur entreprise, ils ne vont rien trouver de mieux que d'engager un
flic, tueur à gages à ses temps perdus. Et autant dire que ce flic
dans le genre frappé du ciboulot, il bat n'importe qui à plate
couture ! Rien qu'en le voyant débarquer, on comprend tout de
suite avec la dégaine qu'il se paye (tout de noir vêtu stetson
compris) et son élocution traînante que ce gazier n'est autre que
la putain d'incarnation de l'ange du mal.
Dans ce rôle Matthew McConaughey, qui
habituellement interprète des bellâtres inconséquents, s'en donne
à cœur joie : regard de dément, crise de violence démesurée
(il faut le voir tabasser un type à coups de boite de conserve!),
comportement sexuel déviant (le monsieur aime les vierges), etc.
Personne ne sortira indemne de la confrontation avec ce sinistre personnage d'une amoralité sans égale.
Personne ne sortira indemne de la confrontation avec ce sinistre personnage d'une amoralité sans égale.
Mais là où Friedkin surprend le plus,
ce n'est pas tant par son histoire invraisemblable que par le ton
qu'il emploie. Avec ce long métrage il se moque de tous ces films
qui, pour faire branché et cool, en rajoutent à foison dans la
violence, le sexe et les situations incongrues. Il envoie valser
toutes convenances avec véhémence et nous montre à quel point tous
ces films sont vains et absurdes au bout du compte. Car si lui
également a tout au long de sa riche carrière proposé des œuvres
dérangeantes, contrairement à Tarantino et compagnie, il ne l'a
jamais fait pour amuser la galerie mais plutôt pour nous plonger
corps et bien face à la noirceur humaine la plus crasse.
Bref, si vous allez voir ce film vous
aller être surpris mais pas de la manière dont vous le penser.
Harry Max
Un peu le début d'Affreux, sales et méchants" avec des personnages qui n'ont pas l'air mieux ni pires, ça me tente bien cette affaire. De toute façon après avoir vu "Le requin aux deux têtes" je peux tout voir ;))
RépondreSupprimerAvec Gina Gershon ! Il y aura toujours une bière au frais pour le type qui a réalisé Police fédérale Los Angeles.
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